Tiens ! J'avais failli louper la date. Nous sommes le 19 août
2025. Douze ans jour pour jour après ce séminaire qui devait tout changer. Que
d'eau a coulé sous les ponts, depuis. Rappelez-vous de l'époque. Les banlieues
à la limite de l'insurrection, une économie moribonde, un chômage galopant...
Tout ça était le fruit d'une espèce d'hystérie droitière qui avait détruit la
nation. Ils ont fini par se détruire tout seul. En quelques mois, tout a été
réglé.
Ce séminaire a été très important, pour moi, à titre
personnel, mais aussi pour la France. En débouchant sur une vision globale à
moyen terme du pays, il a redonné l'espoir, l'élan ! Les Français ont vu un
avenir. Non ! Je déconne. Les Français ont surtout vu qu'aucun parti de droite
n'avait une vision de l'avenir. La droite était enfermée dans la réflexion
autour de son bilan et a accumulé les grosses conneries. Du coup, la cote de
popularité a fait un grand bond : il était clair que seul François Hollande
pouvait mener la boutique, aidé par Jean-Marc Ayrault et le gouvernement. Non
seulement, avec ce séminaire, il présentait un avenir mais on y croyait.
Cela étant, je ne suis plus blogueur de gouvernement. A
l’époque, je l’étais. Une sinécure.
Le matin, j’avais fait mon billet de blog pour annoncer le
séminaire, pour dire que le gouvernement travaillait été tout ça. Après, j’ai
lu les blogs des copains puis je suis allé boire un coup à l’Aéro. Sur l’écran
de la télé, j’ai pu voir un premier ministre jovial faire une allocution. Ce n’est
pas souvent qu’on le voyait comme ça, le Ayrault ! Ca lui a bien réussi, d’ailleurs,
puisqu’il est quand même, maintenant, président de la Fédération des Etats
Européens, truc qui n’existait même pas à l’époque.
Je suis repassé à la Comète où m’attendait mon camarade
Tonnégrande. Son épouse était coincée en Guyane suite à une grève d’Air France et
il noyait son chagrin dans le vin rouge. Du coup, je l’ai suivi, comme un âne !
Vers 14 heures, avec mon iPhone, je suis tombé sur un échange de tweets entre
Cécile Duflot et Benoît Hamon. Ils étaient bien joviaux, nos deux lascars. Du
coup, je me suis foutu de leur gueule. De fil en aiguille, j’ai fini par leur
dire : « bon, z’avez fini de bouffer, à l’Elysée, z’avez qu’à venir
prendre le digestif à la Comète avec toute la troupe. » Au bout de cinq
minutes, Cécile a répondu « OK ! On arrive ! » Je ne savais
pas si je devais prendre ça pour du lard ou du cochon. C’est elle qui m’a
expliqué, ensuite. Elle était à côté de Pépère qui lui faisait un peu de
gringue, en toute affection. Ben oui, quoi ! Après deux litres de pinard,
on se lâche. Elle lui a montré le tweet. Il a dit « Chiche ! Tu vas
voir la tronche qu’il va tirer, ce gros con de blogueur, dans son bistro. »
Ils sont arrivés ! 37 ministres et un président. La
panique à la Comète. Moi, je ronchonnais un peu. Ben oui ! 38 digestifs à
7 euros… On se pose en terrasse. J’étais évidemment entre François et
Jean-Marc. Histoire, de lancer la conversation, je dis : « Alors, vous avez glandé quoi, ce matin ? »
Ils me racontent leurs trucs. Ca faisait un peu peine-à-jouir ! Je le leur
dis. François m’engueule : « hé ho tu fais
chier toi tu crois que c’est si facile ? » « Mais non, lui dis-je, mais il faudrait un truc plus
ambitieux. » Il me met au défit. Avec les Ricard que je m’étais
enfilé en les attendant, j’avais un tas d’idées mais du mal à mettre ça en
place. Je pensais au
billet de mon confrère Cyril. Lui aussi avait imaginé la France en 2025,
avec un pont entre Marseille et Sétif.
Je ne sais pas ce qui se passe dans ma tête, à moitié cuit,
je suppose, je me lève et je dis solennellement à mes compères de beuverie :
il faut un grand projet dans un de nos domaines d’excellence, les transports. Vous
allez me construire une ligne de train entre Paris et Alger, avec, surtout, un
tunnel sous la Méditerranée où des trains pourront rouler à 600 km/h . Gare d’Austerlitz
Alger en 2h30, ça aurait de la gueule non ? Vous nous poursuivez la ligne
vers le nord et l’est histoire d’en faire bénéficier toute l’Europe pour
pouvoir récupérer du pognon.
François m’a regardé. Il a dit « chiche ». Vous
connaissez la suite. On a fait ce tunnel, on est redevenu une place tournante
du commerce. On a inventé un train capable de rouler à 600 à l’heure sans
bouger les oreilles et avec la wifi pour que les imbéciles puissent tweeter
pendant le voyage, ce qui a rapidement fait d’Alstom et d’Orange des géants
mondiaux dans leurs domaines, avec une compétence reconnue internationalement,
de même que pour nos géants des travaux publics et nos producteurs d’électricité
propre, durable, ne sentant pas sous les bras. Nos banlieues ayant été
rapprochées des pays d’origine de l’immigration, tout c’est calmé. L’amère
Merkel a été jalouse et a boudé. Pendant ce temps là, nous avons fait la
Fédération d’Europe en entrainant les Italiens et les Espagnols qui ont fini
par avoir des accès directs au fameux tunnel, en construisant leurs propres
jonctions. Les rosbifs ont couiné un peu alors on leur a fait une ligne directe
entre Alger et Londres. Même qu’il a fallu reconstruire un tunnel sous la
manche pour pouvoir rouler à 600. C’est là qu’on a eu l’idée de faire ce tunnel
directement entre Paris et Londres avec un passage à Lilles et une ramification
vers Bruxelles.
Nous n’y étions pas encore. François, après avoir dit « chiche »
a ajouté « heu, tu peux me noter tout ça ? ».
J’ai dit « après la sieste ». Il me
dit « OK, t’as qu’à passer à l’Elysée vers 19
heures, pour l’apéro, qu’on fignole tout ça. »
A 20 heures, à peine dessaoulé, il convoquait la presse pour
lui annoncer tout ça. L’UMP a immédiatement rué dans les brancards en sortant
un communiqué de presse débile expliquant qu’il fallait que le train parte de
Gare de Lyon et pas d’Austerlitz.
J’ai fait un billet de blog qui est resté dans les annales
(avec deux « n ») : faites pas chier, comme si on en avait
quelque chose à cirer.
Pendant la première année, on a un peu galéré. Il fallait
obtenir du pognon et décidé Alstom et Orange à investir, l’un pour des trains
encore plus rapides que les TGV, l’autre pour un nouveau système de
télécommunication (le Wifi dans le train est anecdotique mais assurer la
coordination des transports à très grande vitesse nécessite une fiabilité
absolue)(de temps en temps, j’aime bien glisser une phrase sérieuse).
Les échéances électorales arrivaient. L’UMP était totalement
désorganisée. Marseille allait beaucoup bénéficier du tunnel, la victoire fut
rapidement acquise. En octobre, j’ai eu une idée ! On allait faire un
tunnel entre Bordeaux et Séville en passant par Toulouse et Madrid, avec une
autre ligne entre Toulouse et Marseille. Du coup, les Espagnols ont fait leur
propre tunnel vers le Maroc. A ce rythme, ce sont tous les sous sols de la
planète qui vont ressembler à du gruyère.
Le PS a ainsi gagné assez facilement les élections
municipales. En effet, il s’est trouvé que toutes les régions de France ont pu
bénéficier du projet, y compris celles laissées pour compte, celles qui
souffraient beaucoup de la mondialisation… En fait, avec cette formidable
avancée des moyens de transport, toute l’industrie du pays pu se remettre en
marche, avant même que les premiers tronçons soient construits.
François Hollande a facilement été réélu en 2017,
directement au premier tour. L’UMP s’entredéchirait et avait oublié d’inscrire le candidat qu’elle avait choisi avec l’UDI. Comme Bayrou avait renoncé, le
résultat fut clair : 32% pour Marine Le Pen, 54% pour François Hollande,
18% pour Jean-Luc Mélenchon et 10% pour l’extrême gauche, ce qui fait que pour
la première fois dans l’histoire d’une élection le taux d’abstention fut
négatif.
Pendant tout ce temps là, je ne pouvais pas rester inactif.
François m’avait à la bonne et m’a confié la coordination d’une partie du
projet : la restauration dans les gares et dans les trains. Ca sera ma
principale contribution à cette vision de la France de 2025 :
La bière pression est dorénavant disponible dans les
voitures bar.
Tu as raison, quitte à faire de la fiction politique, autant qu'elle soit bien délirante :D
RépondreSupprimerComment ça, délirante ? ;-)
SupprimerC'est pas délirant du tout ! C'est l'option Jules César : des voies romaines de partout ! Sauf que là, elles sont souterraines - genre taupinière - et que les chariottes sont supersoniques !
RépondreSupprimerBeau projet !
Le progrès.
SupprimerChiche !
RépondreSupprimerOui !
SupprimerAvec tant de tunnels en Europe, ça ne va pas être facile d'exploiter le gaz de schiste.
RépondreSupprimerJ'y pensais.
SupprimerIls feraient mieux de lire de la science-fiction, puisque d'autres ont montré qu'elle pouvait être utile à la pensée politique : http://lestroboscope.net/article/science-fiction/
RépondreSupprimerAh ben merde, en 2025 je serai un peu vieille pour 600 kms à l'h. Tant pis, on se forcera !
RépondreSupprimerMais non mais non.
Supprimer" Avec les Ricard que je m’étais enfilé en les attendant..."
RépondreSupprimerAh!!!
Enfin des boissons saines!
Des boissons du Sud, quoi!
Un Ricard, sinon rien!
Et c'est pas falcon qui va me contredire...
Parce que la bière c'est bon, mais ça donne le ventre rond...
Ça se saurait.
SupprimerTain, et moi qui pensait que le 19 août 2013 tu glandais en Bretagne, alors qu'en fait tu bossais comme un fou avec Pépère.
RépondreSupprimerBen oui !
Supprimer"Vaste programme"
RépondreSupprimerEt grand esprit de vue.
Tiens, tu préfères le Ricard ? D'habitude, quand il y en a, je balance entre le Bardouin (de Forcalquier) et le Cristal Limiñana.
Je bois simple.
SupprimerIl y a une raison : je veux bien du Pernod ou du 51, ou d'autres encore, mais bizarrement je n'aime pas le goût du Ricard.
SupprimerEtrange.
SupprimerJegoun le sauveur de la France !
RépondreSupprimerVoila !
SupprimerOuh là, relier la France à l'Afrique: je suis étonnée que personne n'ait protesté. Vive les vacances!
RépondreSupprimerJ'aime bien retrouver tes billets....
Relier l'Afrique à la France ... c'est déjà fait depuis si longtemps, sous tellement de formes, que je me demande ce qu'il y a à dire sinon que nous sommes unis comme les doigts de la main.
RépondreSupprimerComme toute famille qui fonctionne bien, néanmoins, faut pas laisser qui que ce soit franchir les limites de l'Autre. Si tel fut le cas par le passé, ce ne serait pas une raison pour recommencer.
Relier l'Afrique à la France ? Si se réalisait le billet de Sarkofrance ce matin, ce serait au contraire la grande rupture....
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