En salle

30 janvier 2014

Homophobie ordinaire

En 1986, j'ai fait un stage dans une grosse boîte, qui m'a elle-même envoyé 15 jours en immersion dans une filiale animer un truc pour les clients. Il se trouve que le directeur de la filiale était un copain de mes parents perdu de vue depuis quelques années. On papote, je lui demande des nouvelles de ses enfants dont l'aîné fut un copain à moi. Il m'en donne et on passe au cadet. Il me dit : "il est coiffeur". Je ne réagis pas ou sors un truc banal : "il n'y a pas de sot métier" (pour un directeur, on peut comprendre que les perspectives de carrière de son fils relativement réduites soit désolant). 

Puis, j'ai vu son regard de chien battu et j'ai compris. Il m'avait fait comprendre que son fils cadet était homosexuel. Comment j'ai fait la relation ? Je ne sais pas. Probablement un préjugé ignoble. Un coiffeur ne peut qu'être homosexuel. Je n'avais jamais pensé à ça. Près de trente après, je n'ai pas honte. 

Le copain de mes parents, militant de gauche au bled avant d'avoir été muté (il est resté à gauche mais a changé de bled) m'avait fait comprendre que son fils était homosexuel avec une phrase anodine et un regard. 

Des années après, ça prête à rire. On a le PACS, et tout ça... 

Ce soir, à la Comète, il y avait un groupe (9 personnes dont une fille, vraiment canon). Ils fêtaient l'anniversaire de l'un d'entre eux. Une bonne fête. J'écris ce billet à 23 heures, ils partent. 

Un des serveurs dit une connerie à caractère sexuel, du genre que l'on peut dire à cette heure après 11 heures de travail. Genre (sans théorie) : "vraiment très bien, j'en ferais bien mon quatre heures".  

L'autre serveur répond une connerie, comme quoi oui. J'interviens : "tu rigoles, il voudrait bien faire une partouze avec les huit mecs". 

Le premier serveur m'a répondu un truc du genre "ah mais je ne mange pas de ce pain, là". Comme s'il avait été vexé que je puisse avoir tenu un propos qui laisse penser qu'il est homosexuel. 

Je me retrouve donc comme un gros con ayant lancé une vanne au premier degré et prise pour ce qu'elle n'est pas. 

L'homophobie a un terrain prospère en France. À cause de cons comme moi qui lancent des vannes débiles. 

15 commentaires:

  1. A part le fait que ce soit tombé à plat, je ne vois pas vraiment où réside le mal là-dedans et encore moins le besoin pour certains au pouvoir d'en faire des caisses sur le sujet.

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  2. Tu lances une vanne et le serveur se vexe.
    Le con dans l'affaire, c'est pas toi. Enfin je dis ça comme ça.
    On fait bien des blagues hétéros, pourquoi on ferait pas des blagues homos?

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  3. Oui, assez d'accord avec Eloooooody. Notre objectif c'est de faire partie du paysage sans qu'on y trouve à redire... La banalisation, quoi....

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  4. Relire Bergson qui a réfléchi sur ce qui fait rire ... Pour ma part, je suis très énervée par les " vidéo-gags" : voir quelqu'un qui s'emplafonne ou loupe sa chaise ...etc ... ça fait rigoler 95% des gens, mais pas moi ! ... Pisse froid ?
    Bz

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  5. Votre anecdote n'a rien à voir avec je ne sais quelle “homophobie” : ni la blague approximative que vous avez sortie, ni la réaction du serveur, parfaitement anodine. Il est tout à fait normal de ne pas vouloir être p^ris pour un homosexuel quand on ne l'est pas que pour un homme de droite si on est de gauche (et l'inverse), pour un ouvrier si on est paysan, pour un Breton si on est Alsacien, etc.

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  6. Merci à tous.

    Mon billet est mal foutu. Ce qui m'a choqué, c'est la réaction disproportionnée du serveur. Il aurait dû me répondre "abruti" mais il est parti dans un délire pour "prouver" qu'il n'était pas homo. Avec ma vanne à deux balles je l'ai touché dans sa virilité.

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    1. D'après ce que vous en dites, elle ne paraît pas particulièrement "disproportionnée", cette réaction ! L'homosexualité continue (et continuera selon toute vraisemblance) à être considérée comme une anomalie, ce qu'elle est en effet, et il ne semble pas très bizarre que la plupart des gens tiennent à faire savoir qu'ils n'en sont pas affectés, lorsqu'un gros frisé éméché leur balance une vanne idiote…

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    2. Mais on sait qu'il n'est pas homo ! Il a une femme, des enfants, a eu des maîtresses (il nous a raconté plusieurs anecdotes).

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    3. Pff ! Des homosexuels mariés et pères de famille, il y en a plein les pissotières publiques ! Il y en a même qui ont des maîtresses…

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    4. Quand on monte sur ses grands chevaux après une blague anodine, au point de se sentir obligé de "prouver" qu'on n'est pas homo, c'est qu'il y a anguille sous roche...

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    5. Exact ! Si ça se trouve, le loufe en question a le fion plus vérolé qu'une roulotte de romanos…

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    6. Rhomophobe !

      (Il est beau mon néologisme, non ?) je vous le donne.

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    7. Je le trouve assez bien venu, en effet !

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