En ce trente-neuvième jour de confinement, si je ne l’avais
pas déjà dit, je dirais qu’il y a presque une autre routine qui s’installe ce
que j’ai constaté en allant chez Leclerc, ce matin. Il y a eu la première ou
les deux premières semaines qui furent pénibles, les suivantes (disons cinq
semaines) ou l’habitude s’est installée mais pour la première fois, j’ai fait
les choses machinalement. Déconnecter le PC, générer l’attestation sur l’iPhone,
mettre un pantalon et une veste, prendre les clés et le téléphone en question
et hop… C’est idiot mais les fois précédentes, en remplissant ce formulaire
idiot, j’avais l’impression de faire quelque chose d’exceptionnel. Et il y a
autre chose : dans le magasin, je n’avais pas du tout envie de faire des
courses pour trois jours et envisageait sérieusement d’y retourner demain ou d’aller
chez l’arabe du coin pour les compléments, dimanche (il n’y a que quand je suis
en vacances à Bicêtre que je fais des emplettes tous les jours ou quand je suis
en télétravail à Loudéac mais, là, c’est à cause de la taille des sacoches du
vélo…). Dernier élément : j’avais l’habitude d’évaluer la proportion des
gens avec des masques mais je ne l’ai même pas fait (ce dont je rends compte en
écrivant la dernière ligne de ce billet). Je ne sais pas si j’ai vu une seule
personne masquée à part ma gardienne et les employés de chez Leclerc.
On ne fait plus attention.
Mais reprenons depuis hier midi vu que depuis trois jours,
je ne publie plus mon billet de confinement le soir mais en début d’après-midi.
Hier après-midi, j’ai bossé comme une bête alors que c’était mon anniversaire.
Hier soir, on a fait une visio en famille à cette occasion mais comme une
grosse andouille, j’avais donné le bon lien à tout le monde sauf à ma mère qui
avait celui pour la rencontre avec les blogueurs à 19h. Cette dernière s’est
très bien passée on a bien rigolé et, pour ma part, c’est la première fois que
je picole autant depuis le début du confinement (ou du moins les deux semaines
dont je parlais). A un moment, Elodie m’a dit qu’il fallait que je mette une
photo d’illustration à mes billets. Dont acte.
Ce matin, j’ai eu la plus longue conversation de la vraie
vie (depuis mi-mars) avec quelqu’un que je connais depuis longtemps : ma
gardienne. On a parlé de confinement, de ces journées de travail qu’elle ne
voit pas passer contrairement à son époux, confiné à la maison, et à moi… alors
que ces bientôt sept semaines ont semblé passer rapidement. On parlait de cette
sensation étrange dans les commentaires chez Elodie, l’autre jour.
Côté confinement, cela fait plusieurs jours que je dis que
la communication du gouvernement est la pire depuis très longtemps. On (Didier
Goux, évidemment) me répond que c’est la première fois qu’on a une crise de
cette ampleur et que ça explique les errements. Je ne suis pas entièrement d’accord
d’autant qu’il s’agit d’erreur de types qui se prennent pour des modèles de
communication. Un exemple. Il y a bientôt deux semaines, Macron tenait une
allocation pour évoquer les prémices du déconfinement. Il a dit que le
gouvernement travaillait sur le sujet et présenterait un premier point dans
deux semaines (donc ce week-end, en principe). La semaine suivante, le chef du
gouvernement assisté de son ministre de la santé et d’une spécialiste de ces
maladies bêtes et méchante a tenu une conférence de presse. C’était huit jours
trop tôt par rapport aux annonces du Président. Et Philippe a dit qu’il
présenterait un premier point dans deux semaines. Au moins, pour les quinze
jours, depuis le début, ils ont de la continuité. Philippe et ses potes ont dit
qu’ils ne savaient pas grand-chose (ce qui est à leur honneur, d’ailleurs).
Depuis deux semaines, on a une succession d’annonces en haut niveau qui se
contredisent. Ce n’était quand même pas compliqué de respecter la séquence
choisie par Macron et d’ajouter du conditionnel à tous les niveaux, du genre « nous
envisageons plusieurs pistes dont … et … mais rien n’est tranché et la décision
sera prise au cours de la semaine qui précède le 11 mai). »
La dernière nouvelle est que la reprise de l’école serait
optionnelle. Outre le fait que c’est complètement idiot et que ça laisse le
choix aux parents de donner une éducation ou en virus à leurs gamins, qu’est-ce
que cela nous apporte ? Depuis quand l’instruction devient facultative
dans notre pays ? Ca n’aurait pas été plus simple de dire : « il
n’est évidemment pas possible de remplir brutalement les classes, nous
travaillons sur des scénarios dont celui de permettre aux enfants de rester à
la maison sous réserve qu’ils aient les conditions pour continuer à acquérir
des savoirs » ?
Cela étant, les journalistes et internautes auraient
interprété…
Philippe de Villiers a dit « c’est le bordel » et
accuse le gouvernement de vouloir se couvrir. Il n’a pas tort mais ça ne
fonctionne plus.
L’information du jour est que les Français pourront se
procurer des masques dès le 4 mai. Ah
bon… Et l’OMS qui nous dit de porter des masques. Tenez, voila
une interview de la sous secrétaire d’Etat aux masques. Surréaliste.
"A un moment, Elodie m’a dit qu’il fallait que je mette une photo d’illustration à mes billets. Dont acte."
RépondreSupprimerGénie !
(Heureusement que j’assume toutes les photos qui traînent sur les réseaux hein)
Sous-Secretaire d’état aux Masques, impeccable cette formule.
Voilà...
SupprimerAlors ça oui, j’adore :D
SupprimerLa photo ?
SupprimerIl y a un roman d'Isaac Asimov qui s'appelle Face aux feux du soleil. Il se passe sur une petite planète colonisée depuis longtemps par les Terriens et divisée en immenses domaines. Sur chacun d'eux ne vit qu'une seule personne (avec tout un tas de robots travailleurs, domestiques, etc.) et, d'un domaine à l'autre, ils ne se parlent et se voient que visio-machins, comme vous tous en ce moment. Si bien que, à force, les humains ont perdu l'habitude du contact physique et ne le supportent plus, cela les rend physiquement et psychiquement malades. Le point de départ du roman est que, sur cette étrange planète sans le moindre contact, un meurtre vient d'être commis.
SupprimerJ'en arrive où je voulais en venir en commençant. Avec le contact physique, ont disparu toutes les notions de pudeur. C'est-à-dire, plus exactement, que la pudeur naturelle est inopérante lorsque les gens se parlent par écrans interposées, ce qui fait que cela ne les gêne nullement de se parler quand ils sont dans leur bain, voire assis sur leurs chiottes.
Par conséquent, prenant modèle sur ses braves gens, je propose que sur la prochaine photo que vous diffuserez d'elle, Miss Élodie soit nue et languissamment allongée sur une peau de léopard tacheté. À la rigueur elle pourra gardé ses bijoux sonores, pour donner un côté baudelairien à l'affaire.
Excellente idée même si préambule est tordu. A la limite, si elle n'a pas de peau de léopard tacheté elle pourra être affalée sur le capot d'une voiture américaine ou allemande.
SupprimerCe nonobstant, le roman d'Asimov dont je parle est très bien. L'enquête est menée par le même flic que l'on a déjà rencontré dans Les Cavernes d'acier, dans lequel les gens vivent sous terre (mais très confortablement) et, conséquemment, ne supportent plus d'être à l'air libre. Ce qui donne évidemment des "confrontations" amusantes entre 1) des suspects qui ne supportent pas d'être physiquement approchés, 2) un enquêteur qui ne peut mettre un pied dehors sans être pris de nausées et de vertiges incontrôlables.
SupprimerJe vais finir par tenir un blog littéraire.
SupprimerVous devriez : c'est le meilleur moyen de n'avoir plus personne et d'être enfin tranquille.
SupprimerSinon, puisqu'on cause bouquins, je recommande vivement à tous les claquemurés la lecture des romans de Tom Wolfe, en particulier Le Bûcher des vanités et Bloody Miami : 900 pages à chaque fois, un humour ravageur et des intrigues aussi perversement subtiles que génialement développées.
De plus, il est assez politiquement incorrect, le vieux dandy…
Faudrait que j'essaie. Mais je lis encore moins en confinement qu'en temps normal... Alors que je n'ai que ça à foutre...
SupprimerOu pas.
SupprimerAh.
SupprimerOui, l’idée de mettre Elodie en illustration parce qu’elle t’a dit qu’il fallait une illustration dans ton billet :D
SupprimerJe dois avouer que j’y ai pensé dès qu’elle le dit. J’ai failli en faire un billet immédiatement mais j’ai renoncé. Hips, aussi.
SupprimerPour les grands enfants que sont devenus les français, Dame Elodie serait parfaite.
RépondreSupprimerJean, Ahahah
Supprimerje croyais que les commentaires étaient dorénavant modérés ? Pourquoi maternelle ?
RépondreSupprimerJ'en suis à me demander, étant (con) finé tout seul si ce bordel ambiant des annonces de dé confinement n'est pas voulu.
RépondreSupprimerVous n’avez pas remarqué qu'on n'entend plus les habituels "braillardsjesaistout"
Parce qu’au bout du compte qui sait ce qui va se passer le 11 mai et les jours suivants ?
Quelle est la meilleure conduite à tenir ?
Les pistes de solution sont à partager avec les responsables et du coup les questions posées ne doivent pas être prises pour des réponses.
C'est possible. Ca fait des sujets de discussion et les gens ne gueulent pas...
SupprimerAu moins çà...
SupprimerCe que j'ai lu ( pas de liens pas de liens!) c'est que les scientifiques sont terrifiés en constatant que tpus mes pays européens préparent frd déconfinements plus ou moins progressifs entre fin avril et fin mai, et que seuls les Allemands se préparent à une 2ème vague
SupprimerOr, disent-ils, personne ne peut savoir ce que donneront ces déconfinements; et si une 2ème vague devait survenir dans toute l'Europe en même temps, la médecine ne pourra que jeter l'éponge, la solution de l'" immunisation collective", au début envisagée par Boris Johnson, s'imposera d'elle-même.( et, après tout, il y aura infiniment plus de survivants que de morts )
O
Pour moi, c'est une évidence depuis le départ. Le confinement permet seulement de ne âs engorger les hôpitaux et d'espérer trouver par hasard un médicament qui fonctionne.
SupprimerC'est ce qu'a avoué Salomon hier soir; le confinement n'a pour but que d'aider les hôpitaux à tenir le coup jusqu'à la découverte d'un traitement ou d'un vaccin.
SupprimerSi j'en crois mes lectures, la découverte d'un traitement peut arriver mais il faut au moins dix-huit mois pour un vaccin.
SupprimerLe problème est qu'il s'agit d'un pari lourd: personne ne sait si, lorsqu'on a eu le COVID-19, on est immunisé (et pour combien de temps); et si la réponse est non... On ne devrait pas tous déconfiner en même temps, il faudrait observer ce qui se passe en Suède qui n'a pas confiné ( ça n'a pas l'air de se passer très boen...,), ou laisser un pays déconfiner le premier pour voir ce qui lui arrive (" Après vous, je vous en prie"... )
SupprimerCa se passe mal en Suède mais on ne connait pas la comparaison dans six mois... Je ne tiens pas à confiner six mois pour attendre que de savoir s'il va y avoir des millions de morts en Allemagne.
SupprimerOu pas.
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