En salle

22 juillet 2022

Un hémicycle de débutants

 


Avant d’aller prendre mon café au bistro du coin, j’hésitais entre deux thèmes pour mon billet du jour, les deux autour de la gauche la plus bête du monde (quand c’était la droite, j’étais moins gêné…) mais un troisième m’est arrivé sur les épaules. Et sur les vôtres, vu que cela va bien vous faire l’équivalent de trois feuillets A4 à lire, ne serait-ce qu’en diagonale le temps de trouver un commentaire intelligent à pondre.

Je vous raconte le premier. Depuis 2012, je suis inscrit dans les listes de diffusion du PS et leurs espèces de newsletter. Hier, j’ai reçu un mail avec différents sujets dont un : « le PS propose une augmentation des salaires. » Bravo les gars ! Quand je pense que personne n’y avait pensé auparavant alors que la solution salvatrice était à portée de nos yeux…

Le deuxième est plus lourd et je ne sais pas encore comment j’allais l’articuler mais force est de constater que, après une longue période électorale avec des résultats surprenants (l’absence de majorité absolue pour le président, la noyade des forces de gauche dans un mouvement mené par la gauche radicale, se retrouvant principale force d’opposition, la très bonne performance de l’extrême droite et tout ça), la situation politique n’est pas calmée : nous ne sommes pas entrés dans une routine.

 


La troisième synthétise un peu les deux autres, non pas pour le grand titre : « L'Assemblée nationale adopte largement le projet de loi pouvoir d'achat en première lecture. » Le fait que la Nupes – hors PS, majoritairement abstentionniste – a voté contre cette loi. Notons bien qu’il y a une raison valable de voter contre cette loi : les aspects liés aux primes « défiscalisés ». Tout salaire doit entrer dans la base des cotisations sociales et de la fiscalité. Point barre. Mais ce n’est pas du tout pour cela que les cocos, les écolos et les insoumis ont voté contre…

C’est un projet de loi « conjoncturel » pour faire faire face à une inflation que l’on peut espérer ponctuelle et qui contient un certain nombre de points pour aider les braves gens. Si on peut juger qu’ils sont insuffisants, cela ne justifie pas un vote contre. C’est même de la pure folie. Voter contre équivaut à voter contre des mesures qui auraient pu rendre un peu de pouvoir d’achat à nos citoyens.

Les écolos et les insoumis fanfaronnaient pour avoir réussi à faire voter la déconjugalisation de l’AAH sous la forme d’un amendement mais, en fin de compte, ils votent contre la loi qui le porte. Les forces de gauche ont donc voté contre la déconjugalisation de l’AAH.

Cela montre sans doute qu’ils n’ont aucun respect pour la démocratie mais aussi, très certainement, qu’ils n’ont rien compris à l’articulation de la loi, des institutions et tout ça. Au moins, les socialos se sont abstenus. Le diable est dans les détails mais pour que le pays avance, il faut respecter des règles.

Par exemple, ces zozos ont regretté que l’augmentation du SMIC ne soit pas inscrite dans le cadre de cette loi mais la loi (« en général »), qui ne date pas d’hier, dit que le niveau du SMIC n’est pas du ressort de la loi – et heureusement – mais du gouvernement (sous la forme de décrets), du moins pour ce qui concerne les « coups de pouce ». On peut trouver cela dommage, cela étant, mais on ne va pas remettre en cause des principes établis il y a des décennies sous prétexte de donner à une nouvelle formation politique l’occasion de faire du bruit à l’Assemblée.

C’est un peu comme l’AAH. J’ai fait, hier, un billet « interrogatif » car je ne connais pas le sujet mais les évolutions proposées sont plutôt favorables aux « plus riches » (disons « aux moins pauvres », ce qui serait plus exact). Le doigt est donc mis sur un vrai problème que l’on cache derrière un mot à la con (déconjumachin) : certaines prestations sociales ou assimilées sont conditionnées à un niveau de ressource, souvent assez bas, ce qui, sur le fond, parait logique, mais a des effets de bords. Par exemple, des aides complémentaires sont conditionnées au niveau de l’allocation et peuvent passer à la trappe. Par exemple, dans un couple avec un smicard et un allocataire de l’AAH, le montant de l’AAH va se retrouver plafonné, donc réduit, par le niveau global de ressource du ménage avec comme conséquence que les autres aides pour handicapés (genre aide à domicile, par exemple) vont être supprimées. Il n’y a pas que l’AAH de concernée mais aussi le RSA mais cela choque moins.

Il y a ainsi un vrai sujet, pas simple du tout.



 

Il méritait mieux qu’un amendement voté à la va-vite pour faire plaisir à des élus qui voudraient éviter de se poser des questions mais souhaitent faire du bruit, toujours du bruit, toujours plus de bruit. Ils en avaient donc profité pour montre que c’est Macron lui-même qui avait bloqué le sujet (pourtant pas neuf du tout, seule la lubie nupesshowenne était récente) alors qu’il a débloqué et voulait, sans doute, le traiter plus calmement.

Comme un dirigeant politique.

Et Nupes a fini par voter contre le projet de loi. Projet de loi qui n’avait pas à comprendre ce sujet ni celui du SMIC…


 

Et, ce matin, après le vote de la loi, les acharnés nupessiaux dénoncent une alliance de circonstance entre Ensemble, le RN et LR pour faire passer une loi qui va dans l’intérêt du peuple. Cela ne les dérangeait pas, par contre, de se réjouir d’avoir fait voter le RN avec récemment, pour un texte d’extrême droite, refusant la solidarité nationale, à propos du passe-sanitaire.

Bravo les gars.

 

Il n’empêche que, si j’étais en colère contre le PS, hier, je suis maintenant un peu réconcilié, grâce à leur abstention (compte tenu de la configuration de l’Assemblée, une abstention sur une telle loi équivaut à un vote pour).

Tout le monde a encore beaucoup à apprendre. Mais faites en sorte que ce bordel ne dure pas cinq ans, encore…

Ou alors, allez-y franchement, faites en sorte que le Conseil Constitutionnel soit saisi et finisse par déclarer que la partie AAH ne pouvant intervenir avant fin 2023, n’a rien à faire dans ce texte et que la défiscalisation des primes est contraire à l’esprit de notre solidarité nationale.

Quand on veut rigoler, on y va à fond.

4 commentaires:

  1. A noter l'amendement de Mme la députée Rousseau, lors du vote de la loi pour la protection du pouvoir d’achat "renommer la loi, des miettes et du charbon".
    On se demande combien de temps çà va pouvoir durer!
    Marco

    RépondreSupprimer
  2. Il n'y a pas grand chose d'étonnant dans l'activisme de la nupes, du moins la partie "radicale" C'est leur raison d'être.
    J'ai bien peur que ça dure. Leur bruit n'est là que pour cacher une montagne d'incompétences et seul le PS commence à réagir (un peu) dans ce bazar. Lors du vote de la motion de défiance, quelques uns se sont démarqués et cela continue avec les abstentions PS lors du vote de cette nuit..

    RépondreSupprimer
  3. ce qui est frappant est qu'ils semblent vouloir éteindre tout dialogue social en France pour le reprendre à leur compte. La majorité de leur proposition tend à rendre caduc les négociations de branche, les NAO d'entreprises et tout simplement tout accord/négociation locale. Soit ils ont fait la conclusion de l'inefficacité des syndicats salariés soit ils veulent tout simplement les rendre stériles et juste occupés à gérer les CSE section oeuvres culturelles et sociales, les défenses des salariés dans le cadre des procédures disciplinaires... étonnant quand même

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'adhère à ton raisonnement. Déjà que les CSE et les NAO sont d'un niveau faible...

      Supprimer

La modération des commentaires est activée. Je publie ceux que je veux. On ne va pas reprocher à un journal de ne pas publier tous les courriers des lecteurs...