En salle

18 septembre 2006

Cessons le travail

Je vais être sérieux. Ceux qui s’attendent à me voir dire des bêtises peuvent retourner travailler. Quoique.

Hier sur un blog d’un ami de droite je me suis énervé « contre » ces gens de droite qui veulent qu’on travaille toujours plus pour éviter d’être mangés par les chinois. Ce matin, de bonne humeur, j’ai promis de faire un billet ici, mais, en traitant un autre sujet, Eric, a partiellement évoqué ma pensée : ce n’est pas donc pas la peine que je me fatigue !

Je ne sais pas si ces adeptes de la décroissance sont des gens sérieux mais je pense qu’on partage un point de vue : ce n’est pas la peine de produire toujours plus.

On travaille pour gagner de l’argent, soit ! Mais je pense que, dès fois, il faut prendre la longue vue dans l’autre sens. On travaille pour produire des biens et des services mais il faut moins de travail pour produire plus. Soit on travaille moins pour produire autant soit on travaille autant pour produire plus soit on travaille plus pour produire beaucoup plus.

Cette phrase est un peu laborieuse.

Moi y en a faire comme dans Obelix et Compagnie, moi y en a simplifier.

Quand moi y en a faire le plein de ma voiture, moi y’en a pas besoin de pompiste : je me débrouille tout seul, ce qui évite à Total de devoir verser un salaire abominable à un type alors que le client à les moyens de faire son boulot sans ronchonner, puisqu’on lui explique, ensuite que ça contribue à la baisse des prix.

Après demain (2010 ? 2015 ?), quand j’irai faire les courses au supermarché du coin, il me suffira de mettre mes articles dans mon caddie. Ces produits seront équipés d’étiquette RFID. En sortant, je passe devant une borne : la machine fait tourner ses méninges en faisant des bruits louches et hop ! le montant à payer s’affiche et est débité automatiquement, une espèce de caméra m’ayant lâchement reconnu grâce aux nouvelles techniques de reconnaissance morphologique.

Je rangerai la voiture dans mon parking, sans m’arrêter faire le plein d’essence puisqu’on peut espérer que dans une quinzaine d’années les voitures seront électriques et se rechargeront dans les parkings par un mécanisme à induction (j’y connais rien) un peu comme ma brosse à dent électrique.

Même que je suis parti en vacances sans le chargeur. C’est l’inconvénient des nouvelles technologies, mais ce billet n’est pas la pour en parler. Et si un lecteur me dit que la brosse à dent électrique est un mauvais exemple, et qu’il aurait mieux valu que je choisisse mon vibromasseur, je vais lui faire remarquer qu’il est totalement hors sujet, mon vibromasseur fonctionnant au diesel et à l’huile de colza.

En trois paragraphes, j’ai éliminé les pompistes, les caissières et même les types qui entretiennent les stations de service. Autant de boulots assez peu créatifs mais surtout pénibles que la suppression ne gênera que quelques nostalgiques ringardisant. Nous pourrions également supprimer les employés de banque (automates, internet, …), les employés du fisc (croisement de fichiers informatiques, …), les mécanos (révisions tous les 30000 km), les boulangers (points chauds, supermarchés, …), les conducteurs de métro (automatisation des lignes), de trains (pourquoi pas ?), les guichetiers de la SNCF (automates, internet, …), les pêcheurs (baisse des stocks, développement des piscicultures et autre silvilitrucs), les gendarmes (radars automatiques), les plombiers (développement de la tuyauterie souple), disquaires (internet), imprimeurs (numérisation), curés (heu…), …

Des libéraux optimistes m’expliqueraient que de nouveaux métiers vont voir le jour, que le marché va nous réguler tout ça gentiment, … Ils y croient fortement. Ils en sont sûrs. Dans leur tête c’est évident. Se poser la question est inutile. Personne n’a une nouvelle idée de pléonasme à me proposer ?

Ben j’y crois pas.

Reprenons maintenant ma lunette dans un troisième sens et étudions à nouveau mes caissières. Elles ont un boulot pénible. Toute la journée à sourire en prenant des produits à gauche, en les passant devant un lecteur de code barre et à les reposer à droite. Un boulot chiant disparaît. C’est bien, c’est le progrès social. Ayons une pensée émue pour toutes ses caissières qui vont se retrouver licenciées, grâce à quoi les prix vont diminuer au supermarché (et les bénéfice de ce dernier augmenter) grâce à quoi on pourra consommer plus.

Nous pouvons avoir cette pensée sans trop nous lamenter, puisqu’il paraît que le marché va les recaser. Nous avons réussi à supprimer un travail chiant, il ne nous reste plus qu’à créer un nouveau travail uniquement pour faire tourner la machine économique !

Hé ! Mesdames, Messieurs ! Vous n’avez pas un projet plus bandant à me proposer ! Travailler pour travailler : ridicule. Vous pensez défendre la valeur « travail » alors que vous la ridiculisez.

C’était mon premier point, que l’on pourrait compléter avec un point de vue environnemental. Si pour générer du travail il faut dégrader encore plus la planète ça va vite me déprimer. Je m’attaque au deuxième point rapidement, je n’ai pas que ça à faire. Vous non plus, je vous en remercie.

Je disais en introduction que « ces gens de droite qui veulent qu’on travaille toujours plus pour éviter d’être mangés par les chinois » m’énervent.

C’est un des problèmes, effectivement : la mondialisation. Je dois faire court. Je vais dépasser un record : le nivellement par le bas ? Non ! Ce n’est pas parce que les chinois produisent pour moins cher que nous grâce à des conditions sociales déplorables qu’il faut que l’on les dégrade ici. Ce qu’il faut, c’est les améliorer là-bas. On n’a pas les moyens de payer le développement de la Chine ? Si ! Que fait-on maintenant ?

Vous semblez craindre la Chine. Depuis un an ou deux, elle est une puissance économique plus forte que la France et l’Angleterre, qui, si ma mémoire est bonne sont respectivement 6ème et 5ème. Ce n’est pas grave. Ils sont 20 fois plus nombreux que nous. Vivement que l’on soit aussi dépassés par l’Inde et le Brésil !

Il ne s’agit pas de jouer à Don Quichotte et de s’attaquer brutalement à la mondialisation et au libéralisme.

Surtout qu’en ces temps de pénurie de pétrole et de réchauffement climatique, s’attaquer aux éoliennes ne ferait pas sérieux.

Trop fainéant pour faire une conclusion, je vais reprendre les propos de Celeste que j’ai lus sur le blog d’Eric : « Je crois qu'une des choses qui m'agace le plus dans la frénétique et hystérique course à la Présidence française est l'absence quasi totale d'intérêt pour la politique internationale. A trop tourner en rond dans l'hexagone, comme des écureuils en cage, on perd toute curiosité, tout sens de l'humanité, et c'est vraiment regrettable pour l'avenir ».

18 commentaires:

  1. Et (re)lisons "l'an 01" de Gébé à "l'Association".

    Révolutionnaire.

    Beau.

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  2. Mais les caissières, on pourrait dores et déjà les supprimer. C'est techniquement possible.

    Mais si les patrons de supermarché ne le font pas, c'est pour humainiser leur business. Mettre en confrontation les clients et les vigiles, ce serait trop anxiogène, disent-ils. J'ai lu ça dans Marianne.

    Dans le monde que nous concotent les libéraux, il faudra toujours des flics. Et même de plus en plus, même des virtuels...

    Mais cela dit le pire n'est jamais sûr...

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  3. Nicolas,

    Le travail n'est pas une fin en soi et le sens de l'histoire va même vers le moins de travail pour toujours plus de pouvoir d'achat.
    Mais, au regard du délabrement de nos finances publiques (causées par un peu tout le monde), il est important de renflouer les caisse de l'Etat. comment ?
    - en augmentant les prélèvements obligatoires ?: non, on a déjà le record mondial et trop d'impôt tue l'impôt.
    - en taxant encore plus les revenus du capital ? : pourquoi pas mais impossible dès lors que l'économie est ouverte au monde et que les détenteurs de capitaux vont chercher les meilleurs rendements au jour le jour.

    Il reste donc à augmenter la production de services et industriels afin de générer des revenus supplémentaires et dons des impôts supplémentaires sans qu'il soit besoin de les augmenter.

    De toute façon, le capitalisme s'autoregénère tout seul. C'est un principe.
    Réponds à ma question : comment se fait-il que malgré tous les exemples que tu cites (plus de pompistes, automatisation, informatisation), qu'il n'y ait jamais eu autant de salariés en France ? bizarre non.

    et je te parlais l'autre jour des nanotechnologies. Elles vont révolutionner le monde comme le fit le pétrole et l'informatique. J'en suis certain.

    L'avenir est très prometteur à condition d'y croire et de ne pas sombrer dans le déclinisme ambiant.

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  4. en résumé, pour pouvoir permettre aux futures générations de travailler moins et de profiter de notre système de sécurité social, il est de notre devoir à tous, par générosité envers ces gens pas encore nés d'encourager le travail et la production en général pour résorber une fois pour toutes notre dette qui est notre honte.

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  5. Pour la dette de Loïc, je ne dis rien, mais j'en pense pas moins !

    Nan, mais à Auchan d'ici (Toulouse), ils ont installé le truc encore moins cher : la caisse automatique manuelle. C'est le client qui passe lui-même tous ses articles un par un devant la pomme et qui paie un automate quand il a fini !!! Même pas d'investissement dans ces RFID qui marchent pas !!!

    Vu dans un documentaire, un aficain arrivé depuis peu en France: «ce qui m'étonne ici, c'est que vous courez tout le temps. Mais… vous ne fabriquez jamais iren !»

    Il est très beau cet article et même drôle aussi… Bien-bien quoi !
    :-))

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  6. Loïc,

    Tu proposes donc de travailler à la seule fin de faire tourner la machine économique.

    On marche sur la tête, et c'est un peu ça que j'essayais d'exprimer dans mon billet...

    Bien sûr qu'il faut résorber cette dette, mais il est temps de penser un peu autrement à l'économie, sinon on va dans le mur.

    Je ne sais pas s'il y a plus de salariés en France maintenant qu'avant mais il reste 3 ou 4 millions de types qui ne bossent pas, sans compter 3 ou 4 millions qui sont en position précaire.

    Ce n'est pas du pessimisme de ma part, mais compter sur le capitalisme pour résorber ça, faut avoir le moral !

    Filaplomb,
    Une collège à moi a un truc comme ça près de chez elle. Ca amuse beaucoup ses filles de 6 et 8 ans de jouer à la caissière... Au moins le progrès à un avantage.

    Eric,
    Le RIFD finira par marcher !
    J'ai vu dans La Tribune (mercredi ou jeudi dernier) que les supermarchés engageaient maintenant une nouvelle catégorie de personnel (de type animateur de réseau) de manière à animer le personnel des magasins pour les réhumaniser.

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  7. Nicolas,

    Tu ne réponds que somairement à ma question. je suis déçu.
    et ne dis pas 'je sais pas si' : je te dis et tout le monde le dit, l'insee le dit, tout le monde est ok sur le fait qu'il n'y a jamais eu autant de salariés qu'aujourd'hui.
    va vérifier et reviens nous voir...
    ...

    voilà ? bon, maintenant explique-nous comment malgré tout ce que tu dis il n'y a jamais eu autant de salariés en France ?

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  8. et oui je compte sur le capitalisme pour résorber tout ça et oui j'ai le moral...
    pacque toi t'as le moral ?

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  9. 't'as pas le moral' je voulais dire

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  10. Sous le règne des Soviétiques, circulait cette blague en Russie.
    -Savez-vous ce qu'est un optimiste ?
    Eh bien c'est quelqu'un qu'on n'a pas encore mis au courant.

    Mais ça marche avec le libéralisme aussi, non ? :-))))
    Tiens bon Nicolas !!!
    :-))))

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  11. Loïc,

    Si je ne réponds que partiellement, c'est parce que je suis en déplacement en clientèle et n'ai pas internet... sauf sur un poste libre service que je ne peux utiliser que furtivement !

    Le "je ne sais pas si" est une expression indiquant que ce n'est pas nécessairement le plus important... Il ne faut pas oublier la précarité... S'il y a plus de mecs en interim ou en CDD et surtout en CNE, ça ne fait pas avancer le truc...

    Mais je ne conteste pas les chiffres de l'INSEE, rassure toi !

    Maintenant, je réponds... Les pompistes ont disparu... Les autres exemples que je cite vont disparaitre... Employés de banques, caissières, boulangers, ...

    J'ai le moral. Je crois qu'on va réussir à éviter le mur. Et tu vas comprendre pourquoi j'ai le moral en lisant la réponse que je fais à Filaplomb.

    Filaplomb, merci pour ton soutien.

    Mais je crois que Loïc est au courant. Il a seulement quelques oeillères, qui l'empêche de voir que tout le progrès est destiné à produire moins cher avec moins d'employés... Qui l'empêche qu'on travaille déjà beaucoup moins qu'il y a 50 ans et 100 ans. Qui l'empêche de voir que le cycle va continuer.

    Que si on arrive à travailler moins, c'est parce que certains sont pour le progrès social, tu sais, par exemple, cette histoire de congés payés, par exemple... Tout ces trucs qui font que les gamins ne sont plus obligés de travailler 15 jours dans la mine à partir de 9 ans...

    Tout en ayant un considérable progrès depuis.

    Qui l'empêche de voir que tout ça c'est une question de mathématique (répartition) et que travailler plus ne résoudra rien.

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  12. Loïc voit la gauche comme l'affreux machin qui donne le RMI a des pauvres et empêche de faire des heures supplémentaires tout en défendant des privilèges de types qui ont signé des contrats de travail il y a 10 ou 20 ans.

    Il oublie de voir à qui on doit le progrès.

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  13. puisque Nicolas a eu la gentillesse de me citer (merci Nicolas), j'apporte mon grain de sel à la discussion.

    d'abord que ce soit clair: l'humanité s'est tragiquement perdue le jour ou un pervers mal embouché (qui immédiatement a eu de nombreux adeptes) à eu l'idée abjecte d'exploiter la force de travail d'un de ses semblables:
    il a d'abord exploité celle de sa femme (sur ce front là rien de nouveau au XXI siècle), puis celle de ses enfants (rien de nouveau non plus dans beaucoup de pays), puis il a inventé l'esclavage, qu'il a transformé au fil des siècles en esclavage légèrement rémunéré
    etc etc

    d'où: dépressions individuelles et collectives menant, au choix: à la guerre, aux religions dans leurs versiosn les plus extêmistes, à l'acceptation de la soumission

    j'arrête, mais je pourrai continuer

    conclusion, je fais toujours la même citation, mais que voulez-vous, je l'aime:
    "vivre tous simplement, pour que tous puissent simplement vivre"
    Gandhi

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  14. Merci Céleste pour ta contribution !

    On va finir par caricaturer les différences entre les différents courants de pensée politique !

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  15. "pensée politique"

    C'est marrant, il y a quelque chose qui cloche, mais je vois pas quoi.

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  16. A qui doit-on le progrès ?
    Une grande partie des avancées sociales de ce pays ont été faites sous un gouvernement conservateur. (droit de grêve, indemnisation chômage, retraite par répartition, allocations familiales) et 'à froid' en plus.

    et oui..

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  17. Ben oui,

    On doit beaucoup au gaullisme.

    GDF par exemple.

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