En salle

10 novembre 2008

Blogs et justice : lachez nous...

Nos législateurs semblent passionnés par Internet et par la législation qui pourrait l’encadrer. Ils se basent avec délectation sur des chiffres trafiqués pour inventer n’importe quoi. Ils ne se rendent d’ailleurs pas compte que la plupart de leurs combats sont voués à l’échec, les progrès technologiques faisant que les fraudeurs divers peuvent agir impunément à partir de la France sur des serveurs à l’étranger, mais je ne suis pas un spécialiste de ce domaine et je vous laisse juge.

Imaginez que j’écrive sur le blog que je suis un âne. Je ne vois pas comment je pourrais porter plainte contre moi-même dans la mesure où je ne peux attaquer que l’hébergeur qui est aux USA. Nos camarades législateurs peuvent modifier la loi mais on doit pouvoir la détourner à l’infini. Imaginons que j’ai un copain en Allemagne : je lui faxe mes textes et c’est lui qui les diffuse… Ni vu ni connu ?

Nos camarades législateurs pourraient dépenser le pognon de la république à des choses plus utiles, comme diminuer la TVA sur la bière, par exemple.

Ces temps-ci, ils ont dépensé un maximum d’énergie pour lutter contre le piratage des films ou des musiques, pour le plaisir d’interdire et de rajouter des taxes dans tous les sens. Toujours est-il qu’ils ne font que ramer pour permettre aux différentes compagnies de production, d’édition, … de gagner de l’argent car elles ont complètement loupé un virage technologique et elles se trouvent prises à leur propre piège : dépenser un maximum de pognon pour assurer la diffusion d’un film merdique ne fait qu’encourager son piratage.

Il ne faudrait pas remplacer un problème industriel par un arsenal juridique !

Nos camarades législateurs pourraient dépenser le pognon de la république à des choses plus utiles, comme lutter contre la pédophilie sur internet. Quoi que… La pédophilie – ou plutôt la lutte contre – redevient un peu trop à la mode ces temps-ci. Il ne faudrait pas qu’un retour de pudibonderie nous fasse revisiter notre histoire.

Passé les derniers procès contre les blogueurs (j’en ai évoqué certains ici), nos braves sénateurs sont en train de renforcer l’arsenal juridique contre eux. L’article en lien parle des sites institutionnels comme ceux des journaux… mais je ne crois pas que la loi définisse précisément la frontière entre les blogs et ces sites de journaux.

Il faut que le législateur prenne en compte la dimension marginale des blogs, voire leur audience. Un exemple au hasard : le blog politique numéro 1 au classement Wikio a reçu environ 15000 visites au mois d’octobre, dont la moitié de types cherchant des renseignements particulièrement intéressants ou procédant à des vérifications utiles. Exemple : « Claude Makélélé en a-t-il une grosse ? ». Ainsi, par déduction, on va se rendre compte que PMA a entre 100 et 150 vrais lecteurs par jour en moyenne (et encore…), la moitié étant des copains ou des concurrents au Wikio.

Souvent, l’été, j’écoute l’émission « la-bas si j’y suis » sur France Inter. Pendant le générique, ils passent des messages de leurs auditeurs, enregistrés sur le répondeur de l’émission. Les propos tenus sont dix fois pires que les pires propos que j’ai lus dans des blogs et ont des centaines de milliers d’auditeurs... soit des milliers de fois plus que PMA.

Pendant les élections municipales, j’ai beaucoup critiqué certains candidats à Loudéac et au Kremlin-Bicêtre. A part les blogs ou sites des candidats, j’avais probablement le blog le plus actif sur ces secteurs. Il faudrait compter, parmi mes lecteurs, le nombre de types qui ont lu un de mes billets locaux en tant qu’électeur (et non membres des équipes de campagne ou journaliste attendant que je dérape). Pour toute la durée de la campagne, le chiffre doit être de l’ordre 50 pour le KB et de 20 pour Loudéac.

Autant dire : rien.

Dans son souci de renforcer la législation autour du web, le législateur devrait prendre en compte cette audience des blogs et qu’on nous lâche la grappe !

Mmes et MM les Députées, Députés, Sénatrices, Sénateurs, réfléchissez donc avant de faire des lois délirantes et inutiles… et uniquement néfastes pour des braves gens, les blogueurs, qui n’ont rien fait de mal mais n’ont pas les moyens de se payer un bon avocat, celui qui arrivera à démontrer que quand je critique un homme politique sur mon blog, je suis autant entendu que quand je pète dans la baignoire.

15 commentaires:

  1. Attends, ça dépend d'en quoi est faite ta baignoire, de ton régime alimentaire et du volume d'eau.
    Autrement dit, par nos politique, tout dépend d'où tu viens.
    Et si tu pète dans une zolie baignoire design balnéo la caviar de la veille et que ton loft est insonorisé, ça veut dire que même si on t'entendait, tu aurais largement les moyens de trouve un avocat qui dit qu'il faut pas écouter aux portes blindées.

    Quand je pense qu'on nous serine que la Justice est engorgée de procès inutiles et d'interjections ( interjeter?) en appels à rallonge et que pendant ce temps, on pond des lois visant à boucher encore plus le tuyau d'évacuation...

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  2. Il manque un s par ci et un autre par là. Ah et un r aussi.

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  3. 15 000 visites ou 15 000 visiteurs uniques?

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  4. Melina,

    Oui... Les blogs engorgent la justice.

    Seeeb,

    On s'en fout.

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  5. Nicolas, votre argument ne tient pas, il me semble. Comment voulez-vous que le législateur tienne compte de l'audience des blogs ? Cela signifierait, à vous entendre, que si j'écris « Sarko*y est une grosse fiote » sur mon blog, pour 20 visiteurs, on me fout la paix, mais que si un Pierre Assoul*ne écrit la même chose sur le sien il sera condamné ? Et où fixer la « barre de culpabilité » ? Suivant quel critère ? Et si on la fixe à, mettons, 1000 visiteurs, celui qui n'en a que 990 pourra insulter qui il veut, répandre autant de contre-vérités voire de calomnies qu'il lui en passera par la tête, cependant que son voisin qui en a 1025 sera traîné devant les tribunaux ?

    L'audience n'a rien à voir là-dedans, la loi devant être la même pour tous. C'est le fait en lui-même qui compte, pas la personne qui le commet, encore moins le plus ou moins grand nombre de gens qui en reçoivent écho.

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  6. Et ça justifie l'usage d'une usine à gaz ?
    La cybercriminalité, c'est comme la vérité : elle est ailleurs
    http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/internet/d/les-hackers-surfent-sur-la-victoire-dobama_17291/

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  7. Didier,

    Je n'ai pas dit que l'audience "chiffrée" devrait être prise en compte juste la capacité de nuire...
    Que le législateur se débrouille ! Mais si vous déclarez sur votre blog que Helmut Grossin a une petite bite et que Helmut Grossin porte plainte contre vous, il faut que le tribunal qui reçoive la plainte puisse dire à Helmut Grossin : ne nous casse pas les burnes ou on porte plainte pour "procédure abusive".

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  8. Sia,

    Ton lien est intéressant mais évoque des ânes qui utilisent Internet avec l'intention de nuire.

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  9. Très bon billet ! Quand on parle d'Audience, l'idée est de dire que "les blogs en général" n'ont pas beaucoup de visiteurs, et qu'il faut donc leur foutre la paix.

    Effectivement, on ne peut pas écrire n'importe quoi sur n'importe qui, mais le cas de Fansolo est révélateur : 11.000 euros d'amende pour avoir des trucs bien plus soft que ce que qu'on peut lire sur d'autres blogs, et bien plus gentil qu'un spectacle de Jean Roucas...

    Je ne suis pas un parano de la liberté d'expression, mais on sent sur le phénomène du blog un besoin panique de "cadrer tout ça"...

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  10. Tiens ! J'ai rudoyé un commentateur.

    Seeb,

    On s'en fout car ce qui compte dans le billet c'est d'estimer le nombre de gugusses qui lisent chaque billet pas d'ergoter sur mes stats de visites qui n'intéressent que moi (et qui sont par ailleurs publiques).

    Balmeyer,

    Oui, c'est délirant ce besoin de cadrer tout ça. Tu parles de Roucas, c'est une chose, mais tous les jours, les Guignols sortent des trucs bien pires que les blogs (avec un autre talent, c'est vrai, mais un auditoire en proportion !).

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  11. Oui.

    Pour les "Guignols", il y a un côté "intouchable". Impossible d'imaginer la moindre plainte, on parlerait d'atteinte à la liberté d'expression, tout ça...

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  12. En tout cas le problème de fond reste la manie Franco-Française de légiférer avant d'agir. Chose que seule la France sait faire depuis longtemps.

    Un américain avait prévenu, lorsque les ventes des disques commençait à inquiéter les majors Françaises, qu'ils étaient déjà passé à la chanson à 99 cents aux States.

    Depuis, on essaie toujours de punir contre le piratage au lieu d'essayer de comprendre la nouvelle économie des supports numériques...

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  13. C'est bien ça : on fait une loi alors qu'un modèle économique est à repenser...

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  14. Mermet de là-bas si j'y suis a déjà était poursuivi pour les propos de ses auditeurs et notoirement relaxé.
    Tout le problème n'est pas de faire une énième loi cadre mais d'accepter une fois pour toute la liberté d'expression.
    Je devrais avoir le droit de dire que Sarko*y a une petite bite et de péter la marseillaise dans ma baignoire sans qu'on me fasse un procès !
    La justice a, il me semble, bien d'autres choses à faire !!!
    :-))

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  15. Poireau,

    Oui, la justice a mieux à faire... (ça ne veut pas dire qu'on a le droit de tout dire dans les blogs...).

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