En salle

26 mars 2013

Recomposition à droite

L'entrefilet du Parisien est terrible : des études ont prouvé ce que je pensais hier. Dans cette législative partielle, ce sont bien des électeurs du Parti Socialiste qui ont voté pour le Front National au second tour. L'expert interrogé par 20minutes est moins formel. Je parlais de décomposition du paysage politique, hier matin. Elie Arié, en commentaire, m’interrogeait sur la recomposition, un peu pour rebondir sur son billet d’hier, où il s’interrogeait sur notre incapacité à voir l’avenir…

Pour l’instant, cette recomposition, je la vois beaucoup autour du Front National…

Je suis tombé sur un seul blog de droite parlant de ce scrutin. Il met le résultat sur le dos du PS et de François Hollande. Certes, le Parti Socialiste a du mouron à se faire, mais je tire une conclusion complètement opposée à celle de ce blogueur. Si le "front républicain" ne fonctionne plus, c'est aussi parce que l'électeur de veut plus de l'UMP.

Ce matin, je voulais faire un tour des blogueurs de droite que je connais vaguement pour voir leur récit de la manif pour tous. Je m'attendais à des « c'était bien, on était avec les copains, il faisait beau, l'ambiance était bon enfant, j'espère que Hollande va plier, c'est moche quand même l'utilisation des lacrymos avec la présence des enfants. »

Je l'ai trouvé mais j'ai aussi trouvé des propos très durs de gens qui trouvaient les forces de l'ordre illégitimes quand elles les empêchaient d'aller sur les Champs. J'ai trouvé des gens qui tentaient partout les moyens de contourner l'Etoile pour pénétrer dans "notre Avenue Nationale". Et en un ou deux clics, on tombe sur des sites d'extrême droite donnant des argumentaires, préparant la révolution. Mon confrère El Camino en rigole ce matin mais je suis tombé sur un article de FranceTVInfo qui décrit comment tout cela est parfaitement préparé.

Il en ressort que Frigide Bardot est complètement débordée. Les appels au calme qu'elle a lancés sont durement critiqués par ces blogueurs que je pensais proche d'une droite modérée. Je suis tombé en commentaire d'un blog que je ne connaissais pas (mais j'ai déjà croisé la taulière dans des blogs réacs) sur un type qui s'était dit proche du Palais de l'Elysee, à la limite de franchir le pas.

Je suis tombé sur des gens qui appellent au "printemps français" après les printemps arabes... Et je suis tombé sur des braves gens, qui s'appellent eux-mêmes ainsi, qui relayaient des appels à l'insurrection... On va dire qu'ils sont manipulés ou qu'ils écrivent des âneries dans le feu de l'action, dans l'excitation,... Peu importe.

Les plus drôles sont peut-être ceux qui exigent la démission de François Hollande qu'ils jugent ne plus être légitime. Ils l'exigent au nom de la démocratie. Je dis "drôle" parce qu'ils me rappellent certains blogueurs de gauche, dont moi, peut-être, qui demandaient la même chose pour Nicolas Sarkozy en 2008. A la limite, c'est très amusant d'imaginer ce qu'ils auraient dit en cas de grosses manifestations "de gauche", traitant les manifestants de terroristes…

Hier, je critiquais les propos de cadres de l'UMP qui tapaient sur les forces de l'ordre. J'ai vu ce matin que la droite Parisienne avait interpellé le Préfet de Police. C'est une double erreur. D'une part, ils sont des élus de la République et n'ont pas à donner des signes d'encouragement à des gens qui ne respectent pas les règles : on ne manifeste pas sur les Champs Élysée. D'autre part, le respect de l'ordre est un truc de droite.

Jean-François Copé a réuni les cadres de son parti samedi pour préparer les municipales. Il leura dit qu'il ne fallait pas laisser le terrain de la sécurité aux mains du PS et du FN. Le lendemain, il fait le contraire et s'en prend aux forces de l'ordre.

Que dit Marine Le Pen ? Rien. Elle laisse des réseaux réactionnaires exciter des "braves gens de droite" et en tirera tous les bénéfices... Pour un peu, c’est elle qui va lancer un appel au calme !

L'UMP devrait réagir...

Vous allez me dire que je tape beaucoup sur la droite et peu sur la gauche pour expliquer la montée du Front National. C'est mon job.

Néanmoins, ce que je retiendrai du week-end, plus que cette manif et l'élection partielle, ce sont les propos d'Harlem Désir suite à ceux de cadres du Parti de Gauche. Il aurait eu l'occasion de s'affirmer en tant que patron de la gauche et dire clairement qu'on ne travaille pas avec des gens qui nous insultent et que le PCF doit en tirer les conclusions. Il aurait eu l'occasion de critiquer le populisme. Il n'a rien trouvé de mieux que de tenir ces propos foireux sur les années 30 qui ont généré des délires sur l’antisémitisme présumé et bien sûr faux de Jean-Luc Mélenchon.

Vous allez me dire aussi que je ne parle pas de la politique du Gouvernement. Je reconnais. La popularité de l’exécutif est au plus bas, les gens ne voient pas la sortie de la crise, les inquiétudes croissent, …

Je parle peu de la gauche parce que la première recomposition du paysage politique français viendra de la droite. Le Front National poursuit sa stratégie : devenir la principale force politique pour les municipales. Il ne cherche pas nécessairement à gagner ces municipales (la dernière fois qu’il a géré des grosses villes, les cadres élus ont fini par quitter le parti ou la gestion s’est avérée désastreuse). Le seul objectif du Front National est, pour l’instant, d’affaiblir ses adversaires, notamment l’UMP, en préparation de l’élection de 2017.

Depuis hier matin, je cherche à répondre à Elie Arié, à propos de la recomposition.

Cette dernière interviendra à l’occasion des municipales et de leur préparation. La perceptible montée du Front National n’est peut-être qu’un épiphénomène, lié à la crise, au mécontentement, à une UMP qui n’arrive pas à se trouver un projet. Le FN a déjà connu des victoires importantes lors de municipales, en 1995 (et 1997, à Vitrolles). L’extrême droite a déjà été à 18% en France ce qui n’a rien de réjouissant.

Il n’empêche qu’il s’est passé quelque chose d’inquiétant, ce week-end. Pour la première fois, un membre du Front National a failli être élu député dans un scrutin majoritaire à deux tours, sans triangulaire, certes avec un taux de participation de 33%.

Mais quand même…

35 commentaires:

  1. "sans triangulaire" : je pense que c'est ce que tu voulais écrie, à la fin de ce beau billet. Tu as écris : "sans primaire"...

    RépondreSupprimer
  2. « l’antisémitisme présumé et bien sûr faux de Jean-Luc Mélenchon. »

    Pourquoi "bien sûr" ? Qu'en savez-vous ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Rien au fond mais pourquoi voudriez vous qu'il soit antisémite ?

      Supprimer
    2. Son idolâtrie pour les Palestiniens pourrait déjà être un début de piste.

      Sinon, depuis quand faut-il des raisons pour être antisémite ? Des raisons cohérentes et rationnelles, je veux dire.

      Supprimer
    3. Disons que dans la polémique en cours rien ne permet d'estimer qu'il est antisémite.

      Supprimer
    4. "Il ne pense pas France", c'est chargé comme expression.
      Si c'est pour draguer les voix de Le Pen ça marchera pas et c'est minable.

      Supprimer
    5. Ce n'est pas ce qu'il a dit.

      Supprimer
  3. C'est vrai.. Et les 33% de participation n'augure rien de bon pour 2014
    Le printemps Français contre un droit pour tous, ça insulte mon intelligence et j'aime pas ça...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'était une partielle sans vraiment d'enjeux.

      Supprimer
    2. Il y a des salauds qui se permettent d'insulter l'intelligence de CatCanelle ? Que les coupables se dénoncent immédiatement !

      Supprimer
    3. Le droit pour tous n'en est pas un puisqu'il n'inclue pas les enfants.

      Supprimer
    4. Qui? Si c'est moi, je répondais à l'expression "droit pour tous". Je trouve qu'il est illusoire de le considérer comme tel dans la mesure où il n'est nullement question des droits de l'enfant. Notamment celui de choisir son modèle parental.

      Supprimer
    5. Il a le choix maintenant ?

      Supprimer
  4. La droite dite classique se fera sans doute manger par le FN ... elle l'aura bien cherché depuis des années de décomplexification, de rapprochements locaux et de nini. Sans compter le discours qui se banalise à l'UMP. Tant pis, tant mieux puisque c'est leur volonté. Rien à foutre personnellement. Historiquement les deux partis ont souvent navigué ensemble jusqu'à commettre l'irréparable.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ouais. Reste à prier que l'UDI reste vivante. Encore que ce n'est pas trop mon problème.

      Supprimer
    2. C'est pas vraiment la peine de faire élire un type de l'UMP avec des kilos de casseroles au cul alors que ces deux partis (FN et UMP) défilent ensemble et votent ensemble à l'Assemblée, non ?

      Supprimer
  5. La question, aussi bien pour le FN que pour le FdG, est de savoir combien de gens croient vraiment à leurs programmes respectifs; c'est la condition, pour eux, pour pouvoir passer d'un vote protestataire à un vote d'adhésion pouvant les amener au pouvoir - ou, si vous préférez, de passer à des victoires à des élections intermédiaires locales sans vrai enjeu de pouvoir à des victoires aux présidentielles et aux législatives.

    Ce qui donnerait de vraies chances de victoire nationale au FN, ce serait qu'un pays sorte de l'euro (comme ce fut presque le cas, ce week-end, pour Chypre) sans dommages excessifs, démontrant alors que c'est possible; car, pour l'instant, la sortie de l'euro que prône le FN est un saut dans l'inconnu que personne n'ose franchir; comme le dit souvent Chevènement, qui fut un adversaire déterminé de la création de l'euro, on est embarqués dans un avion pourri qui va peut-être se crasher, mais sauter par le hublot sans parachute n'est pas une bonne idée; mieux vaut tenter de s'emparer des commandes et réussir un atterrissage en douceur ( passage de la monnaie unique à la monnaie commune, avec un serpent pour les monnaies nationales)tant que c'est peut-être encore possible.

    Je ne crois pas, pour ma part, à une adhésion de la majorité de la population au programme du FN de sortie immédiate de l'euro et de saut dans l'inconnu; même les Grecs, les Portugais, etc. ,qui en bavent bien plus que nous, restent majoritairement hostiles à ce risque non mesurable.

    RépondreSupprimer
  6. Réponses
    1. C'est fait, il va apparaître sur la "une" de marianne.net dans les cinq minutes qui viennent.

      Supprimer
  7. Le pire dans tout ça c'est que le FN n'a même pas a faire le travail d'affaiblir l'UMP qui le fait très bien toute seule... Il a juste à attendre patiemment et récolter les voix...

    RépondreSupprimer
  8. C'est quand même savoureux que Mélanchon défende des oligarques russes qui viennent planquer leur pognon dans un paradis fiscal...
    Qu'il parle d'une une de Libération d'une "extrême violence" contre Sarkozy...
    Qu'il utilise le même slogan que Christine Boutin ("on lâche rien").

    Désolé si j'ai l'air de vous spammer, mais les idées me vienne nt au fil de l'eau...

    RépondreSupprimer
  9. Je n'avais pas eu le temps de lire ce billet hier, je suis persuadé que tout ce cinéma de dimanche était plus ou moins prémédité.

    RépondreSupprimer
  10. J'ai mis votre billets dans mes archives en vue de le commenter dans une brochure. Pour résumer : ça fait une éternité qu'on attend ce moment, celui de faire notre Mai 68. Oui, ça va vous pêter à la gueule, et enfin, je vais pouvoir assister à ce que j'attends depuis 30 ans : que vous vous preniez 1793 et 1944... Pour une fois, vous allez voir ce que ça fait !

    RépondreSupprimer
  11. En fin de compte, on se rapproche peut être d'une révolution néo conservatrice.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Non. Ce n'est que de la connerie d'abrutis qui se sentent important. L'heure de gloire...

      Supprimer
  12. Le type proche de l'Elysée c'est ptêt moi... :p

    RépondreSupprimer

La modération des commentaires est activée. Je publie ceux que je veux. On ne va pas reprocher à un journal de ne pas publier tous les courriers des lecteurs...