En salle

15 mai 2013

La solution contre les violences urbaines ?

A chaque fois qu'on a des émeutes dans les banlieues (ou dans Paris par des banlieusards), les débats reprennent sur leurs origines, la manière de les supprimer, leurs impacts sur la montée du FN…

Plein d'observateurs avisés sortent leurs solutions, leurs explications... Les gens de droite y voient des problèmes de sécurité, d'immigration,... Ceux de gauche des problèmes sociaux ou économiques... Les premières émeutes urbaines constatées par Wikipédia datent en gros de 1968. On va faire plaisirs aux réactionnaires : c'est à cause de mai 68 que les jeunes de banlieues reçoivent une mauvaise éducation et maintenant leurs propres enfants traînent dans les rues puis font des conneries. Je veux bien admettre toutes les explications possibles.

Tiens ! On va mettre ça sur le dos du réchauffement climatique qui échauffe les mœurs ou incite à trainer dehors... J'ai même répondu à Didier Goux, à l'instant que c'était de la faute des médias : avant on ne parlait pas des violences urbaines avant l'existence de la télévision. Je plaisante. Elles ont toujours existé. Qu'était 1789 sinon une gigantesque émeute urbaine.

Soyons sérieux. Enfin vous, surtout, parce que moi, hein !

Deux ou trois faits... Nous sommes depuis 40 ans en crise économique avec des perspectives de vie meilleure qui diminuent. Un peu avant, on a eu les trente glorieuses ; on alors fait appel à une immigration de masse et on a entassé les braves gens dans des banlieues immondes. La crise économique est telle que ce sont surtout les zones périurbaines qui pâtissent et toutes les régions qui ne bénéficient pas de la mondialisation.

Z'avez vu ? J'ai quasiment tout mis dans la même phrase. Discrètement, j'ai même parlé d'aménagement du territoire, mon dada. J'ai réussi à parler d'économie, d'immigration, le tout sans taper sur personne. J'ai évoqué sans que ça se voit la désindustrialisation et un tas de sujets.

Maintenant, je vais taper sur la droite. Ben oui, j'avais tapé sur la gauche, avant. Mai 68 et tout ça. La cinquième République dure depuis 55 ans. La gauche a gouverné 16 ans. La droite est donc coupable. Ils ont construit le boulevard périphérique, emblème de la coupure entre la ville et la banlieue, voire entre Paris et la France. Tiens ! C'est rigolo ! Le Parc des Princes est au dessus du périphérique. On aurait du construire le Stade France à Tolbiac, y foutre le PSG et on aurait été peinards.

Je n'avais pas parlé de sérieux et de taper sur la droite ? Si ! François Fillon a dit qu'il fallait qu'on fasse des économies, pas plus tard que ce matin. On fait quoi ? On arrête l'embauche de policiers et on supprime les plans d'aménagement des banlieues ? Il peut nous parler des plans banlieues des deux gouvernements dont il a été éminent membre. Le plan de rénovation urbaine de Jean-Louis Borloo et le plan Espoir Banlieues de Fadela Amara ? Il peut nous parler de leurs résultats. D'un autre côté, si dépenser du pognon ne sert à rien, autant arrêter d'en dépenser. On verra si ça ira mieux. D'ailleurs son gouvernement avait pondu le Grand Paris en oubliant 10 milliards de charges....

D'un autre côté, il me faut faire plaisir à ma clientèle réactionnaire. Il y a effectivement un problème d'éducation des jeunes dans notre pays. Depuis la date symbolique de mai 1968, on est à l'époque de l'enfant roi. C'est le bordel. Heureusement les statistiques ethniques sont interdites, par ailleurs. Ils pourraient l'utiliser pour démontrer que l'immigration c'est mal.

Cela étant on fait quoi maintenant ? Je ne sais pas si je suis plus intelligent que la moyenne mais j'ai la solution. Il nous faut sortir de cette crise économique ce qui donnera de l'espoir à tout le monde, évitera la oisiveté aux jeunes, donnera des sous pour embaucher des policiers et permettra de construire des prisons tout en permettant de rénover les banlieues.

Je vous ai donné la solution pour que cessent ces émeutes : sortir de la crise économique. A vous de trouver la solution à ce deuxième problème.

Après cette introduction longue et enjouée, je peux en venir à l'objet de ce billet : et la montée du FN dans tout ça ?

Dans cette histoire de Trocadéro, l'UMP a oublié de dénoncer les coupables (les connards des banlieues) tant elle était pressée de taper sur le gouvernement. C'est une erreur. Si Nicolas Sarkozy a réussi à torpiller Jean-Marie Le Pen en 2007, c'est aussi en s'attaquant à ces délinquants. Ou en faisant croire. En s'attaquant à l'étranger ou à l'immigration, il a réussi à faire monter la fille cinq ans plus tard.

D'un autre côté, à chaque fois que j'entends la gauche parler de problèmes sociaux dans les banlieues, j'ai l'impression qu'elle veut donner des points à l'extrême droite : il n'y a pas que dans les banlieues qu'on a des problèmes sociaux. De fait, ce ne sont pas des petits chéris à problème mais des délinquants.

D'ailleurs, je serais surpris de connaître le pourcentage d'électeurs frontistes dans ces banlieues à problème.

23 commentaires:

  1. Je suis pas certain de la solution "sortir de la crise économique" : cela ne pourrait que aider, c'est sur, mais il me semble (bon, c'était loin, ce fut douloureux)(que Jospin a perdu (entre autre) en 2002 justement parce l'économie (plutôt bonne) n'avais pas suffit a "soigner" la délinquance et l'insécurité (réelle ou supposée).
    Voir par exemple ceci :
    http://www.ina.fr/video/1961785001006 (je ne vois que le résume texte ici)

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    1. Je ne l'arme pas de ce qu'il aurait fallu pour que Jospin soit élu. On est pas sorti de la crise avec lui. On a eu une embellie.

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  2. Tu as quand même raison sur un point : c'est incroyable la manière dont finalement on n'a pas tapé sur ces petits connards qui ont foutu le bordel. On a tapé sur le PSG, les ultras, le préfet, Valls, la gauche, la droite, tout ça, mais ces petits cons finalement assez peu.

    Avec le recul tu as raison. J'étais énervé le jour même d'entendre "c'est la faute du football et des supporters" alors que l'on voyait en direct que c'était quand même moyen le cas.
    Tu as raison.


    Il sera intéressant d'avoir, dans quelques temps, combien ont vraiment été sanctionnés et condamnés (je suis sur le cul d'entendre le chiffre hallucinament faible de 47 interpellations...)

    Et tu as raison aussi sur ton impression d'avoir une gauche qui veut donner des points à l'extrême droite. Mais ça c'est un autre truc...

    Joli billet

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    1. Exactement 47 personnes interpellés pour une semaine de médias. C'est très faible.
      Sans sanction l'on n'avance pas. Ils vont etre tenté de recommencer la prochaine fois. Alors qu'un petit rappel à l'ordre peut en calmer certains.

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    2. Revenez sur terre ! 47 en deux jours.

      Falconhill, merci.

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    3. Nicolas, je suis bien sur Terre, merci de t'en soucier.

      Néanmoins on peut légitimement penser que 47 c'est pas énorme. Pour autant, c'est la suite qui sera intéressante. Voir quelles seront les sanctions.

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    4. C'est surtout à l'autre que je répondais !

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    5. Et puis, ces 47, comme ni les juges ni Taubira ne sont laxistes, si j'en crois votre dernier billet, ils vont évidemment être sévèrement condamnés, ça ne fait pas l'ombre d'un doute.

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  3. « on alors fait appel à une immigration de masse et on a entassé les braves gens dans des banlieues immondes. »

    Ce n'est pas vrai. Dans les années 70 et 80, il y avait encore fort peu d'immigrés en banlieue. De plus, on ne les a, par la suite, nullement "entassés", et les cités où ils ont commencé à s'installer étaient à l'époque tout à fait vivables ; elles avaient même été une bénédictions pour les Français qui y avaient été logés dès les années 60. C'est ensuite que c'est devenu des taudis.

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    1. L'immigration était plus forte pendant les trente glorieuse que maintenant. Je n'ai pas dit qu'on mettait les immigrés dans les banlieue mais qu'on y entassait maintenant.

      Il y à plus d'immigrés maintenant dans les banlieue qu'avant.

      Arrêtez de lire mes propos de travers parce que vous êtes sur la défensive.

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    2. Je vous signale que vous dites exactement la même chose que moi ! À savoir qu'il y a plus d'immigrés maintenant dans les banlieues qu'avant.

      Pour le reste, je me fous un peu des Trente Glorieuses : c'est la situation d'aujourd'hui, et encore plus celle de demain, qui me préoccupe un chouïa.

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    3. On dit la même chose mais c'est vous qu'il disiez que j'ai tort.

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    4. Là, on commence à ressembler aux deux papys du Muppet show…

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    5. Oui mais comme je n'ai pas répondu à votre dernier votre dernier commentaire, ça compense.

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    6. J'avoue que vos échanges nous apparaissent comme des bonus à vos billets Nicolas.
      L'image du muppet Show est parfaite!

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  4. Engloutir des sommes folles dans des "plans banlieue", c'est ce que font la droite et la gauche depuis au moins 25 ans, et on voit très bien que ça ne sert rigoureusement à rien. Tout ce qui peut être fait est détruit presque aussitôt, par ceux-là mêmes à qui c'était censé profiter.

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    1. Parce que certains trucs sont ridicules. Ce qu'il faut, ce n'est pas des panneaux de basket mais des infrastructures.

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  5. Oui, je suis d'accord. Des tas d'infrastructures. Des MJC, des peep-shows, des minis-golfs, des magasins Nicolas, des conservervatoires de musique classique, des charcuteries, des écoles, des églises, des piscines, des centres médico-psycho-pré-pédagogiques, des stades de rugby, des Apple store, des abris bus, des stations velib, des allés de platanes, des kiosques, des halles, des bistrots, des sections locales du parti communiste, des frontons de pelote basque, des concessionnaires Peugeot, des mairies annexes...

    J'ai oublié quelque chose ???

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    1. Noooon ! pas des charcuteries, malheureux !

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    2. Si mais Hallal ! Leur saucisson est d'ailleurs très agréable à l'apéro.

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    3. Et arrêtez de parler à l'autre connard. Je suis obligé de le foutre dans les spams quand il répond : ça fatigue.

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