En salle

03 juin 2013

La baisse du quotient [intellectuel ?]

A croire que Seb Musset cherche à rentrer dans le club des blogueurs de gouvernement… Dans son dernier billet, il reprend une partie de ce que je voulais dire à propos des annonces de Jean-Marc Ayrault au sujet de la politique familiale.

Lisez-le.

Je vais citer trois extraits : « Car, non, il ne s'agit pas d'une hausse d’impôt, mais bien d'une baisse de niche fiscale. », « La conséquence de la baisse du QF reste TRÈS modeste. Le supplément moyen pour les familles concernés est de 68 euros » et « Elle ne concerne que 15% des familles aux plus hauts revenus. »

A partir de 5800 euros de revenus par mois, on ne fait plus réellement partie des classes moyennes.

Laurent (un nouveau chez les leftblogs) signale que les mesures prises au Royaume Uni sont bien plus fortes…

Comme souvent, ce sont les propos des ténors de l’opposition qui m’intéressent. Valérie Pécresse, par exemple, critique la mesure et indique que le gouvernement ferait mieux de réformer le système plutôt que de baisser le plafond. Elle oublie de dire quelles réformes faire et de rappeler qu’elle était ministre du budget et aurait pu le faire…

Henri Guaino : « Comment peut-on trouver juste que des ménages qui perçoivent le même revenu, mais dont l'un n'a pas d'enfant, et l'autre oui, payent néanmoins exactement le même impôt ? » Je vais lui répondre : comment peut-on trouver juste qu’un ménage avec plus de frais d’éducation, médicaux, de crèche,… ne paye pas plus d’impôt qu’un lascar comme moi sans enfant ? Je veux bien être solidaire mais pas nécessairement avec des braves gens qui touchent plus de 5800 euros par mois… Mais impôts sont là pour aider ceux qui en ont besoin.

Rappelons que le candidat François Hollande était favorable à la suppression du quotient familial mais qu’il n’avait pas pu maintenir ce point dans son projet compte tenu du tollé provoqué par la droite. Les blogueurs de gauche avaient défendu cette proposition. On peut donc être en droit de penser que le gouvernement n’en fait, aujourd’hui, pas assez.

Rappelons aussi que la mesure coûtera autant au ménage à 5800 euros par mois qu’à celui à 10000 euros par mois.

Il est urgent de revenir à une meilleure progressivité de l’impôt avant de se poser des questions crétines.

Le quotient familial est un truc d’une autre époque. La politique familiale a d’autres volets, comme la gestion de la petite enfance : le gouvernement a annoncé la création de 275000 places en crèche et en maternelle.

16 commentaires:

  1. Je veux bien tout cela .......
    Mais comment justifier qu'une femme soit mise de côté professionnellement tout simplement parce qu'elle a des enfants, ce genre de chose existe plus qu'elle n'est constatée!
    Permettre de garder sont temps plein, plutôt que qu'un temps partiel pour faire des économies....
    Prendre un enfant né au mois de janvier au seuil de ses trois ans plutôt que de le scolariser à presque 4 ans à moins de choisir le privé.....
    Compenser, le fait qu'une profession libérale puisse prendre du temps pour ses enfants en étant un homme ........
    Faire des calculs d'apothicaire pour gagner moins en étant un ménage moyen pour surtt ne pas payer un centime de plus, au bout d'un moment c'est le ras le bol, là je crois que j'en ai ras le bol.

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  2. Pourquoi parles-tu de frais de crèche ? A ce qu'il me semble, les crèches ne sont pas gratuites (et à Paris, elles sont même assez onéreuses) et elles sont payées plus cher par les familles aisées puisque le revenu est pris en compte.

    J'ai comme l'impression que toi et Henri Guaino ne comprenez que partiellement ce qu'est le quotient familial. Le quotient familial est une niche fiscale ? - oui, si l'on peut dire - mais il sert aussi d'étalon pour moduler le cout de tout un tas de choses : le prix d'une place en crèche, des frais mensuels à la cantine, des frais d'entrée dans les conservatoires, les ateliers bleus. bref, il sert aujourd'hui même, à garantir une forme d'équité.

    Bon, la réalité, c'est que cette réforme ne me semble pas particulièrement injuste. L'impact n'est pas ahurissant. Par contre, 5800 euros, quand on est une famille de 5, je peux quand même t'assurer que ça ne suffit pas à avoir un train de vie de nanti. Je ne sais pas si je suis favorable à cette baisse du quotient familial, mais je m’inquiète en tout cas d'une tendance de la gauche : sa propension à ne pas comprendre que ce seront nos enfants qui feront l'avenir de la France en particulier et du monde en général. On ne m'enlèvera pas de l'idée que le gouvernement Hollande fait comme le gouvernement Sarkozy : il vise surtout la classe moyenne (et oui 5800 € + 3 enfants, c'est classe moyenne, pour ce type de familles par exemple, devenir proprio de son logement, c'est quasi impossible sans s'endetter sur 25 ans (à Paris, même en s'endettant, c'est de l'ordre du fantasme)). Chose logique quand on sait que les pauvres n'ont rien et que les riches ont foutu leur pognon dans des endroits bien cachés.

    Une question que je me suis posée. Pourquoi, ne demande-t-on pas aux millions de gens qui ne paient pas l'impot sur le revenu une contribution exceptionnelle de 50 ou 100 euros sur quelques années ? Ce ne serait pas inéquitable, non plus. Travailleur avec de tout petits revenus, je l'ai été, au moins 3 ans, à cette époque, je ne payais pas d’impôt. 100 euros par an, j'aurais pu les donner. Pourquoi n'imagine-t-on jamais une Loi de Solidarité Nationale qui englobe tout le monde, chacun à son niveau. A mon sens, ça crée des citoyens de seconde zone.

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    1. Les crèches ne reçoivent pas de subventions ?

      Pour le reste on sait à quoi sert le QF. On considère ici seulement ça qui concerne les impôts sur le revenu.

      Et je suis d'accord pour l'impôt pour tous (en échange d'une baisse de TVA).

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  3. Attend mais la TVA, tout le monde la paye, non, riche ou pauvre? C'est un impôt indirect. Personne n'y pense?

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  4. Je suis opposé à ces mesures. Et mon quotient intellectuel n'est pas en baisse par rapport à ceux qui en sont favorables. Pas plus que les questions posées ou oppositions faites sont "crétines".

    C'est dommage de moquer (pour être gentil) ceux qui sont contre, alors que ta démonstration pour défendre cette mesure est plutôt bonne. C'est très dommage.

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    1. Je parle du QI du Guaino pour plaisanter. De même, ma question crétine fait assez clairement référence aux questions posés dans le billet : donc celle de Guaino et la mienne.

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    2. OK, j'avais mal compris au départ.

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  5. Ah ! le subtil distinguo entre augmentation d'impôt et baisse de niche fiscale me ravit absolument !

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    1. Il est pourtant important. C'est évidemment une hausse d'impôt mais, entre nous, pourquoi peut on tolérer que certains paient moins d'impôts que d'autres.

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  6. Bonjour,
    Cette "réforme" me laisse perplexe sur plusieurs points...
    - Dans une perspective générale: quel sens ça a de "réformer" tous les systèmes assis sur des cotisations sur le travail (famille aujourd'hui, retraites demain): Dans une période de chômage historiquement haut, c'est mathématique qu'ils soient tous à la rue. Pour la branche famille, du coup, autant aller jusqu'au bout, rapatrier cette branche dans le giron de l'état: restitution des charges familles sur le salaire (plus) et hausse d'impôt pour financer (moins).
    - Au delà des débats stériles sur à 6000 € / mois à deux est on un privilégié ou non, cette réforme a des effets de bord potentiellement dévastateurs en termes de justice: quand on voit la généralisation à outrance du quotient familial pour conditionner quasiment toutes les aides (crèches, cantines, CE des entreprises...). A 100€ près entre deux salariés, l'effet de levier va être redoutable.

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  7. Hier, j'ai entendu Bertinotti sur iTélé. Je suis triste de dire qu'elle fut assez consternante. Incapable de légitimer cette réforme, d'en communiquer l'intérêt. Ce n'est pas parce qu'on enfile les termes "équité", "justice" qu'on réforme équitablement et justement. Quand le journaliste d'Itélé lui a fait remarquer fort justement qu'avoir 5500 euros de revenus pour un famille de 3 enfants à Paris (ou dans une autre grande ville), ce n'était pas tout à fait la même chose que de l'avoir en Province, elle fut incapable de répondre. Elle balbutia puis fit remarquer que la Loi ne prenait pas en compte les questions de spéculation immobilière, ce qui, tout de même, fait un peu froid dans le dos. Cela confirme en tout cas que ce gouvernement n'est pas moins déconnecté de la réalité que celui qui l'a précédé.

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    1. Oui. Ils sont parfois consternant. Mais l'argument de la différence de niveau de vie entre Paris et la province me parait limiter. Dans ce cas il faudrait moduler l'impôt sur le revenu en fonction du lieu de résidence.

      En l'occurrence, une vraie politique familiale serait de construire des logements sociaux (ne serait-ce que pour faire baisser la spéculation qui touche les plus riches s'ils n'ont pas accès au logement social), plus que le système actuel qui date d'après guerre et que de Gaulle lui même avait commencé à critiquer avant son départ.

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