En salle

15 janvier 2014

Supprimer la notion de droite-gauche ?

Suite à la conférence de presse de François Hollande, j’ai fait un billet. Il a été commenté par Lady Waterloo (que je croise depuis longtemps chez FalconHill). Elle est de droite mais ne le sait pas (elle me permettra cette boutade). Elle dit qu’elle est d’accord sur beaucoup de choses avec moi, y compris sur « l’idée de supprimer la notion de droite-gauche » qu’elle trouve réductrice. Or, je n’ai jamais dit ça. Mais j’ai dit tellement d’autres trucs.

Petit 1 : au niveau sociétal, il y a une vraie différence. On l’a vu pour le mariage pour tous. La difficulté est que depuis une bonne quarantaine d’années, la droite galope certaines idées dites progressistes qualifiées souvent de gauche. Je pense par exemple à l’IVG (on voit le bordel en Espagne) mais il y a autre chose. Par exemple, avec Dieudonné, on parlait des lois contre l’incitation à la haine raciale, utilisées par la gauche. Or, si ma mémoire est bonne, elles datent de 1972.

C’est amusant, la droite fait une politique sociétale avec des machins progressistes dans les années 70. En 1981, la gauche revient au pouvoir. Plus tard (deux ou trois ans…), la gauche fait un revirement de politique, le Front National monte rapidement à 14 ou 15%... Mais je suis hors sujet.

Toujours est-il que c’est à la droite de s’assumer.

Petit 2 : au niveau de la politique sociale et économique, la différence est nettement marquée et j’y reviendrai. Il n’empêche que dans un contexte de mondialisation et de libéralisme forcené, on est coincés… Une politique dite « de la demande », marquée à gauche, ne peut pas fonctionner (j’en suis persuadé) dans notre contexte.

La gauche de la gauche et la droite de la droite (pour résumer) sont persuadés que tous les maux viennent des traités Européens. Qu’ils aient raison ou tort, on ne supprimera pas les traiter comme cela et la suppression provoquera un effondrement de l’économie. Il nous faut donc les renégocier mais une négociation est plus facile si on est seuls…

Petit 2 (je recommence) : au niveau de la politique sociale et économique, il y a une nette différence d’appréciation de tous ces problèmes. Je crois au partage, à la redistribution, à la globalisation… et aux contraintes pour les mettre en œuvre : l’impôt progressif sur le revenu (tous les revenus) et la diminution du temps de travail (sur une semaine comme sur une carrière professionnelle).

C’est le marqueur principal, à mon sens, entre la gauche et la droite. D’ailleurs, les seules (ou principales) mesures du gouvernement avec lesquelles je ne suis pas d’accord tournent autour de la réforme des retraites et de la hausse de la TVA. La difficulté étant d’équilibrer tout ça dans notre contexte mondialisé qui impose ou presque d’avoir la même politique que les autres...

L’autre marqueur est que je crois aux vertus de la négociation entre partenaires sociaux (Politeeks en parlait), au sein de la « société civile », des « corps intermédiaires »… D’ailleurs, la conférence de presse de François Hollande s’adresse principalement à ces braves gens (c’est pour la presse…) et pas nécessairement au grand public : à 16h30 il est au bistro ou au boulot. Or, il me semble que Nicolas Sarkozy avait une fâcheuse tendance à convoquer les syndicats pour leur dire de négocier en leur fournissant le résultat des négociations…

Petit 3 : au niveau de l’environnement (j’en fais un point à part car Sarkofrance est écolo et est très sensible), la différence est ailleurs. Par exemple, on ne m’ôtera pas de la tête que les champs d’éoliennes sont très moches. Je ne vois pas en quoi c’est particulièrement écologique… Je ne crois pas, par contre, que la droite puisse imposer une politique en faveur de l’environnement. On en arrive à notre histoire de négociation : la droite convoque un Grenelle de l’environnement mais il ne donne rien de notable…

N’oublions pas, d’ailleurs, que c’est la droite (j’entends par là, pas les citoyens, mais les dirigeants) qui ont été foutre le principe de précaution dans la Constitution…

Petit 2 (j’y reviens toujours) : au niveau économique, j’invite tous les acteurs à relire le programme du FN. Il est entièrement monté pour combattre Bruxelles et tout ça. On me répondra que ce n’est que de l’affichage. Je répondrais : oui, c’est un programme.

Ainsi, la fin du petit 3 et du troisième petit 2 nous ramènent à la fin du petit 1 : c’est à la droite d’assumer ce pataquès (et que la gauche se démerde avec ses propres contradictions).

Petit 3 (ben quoi, je n’ai pas fini l’environnement) : il y a des aspects de l’écologie qui sont l’objet d’une large opposition entre la gauche et la droite. On parlait récemment de la limitation du périphérique à 70 km/h : elle me parait nécessaire. Mais, plus que des exemples anecdotiques, c’est la manière globale de voir les dégâts liés à l’exploitation humaine de nos ressources (épuisement, pollution,…) qui est à observer.

Néanmoins, sur certains aspects (comme le nucléaire et Notre-Dame-des-Landes), une partie de la gauche fait une erreur d’appréciation et débarquant pour défendre l’environnement alors que son job est de défendre les individus. Le nucléaire, vaste sujet : tout le monde ou presque pour déclarer que c’est mauvais, dangereux,… Mais il n’empêche que c’est la seule solution (et pas nécessairement la moins polluante) que nous pouvons avoir en l’état actuel de la science pour assure notre consommation d’énergie.

Petit 4 : au niveau électoral, il y a une vraie différence. 40 ou 45% de la population se sent proche d’un camp politique. La personne qui se dit ni de droite ni de gauche est généralement de droite. La droite n’ayant aucun projet (ce n’est pas un gros mot : la droite est conservatrice…), ils n’osent pas nécessairement avouer un positionnement. Néanmoins, parmi ces 80 ou 90% de la population (deux fois 40 ou 45…), personne n’irai sérieusement envisager de voter pour un autre camp sauf quelques exceptions, essentiellement le rejet du candidat.

Petit 5 : à droite, ils veulent absolument comparer l’extrême droite à l’extrême gauche. Or, ce n’est pas comparable (à part peut-être sur les méthodes…). Je ne vais pas rouvrir le débat éculé mais, si je ne crois pas au fonctionnement d’un projet politique d’extrême gauche, je n’ai pas à en rougir. Partager le pognon, les moyens de production, ça me va.

Détester l’étranger, moins…

19 commentaires:

  1. Vous vous trompez, je crois, sur presque tous vos "points", mais je manque un peu de temps ce soir pour croiser le fer…

    De toute façon, dès votre titre c'était mal engagé : on ne peut pas, "supprimer la notion" de droite et de gauche, ce n'est pas une chose qui se décrète. Par contre, on peut essayer de montrer (et d'autres sont plus doués que moi pour ça) en quoi ce ne sont plus que deux coquilles vides, que l'on conserve uniquement pour se souvenir de ce que, dans le passé, pouvait bien être un œuf.

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    1. Trop facile : "vous vous trompez". Vous avez donc tort. La notion ne peut donc venir que de gauche...

      Elles ne sont pas dépassées mais ne peuvent pas être admises par la droite qui deviendrait ringarde. Dans trois ans, personne à droite ne voudra dire qu'il est contre le mariage pour tous, parce qu'il passera opposé à ce qu'il définira lui même comme étant le progrès (alors qu'en tant que gauchiste, je ne considère pas le mariage comme un progrès).

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    2. Difficile de traiter de cette question en qq. lignes et me m'en un billet de deux pages. La droite et la gauche existent pleinement de par leur histoire,de par les fondamentaux...la construction des idées, des réformes, des méthodes, . Les réformes societales sont toutes à gauche sauf l'ivg de Veil... Car même sur le racisme, c'est plutôt la loi Gayssot. Sur l'économie, c'est plus compliqué, on le voit surtout en terme de stratégie fiscale. En politique, y a pas photo les homme de gauche sont nettement meilleurs, Sarko a tenté en vain, Hollande a éclaté l'UMP sans effort.
      Relancer l'économie par une politique de la demande, ne relancerait que les croissances asiatiques. Seule possible, celle de l'offre en effet....pour l'instant..

      Dans les années 70, c'est vrai, le mariage était considéré comme une aliénation de plus.....aujourd hui, le gauchiste, donc à l'aile gauche du Front de gauche, se fout du mariage

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    3. La politique de la demande a eu une efficacité à une époque. Mais ce n'est pas exact de dire que ça relance l'économie asiatique. Ça relance aussi le commerce et l'artisanat de proximité.

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    4. Suis ok, ça relance en effet l'économie résidentielle. Intéressant mais peu porteuse d'emploi

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    5. Si. Mais peut importe. Opposer les deux n'a pas (plus) de sens.

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    6. Oui mais...http://www.insee.fr/fr/insee_regions/aquitaine/themes/4pages/ia15808.pdf

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    7. Je n'en doute pas mais ça ne change rien qu'opposer les deux ne sert à rien...

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    8. Le problème de la droite, c'est que le personnel politique s'éloigne de plus en plus de ce qu'attend l'électorat de droite qui ne s'est pas autant éloigné que cela du logiciel initial. A cela, une raison électoraliste, ils draguent le centre, qui est un conglomérat mou d'individus sans vraies convictions mais qui veulent exister politiquement. Comme le PS leur fait également les yeux doux, les politiques de droite se gauchisent, trahissant de fait leur camp.

      Didstat : il y a eu l'avortement, le mariage par consentement mutuel, les mêmes droits accordés aux enfants légitimes et aux bâtards. Ça fait un peu beaucoup pour un camp censé défendre les valeurs traditionnelles de la vie et de la famille.

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    9. Ils devraient draguer les libéraux...C'est leur seule chance d'imposer une politique...

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  2. Généralement ceux qui ne veulent plus de gauche et de droite ne sont pas de gauche...

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  3. L'opposition, la contradiction, sont inhérentes à l'équilibre des hommes, son intelligence en dépend. Les totalitaires qui n'aiment pas penser, qui trouvent cela rebutant ou abaissant, préfèrent s'en dispenser, par la force de préférence...

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    1. C'est un point de vue disons... historico-philosophique...

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  4. Pourquoi tant de gens disent-ils " Le PS mène la même politique que l' UMP, ça prouve bien que c'est un parti de droite", et n'entend-on jamais dire " Le PS mène la même politique que l' UMP, ça prouve bien que l' UMP est un parti de gauche"?

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    1. Parce que l'UMP n'est pas un parti de gauche...

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    2. C'est un parti de rien arrivé nulle part.

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  5. Supprimer la notion de droite-gauche ?
    Moi je choisi la " Drauche " .Dans quel pourcentage ? du même taux que de lettres communes aux deux entités ... 28 ; 72 % me conviendrai très bien ;))
    vincent

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