En salle

06 janvier 2015

Tous les blogueurs politiques sont des experts !

L’ami Pierre D a fait un billet, ce qui est une information en soi. Il évoque les « experts », ceux qui causent dans le poste pour nous dire quelle est la vérité. Il ronchonne car ils se sont tous plantés et ont été incapables de prévoir la situation dans laquelle nous sommes… Vous l’auriez prévue, vous, la division par deux du baril de pétrole ? Oui, hein ! Vous êtes des experts. Dans les blogs, on est généralement tous des experts.

Alors, je vais faire un exercice : prendre un billet politique récent au hasard et tenter d’évaluer à quel point les experts peuvent dire des bêtises dans les blogs. Le hasard a néanmoins été légèrement aidé, j’ai pris un blogueur de droite, le seul blogueur purement politique de droite que je lise régulièrement. J’aurais pu prendre n’importe lequel de mes billets mais ça aurait été moins rigolo. D’ailleurs, je vais moi-même me livrer à une contre-expertise pour bien signaler que les experts peuvent dire des choses opposées.

Pierre Parrillo nous fait ce matin un billet de 3200 signes pour expliquer qu’il ne reste rien de la prestation de François Hollande, hier. Avec l’esprit chafouin qui me caractérise par moment, je pourrais faire un billet pour démontrer le contraire : l’interview faisait la une de Google News et toute la presse en parlait ce matin… Mais ce n’est pas exactement l’objet du billet qui est : raconter n’importe quoi parce que je suis un expert.

Je pourrais aussi prendre chacune de ces phrases et les commenter. Prenons la première : « Je ne sais pas quel Président avant lui peut se targuer, durant l’exercice de son mandat, d’avoir vu sa parole impacter aussi peu l’opinion, même pas 24hs après avoir squatté une matinale sur le service public ! » Le verbe « impacter » est un anglicisme familier qui ne peut pas s’employer dans un écrit de haute qualité. On n’écrit pas « 24hs » mais « 24 heures » ou « 24h ». « Matinale » est un adjectif. A moins d’être sur le toit de la maison de la radio, on ne va pas « sur » le service public. Le seul président à avoir fait « une matinale sur le service public » avant lui fut François Mitterrand. Je ne sais plus ce qu’il a dit mais un an plus tard, il réussissait à nous faire voter pour Maastricht et à griller Rocard. Doit-on qualifier le niveau d’expertise en fonction du niveau du maniement de la langue française et de l’histoire politique ? Non. La moitié de la blogosphère disparaitrait…

J’ai été pendant six ans blogueur d’opposition, ce qui était bien confortable. Pendant cinq ans, avec les copains, on a tapé sur Nicolas Sarkozy. Au bout de quatre ans de mandat et jusqu’à six mois avant la fin de sa présidence, on se disait que n’importe quelle endive de gauche gagnerait 2012 face à lui avec 20 points de plus. L’endive batave que nous avons choisie n’avait que trois points d’écart à l’arrivée. On a failli perdre l’élection parce qu’on n’avait pas vu d’où venait le danger. Nicolas Sarkozy a ainsi remonté de plus de huit points dans les sondages en passant pour un type dynamique, un décideur, un type qui avait permis à la France de passer la crise… et le reste de la droit a réussi à faire passer la gauche pour des dangers publics en donnant le droit de vote aux étrangers et tout ça.

Pendant cette émission, François Hollande a dit une belle connerie, c’était à propos de Notre-Dame-des-Landes : « Quand les recours seront épuisés, le projet sera lancé ». Il aurait pu ajouter « selon les résultats des recours ». Pierre Parrillo en tire une vague conclusion que je n’aurais pas faite, surtout si j’étais un blogueur de droite (il dit que la contestation est inutile alors que Pépère a dit que le droit l’emporterait et qu’il était confiant dans la justice), mais il fait ce qu’il veut. Et il poursuit : « Coucou les écolos ! » C’est une erreur : la gauche a toujours été favorable à ce projet et les écolos ont commencé à ronchonné en sentant le vent tourner… Nicolas Sarkozy, en son temps, avait dit un truc du genre : « l’écologie, ça commence à bien faire. » François Hollande vient de le dire différemment : nous, on bosse, on avance, on fait bouger la France et ce ne sont pas quelques rétrogrades qui vont bloquer la reconstruction. Et, François Hollande, s’il prépare 2017 (il dit que non mais, dans ce cas, pourquoi passer à la radio ?), se fout totalement des écolos qui sont en cause, d’ailleurs, dans l’étroitesse de sa victoire… L’écologie, ça se traite discrètement, sinon, les gens ont peur de manquer d’électricité. Par exemple, Anne Hidalgo a augmenté le coût du stationnement résidentiel ce qui fait hurler un peu tout le monde. Néanmoins, elle a raison… S’il fallait toujours s’occuper des électeurs, on aurait construit une autoroute sur le Seine et remplacé Notre Dame par un parking. D’ailleurs, je suis sûr des experts y ont pensé…

Imaginons la présidentielle de 2017. Tous les scénarios sont possibles mais on peut imaginer qu’on aura dans le trio de tête François Hollande ou Manuel Valls, pour le PS, Nicolas Sarkozy, François Fillon ou Alain Juppé, pour l’UMP, et Marine Le Pen. Je suis expert, pas Madame Soleil, non plus.

Le candidat de gauche socialiste doit d’abord assurer sa présence au second tour. Il ne peut pas compter sur la gauche de la gauche, représentée, à cette élection, vraisemblablement par Cécile Duflot et Jean-Luc Mélenchon. Il ne peut compter que son électorat traditionnel, ce socle de 25% (oublié par Lionel Jospin en 2012,il manquait d’experts, mais Mitterrand a fait 25% en 81, plus en 1988 mais c’était exceptionnel, Jospin environ 24 en 1995, puis Ségolène Royal et François Hollande ont fait plus lors des deux dernières élections). François Hollande s’est adressé à son électorat, aux braves gens susceptibles de voter pour lui après avoir éliminé tous les autres pour différentes raisons. Il leur a dit : j’ai confiance, on continue, on travaille, les réformes vont porter leurs fruits, on s’est plantés sur le chômage mais c’est parce que nous n’avons pas été assez vite et parce que personne n’avait vu l’ampleur de la crise…

Poussons l’expertise, tiens ! Il a trois solutions : dire cela, ne rien dire et dire : « bon ben d’accord, on est nul, ça n’apporte aucun résultat mais il faut qu’on tienne à faire des conneries jusqu’en 2017 ». Mais il n’a réellement qu’un choix. A l’heure de l’information en continu, du buzz, de Twitter, la stratégie de la « parole rare » qui a réussi à certains de ces prédécesseurs ne tient plus. De toute manière, comme le note d’ailleurs Pierre Parrillo, il aurait fait la une de la presse puisque c’est le jour de son intervention que le projet de film à son sujet (suite au livre de son ex.) a buzzé.

Alors, il ne peut qu’afficher un message de confiance. Rappeler qu’il bosse,…  Et que des mesures sont bien de gauche. Tiens ! Le compte machin de formation. Je n’ai vu aucun blogueur de droite traiter du fond de sujet. Ils manquent d’experts, peut-être. Hé ho ! Les gars, c’est l’Etat qui va gérer la formation (la Caisse de Dépôts et Consignations, en gros). C’est du collectivisme. Ca devrait vous effrayer.

J’ai ainsi passé cinq ans à taper sur Nicolas Sarkozy et sa communication ce qui ne l’a pas empêché de faire un très beau score au premier tour en 2012… Alors Pierre Parrillo s’est abandonné à l’exercice obligé du blogueur d’opposition : taper sur le président en faisant croire qu’il est objectif.  Tous les blogueurs politiques sont toujours objectifs, n’est-ce pas ? Surtout qu’ils sont experts ! Je repérais les erreurs de communications de Nicolas Sarkozy et les affichais au fronton de mon blog. Il a failli être réélu alors que quelques mois avant les élections, l’hypothèse d’un « 21 avril à l’envers » n’était plus un cas d’école.

Le Figaro a lancé un sondage en ligne : croyez-vous au rebond de popularité de François Hollande en 2015 ? J’ai répondu « oui ». Ce n’est pas le résultat de mon optimisme légendaire mais une déduction : il ne peut plus baisser. J’avais déjà fait la même déduction l’an passé mais il a continué à baisser. Je suis un expert persévérant. 88% des sondés (a priori lecteurs du Figaro, ce sondage n’a évidemment strictement aucune valeur) ont répondu « non ». Ils ne sont pas experts.

Ça me fait penser à un autre sondage que l’on voit régulièrement : pensez-vous que d’autres feraient mieux que le gouvernement actuel ? Entre 60 et 70% des sondés répondent que « non ».  En d’autres termes, 60 ou 70% des français pensent que le gouvernement mène la meilleure politique possible. Il faut toujours voir le bon côté des chiffres, pour être un expert parfait.

Si François Hollande prépare 2017, revenons à Nicolas Sarkozy en 2012… Il a fait un très bon premier tour. Moins bon qu’en 2007, mais bien moins que Jacques Chirac en 2002 (à part qu’il a réussi à éliminer la concurrence pour le second). Un expert doit manipuler des chiffres. En 2002, il a fait moins de 20%, le score le plus faible jamais réalisé à un premier par un président élu au second, le tout alors qu’il n’avait pas de véritable concurrence à droite parmi les « partis de gouvernement » (en 1988, il y avait Barre, en 1995, Balladur et, lui-même, était face à Giscard en 1981). Pourtant, l’ensemble de la droite avait fait environ 55%, soit ce qu’elle fait à chaque présidentielle (sauf en 2007 où elle était proche de 65). Il n’empêche que si Bruno Mégret et Jean-Pierre Chevènement ne s’étaient pas présentés, le deuxième tour aurait probablement été sans M. Chirac…

 Lionel Jospin n’avait pas préparé le premier tout mais seulement le second. Parole d’expert, hein !

Alors, François Hollande prépare son premier tour. Et cela fonctionne. Le dernier sondage de popularité chez BVA dit qu’il avait, en décembre, la confiance de 74% des sympathisants socialistes, en hausse de 9 points par rapport au sondage précédent.

Alors, Hollande fait le job. Il défend sa politique pour s’assurer du premier tour. Pour le deuxième, on verra plus tard. Pour le premier, les candidats de droite importent peu à la gauche, dans le sens où on n’y peut pas grand-chose. S’il n’y a que Marine Le Pen et Nicolas Sarkozy, personne au centre et 5 ou 6 candidats à gauche, c’est plié : le second tour ne sera pas passé.

Hollande fait le job. Le problème de la France est avant tout politique. C’est l’expert qui parle. Pas moi, non, mais Paul Krugman. Un confrère blogueur, mais un peu plus influent. Il a même eu le prix Nobel d’économie. Il critique régulièrement la politique menée par François Hollande. Je résumé son billet : le problème de la France et le fait que tout le monde tape dessus est essentiellement politique. A partir du moment où les politiciens français refusent de « limiter » l’Etat providence, c’est complètement con de continuer à lui taper dessus comme au début de la crise, d’autant que la croissance est supérieure à celle du Royaume-Uni et qu’elle peut emprunter à 0,8%.

Je suis expert en traduction mais un peu moins expert en anglais…

Et cela nous emmène à la défaite de Nicolas Sarkozy en 2012, au second tour, il n’avait pas de programme et pas de bilan. Il avait un cap en 2007, il a fait demi-tour dès le début de la crise ne maintenant de la loi TEPA que la grotesque défiscalisation des heures supplémentaires.

Etre blogueur politique de droite et dire dans un billet : « Ravi de savoir que mon pays est gouverné par un type qui ne sait pas où il va ni comment il compte y parvenir » alors qu’on passe ce temps à critiquer le cap choisi par le type en question est fort.

On dit souvent (notamment des gros à moustache) que si l’élection présidentielle avait lieu maintenant, François Hollande serait battu à plate couture. Admettons que les candidats soient Cécile Duflot, Jean-Luc Mélenchon, François Hollande, Jean-Christophe Lagarde, Nicolas Sarkozy, Marine Le Pen, en plus des traditionnels petits candidats qui cumuleront, disons, 10%. Pourquoi je cite Lagarde, parce qu’il est président du plus gros parti centriste. Ca pourrait être Bayrou mais je pense qu’il en a sa claque…

Imaginons ce résultat :
MLP
25
Hollande
23
Sarko
22
Lagarde
5
Mélenchon
10
Duflot
5
Autres
10

L’élection est gagnée. François Hollande fait le job, il montre que le gouvernement bosse, a un cap, mais ce n’est pas au blogueur politique de droite qu’il le montre mais aux types susceptibles de voter pour lui. Parole d’expert ! 74% des sympathisants socialistes lui font confiance et 60 à 70% des électeurs pensent que personne ne ferait mieux.

En 2012, il a passé le premier tour avec : « mon adversaire c’est la finance ». Cela ne fonctionnera plus…

Faire un billet pour dire qu’il ne restera rien de cette interview est un non-sens. François Hollande cherche deux ou trois points de popularité auprès de types vaguement à gauche, pas à convaincre un militant de droite, par petites touches.


Parole d’expert en billets qui ne servent à rien.

12 commentaires:

  1. T'avais pas fait y a pas longtemps un billet sur la longueur des billets ? ^___^

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    1. Oui mais là je fais un billet pour démontrer qu'on peut démontrer n'importe quoi.

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  2. Je fais tourner le billet et je vais me coucher...

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  3. Peut-on être expert en politique sans être politicien ? Les blogueurs politiques le sont car ils pensent influencer exerçant par la même une fonction politique aussi. Donc pour moi, ils ne peuvent être experts. Je n'ai d'ailleurs jamais vraiment vu de blog politologue. Un blog est malheureusement naturellement orienté. Car c'est une assertivité de la parole qui y est exercée. Ce qui fait qu'il est lassant de lire des blogs politiques. C'est absolument trop prévisible. On sait ce qu'on va lire, il n'y a pas de scoops. A la rigueur, le seul intérêt est le trollage et les engueulades. Je préfère de loin toutes les autres thématiques de blogs.

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    1. Mais on se doit des scoops. Il y a d'excellents blogs politiques, même orientés. Prends le billet de Seb Musset que je cite ici. Il est très orienté et tu seras probablement en désaccord avec lui mais il pose des vérités. Il joue le rôle d'expert et je crois que j'aurais pu le faire sur le sujet, sans son talent littéraire.

      C'est pour cela qu'il faut tout lire et diversifier les lectures, ce que ne font pas beaucoup d'andouilles qui restent dans un rôle politicien.

      Prends le cas d'Authueil, par exemple. Il est de droite mais sort des vérités. Il est expert dans son domaine, et c'est le seul : le fonctionnement "de la politique". Comme Seb arrive à bien poser le problème de la circulation en ville : 95% des parisiens auraient intérêt à avoir un parking à l'année où à ne pas avoir de voiture. La circulation à Paris ne devrait que concerner les banlieusards qui en ont besoin.

      Il faut lire. Et ne jamais hésiter à changer d'opinion.

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    2. C'est une perte de temps de lire plusieurs blogs politiques. Cela ne changera pas mes idées en aucun cas et aura plutôt l'effet de m'énerver. En plus, je sais d'avance ce que chacun évoquera comme argument. C'est même parodiable.

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  4. Je n'ai rien contre Seb Musset mais c'est un mauvais exemple par rapport à notre discussion.

    Dans son post, il écrit : "Mais j’espère bien. Ils polluent (encore un pic de merde aujourd'hui même), leurs voitures immondes occupent une place délirante par rapport à leur utilité, y compris et surtout lorsqu'elles ne roulent pas, squattant comme des verrues le paysage, bloquant la mobilité des bipèdes appelés piétons, des enfants, pour qui, dans un monde un peu moins autocentré, la ville devrait être pensée en priorité."

    Je n'avais pas besoin de lire son post pour savoir qu'il pensait cela. Ce n'est pas une critique par rapport à ce qu'il pense, mais c'était totalement prévisible et cohérent qu'il pense et écrive cela. C'est même un exemple parfait de ce que je dis.

    Les blogs politiques sont totalement prévisibles.

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    1. Individuellement, oui ! D'où l'intérêt d'en lire plusieurs...

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  5. De même que le commentaire de Charles Henri je ne sais pas trop quoi dans le post de SarkoFrance http://sarkofrance.blogspot.fr/2015/01/politique.html#comment-form est aussi totalement risible et prévisible.

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  6. Expert de mes deux.
    Je parle pour moi, bien sur

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  7. @ Pierre Danet,

    En parcourant votre blog, très intéressant, je me suis demandé s'il n'y avait pas plutôt intérêt à regarder le problème de l'expertise du côté de l'information et d'une qualité particulière d'information: l'information stratégique.

    On dit d'un joueur d'échecs qu'il calcule plusieurs coups à l'avance. On peut donc supposer qu'un joueur d'échecs serait heureux de pouvoir se projeter dans l'avenir pour contempler ce que sera la partie dans le futur, suivant au moins deux écarts de temps qui le séparent du présent:

    - le futur qui correspond au temps écoulé nécessaire à l'accomplissement des coups qu'il a prévus, pour vérifier qu'il a bien prévu et qu'il n'y a pas d'imprévu,

    - le futur qui va au-delà des 3 ou 4 coups, voire plus, qu'il a prévus, pour aller jusqu'à l'imprévisible, donc au-delà de sa capacité de calcul.

    Il y a un troisième écart de temps que le joueur refusera sans doute: celui qui le sépare du gain de la partie. Il n'y aurait plus de suspens, donc plus de jeu. Mais ce troisième écart de temps intéressera certainement quelqu'un comme l'expert ou un décideur.

    Si on pose les choses ainsi, on peut faire au moins un premier constat: il existe des informations stratégiques et elles ne sont pas naturellement ou aisément accessibles à celui qui en a besoin (le joueur a besoin d'une machine à voyager dans le temps).

    L'échec de l'expertise - relatif car tous les événements que vous citez dans votre post ont été prévus voire initiés, mais pas par les experts au sens où vous l'entendez - pourrait d'abord s'expliquer par une difficulté d'accès à l'information stratégique.

    En général, l'info stratégique est secrète, puis elle se périme (jusqu'au 6 juin 1944, le fait de savoir que le débarquement aurait lieu sur les plages de Normandie était une info stratégique, qui s'est périmée en cours de journée).

    On ne divulgue donc pas les infos stratégiques. Il est donc assez normal que les experts qui n'ont pas accès à ces infos se plantent, indépendamment de leur compétence, même si ce que vous dites sur les métiers de l'expertise est juste.

    De fait, on constate souvent que ce qui fait la différence entre un expert sans succès et un expert avisé, c'est la qualité de ses canaux d'approvisionnement en informations.

    J'observe d'ailleurs que des entreprises comme Google, Apple ou Facebook construisent leur expertise certes sur l'accumulation de moyens intellectuels et technologiques, mais surtout sur des filières approvisionnement en informations dont leurs clients ou utilisateurs ignorent le plus souvent le caractère hautement stratégique.

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  8. En tant que joueur d'échecs, j'adhère à toute image échiquéenne. Mais l'information stratégique sur une partie d'échecs est dans la position et son analyse, elle est transparente en quelque sorte et dépend en fait à la fois du cerveau gauche du joueur pour la rapidité de calcul et de son cerveau droit pour la visualisation.

    Mais autrement, je pense effectivemment, cher Tschok, que vous rajoutez une dimension fortement pertinente. En gros, celle de l'intelligence économique distinguant une information publique (dont l'open data) et l'information stratégique. L'information stratégique devenant de fait une source importante, peu accessible et relevant d'une véritable expertise. Bien vu !

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