En salle

20 mars 2015

Votons puis supprimons l'élection

Les élections départemento-cantonales arrivent. C’est l’objet du billet de mon copain FalconHill qui est de droite et souhaite la victoire de la droite mais votera à gauche car le candidat socialiste est un homme remarquable. Je me moque ! Il nous dit surtout son attachement à son canton et au département. Alors je vais lui dire pourquoi je n’y suis pas attaché.

En préambule, ce n’est pas parce que je ne suis pas attaché au canton et au département, que l’élection de dimanche n’est pas importante ! Allez voter. Surtout si vous habitez dans le Val de Marne et votez à gauche… Une page dans le Parisien d’aujourd’hui nous met en garde : la majorité risque fortement de basculer à cause des divisions de la gauche… Allez voter parce que le rôle du département est important.

Le canton

Il ne correspond plus à grand-chose d’un point de vue géographique ou démographique et à aucune entité administrative ou de gestion. Les structures de proximités sont les communes et leurs regroupements divers, qu’on les appelle « intercommunalités » ou « pays ». Le canton n’est qu’un truc abstrait, utile uniquement pour le vote au conseil départemental (ex général). Ces machins sont encore plus grotesques dans les métropoles…

Quand ils ont été créés, lors de la révolution, ils étaient une division administrative qui ne devait pas dépasser 10 kilomètres de rayon. Ils ont évolué et tout ça. Avant la décentralisation, ils envoyaient un représentant du territoire auprès de la structure administrative de l’Etat la plus proche, le département.

Avec la décentralisation de 1982, le conseil général qui regroupait ces représentants a commencé à avoir des compétences propres. Le conseil général est devenu un lieu de décision avec un exécutif, avec des compétences.

Le mode de scrutin aurait du être changé pour se rapprocher de celui utilisé pour les communes et les régions, c’est-à-dire un scrutin de liste avec, pour résumer, les types qui arrivent en tête formant l’exécutif (comme les adjoints au maire ou les vice-présidents des conseils régionaux). On aurait alors voté pour un programme et une tête de liste, futur chef de l’exécutif.

Avec le mode de scrutin actuel, on vote pour un représentant (deux pour être exacts) mais pas pour un exécutif et des actions qu’il pourrait mettre en œuvre. Et on le voit à cette campagne : ce que pourrait faire les formations politiques arrivées en tête n’est pas évoqué puisque le scrutin n’est pas départemental.

A noter que mon avis sur les législatives est à peu près le même (à la différence près que la campagne étant nationale et suit généralement une présidentielle, on y voit plus clair, d’autant que le premier ministre, chef de l’exécutif, est une personnalité du parti arrivé en tête).

Le département

On nous dit : la gauche veut supprimer les départements. C’est faux. La gauche veut supprimer la collectivité territoriale, c’est-à-dire le conseil départemental. Il n’est pas question de supprimer le département en tant qu’échelon administratif de l’Etat avec, notamment, les préfectures. Le projet de la gauche est de transférer les compétences du conseil départemental aux échelons en dessous (l’intercommunalité) et au-dessus (la région) pour différentes raisons, soit être plus proche des gens soit avoir des structures plus puissantes (par exemple, l’aménagement des routes ne doit pas être centré sur les départements mais doit être réparti entre la proximité et la région).

La droite avait un projet équivalent, annulé par la gauche, qui était de laisser les conseils généraux mais avec les mêmes élus que l’échelon régional tout en cassant le scrutin de liste des élections régionales, ce qui aurait été une catastrophe, rendant les régions ingérables car dans l’incapacité de trouver une majorité (imaginez si elles avaient lieu maintenant avec 20% d’élus du FN, 40 de la gauche et 40 de la droite).

Le conseil général doit donc disparaitre.

L’élection cantonale


Elle servait à avoir un représentant auprès de l’Etat à moins de deux heures de chez soi. A l’heure d’internet, de l’avion qui nous amène d’à peu près partout en deux ou trois heures au centre de Paris et des chaines de télévision qui transmettent les débats  à l’Assemblée, le représentant est-il toujours utile d’autant que les gens ont totalement oublié sa fonction… ?

16 commentaires:

  1. Une femme, vilain machiste. Et remarquable je ne sais pas mais c'est mon amie

    Le reste du billet je lirai plus tard (apéritif avec les copains tu comprends...)

    RépondreSupprimer
  2. Comme je viens de le dire chez le jeune homme qui a perdu la raison (désolé, c'est lui qui le dit…), personne ne va voter pour des gens dont on ne sait même pas à quoi ils vont servir, s'ils servent jamais à quelque chose. On va voter contre Hollande, contre Valls, contre Taubira, contre Belkacem, etc. Et ça va faire bobo les miches !

    RépondreSupprimer
  3. Le scrutin de liste est particulièrement détestable. Il coupe le faible lien qui pouvait encore exister entre l'électeur et l'élu.
    Pour être élu avec un scrutin de liste mieux vaut être bien en cour auprès des mandarins du parti (et donc bien placé dans la liste) que de faire campagne. Ce n'est pas ça qui va faire diminuer l'abstention...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Scrutin de liste ? Ou ça ? Pas pour les départementales en tout cas

      Supprimer
    2. Lis le billet pas les commentaires.

      Blaise : tu es con. On va avoir un scrutin avec une abstention à 60% et tu dis qu'un autre scrutin couperait les liens entre les électeurs et les élus. Après la présidentielle, ce sont les municipales qui ont le plus de participation. un scrutin de liste. Utilise tes neurones si tu comptes prendre racine dans les commentaires de mon blog.

      Supprimer
    3. Aux municipales c'est pas pareil, on connait les gens de la liste, du moins dans les petites villes.

      Supprimer
    4. Ben oui, mais c'est un scrutin de liste et tu chiais dessus.

      Supprimer
  4. Sur le fond quand même, pas grand chose à redire. Parce que ma vision du canton est sans doute très locale. Je pense que chez moi ou dans le Forez, elle veut dire quelque chose. Mais que la reproductibilité ailleurs est peut être moins évidente.

    Je suis aussi convaincu que l'élection permettra de lancer un autre message. Mais si on veut supprimer des scrutins inutiles et qui répondent encore moins aux questions, je pense que les européennes ou les régionales, qui servent des listes et des apparatchiks, sont pires.
    Peut être modifier les modes de scrutin serait une bonne chose...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je peux te dire que ce n'est pas le cas dans mes deux cantons (au pays et à Paname) où mes villes, comme les tiennes sont chef lieu de canton. Pour le reste, tu te sens plus proche d'Avignon ou d'Orange, tu préfères ton père ou ta mère,... Sans connaître ton patelin plus que pour les bières que j'ai bues chez toi, vous êtes un bled (sans connotation péjorative) perdu entre ces deux villes, à la frontière entre la zone méditerranéenne et les Cévennes, le canton, et le département ne tiennent plus (ni même, d'ailleurs, que votre future région). On s'y raccroche parce qu'on n'a que ça mais, sur le fond, ce qui tient (je dis ça, toujours, sans connaitre plus le coin que ta terrasse), c'est ce qu'on appelle "le pays".

      Il a une particularité, c'est qu'il est à la limite entre plusieurs régions, ce qui n'est pas le cas de mes deux communes, Loudéac et Bicêtre. Leur région est bien définie : la Bretagne et l'Ile de France. Mais, pourquoi, habitant à 700 mètres de Paris, je devrais être dans un autre département ? Et pourquoi, à Loudéac, je devrais être dans le 22 et pas le 56 alors que pour l'avenir de Loudéac, il faudrait un Centre Bretagne fort ? Genre de Carhaix à Montauban de Bretagne avec Loudéac (pas parce que j'en viens mais parce que c'est au centre)...

      Pour ton dernier paragraphe, soyons précis. Deux élections ont un bon ton de participation : les municipales et la présidentielle (et les législatives mais elles sont liées à la présidentielle). Je zappe cette dernière et en reviens aux municipales : les gens ont confiance en leur maire, ils le connaissent, l'aiment (ou pas). Ils lui disent : "gère nous le bordel". Alors le maire représente la mairie à l'intercommunalité, on lui fait confiance. Ca devait être pareil chez toi, en gros, on fait confiance au maire qui délègue une partie du boulot à l'intercommunalité qui a une taille plus appropriée pour gérer les trucs de proximité, les ordures, la flotte, ...

      Les gens ne savent pas à quoi servent les départements (je dis "les gens" mais ce n'est pas péjoratif, moi-même qui ait un des rares blogs qui parle d'organisation territoriale me perds). Les élections sont grotesques. Elles sont contraire à tout esprit démocratique.

      Et c'est pareil pour les régionales. Tu te rends compte que depuis que Le Drian est ministre et plus président du conseil régional, je ne sais pas qui est l'a remplacé ? Je suis blogueur politique, je pourrais me renseigner mais ça me gonfle. Faisons un sondage auprès des Français. Demandons leur qui est leur président de CR ou CG (bientôt CR). .../...

      Supprimer
    2. Tiens ! En écrivant cette dernière phrase, je me suis rendu compte que je n'étais pas sûr que Favier soit toujours président du mien, en région Parisienne (pour le 22, je suis plus formel mais les raisons sont personnelles).

      D'où un des intérêts de faire des plus grosses régions avec des scrutins de liste : on connaitra les dirigeants et on votera pour des projets, pas pour des casquettes.

      Pour l'Europe, on est d'accord. Mais la seule solution pour avancer est que l'exécutif soit désigné par le Parlement (les Etats conservant un droit de veto sur les directives) et que les listes soient européennes, pas nationales.

      Supprimer
  5. Je suis d'accord le mode de scrutin est original mais pas efficace d'un point de vue politique.
    C'est vrai qu'il n'est pas question de supprimer les départements mais l'organisation de l état en région et dans les départements va profondément changer...

    RépondreSupprimer

La modération des commentaires est activée. Je publie ceux que je veux. On ne va pas reprocher à un journal de ne pas publier tous les courriers des lecteurs...