En salle

04 juillet 2016

Rocard, la gauche et moi

Hamster tourné vers la droite
Michel Rocard est mort. Les hommages se multiplient ce qui est la moindre des choses mais quand ils viennent de types qui se présentent comme de la vraie gauche tout en revendiquant presque une filiation, c'est lassant. J'en connais qui l'ont soutenu en 1993 pour foutre Fabius dehors et qui ont soutenu Emmanuelli l'année suivante pour jeter Rocard. Pour ma part, je n'ai jamais été Rocardien, je ne l'ai jamais vraiment aimé, sauf peut-être quand il était premier ministre mais, parmi tous les imbéciles qui sévissent dans les réseaux sociaux, je suis peut-être un des plus proches de sa ligne politique, que cela soit pour son rapport avec le libéralisme, la réduction du temps de travail ou la nécessité d'avoir un projet politique réaliste, qu'on ne peut faire gagner qu'avec une « ouverture » vers le centre pour optenir une majorité. Et tout ça.

Alors je dis « prout » aux autres, avec beaucoup d'affection, néanmoins.

Je n'ai jamais été Rocardien. J'ai été communiste mais je ne sais même pas si j'ai été socialiste. J'ai toujours eu horreur de ces querelles de clocher, du genre plus à gauche que moi tu meurs. Comme beaucoup, je me suis intéressé à la politique à l'adolescence. J'ai donc appris très jeune à détester la droite et, une dizaine de jours après mes 15 ans, François Mitterrand se faisait élire, éjectant la vieille droite rancie et ramenant l'espoir aux commandes. Du coup, j'ai toujours vénéré Tonton et peu apprécié ses ennemis, ce qui ne m'a pas empêché de voter pour Juquin, en 1988, qui se battait pour les communistes réformateurs. C'est toujours rigolo quand on a mon âge (ou d'autres, je suppose, vu que ça fait 10 ans que je raconte les mêmes conneries dans mon blog) de se rappeler de ces années. Il n'empêche que c'est con d'être né un 23 avril. Par exemple, le jour de mes 51 ans, le candidat de gauche risque d'être éjecté dès le premier tour...

Dès 1990, Rocard a commencé à moins m'intéresser. J'avais abandonné l'aile gauche de la gauche et ma préférence est allée à Jospin, ne changeant plus trop de bord depuis. Après la défaite de ce dernier, en 2002, je me suis rendu compte que j'avais eu tout faux sur un beaucoup de points. J'ai erré au sein de la gauche, cherchant quelqu'un à suivre, parce que dans ce régime politique, il faut un leader. Me rapprochant de blogueurs socialistes vers 2006 et 2007, j'ai commencé à m'intéresser au PS, tombant ainsi directement dans le bordel du congrès de Reims, en 2008. J'ai pris acte de la victoire de Martine Aubry, ne pouvant pas blairer Ségolène Royal et considérant Titine comme un de ces leaders qu'on aurait pu attendre. Elle a dit tellement de connerie qu'à la primaire de 2011, il n'y avait plus d'autres solutions : le seul capable de gagner la présidentielle était François Hollande.

Entre temps, Michel Rocard avait accepté des missions pour Nicolas Sarkozy, au nom d'une ouverture qui n'en avait que le nom. Je ne comprenais plus l'hamster érudit, lui-même ayant montré ce que je croyais la voie avec une ouverture au centre acceptait de travailler pour quelqu'un apparenté à la droite dure.

Ce n'est que depuis un an ou deux qu'il était remonté dans mon estime, endossant un costume de vieux sage et donnant des baffes à tout le monde.

Aujourd'hui, il en distribuerait à tous ceux qui ont passé leur vie, sauf peut-être vers 1978 ou 1979 et 1993, à le combattre, tout comme ils ont combattu Jospin et ils combattent Hollande

Moi, au moins, j'ai plus de vingt cinq ans dans cette ligne politique de social démocratie assumée, sans trainer à la recherche de la gauche de la gauche pour rechercher une virginité politique d'un autre siècle...

Michel Rocard a participé à la modernisation de la gauche et ceux qui le pleurent aujourd'hui ne l'ont pas compris. C'est bien triste.

Mon amitié, ce midi, à tous mes copains se reconnaissent en lui, s'en revendiquent et sont tristes, réellement, pas comme des crocodiles, dandys d'une gauche à oublier.


10 commentaires:

  1. Moi non plus, je n'ai jamais été rocardien. Mais, pour tout un tas de raisons, j'avais une certaine estime pour le bonhomme. D'abord parce que j'habitais à Conflans et que son mandat coïncide avec mon éveil à la politique. Ensuite parce qu'il est lié au souvenir de mon grand-père. Mon grand-père faisait partie du RPR local mais, en sa qualité de président du conseil presbytéral du petit temple protestant de l'avenue Carnot, il avait noué des relations, certes superficielles, avec Rocard: quand ils se voyaient, le ton était toujours à la plaisanterie. C'est sans doute de cela dont je me souviendrai: Rocard avait un vrai sens de l'humour; il buvait volontiers des bières avec mon grand-père et avait aussi l'habitude de lui taxer des Gauloises.

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  2. "Il n'empêche que c'est con d'être né un 23 avril. Par exemple, le jour de mes 51 ans, le candidat de gauche risque d'être éjecté dès le premier tour..."
    Voyez le bon côté, quoi qu'il arrive, vous aurez quelque chose à fêter !
    A la vôtre ;o)

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  3. Joli billet, qui m'apprend des choses sur toi (je te pensais davantage rocardien)

    Mais après, au delà des chapelles et des obédiences, au delà de son positionnement politique (voire militant), on peut juste reconnaitre les hommes tels qu'ils étaient. Avec leurs qualités et leurs défauts.
    J'aurais combattu politique Rocard si j'en avais eu l'age. Mais l'homme est respectable.
    Et il y avait, je crois, une colonne vertébrale, que je ne vois plus aujourd'hui. Mais je crois qu'elle n'intéresse plus personne cette colonne vertebrale...

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    1. Je n'ai pas voulu insister sur les raisons pour lesquelles ne n'étais pas rocardien mais elles n'ont rien contre l'homme.

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  4. Rocard le RMI, la CSG qui était censée être temporaire, puis Jospin, les 35h.
    Ce sont les victoires de la gauche, malheureusement, elles sont amères car l'économie s'enlise.
    Un réformateur de gauche réaliste n'aura pas d'autre choix que de revenir sur ces victoires du passé, l'autre choix, c'est d'aller plus loin dans la surenchère sociale (la vraie gauche), ou faire du bricolage à la marge (Hollande).
    Rocard était un type intelligent, qu'est ce qu'il aurait fait s'il était au pouvoir maintenant ?

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    1. Possible. Quelles réformes de gauche faudrait il faire à ton avis ?

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    2. Baisser le temps de travail par exemple. Mais tu es con quand même. Tu sors. 10 ans de blog, des cons qui croient tout savoir, j'en ai vus. Tu ne m'intéresses pas.

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