En salle

24 juin 2020

Télétravail : foutez-nous la paix !


En ce centième jour depuis le confinage, je vais revenir sur un sujet qui me tient à cœur : le télétravail. Dans mon équipe, on y est depuis mi-mars et on le sera jusqu’à mi-septembre. L’objet, pour moi, en multipliant les billets est de démystifier la chose pour tenter d’aider à desserrer quelques freins et de tordre le cou aux informations qui circulent dans la presse.

On va rappeler que le télétravail n’est pas que travailler chez soi. C’est aussi un autre mode de vie qui consiste à être plus productif dans son boulot en adaptant son rythme pour y gagner du temps, y retirer de la satisfaction,… Ainsi, après trois jours à Paris en plein soleil, il me tarde de revenir en Bretagne, de pouvoir me lever, prendre le café dans véranda tout en me connectant au travail (pourquoi croyez-vous que j’ai acheté des machins pour le wifi ?), de faire ma toilette à 11h30, d’aller faire les courses juste ensuite, de reprendre le boulot quand j’en ai envie, d’appeler le couvreur pour qu’il répare le machin et d’attendre le type d’EDF qui doit changer le compteur et de profiter de sa présence pour tondre la pelouse (la tondeuse est sur batterie contrairement à la box wifi).

Ce matin, à Paris, je me suis levé à sept heures. Je me suis mis devant mon PC dans mon séjour. J’y suis depuis plus de quatre heures, j’attends midi pour aller déjeuner à la Comète parce que je ne l’ai pas fait depuis début mars. Cette après-midi, je vais enfiler quatre réunions avant de retourner au bistro pour voir un pote que je n’ai pas vu depuis près d’un an.

Hors télétravail, j’aurais pris le métro, mené la même activité dans une tour de la Défense puis repris le métro.

Ce n’est pas à un syndicat de décider ce qui est le mieux pour moi ou pour l’entreprise. Il suffit d’une recherche dans Google News pour constater que le sujet intéresse beaucoup la presse qui met en avant différents arguments dont ceux complètement crétins, disons-le, des syndicats : « La plupart plaident pour un accord national encadrant la pratique. Un chiffre fait consensus : trois jours de télétravail maximum par semaine. À quelques exceptions près, on ne peut pas passer sa vie à travailler à la maison », estimait, hier matin, Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, au micro de France Inter. Avis partagé par Jérôme Chemin (CFDT Cadres) : Un ou deux jours par semaine, c’est déjà bien. Au-delà, gare au risque d’isolement. »

S’il y a un accord national, il ne sera plus possible d’innover, d’adapter la situation à chaque cas. S’il y a un risque d’isolement, il n’est pas à résoudre par des syndicats qui ont d’autres intérêts à voir les ouailles rester au bureau.

Parmi mes trois  types de travail, chez ma mère en Bretagne, chez moi en banlieue ou au bureau, je préfère largement le premier puis le second. La décision doit être prise d’un commun accord entre le salarié, l’entreprise et le chef de service du salarié, en toute intelligence… Hier encore, j’écrivais que le passage au bureau est nécessaire de temps en temps mais je ne veux pas que des andouilles m’imposent une histoire de deux jours par semaine parce que ce n’est pas mon intérêt qui serait plutôt d’alterner 10 jours (calendaires) en Bretagne avec 10 à Paris dont deux tiers des jours ouvrés au bureau avec quelques variations selon les époques (par exemple, je n’ai rien à faire au bureau en juillet si une partie des collègues est en congés vu que j’y vais pour les voir).

Chacun aura sa propre opinion sur le télétravail, en général, comme pour son cas particulier. Pour ma part, je continue à me chercher. J’ai fait onze semaines chez moi, c’était bien. J’en ai passé trois dans la maison de Bretagne, c’était encore mieux mais je n’ai pas eu du beau temps et il faut encore que je m’habitue au rythme….  

Je n’attends rien d’un accord national avec les syndicats sauf qu’il permette aux entreprises plus de libertés. Je pense que les chefs d’entreprise n’en attendent pas beaucoup plus. Je ne suis pas libéral (de gauche) pour rien. S’il faut un texte national, c’est peut-être uniquement pour la prévention des risques psycho-sociaux (l’isolement dont parlais l’andouille) mais aussi des contreparties financières à autoriser (pourquoi me faire rembourser la moitié de mon passe Navigo si je ne prends plus le métro ? pourquoi aurais-je une subvention pour aller manger dans une cantine que je ne fréquente plus ?).

Je suis le seul à pouvoir décider que, pour moi, le mieux est de faire du télétravail en Bretagne parce que j’y ai de l’espace. Ma hiérarchie immédiate est la seule à juger si mon travail nécessite une dose de « présentiel » et à quel niveau. Et ma direction générale et les RH sont les seuls à pouvoir valider nos propositions. On n’a pas besoin d’un accord en haut lieu.

Foutez-nous la paix et pensez au travail. On est payés pour ça.

14 commentaires:

  1. Ne craignez-vous pas que si, dans la majorité des cas, tous ces gens ( vous-même, vos supérieurs immédiats, la direction générale et les DRH) n"arrivent pas à se mettre d'accord, mieux vaut faire vom9me pour les 35 h. ; une loi générale, ne reposant pas sur grand-chose,
    et dans le cadre de laquelle ( parce que " la loi, c' est la loi")chacun trouvera alors des idées pour s'adapter aux situations particulières ? La loi d'abord,l'imagination ensuite...

    EA


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    1. Non ! Surtout pas ! La loi vide finit par contenir quand même des conneries.

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    2. Oui, bien sûr, puisqu'elle est censée s'appliquer à tous les cas, ce qii est une connerie! Mais c'est alors que les gens se mettent à vpir ve qui se passe si on ne l'applique pas,ou à chercher les moyens de la contourner au cas par cas... bref, l'imagination au pouvoir! Résultat; aujourd'hui, le MEDEF est pour les 35 h., alors que quand la loi a été votée ...
      EA


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  2. Et bien voilà !
    le dernier paragraphe et la ligne de conclusion me semblent bien tout résumer et laisser la liberté d'action à tous, (du moins ceux qui peuvent télétravailler)

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  3. Personnellement, je milite pour la généralisation de la téléretraite.

    Mais personne qui veut m'écouter…

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    1. Rassurez-vous Didier, j’y suis depuis quelques années.
      Cependant je suis catastrophé par des expressions comme « bon week-end «  alors que nous retraités sommes au (télé)travail tous les jours sans repos ni congés.

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  4. Tant qu'on ne m'imposera pas le téléwhisky, ça ira . J'y tiens, moi, à mon vasodilatateur avec glaçon !
    A.b

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  5. Encore une fois, le rôle des syndicats est toxique...

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  6. Allons, un peu d'optimisme, les bistrots sont rouverts, non?

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    1. Oui. Mais j’ai plus le temps d’y aller quand je suis en télétravail.

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  7. Je reste persuadé qu'il faut une loi absurde pour que les gens se rendent compte que ça ne va pas et se mettent à réfléchir. Sinon, ils font comme la direction a décidé, après pseudo-concertation ou pas.
    EA

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    1. Non. La loi doit porter sur des sujets à la marge genre : l’entreprise doit verser 5 euros par jour où l’employé ne peut pas travailler chez lui ou l’employé est responsable de ce qui pourrait arriver quand il travaille chez lui sauf si c’est directement de la faute de l’entreprise (harcèlement, non prise en compte des risque psychosociaux,...). De toute manière, seule la direction peut décider de marges de manœuvres.

      Ou alors que la loi permette aux entreprises de négocier directement avec les employés sans passer par les délégués syndicaux et les représentants du personnel. Voire oblige.

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