En salle

28 octobre 2020

J'hercule le sécateur


Alors que nous allons reprendre le confinement, les blogs vont reprendre leurs journaux et je voudrais rappeler à mes confrères que l’on peut raconter absolument n’importe quoi sur un blog et que l’on peut dépasser l’émotion provoquée par le port du masque en entrant dans un Super U ou la colère provoquée par la bêtise de la communication du gouvernement.

 

Ainsi, hier, il était prévu qu’aille déconfiner la tombe familiale au cimetière avec ma mère. Comme il m’avait fallu emprunter une voiture, j’avais tout millimétré pile poil pour ne pas faire durer le plaisir. Mais pour bien décrire le cadre de cette histoire, il faut raconter qu’il était prévu qu’un jardinier passe deux jours à la maison – enfin, dans le jardin, quoi – histoire de faire ce que je n’avais pas fait depuis le début de mon confinage Breton et néanmoins Loudéacien.

 

Le matin, j’avais entassé les outils dont j’aurai sans doute besoin au cimetière sur le sol du garage pour être prêt à les mettre dans le coffre de la voiture qui aurait dû se garer sur l’allée en pavés mais le camion du jardinier était garé devant l’entrée de l’allée avant l’arrivée de la voiture (logique, il fallait que le petit gars le remplisse avec le produit de ses tailles).

 

Au moment de la gamelle, je suis sorti discuter avec lui deux minutes et il m’a demandé s’il pouvait ranger ses outils dans le garage pendant la pause. Je réponds évidemment positivement et lui dit, « comme ça » que s’il lui manque un truc, il pouvait taper dans notre matériel.

 

Au moment, de partir chercher ma mère pour aller acheter des chrysanthèmes puis arranger la tombe, j’ai voulu charger la voiture mais comme elle n’était pas sur l’allée, j’ai choisi de mettre les petits outils (le sécateur, le machin pour biner, la brosse, la serpillère, un trident pour tridenter et des trucs comme ça) dans le seau qu’utilise la femme de ménage pour faire ce qu’une femme de ménage peut faire avec un seau, pour les emmener jusqu’au coffre de la valeureuse Xsara VTS.

 

Nous voila devant la tombe avec du branchage d’automne rouge (le branchage, pas l’automne, ne mélange pas, c’est suffisamment compliqué) à mettre dans une espèce de bac au pied de l’engin comme chaque année. Catastrophe ! J’étais pourtant sûr d’avoir pris le sécateur. J’ai alors pensé que j’avais oublié de le mettre dans le pot ce qui n’est pas de bol ou que je l’avais laisser trainer en coupant les branchages en question sur l’arbre dans le jardin, vous savez, l’arbre à feuilles rouges ?

 

On fait avec les moyens du bord car ça ne valait pas le coup de revenir le chercher et voila notre tombe parfaite même si on peut déplorer la présence de proches à l’intérieur mais comme elle n’a pas été ouverte depuis une vingtaine d’années, c’est raisonnable. Nous rentrons à la maison et je fouille partout à la recherche du sécateur perdu ! Le jardinier était justement en train de tailler l’arbre à feuilles rouges. Je ne sais pas si vous vous rendez compte que s’il était venu la veille, je n’aurais pas pu tailler des feuilles pour décorer le cimetière. En fait, tout s’est joué à quelques heures près. Le hasard est grand et il n’est pas inutile que même si dieu n’existe pas, il favorise les festivités de la Toussaint.

 


Je n’allais pas fouiller les branches rouges au pied de l’arbre en cours de taille au cas où, moi-même, je l’aurais perdu un peu plus tôt à cet endroit ! J’ai laissé tomber (pas le sécateur, sa recherche, putain, tu es lourd). Je fonce donc faire des courses alimentaires tout en prévoyant l’acquisition d’un sécateur neuf (que j’ai d’ailleurs oublié). Je fouille à nouveau mon seau à outils par terre où

 

Dans la suite de l’après-midi, je restitue la voiture à son digne propriétaire non sans fouiller son coffre au cas où le sécateur s’y trouvât perdu. Ou s’y perdasse.

 

Je rentre à la maison pour finir mon travail puis je redescends immédiatement pour demander au petit gars quand il a allait partir afin que je puisse fermer le garage avant d’aller au bistro. Il me dit : « Je suis désolé, j’ai cassé votre sécateur ». Je lui demande : « Tu l’as trouvé où. ». Il me montre le sol où j’avais fait ma pile d’outils déchargés de la voiture avant de remettre le seau à l’endroit réservé à la femme de ménage…

 

Il semblait trouver naturel que l’on range les outils sur le sol (à sa décharge, le garage n’est pas très bien rangé…).

 

Il me tend le sécateur, je constate le dysfonctionnement assez léger (un mécanisme permettait de le maintenir fermé quand il n’était pas utilisé). Je lui donne l’absolution (pas au sécateur, au petit gars).

 

Je n’y comprenais plus rien. Je n’avais pas le sécateur au cimetière avec les autres outils et j’ai fouillé partout au retour pour voir si je n’avais pas fait une erreur et le petit gars avait emprunté le sécateur à l’endroit où j’avais déposé les outils en rentrant du cimetière.

 

Un conclusion s’imposait : il m’avait menti ! Dans ma tête, il avait pris le sécateur dans le jardin à l’endroit où je l’avais oublié en cueillant le feuillage rouge, c’était la seule solution dans ma tête mais pourquoi m’aurait-il menti pour une connerie comme ça pour se couvrir un dommage mineure infligé à une espèce de machin sans intérêt ? Je ne voyais qu’un raisonnement alambiqué de sa part ; il aurait profité du fait que je dépose les outils pour faire croire qu’il l’aurait emprunté là et cassé immédiatement !

 

Le crime n’était pas parfait mais je ne voyais aucune autre piste valable et j’étais loin d’avoir une preuve déposable devant les tribunaux pour me faire rembourser la douzaine d’euros qu’il ne m’était pas due vu que je l’avais autorisé à utiliser les outils.

 

Ce matin, il revient. J’avais oublié d’ouvrir la porte du garage pour qu’il récupère ses outils et je suis descendu en caleçon. Peu importe, mais il a du se demander si je n’étais pas à moitié taré vu que le thermomètre frôlait le négatif.

 

Le sécateur me traînait dans le crâne (ce qui est moins dangereux que dans le caleçon en question). A un moment, je le vois entrer dans le garage et je descends pour tenter d’élucider définitivement ce mystère. Je regarde dans mon tas d’outils : le sécateur n’y était plus alors je commence à fouiller les étagères et, ne manquant pas d’à-propos, je lui dis en rigolant « ah mais il me casse les couilles ce sécateur, tu ne sais pas où il est ? » Et il me le montre, rangé avec ses propres outils.

 

Et la lumière m’est venue : il avait emprunté l’objet pile poil entre le moment où j’ai fait la pile d’outils et le moment où je l’ai mise dans la voiture car il avait constaté l’absence du sien et avait voulu le mettre « de côté », pour me le rendre uniquement quand il aurait fini.

 

C’est pas simple, hein !

6 commentaires:

  1. Moi aussi j'ai un mal de chien à mettre en justifié le premier paragraphe sur cette nouvelle version. hors sujet, mais faut jamais prêter ses outils, je suis d'accord. enfin sauf si l'outil en question est érectile et que c'est pour une gentille dame.

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    1. Je n’ai pas prêté des outils ! J’ai autorisé un môme à utiliser les miens en étant persuadé qu il ne le ferait pas.

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  2. Mais du coup, le sénateur, il est où ?

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