En salle

15 octobre 2020

Un projet pour le PS ? Moquons de LR pour voir ce qu'il ne faut pas faire !


Dans un moment d’optimisme ou de folie passagère, je me suis mis à faire des billets pour aider le PS à préparer la présidentielle. Dans le premier, j’expliquais pourquoi il n’était pas opportun de parler de l’union de la gauche. Dans le deuxième, je commençais à préparer l’ébauche d’un projet et je vais continuer mais il s’agit plus, pour moi, de donner des exemples que d’établir un vrai programme. Il faut que les militants et cadres du parti sachent vers quoi l’on souhaite faire bouger le pays et puissent le dire.

Je me moquais un peu du programme de LFI et d’EELV (rien de méchant : le PS, lui, ne propose plus rien…). Je me suis penché, ce matin, sur celui de LR. Je vais faire de la peine aux militants des deux partis de gauche mais il est beaucoup plus sérieux dans le sens où il montre vraiment quelque chose aux lecteurs. En revanche, il ressemble trop à un entassement de mesures de droite difficilement crédibles. Genre : on va transformer l’AME et diminuer les impôts des classes populaires.

Un peu de sérieux !

 

Je vais prendre les cinq premiers thèmes de la page « ruralité » pour m’en moquer méchamment.

 

« Un « bouclier rural » : zéro fermeture de classe d’école, de bureau de poste ou de petite ligne ferroviaire dans les territoires ruraux. »

Cela n’est ni crédible ni sérieux et pourrait figurer, d’ailleurs, dans le projet de n’importe quel parti politique. Si un patelin n’a plus que dix gosses à l’école, je ne sais pas si ça vaut le coût de maintenir une classe. Ne serait-il pas judicieux de leur permettre d’aller à l’école au chef-lieu de canton à une quinzaine de minutes ? Pourquoi et comment maintenir un bureau de poste s’il n’y a plus de courrier dans le patelin ou une ligne ferroviaire s’il n’y a que trois passagers ?

Dans mon ébauche de programme d’hier, j’avais la création de maison de service public, ce qui résoudra plein de chose, dont la problématique de La Poste. Dites, les gars, qui va payer votre bureau de poste avec 10 euros de chiffre d’affaire par jour et trois colis déposés ? La Poste ? Et vous l’accuserez ensuite d’être en déficit pour mieux la détruire ?

Je proposais « un service de transport public universel « à la demande » pour un prix dérisoire pour tous les déplacements à l’intérieur d’une communauté de communes sans transport en commun. » Parfait pour amener les mômes à l’école et les gens d’un point à un autre. Facile. Vous prêtez des voitures assurées à des gugusses avec le permis et vous les payez quelques euros pour sillonner le coin à la demande.

Démystifions le ferroviaire en passant : un petit train pèse 7 ou 8 tonnes pour une vitesse maximum de 9 km/h. Si c’est pour transporter cinq passagers, c’est une catastrophe au niveau du service rendu et de l’environnement par rapport à un service de voiture… Arrêtons de raconter n’importe quoi !

 

« Annuler les augmentations de taxes sur l’énergie appliquées en 2018 car elles relèvent de l’écologie punitive. »

Prendre du pognon dans un coin pour le refiler dans l’autre ! C’est une erreur de présenter cela. Tout le monde a oublié ces taxes (il m’a fallu Google). Il s’agit, en gros, d’une augmentation de 3% de la facture d’électricité pour payer différents trucs ce qui est bien moins qu’une variation annuelle naturelle en fonction de la météo et des circonstances (vous pensez que les types restés en télétravail 2 mois à cause du confinement ne vont pas sentir passer une variation de leur facture d’électricité ?).

Arrêtez de parler d’écologie punitive à tout propos. La défense de l’environnement à un coût, quoiqu’il arrive. L’écologie punitive est autre chose : faire payer des taxes à une personne qui, par exemple, n’utilise pas un véhicule aux normes (mais n’a pas les moyens d’en changer).

 

« Doubler le nombre de maisons de santé pour lutter contre la désertification médicale. »

Qui ? Quoi Comment ? Où ?

Je parle des maisons de santé dans mon billet de blog d’hier. Il me semble être un tantinet plus précis…

 

« Supprimer la limitation de vitesse à 80 km/h, investir pour la sécurité des routes et laisser aux départements la possibilité d’abaisser la vitesse sur les seuls tronçons les plus accidentogènes des routes départementales et nationales. »

N’oubliez pas que votre candidat sera probablement le type qui a mis en place ces limitations. Un peu de sérieux et cessons la démagogie : on ne fait pas une présidentielle sur une vitesse maximum et on ne me fera pas croire que les autorités locales n’ont pas déjà les moyens de réduire temporairement les vitesses autorisées.

 

« Imposer l’équité dans les investissements publics entre métropoles et territoires ruraux et renouer avec une véritable politique d’aménagement du territoire. »

Cela ne veut rien dire. En l’absence de propositions concrètes, on ne voit pas du tout où ils veulent en venir.

 

Ca a au moins le mérite de me faire une excellente transition, après avoir pris cinq points au hasards dans le programme LR, vers ce que devrait faire le PS. L’élection de 2022 n’a rien de commun avec les précédentes si tant est que ces dernières se ressemblaient vaguement. Il n’y a pas l’ombre d’un candidat et l’élection aura lieu, probablement, moins d’un an après la fin de la crise sanitaire au cours de laquelle on a entendu tout et n’importe quoi de la part des dirigeants (hier soir, encore, Macron a fait avaler des couleuvres tant il est évident qu’il est plus dangereux de prendre les transports en commun et d’aller au boulot que de faire un barbecue en plein air avec le voisin).

Il faut donc un projet, une vision de la société, à présenter aux électeurs, dès aujourd’hui, tout en l’affinant sous la forme d’un vrai programme dans les prochains mois. Le dernier candidat du PS n’était pas crédible mais avait quelques idées très fortes et intéressantes comme le revenu universel et la taxe sur les robots. Je parle du premier sans le citer dans mon billet d’hier (quand je parle de fusionner tous les revenus hors ceux du travail et du capital, c’est un premier pas). Le deuxième n’est pas réaliste même s’il serait utile.

La campagne, en 2022, ne sera pas qu’une suite de mesures annoncées sur un site web et citée à l’occasion de quelques discours. Elle s’articulera autour de mesures pour transformer la société, j’en suis certain. Ou j’essaie.

Allez-y ! Bosser sur ce projet !

11 commentaires:

  1. Sinon, on peut essayer de faire des propositions que tout le monde peut comprendre? vous devriez postuler pour être dans les relecteurs valideurs à défaut d'être dans les rédacteurs. Par ce que les trucs niveau bac+19 ou niveau Proust pour dire "on augmente ça", on baisse ça et tant qu'à faire, avec des priorités.

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    1. Ah non ! Je ne suis pas candidat...

      MAis oui, il faut des propositions que les gens puissent comprendre...

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    2. On est prié de ne pas mêler Proust à toutes ces conneries !

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  2. "Le dernier candidat du PS n’était pas crédible mais avait quelques idées très fortes et intéressantes comme le revenu universel et la taxe sur les robots. Je parle du premier sans le citer dans mon billet d’hier (quand je parle de fusionner tous les revenus hors ceux du travail et du capital, c’est un premier pas)."

    J'avais noté. Et avec RSA + APL + prestations gratuites qu'elles soient généralisées (CMU et complémentaire) ou locales (gratuité des transports urbains ou régionaux, etc.), on doit déjà être à peu près au niveau du revenu universel dont parlait le candidat en question. Bref ça existe déjà... Mais un guichet (et un versement) unique aurait l'avantage de mieux le matérialiser, et sans-doute de mieux pouvoir l'adapter aux besoins réels des bénéficiaires.

    "Le deuxième n’est pas réaliste même s’il serait utile."

    Non seulement pas réaliste, mais absurde. Ou alors c'est tous les moyens permettant d'optimiser le travail humain qu'il faudrait taxer. Combien d'heures de travail (à la con) les systèmes informatiques permettent d'économiser. Comme par exemple les distributeurs de billets (combien d'emplois de guichetiers en moins dans les banques ?)...
    Et tant qu'on y est, pourquoi pas taxer l'utilisation des tracteurs et autres machines agricoles !

    Faut savoir ce qu'on veut : vivre avec la lampe à huile et faire travailler nos muscles (sans que ça procure plus de temps de cerveau disponible vu la quantité de travail qu'il faudrait produire pour remplacer tous les machins plus modernes), ou continuer de développer des solutions qui permettent de remplacer les boulots à la con (et qui demanderont du boulot pour les mettre au point, les utiliser et les maintenir, mais du boulot en général moins con, moins pénible et moins consommateur de temps. Sauf que là on tombe sur une autre question, celle de l'enseignement, parce que pour faire ce boulot il faudra des gens en général plus qualifiés; et pour que ça concerne le plus grand nombre -histoire qu'il ne se retrouve pas à vivoter au RSA, avec une minorité de travailleurs d'élite bien payés-, il faut relever son niveau moyen d'éducation. Cerise sur le gâteau, cela aboutirait à une réduction générale du temps de travail dont devraient aussi bénéficier ceux dont le boulot ne consistera pas à faire marcher des robots - et il en restera).

    Bon, j'exagère, mais tu vois l'idée... à mettre dans ton projet pour les socialistes ? (comme projet de société ça fait quand-même plus "de gauche" que la décroissance, non ?)
    Sauf qu'il faudrait trouver moyen de traduire ça par des mesures concrètes.

    PS : c'est ton blog. Si mon commentaire est trop long ou que tu le trouves hors-sujet, ne te gène pas pour couper.

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    1. Ton commentaire est long et je vais essayer de répondre à tout.

      A propos du revenu universel, dans mon cas, il n'est pas universel puisqu'il ne concerne pas les gens avec un salaire correct. Donc ce n'est dans la définition du RU.

      A propos de la taxe robot, je vois les choses autrement. Ils ne s'agit pas, dans mon esprit, de mettre les coûts à égalité, ça n'aurait pas de sens (et ça aurait les travers que tu cites). Il s'agirait plus, pour moi, d'avoir une espèce de contribution sur la valeur ajoutée hors frais de personnel. Amazon utilise plein de robot et n'emploie que peu de monde par rapport à un commerce de proximité (et j'achète souvent chez Amazon). Si tu prends l'ensemble des salariés de la "petite distribution" à périmètre équivalent d'Amazon, ils vont avoir énormément plus de charges (pour un service meilleur patati patata). Il n'empêche qu'il n'y a pas de raison qu'ils payent plus pour le chômage, par exemple, qu'une boîte qui n'emploie personne. Tu prends une boîte du textile qui produit tout avec couturières en France mais qui est en concurrence avec une autre boîte française qui importe des fringues de Chine, elle aura pour elle, la qualité, mais elle subira quand même une espèce de concurrence déloyale. Bref, la boîte qui n'a pas de personnel devrait payer plus de charges ou d'impôts qu'une boîte qui en a plein..., chacun générant des cotisations, des impôts, de la dépense en France.

      Pour le reste, on est d'accord, il faut supprimer les boulots chiants, mais c'est plus le revenu universel que la taxe robot qui permettra d'y arriver parce la taxe, vue à ma manière, pourrait permettre de financer ce revenu...

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    2. "A propos du revenu universel, dans mon cas, il n'est pas universel puisqu'il ne concerne pas les gens avec un salaire correct. Donc ce n'est dans la définition du RU."

      Je ne pense pas qu'il y ait grand monde pour croire possible la mise en place d'un RU qui ne serait pas dégressif en fonction des autres revenus dont disposent ses bénéficiaires. Et finalement c'est bien à ça qu'on arrive avec le regroupement du RSA et des aides sociales via un guichet unique (et une administration unique, même si elle peut -et doit- être partiellement décentralisée pour savoir tenir compte des réalités locales). Reste à voir si le total (RSA+APL+...) est suffisant pour tenir lieu de RU pour les plus démunis, leur permettant une vie décente.

      Quant à la taxe robot, j'ai été volontairement provocateur, mais je suis d'accord avec toi.

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  3. Euh, juste une remarque. Poids d'une locomotive diesel : dans les 80 tonnes, poids d'une voiture Corail dans les 40 tonnes..

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  4. ce blog devient trop sérieux pour moi... je reste sur elcamino et ses pouffes

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