En salle

04 avril 2022

La droite de gouvernement aussi mal que la gauche ?

 


Alors que je m’amusais, hier, à exposer quelques raisons du déclin du Parti Socialiste aux élections nationales, je suis de plus en plus persuadé qu’il faut le mettre en regard de celui du grand parti républicain de droite sans trop, pour autant, tortiller du cul trop longtemps vu que certains motifs sont assez évidemment, notamment avec ce qu’il faut bien appeler le génie politique d’Emmanuel Macron qui a réussi à pomper des voix aux deux camps sans compter l’avancée des populistes de droite comme de gauche et n’y voyez pas trop de mal même si certaines phrases sont trop longues.

Honnêtement, par exemple et vu qu’on parle de la droite, vous verriez réellement le Rassemblement National, donc Marine Le Pen, gérer la boutique. A la limite, on peut imaginer cette Marine tenir l’Elysée, même si le respect des institutions n’est sans doute pas sa principale préoccupation. Elle pourrait, par son arbitrage, assurer le fonctionnement régulier des pouvoirs publics et la continuité de l’Etat. Elle pourrait sans doute garantir l’unité nationale même si on peut douter, l’unité du territoire et le respect des traités. Pouf pouf. Je cite la Constitution, hein ! Elle pourrait nommer un premier ministre (mais je ne sais pas si elle en trouverait dans son camp vu qu’il n’aurait sans doute pas la majorité au Parlement), présider le conseil des ministres, promulguer des lois dans les quinze jours patati patata. Elle pourrait organiser des referendums, dissoudre ce qu’il y a à dissoudre vu que pour dix sous t’as plus rien, signer des ordonnances et tout autre papelard décidé en conseil des ministres y compris les nominations, accréditer des ambassadeurs et tous les trucs pour lesquels il est élu.

Mais vous l’imaginez donner une orientation politique au pays, entourée par des gens compétents, d’accord avec elle ?

 

Cela étant, honnêtement, des gens sans trop de compétences, on en a vu dans nos deux grands partis de gouvernement, et, vu qu’on parle de la droite, rappelons-nous de la droite la plus bête du monde du milieu des années 80 sans compter qu’après avoir fait une phrase trop longue, j’arrive à utiliser le mot « droite » trois fois – pardon, quatre – dans la même phrase. Rappelons-nous aussi les seconds couteaux de Raffarin sans compter lui-même. Déjà Copé pointait… Le record de guignols a sans doute été atteint avec le gouvernement Fillon même si personne ne doit être exempté, y compris les ploucs d’Ayrault et Valls, voire du temps du Mitterrand ! Franchement, Edith Cresson a vraiment dit qu’un rosbif sur quatre était homosexuel ?

Peut-être les Français sont-ils lassés de toutes ces andouilles et, objectivement, si on a bien rigolé avec quelques lascars et lascarettes taffant pour Macron, à droite et à gauche, on a notre dose… On n’aime pas Véran, certes, vu qu’il a été le symbole de restrictions qui nous ont été imposées mais n’oublions pas ses prédécesseurs et je ne parle pas que de Mattéi qui était parti se faire bronzer les fesses pendant la canicule et Boulin qui, au fond, était dans les temps, nous avons eu, excusez du peu : Buzyn, Bachelot, Hortefeux (vous l’avez oublié ?), Kouchner, Poniatowski, Marcellin, uniquement sous la cinquième et à ce poste.

 


J’ai récemment fait un billet sur le même sujet, la dégénérescence de la droite et, pour moi, la grande erreur date de la création de la première UMP quand la Chiraquie a essayé le monopartisme alors qu’il est assez délicat de faire des alliances quand on est tous seuls et qu’il était assez idiot de donner son indépendance au centre (la droite continue à en payer le prix…). Le plus récent changement de nom, en « Les Républicains » fut visiblement une grosse erreur, de même que toute la gestion du parti après la défaite de 2012 et, comme pour le PS, la succession d’andouilles à la tête du parti ne fut pas heureuse. Vous y croyez, vous, qu’un type comme Christian Jacob puisse présider le premier parti de France ? Je n’ai rien contre ce type mais, côté notoriété, ça laisse à désirer. Et Aurélien Pradié, le secrétaire général ? Je pensais qu’un parti politique devait parler aux électeurs…

Une autre erreur a été le processus de désignation des candidats aux deux dernières présidentielles et, il faut le dire, les candidats eux-mêmes. Pour 2022, ça se discute mais je suis persuadé que Bertrand aurait fait un bien meilleur candidat que Pécresse. Pour 2017, c’est plus évident. Tout d’abord, Sarkozy n’aurait jamais dû être candidat. Il était un ancien président fini détesté – pas au sein de son parti – et avait perdu la dernière finale. Fillon n’était pas bon cheval et je ne parle pas de ses casseroles. Objectivement, Juppé était formaté pour le poste, assez vieux pour ne pas commencer une carrière de dictateur comme disait l’autre et, surtout, était donné largement gagnant : « on » nous promet un lascar consensuel, limite centriste (il s’agissait d’ailleurs de lutter contre un centriste), mais « on » ne nous donne pas de bulletin à son nom. Ce n’est pas du foutage de gueule mais une belle connerie.

On rigole des cabinets de conseil de la macronie mais les grands partis devraient prendre des organismes indépendants pour évaluer l’image des chefs de file. Fillon était assurément mauvais.

Pour faire le parallèle avec le Parti Socialiste, on demande à la droite de faire gagner une candidate de la même manière qu’on a confié à Hidalgo et Faure le fait de faire gagner le Parti Socialiste alors qu’ils succèdent à des locdus de la pointure de Jospin, Aubry, Royal, Hollande et j’en passe (même si tous n’ont pas une fin de carrière exemplaire). Dans le temps, les partis politiques préparaient les cadres largement à l’avance. Mitterrand a nommé en 1981 le futur chef de la majorité plurielle à la tête du parti même si le futur ne fut pas toujours rose quand on connaît les rivalités au sein du parti. Chirac avait fini par tolérer Sarkozy qui était son successeur désigné et incontournable. Depuis Sarkozy, à droite, et Hollande (premier secrétaire pendant 11 ans, tout de même), à gauche, on ne voit pas grand-chose. Surtout à droite.

 


En complément, on ne peut pas parler de la déchéance des deux partis sans parler de faillite de l’idéologie. Quand Macron nous dit « on va sublimer la gestion », Mélenchon : « on va prendre le pognon et faire la répartition » et Le Pen : « ils sont tous nuls ça commence à bien faire », la droite DG (de gouvernement et pas Didier Goux) nous dit « on va faire chier les étrangers et ceux qui ne bossent pas » et la gauche DG : « on va faire de l’écologisme parce que c’est à la mode et faire un peu de gauchisme pour faire joli ». Soyons clair : cela ne suffit pas. A la limite, Macron pourrait unir les deux phrases…

Je ne peux pas dire ce que devrait être un projet de droite, évidemment, sans sombrer dans la carricature propre à l’opposant mais je me rappelle Sarkozy en 2007 : au moins, il dépotait. A gauche, je pense qu’il faut annoncer accompagner les mutations de la société et, au moins, Hamon le faisait de manière assez forte en 2017, avec sa taxation des robots et le revenu universel. Mais il était on ne peut plus maladroit.

 


Ainsi, si la GDG est nulle pour ce qui concerne les relations avec les entreprises (elle ne s’occupe que des salariés déjà protégés des grandes boîtes) et de l’immigration (qu’est-ce qu’on a foutre de la nationalité d’un type qui en a déjà une autre et vient faire des massacres chez nous ?), la droite est souvent très nulle pour les sujets plutôt de gauche. Prenez l’opposition au mariage pour tous, il y a dix ans. C’était une belle connerie. Outre que c’était clairement au programme de la gauche, l’évolution de la société « dans ce sens » était assez inéluctable. On comprend très bien que la DDG s’oppose à ce genre de projet (de même que l’on comprend que la gauche défende les salariés défendable et les immigrés) mais elle n’a pas son pareil pour se ringardiser. On a vu des mecs débarquer de Versailles à Paris pour manifester et, la candidate actuelle, est un des pires représentants de ces bourgeois de la grande ville au château à côté du Paris populaire et tout ça.

Après, on s’étonne qu’elle finisse à moins de 10% ? A-t-on réellement entendu Marine Le Pen taper contre le mariage pour tous ? Prenez le débat actuel sur la fin de vie, le sujet de l’époque…

 


La DDG, comme la GDG, doit dès à présent préparer l’après-Macron (ou l’après-Le Pen…) car il n’aura pas de successeur au sein de LREM. Le seul que l’on puisse voir est Edouard Philippe mais il est franchement estampillé à droite. Par contre, les deux formations ne doivent pas entrer à nouveau dans une opposition farouche mais faire avec. Si Macron va faire 30%, il aura sûrement un tiers de ses électeurs qui viennent de la droite et un autre de la gauche.

C’est con… Mais on ne va pas s’asseoir sur 10 points quand on est à moins de 10. Voire à moins de 2.

Notre démocratie est ainsi faite que c’est une personne et pas un programme qui se présente à l’élection (et même si on change de constitution, on continuera à voter de préférence en fonction des chefs de parti, nous sommes faits ainsi : il ne faut pas changer de constitution, donc). La DDG et la GDG doivent se mettre en ordre de marche pour désigner maintenant les candidats de demain, s’ils existent (et je n’ai pas la solution).

Les partis doivent faire attention à ne pas nommer ceux qui sont responsables d’échecs cuisant, ce qui est le cas, par exemple, de Wauquiez qui a perdu le parti suite à la gamelle de 2019. On en parle beaucoup, actuellement, mais il représente à la fois une ligne et une personnalité qui, en l’état actuel, ne sont pas en odeur de sainteté dans « l’opinion publique de droite » tout comme, d’ailleurs, Fillon et Sarkozy auraient dû être appelés à un autre avenir, en 2012. Il y a des raisons au rejet de ces trois personnes et, n’étant potentiellement pas électeur, je ne peux pas les deviner… Je pourrais m’exprimer sur des types de gauche genre Cambadélis ou Valls qui sont partis par la petite porte, par contre, mais je n’ai pas envie d’être méchant, ce matin.

 


A vous de jouer.

5 commentaires:

  1. Il faudrait vous défaire de cette idée très naïve, selon laquelle la compétence et l'intelligence seraient nécessaires pour gouverner un pays : les exemples contraires abondent, et pas seulement sous la Ve République.

    Quant à cette notion d'une droite et d'une gauche "de gouvernement", elle est risible, puisque ce sont le PS (en gros) et l'UMP (en gros aussi) qui se sont auto-attribué ce diplôme parfaitement imaginaire.

    Rappelons-nous que Bonaparte n'avait jamais rien gouverné avant de devenir Premier Consul…

    Décidément, et de plus en plus, je ne vois qu'un régime souhaitable : la monarchie absolue, éventuellement tempérée par un petit régicide de temps en temps.

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    1. Cette notion "de gouvernement" est une appellation courante pour le reste je m'en fous. Je fais évidemment référence à "Modem + UMP (LR) + PS + PC + EELV".

      L'idée d'avoir un peu de compétence (je n'ai pas parlé d'intelligence) n'est pas spécialement naïve : quand on fait la loi ou un budget, encore faut-il qu'ils soient applicables et "conformes".

      Pour la monarchie régicidaire, pourquoi pas ? Je suis de moins en moins favorable à un parlementarisme et nos Présidents sont souvent des monarques (régicidés tous les cinq ans) dans le sens où l'élection des députés dépend d'eux.

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    2. Et le compétence ne dépend pas nécessairement de l'expérience (au fond, Macron a fait deux ou trois ans comme ministre et c'est tout : il est très fort en politique puisqu'il a été élu et, en fin de compte, a réussi à gouverner ce bordel même s'il y a eu des couacs).

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  2. Correction :

    Si jamais mon commentaire t’es parvenu, il faudrait remplacer « en continuant » par « en cessant de considérer... »

    Hélène

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  3. Très juste et la photo de Christian Jacob suffit : ce sont des clowns devenus réactionnaires puis moisis , cf les sorties de Pecresse sur les charters. Et ces abrutis ont sifflé le nom de Sarkozy qui les avait fait, les avait mis là où ils sont. Ils ne meritent que leur sort, exploser en vol dans 5 jours.

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