En salle

31 mai 2022

Comment choisir un bulletin pour les législatives ? (avec l'exemple de la troisième du 22)

Marc Le Fur


La question pourrait se poser sur moi si je devais voter dans la troisième circonscription des Côtes d’Armor mais, autant le dire, ce n’est pas pour moi qu’elle se pose. Il n’empêche que j’ai la mission de m’y atteler et que le sujet m’intéresse vu que j’y passe une partie de mes journées de télétravail. La circonscription a été à gauche de 1981 à 1993 et de 1997 à 2002, tenue par le regretté Didier Chouat, et le reste du temps, à droite, de 1993 à 1997 puis depuis 2002, par Marc Le Fur.

Ce dernier est très proche des milieux catholiques (dont Civitas, selon la rumeur) et qu’il soit élu du coin n’a rien de surprenant. Il est très proche du terrain mais aussi présent à l’Assemblée Nationale et on peut difficilement, me semble-t-il, lui faire de reproche quant à son boulot de député, à part être à droite, bien sûr. C’est ainsi que nous allons tout de suite le désigner comme homme à éliminer même si, au fond, depuis le temps, il m’est devenu sympathique. En outre, sa permanence est proche de la maison de retraite de ma mère ce qui fait que je le vois relativement souvent (sinon, je l’avais croisé au restaurant de l’Assemblée Nationale et au 1880, mon café fétiche).

 

Des raisonnements similaires pour choisir un candidat pourraient être faits, probablement, dans toutes les circonscriptions et je vous présente ce cas à titre d’exemple d’autant que je n’ai pas à vous dicter vos choix. Et je vais faire court, contrairement à d’habitude.

Son implantation est très forte, disais-je. En 2012, à Loudéac, une des deux grosses villes de la « circo », il a fait 56% au second tour alors que, quelques semaines avant, Hollande avait également fait 56, ne laissant que 44% au malheureux Sarko. Parfois, les électeurs ont des raisonnements qui m’échappent.

En 2017, il avait été élu avec 54% au second tour face à un candidat LREM (Olivier Allain, qui se représente). Au premier tour, les deux étaient proches de l’égalité, autour de 38% (Le Fur ayant plus d’un point d’avance). Tous les autres candidats étaient dans les choux, le candidat LFI (qui ne se présente plus) était troisième avec moins de 10% (dans le périmètre de « Nupes », ils étaient à 15,5).

A la dernière présidentielle, Macron est arrivé en tête avec 32%, suivi de Le Pen (25%) et Mélenchon (17%). Et arrive Pécresse, du même parti que Le Fur, avec 5,6%...

 

Antoine Ravard

Ouest-France nous dit : « Dans l’ordre d’affichage, les candidats (et leurs suppléants) sont les suivants : Odile de Mellon pour le Rassemblement national (et Isabelle Pichereau) ; Olivier Allain pour la Majorité présidentielle (et Fabien Vitel) ; Marie-Thérèse Lefeuvre pour Debout la France (et François Yu-Yueng) ; Florence Nivet pour le Parti animaliste (et Marc Guinganton) ; Marie-Pierre Lecat pour Reconquête ! (et Louis-Marie Coupé) ; Antoine Ravard pour Nupes (et Valérie Tabart) ; Marc Le Fur pour Les Républicains (et Stéphane de Sallier Dupin) ; Bryan Tyli pour le Parti breton (et Ludwig Hairon) ; Jean-Pierre Lamour pour Lutte Ouvrière (et Camille Van den Berghe). »

D’un point de vue théorique, on va éliminer les gros candidats de droite que sont : Mellon, Lefeuvre, Lecat et Le Fur. Ils sont quand même nombreux, les bougres. Pour un peu, aucun ne serait qualifié pour le second tour, en théorie, mais Le Fur a quand même un très fort avantage. On va supprimer des possibilités également Nivet, Tyli et Lamour pour différentes raisons mais, disons-le, un vote pour eux ne changerait absolument rien. Par conviction, je vais éliminer le candidat Nupes, Ravard. J’ai fait assez de billets pour expliquer pourquoi…

Il ne reste plus qu’à nous désolé car il n’y a aucun candidat estampillée « gauche républicaine » (tout comme chez moi, d’ailleurs, mais j’ai trouvé un choix intermédiaire).

Quoi qu’il arrive, Le Fur et Allain devraient être qualifiés pour le second tour même si Ravard pourrait s’inviter à la fête. L’extrême droite étant peu présente dans le quartier, un second tour Allain – Ravard pourrait être envisagé mais, compte tenu de l’implantation locale de Le Fur, la probabilité est faible. Je ne crois pas à un second tour Ravard – Le Fur : la gauche modérée est bien installée dans le coin contrairement à la gauche radicale. Ravard vient néanmoins d’une mouvance socialiste et je le soutiendrais volontiers s’il n’était pas associé à LFI…

Olivier Allain


Il n’empêche qu’il a déclaré : « Et moi je me retrouve dans ces combats aujourd’hui : je suis dans le camp de la Gauche, face à des candidats, excusez-moi, mais – de droite. La Première ministre qui a été nommée, c’est celle qui a mis en concurrence le rail, qui a détruit l’assurance chômage… Qu’on ne vienne pas nous soutenir une fable sur le centre-gauche ! Qu’il y ait une gauche et une droite, je crois que c’est nécessaire à l’organisation du débat public. Les gens s’y retrouvent bien mieux que quand il y a un grand flou. »

S’il connaissait la circonscription, il ne raconterait pas de connerie sur le centre gauche qui me parait « historiquement » majoritaire à gauche dans le coin même si cette mouvance est représentée par LREM, aujourd’hui. La seule gauche à avoir eu le pouvoir en Europe (si on oublie la Grêce…) est quand même du centre gauche. Ca se respecte.

 

Je propose donc de voter pour LREM. Ravard est jeune et il aura sa chance plus tard. Avec les paradoxes qui me caractérisent, j'ajoute que je trouve que c'est un excellent choix pour Nupes. Olivier Allard était vice-président LREM d'un conseil régionale présidé par le PS... N'oublions pas les spécificités de la Bretagne.

 


30 mai 2022

La reconstruction de la sociale-démocratie ?

Ex reconstructeur en chef

 

« Nous avons donc besoin, plus que jamais, d’une base de puissance suffisante pour ne pas être les victimes des nouveaux désordres du monde. C’est la conviction profonde de tous les sociaux-démocrates, qui ont fait du projet européen, maintenant depuis trois générations, une part importante de leur identité propre. Renforcer l’Union européenne, en la réformant pour aller vers plus de solidarité dans les domaines essentiels pour notre avenir, et non la démanteler par morceaux, telle est notre ligne de conduite sans hésitation aucune.

Refermer la France sur elle-même serait la condamner sûrement. Ce sont là des conditions pour que le socialisme démocratique soit vraiment une philosophie de la liberté pour toutes les femmes et tous les hommes. On peut espérer alors, en rétablissant une communication entre les êtres, contribuer, même modestement, à donner une raison à la vie dans nos sociétés. » Telle est la fin d’une tribune signée par environ 200 parlementaires, universitaires et hauts fonctionnaires, aujourd’hui, dans le JDD pour défendre la sociale-démocratie, que je vous invite à lire vu que je partage une grande partie.

 

Depuis la présidentielle, je parle ici, essentiellement, des législatives et du fameux accord ayant généré la Nupse resserré. Vous aurez compris que j’y suis opposé, si tant est mon avis a de l’importance, hein !, et j’évoque différentes raisons.

La première est que l’accord est contreproductif électoralement. Il va peut-être rapporter des élus à LFI mais ne donnera pas vraiment plus de poids à la gauche. D’une part, certains aspects peuvent faire peur à des lascars du centre gauche. D’autre part, le programme est restreint à celui des 22% de Mélenchon et pas de la somme des projets de gauche.

La deuxième est qu’il va à l’encontre de certaines valeurs, notamment ce qui concerne les projets internationaux et l’Europe. On ne baisse pas sa culotte, que diable. Il ne faudrait pas confondre accord de premier tour et coalition gouvernementale…

La troisième est que son application – improbable – serait néfaste et ruineuse pour le pays. Par exemple, il y a aujourd’hui, un article des Echos (réservé aux abonnés, je n’ai pas pu consulter les détails) qui explique que la réforme des retraites coûterait 100 milliards d’euros (soit 700 euros par mois et par actif, excusez du peu).

 

La quatrième, enfin, je ne me suis jamais étalé dessus et la tribune que je cite le fait très bien : la reconstruction d’une gauche sera très difficile après cette vague qui voit la sociale-démocratie se fondre dans la gauche radicale ce qui est le pompon, voire le sommet du ridicule. La gauche, toute tendances confondues, va devoir défendre des projets locaux mais, surtout, préparer les prochaines échéances électorales : les européennes de 2024 (au moins, on aura la paix en 2023) puis préparer un projet pour 2027 avec, dans l’intervalle, des élections municipales, départementales et régionales.

C’est trois dernières pourront l’être en regroupant les forces de gauche (même si je n’y crois toujours pas).

Pour la présidentielle, on sait que c’est sans doute impossible d’autant que les trois leaders actuels, Le Pen, Macron et Mélenchon ne devraient plus être candidat. Il va falloir élaborer un projet et trouver la bonne personne pour le pousser, dans chaque formation de gauche, ce qu’avait fait, à merveille, la primaire de 2011 pour arriver à la victoire de 2012. Le PS avait bossé, sous la houlette de Martine Aubry, et les grandes tendances (cette dernière remplaçant, sur le fil, DSK, malgré un profil bien différent) s’étaient affrontées tout l’été, au sein d’un débat audible par tous les Français, avec une participation record...

 

Quant aux Européennes, on va forcément avoir des conciliabules dans l’appareil du PS mais comment des andouilles qui valident aujourd’hui un projet anti-européen pourront-ils être crédibles, alors que, déjà, ils n’avaient pas trouvé de chef de file en 2019 ?

Du n’importe quoi ?

 

28 mai 2022

Rigolons avec (et sans) les sondages


 

La fondation Jean-Jaurès a publié une rapide analyse d’un récent sondage pour les législatives, se concentrant sur les électeurs de gauche. Et tu n’as qu’à la lire toi-même plutôt d’attendre que je la réécrive dans mon français châtié. Le détail du sondage est accessible en bas de la note.

Pour ma part, je note en vrac différents éléments.

 

Petit 1 : les intentions de vote au premier tour sont bien plus faibles chez les électeurs de gauche que chez ceux de droite ou du centre. C’est une mauvaise nouvelle pour Nupes alors ça me fait rigoler. Les zozos qui veulent en finir avec la présidentialisation du régime et revenir à un fort parlementarisme ont des électeurs qui se déplacent pour élire le Président, pas les députés. Entre nous, c’est quand même la preuve que notre Constitution n’est si mauvaise. On est bien chez Guignol.

Petit 2 : ça fait longtemps que n’avais pas fait un billet numéroté, moi.

Petit 2, donc : Nupes arrive presque en tête (dans d’autres sondages, il le sont) mais on a bien que 30% des électeurs qui se situent à gauche, ce qui n’est pas bézef (mais mieux qu’en 2017, on se console comme on peut…). La droite, sans la populiste officielle, est à la ramasse.

Petit 3 : en termes de nombre de sièges, la majorité présidentielle arrive largement en tête mais la gauche pourrait multiplier par trois son nombre de débutés. D'un autre côté, c'est trois fois rien...

Petit 4 : Nupes arrive devant LREM pour les électeurs de 18 à 60 ans. Ne nous réjouissons pas trop vite : le FN est aussi devant, de 25 à 60 ans. Cela étant, il n’y a pas à chier et cela montre une chose : les électeurs en âge de travailler ne sont pas très centristes… Et les vieux ont assez roulé leur bosse pour ne pas s'emmerder.

Petit 5 : dans toutes les catégories socioprofessionnelles, Nupes arrive devant LREM. Les ouvriers sont prioritairement extrême-droitards, cela étant, et les employés ne sont pas loin derrière. Nupes ne représente aucunement les catégories populaires qui ne sont pas vexées pour autant.

 

Petit 6 : j’en profite pour sauter une ligne vu que je n’ai que ça à sauter et surtout c’est là où je voulais en venir.

Petit 6, donc : seuls 61% des électeurs du PS approuvent l’alliance « Nupes » avec les autres partis de gauche. C’est beaucoup moins que je pensais et je me sens quand même moins seul. C'est néanmoins déprimant de penser qu'on est que 39%, à gauche, à estimer que l'on peut gagner avec un chef de file qui fait peur aux enfants.

Petit 7 : la moitié des électeurs du FN souhaite que l’Assemblée vire à gauche (l’autre moitié souhaite qu’elle reste LREM ; personne n’envisage une victoire du FN). C’est de la folie. Mais tant mieux pour la gauche.

Petit 8 : les électeurs de gauche pensent réellement que la gauche va gagner à plus de 50%. Moi pas. Plus de la moitié des électeurs de droite pensent qu’il faudra une alliance entre LREM et UDI et LR pour gouverner. Ils sont optimistes quant à leur utilité.

Petit 9 : une majorité de Français pensent que la situation s’améliorera avec Macron. Mélenchon est loin derrière. Tous tarés : ils mettent NUPES à égalité avec LREM dans les urnes mais pensent que la situation empirera s’ils gagnent, y compris parmi ses propres électeurs. Ca confirme à peu près que les électeurs mélenchonupsien votent à gauche par principe mais ne veulent pas de ce bordel.

Aussi, nous sommes autorisés à nous moquer des militants de gauche qui traitent tous les autres de sales droitards avec du poil dans les oreilles. 

 

Petit 10 : il y a une troisième partie.

Petit 10, donc : les partis de la gauche radicale et de l’extrême droite recueillent peu de sympathie parmi les électeurs mais je ne sais pas ce que ça veut dire. Entre nous, il y a des partis qui inspirent plutôt la pitié mais la question n’est pas posée…

Petit 11 : seul Macron semble avoir l’étoffe d’un président.

Petit 12 et ça me fait rigoler : Mélenchon est trop autoritaire, démagogique et inquiétant.

Petit 13 : la majorité des Français se fout de la nomination de Borne à Matignon… On les comprend.

 

A part ça, j’ai trouvé un journaliste qui fait des articles comme s’il était rédacteur à mon blog.

 

Données complémentaires :

Petit a : 95% des militants Nupes qui ont vu cette affiche ont honte.

Petit b : parmi eux, 18% se sont suicidés. 43% envisagent dorénavant de voter pour LR.

Petit c : d'après un gros blogueur, Caron fait campagne avec une kermesse populaire et festive parce qu'il n'a pas lu le programme.

Petit d : les militants écolos qui soutenaient Caron se sont mis en retrait de la campagne car la kermesse n'est ni végan ni halal.

Petit e : les électeurs centristes passés insoumis regrettent car on ne sait pas si la kermesse est étique et solidaire.

Petit f : je n'irai pas car l'affiche ne mentionne même pas la présence d'une buvette.


Il y a un erreur dans la page Wikipédia d'Aymeric Caron. Il y est mentionné qu'il est journaliste.

27 mai 2022

La question de l'environnement est centrale


 

Ouh la la ! Cela fait au moins une semaine que je ne me suis pas attaqué à l’écologie mortifère telle que pratiquée par nos politiciens gauchistes mais totalement inconscients. Pourtant, ils m’ont énervé, ces derniers jours, avec des histoires de pesticides à interdire. Ah mais ils connaissent bien les objections que l’on va pouvoir avoir, comme quoi ça va diminuer les rendements chez les producteurs qui seront mis en concurrence par les producteurs étrangers car ils seront obligés d’augmenter les prix et tout ça. Alors, le chef Méluchaplume argumente : mais on va bloquer les tarifs et interdire les importations de fruits et légumes produits avec des insecticides…

Le résultat est clair : soit le blocage des prix est fait à un niveau élevé et les consommateurs ne pourront plus payer, soit les producteurs n’auront plus de rentabilité et mettront les clés sous la porte. On ne pourra plus acquérir de fruits et légumes. Comme, en plus, ils ne veulent plus qu’on bouffe de la viande, je me demande bien ce qu’il y aura dans mon assiette…

Vous allez me dire que je carricature et pouvoir me sortir un tas d’argumentaires. Il se trouve que j’ai raison et que, d’une manière générale, je me fous totalement d’arguments pseudoscientifiques sortis par des militants. Point barre. Ca me rappelle les combats pour Notre-Dame-des-Landes, en leur temps. Que du mensonge et le tout en choisissant des raisonnements très difficiles à contrer parce qu’il aurait fallu pondre des tartines, faisant perdre l’attention aux passants.

 


Je vais en citer. Ils comparaient des aéroports internationaux renommés avec qu’une seule piste à NDDL où deux étaient prévues. Leur propos se basaient sur la folie des grandeurs des concepteurs ou des défenseurs de ce machin. C’est facile de prendre les gens au cœur : vous vous voyez bien, mes braves, que c’est inutile…

La vérité est bien que deux pistes étaient prévues mais, contrairement à d’autres aéroports, elles avaient chacune une extrémité près du terminal. Comme les avions atterrissent et décollent fassent au vent, ils n’auraient plus à « rouler » soit de ce terminal au point de départ (où ils commencent l’accélération) ou du point d’arrivée (là où ils terminent le freinage) vers la casbah, économisant ainsi du carburant et limitant donc les émissions de saloperies.

Tous les arguments étaient mauvais. C’était de la folie. Mais que vouliez-vous argumenter, lors que quelqu’un prenait les gens à témoin en expliquant que les marais de « la Grande Brière », pourtant situés à une petite cinquantaine de kilomètres allaient disparaitre (d’autant que l’ancien aéroport est situé à cinq kilomètres du lac de Grandlieu) ?

 

On sait bien que le transport aérien, c’est mal (mais la multiplication des aéroports ne multiplie pas les vols) mais on se doute qu’ils finiront par faire voler des avions non polluants (les essais ont déjà commencé et sont concluants). On sait bien que les insecticides sont mauvais, par définition, vu qu’ils tuent les insectes dont les abeilles qui butinent en transportant le pollen mais il faut bien qu’on bouffe et que nos paysans vivent.

 


Ces considérations nous amènent au nucléaire. Mon pote Denis, fervent écolo et un des derniers blogueurs ne titubant pas, déclarait récemment : « Il n’y a pourtant aucun avenir à faire le choix du nucléaire, comme l’ont compris les pays du nord de l’Europe et notamment l’Allemagne, qui, sans aucune centrale nucléaire, aura décarbonée en grande partie son économie à horizon 2030. Cette forme de production d’énergie est extrêmement dangereuse, tout comme ces déchets dont nous ne savons toujours pas quoi faire aujourd’hui. Faudra-t-il un accident nucléaire sur le sol français pour comprendre toute la réalité du nucléaire ? Je le crains ! »

Une simple recherche avec Google montre que l’Allemagne est en fait bien loin de la neutralité carbone et pourrait la trouver dans une vingtaine d’année, peut-être un peu avant nous. Dans l’attente, c’est la panique, ils se demandent s’il ne faut pas rouvrir quelques temps les centrales à charbon et sont dans la mouise car ils sont dépendants des importations de gaz russe. Bien sûr, les articles sont néanmoins bien orientés pour expliquer que nos voisins ont choisi la bonne option mais on se demande franchement si les rédacteurs n’ont pas été obligés de fumer quelques pétards pour oser écrire leurs âneries.

La vérité est qu’aucun pays avec notre climat et notre taux d’industrialisation ne peut se passer d’une énergie dont la source ne sent pas très bon.

 


On sait bien que le nucléaire est dangereux mais on a besoin d’énergie. Tout comme on a besoin de fruits et légumes, en plus de la viande, même si les insecticides ne sont pas d’une grande clarté… Les âneries des écologistes font fuir les électeurs, en plus d’être mauvaises pour les citoyens. Je vote donc contre, tout comme je vote contre des gens qui veulent sauver la planète mais s’assoient sur les traités européens. La signature par EELV de l’accord avec LFI est un pur scandale, bien contraire à tout ce qu’il faut pour l’environnement.

J’ai trouvé pour qui voter, alors. Pour Bernard Chappellier ! Il est soutenu, comme 250 candidats, par Corine Lepage qui a déclaré, à ce sujet : « C’est le lancement d’une dynamique parce que nous pensons indispensable d’avoir un vaste mouvement centré sur l’écologie et qui évidemment n’entre pas dans le diktat de Mélenchon et de Nupes, une écologie qui donne envie, pragmatique, qui est très républicaine, laïque et bien entendu européenne ».

Tout y est et ceux qui me connaissent comprendront : pragmatique, républicain, laïque et européen mais aussi libéré de la main mise de Mélenchon et de LFI.

Le pragmatisme n'est pas le moins important. D'une part, il fait rarement fuir les électeurs en les menaçant de ne plus avoir d'énergie pour cuire des légumes qu'ils ne pourront pas acheter. D'autre part, je suis très loin d'être un spécialiste contrairement à ce que prétendent des militants qui ne font que parler avec leur coeur en ignorant la raison.

Tout cela peut prêter à rire mais mon vote n’est pas à vendre, moi !

26 mai 2022

Elections : et si c'était hier ?

 


J’ai fait des études de statistiques et les « études de chiffres » me passionnent réellement ce qui explique mes deux récents billets rappelant des résultats d’élection alors qu’on pourrait me penser bon pour lecabanon. Je peux rester des heures à collecter des données et à les regarder benoîtement alors que d’autres passeront des heures à faire de la musculation, à pécher ou à lire Proust.

Cela est évidemment inutile tout comme les analyses politiques faites sur les réseaux sociaux mais on perd moins de temps, par exemple, qu’un militant de gauche défendant l’union pour espérer gagner en se persuadant que c’est la seule solution. Il n’est pas sans intérêt, non plus, de réviser des leçons d’histoires, ce qui, au contraire, montre que tout est possible alors que les analyses politiques faites à l’époque étaient erronées.

Prenons 2002 et l’absence de la gauche au second tour de la présidentielle. On nous sort un tas d’arguments comme la concurrence de Jospin par Taubira, l’affaire « papy Voice » et toutes ces histoires de sécurité mises en avant et la mauvaise campagne du candidat de gauche. Une grande partie est sans doute vraie mais la vérité aussi que le candidat de droite, Chirac, était tellement mauvais que les électeurs ont souvent voté Le Pen, plaçant se dernier au second tour. Laisser croire que Taubira y était pour quelque chose est aussi bête que d’expliquer, aujourd’hui, l’échec de Mélenchon par la candidature de Roussel, par ailleurs. La vérité est aussi que les voix de « gauche de gouvernement » étaient aussi réparties entre Chevènement et Mamère : ce sont surtout elles qui ont manqué.

 


Ma première remarque est que mon tableau montre un effondrement de « la droite de gouvernement », sous la cinquième, essentiellement à cause (ou grâce…) à la montée de la droite populiste (je suis aimable, aujourd’hui, mais je parle bien de l’extrême droite). Son poids est divisé par cinq alors que la gauche ne fait que perdre un quart, au fond, et sûrement à cause du centre. Par contre, mes données ne commencent qu’en 1958. N’oublions pas que, dix ans avant, la gauche était largement majoritaire… Parler d’une droitisation de la société est-il une erreur ou pas ? Oui depuis le début de la Quatrième. Non depuis celui de la Cinquième. Alors, on s’en fout…

Dans mon tableau, j’ai choisi de faire figurer quatre blocs : l’ancienne « gauche pluriel » (les ancêtres du PCF et du PS ont souvent fini par bosser ensemble), le centre (qui n’a commencé à exister que quand il s’est rendu indépendant de la droite, soit vers le début des années 2000), la droite dite de gouvernement (en gros issue du gaullisme, de la démocratie chrétienne et des trucs comme ça) et la droite radicale (qui, sous l’ère « moderne », n’existe que depuis la moitié des années 1980 et qui, même si je ne devrais pas le dire, est sans doute plus populiste qu’extrême, mais je vais recommencer à diaboliser).

La droite de gouvernement a presque disparu. Elle est à 10% dans mon tableau mais, la candidate officielle, a fait moins de 5 à la dernière élection. La gauche dans le périmètre de la « plurielle » est ainsi majoritaire en France mais est très divisée (les deux gauches irréconciliables…). La gauche radicale est à 20%. De fait, la politique, en France, est devenue, progressivement, mais franchement depuis 2017, un combat entre des « progressistes libéraux » et des « populistes de droite ».

Ca ne nous rappelle pas, un peu, la politique aux Etats-Unis avec l’opposition Trump – Biden ? Vous me direz que c’est évident mais la question que je me pose est de savoir si cela ne serait le fruit d’une très lointaine évolution et ne serait pas durable pour des dizaines d’années ? Auquel cas, du reste, il faudrait arrêter de nous foutre sur la tronche au sein du « camp du bien », d’ailleurs…

 


Rester dans les chiffres ne doit pas empêcher de lever les yeux, hein ! Et d’oublier de quoi ils sont la conséquence. Mes tableaux ne reprennent pas les éléments politiques que l’on a souvent tous en mémoire (2017, uniquement à titre d’exemple, ne fut pas que l’éclosion du centre, il fut la déroute de la droite qui avait le mauvais candidat et celle de la gauche, conséquence de « la fronde », sans juger du bien fondé de celle-ci) mais la mémoire s’estompe (on le voit ces jours-ci : on fait dire n’importe quoi à « mai 68 » et au « programme commun »). Ils ne reprennent pas, non plus, la répartition entre les différentes composantes de chaque « pavé ». Et, surtout, ils n’évoquent pas l’influence du leader.

Chirac, par exemple, n’en a jamais été un. Il était le chef de la droite lors de la défaite de 1988 (puis celle de 1997 mais c’est un peu différent) et a été élu Président deux fois un peu par hasard (notamment parce qu’il avait des scores très faibles lors des premiers tours). Il nous a été sympathique car il a quasiment commencé par cinq ans de cohabitation dans une période de prospérité économique et avec un gain de coupe du monde et a fini comme une espèce de papi bon enfant qui surveillait ses ouailles à l’occasion… Sarkozy a été un leader à droite mais il s’est autodissout dans une crise économique à laquelle il a tenté de répondre par les discours de Grenoble et Dakar. La droite n’ayant jamais trouvé un remplaçant (Juppé aurait pu avoir le job…), elle a coulé avec lui.

A gauche, je suis moins objectif, restant fan d’Hollande, mais nul doute que Mitterrand et Jospin furent des leaders, le dernier étant mort dans l’élection de 2002 et l’autre « mort tout court ».

 

Cela nous amène directement en 1988 vu que j’en parlais hier. Mitterrand était le chef incontesté de la gauche à condition qu’il se mette Rocard dans la poche. Chirac était grillé mais, plus que lui, c’était la droite la plus bête du monde qui était occise. Tonton l’a emporté avec un score de premier tour impressionnant (ce que ne montre pas, non plus, mon tableau). Le score de la gauche aux législatives qui ont suivi n’a jamais été égalé depuis. Pourtant, la majorité présidentielle n’a pas eu de majorité absolue à l’Assemblée et la législature s’est terminée par une débâcle.

Avant 1988, il y avait eu 1986. L’alternance est devenue la règle (la majorité a changé à chaque législative depuis, sauf en 2007 et… probablement en 2022). Peu importe.

Avant c’était 1981. Le premier président de gauche de la Cinquième. Je passe ce qui a abouti à sa directement à cette victoire (la connerie de la droite, surtout). Toujours est-il que la gauche avait mis 23 ans à s’approprier notre Constitution pour gagner. Toujours est-il que Mitterrand a fini par passer pour centriste à la place de Giscard et avec un programme issu du programme digne d’une gauche bien plus radicale que celle des zozos aujourd’hui et issue du programme commun que Tonton avait eu la bonne idée de renier auparavant. Une fois élu, il a lancé une politique puis lui a tourné le dos avant deux ans…

Il n’empêche que ce brave Mitterrand était à moitié grillé peu avant 1981, tant la candidature semblait promise à Rocard… Tout comme Chirac paraissait grillé en 1995 face à Balladur. Les deux furent pourtant ceux dont les mandats furent les plus longs de la Cinquième, l’un avec quatre ans de cohabitation et l’autre cinq.

C’est bien le bordel. D’autant que les socialos étaient en tête des législatives précédentes, en 1978, mais n’a néanmoins pas réussi à l’emporter…

 


Bien évidemment, les tableaux de chiffres ne permettent pas de déduire ou plutôt se remémorer tout cela mais font une bonne base pour visualiser une chronologie et se remettre dans le ciboulot quelques éléments ce qui n’est pas nécessairement inutile dans le contexte actuel qui sera d’ailleurs terminé dans quelques semaines.

S’en suivra une nouvelle période avec des élections locales et d’autres européennes. J’aurais d’ailleurs pu placer ces dernières dans mon tableau mais je ne suis pas persuadé que les votes soient spécialement significatifs. Il n’empêche qu’il ne faudra pas oublier, dans la préparation de cette nouvelle « ère », qu’Olivier Faure aura donné deux fois les clés du parti à un autre, aux européennes de 2019 et aux législatives de 2022… Le virer est nécessaire. Comment voulez-vous que son parti retrouve le lustre d’antan avec si peu de circonscriptions qui lui sont attribuées, lui qui, il y a à peine dix ans, avait la majorité à l’Assemblée ?

 


Il reste un point à voir pour tenter de deviner la suite. Macron aura fait ses deux mandats. Mélenchon a avoué être atteint par la limite d’âge. Le Pen a annoncé arrêter ses candidatures successives.

Or, on a quand même sacrément l’impression que les victoires sont toujours poussées par des leaders. Va-t-il falloir faire sans ?


Et je me suis concentré sur quelques élections, omettant, d'ailleurs, certains très récentes. Pour plus tard ?

25 mai 2022

64 ans d'élections nationales


 

Mon billet d’hier avec des résultats des élections successives a eu un franc succès d’estime auprès de mes nombreux dix-huit lecteurs, vu qu’il a connu 30% de visites de plus que mes billets de la veille qui étaient pires que tout. Je vais donc compléter mon joli tableau avec, en vert, le résultat des élections présidentielles et, entre parenthèses, le pourcentage de députés obtenus aux législatives (à partir de 73, seulement). Par exemple, en 1993, la gauche a fait 36% au premier tour des législatives pour obtenir, à l’issue du second, 14% des députés.

 

Année

Gauche

Centre

Droite

Extrême droite

1958

44

 

52

 

1962

44

 

51

 

1965

32

 

60

 

1967

44

 

50

 

1968

41

 

58

 

1973

45 (36)

 

54 (62)

 

1974

43

 

51

 

1978

49 (41)

 

47 (59)

 

1981

46

 

51

 

1981

55 (67)

 

43 (33)

 

1986

43 (42)

 

45 (50)

10 (6)

1988

43

 

37

14

1988

49 (49)

 

41 (45)

10

1993

36 (14)

 

44 (86)

12

1995

37

 

45

15

1997

43 (55)

 

37 (43)

15

2002

32

7

29

17

2002

37 (28)

 

43 (66)

12

2007

30

19

34

10

2007

36 (41)

8

46 (59)

4

2012

40

9

29

18

2012

47 (59)

 2

35 (39)

14

2017

26

24

26

21

2017

27 (11)

32 (62)

22 (23)

13

2022

31

28

10

30

 

La première remarque est que le système électoral est délirant. Prenez 2017, le président est issu d’une mouvance qui n’arrive pas en tête parmi les deux premières. Je n’en tire aucune conclusion : le résultat est le résultat des alliances et d’une certaine logique (au second tour, on élimine… les extrêmes). A la législative qui a suivi, la mouvance du président renforce sa position (pourquoi pas ?) et obtient près de deux tiers des députés tout en ne recueillant qu’un tiers des voix du premier tour.  Je n’en tire, non plus, aucune conclusion et ne préconise pas de changement (il faut bien une majorité).

Et j’insiste : je ne fais que des constats. A mon billet d’hier, j’ai eu des commentaires que j’ai censurés qui étaient vraiment hors sujet. On ne peut pas tout analyser en deux A4 et, au fond, je fais bien ce que je veux dans mes billets… Du coup, je ne vais pas faire beaucoup de remarques, contrairement à hier, faites les vous-mêmes…

 

Une seule mais double : en 1988, François Mitterrand a atteint des sommets au premier tour (ce qu’on ne voit pas dans mon tableau) sans atteindre de Gaulle. Surtout, la gauche fait un bon score aux législatives (moins qu’en 1981 mais personne n’a fait mieux depuis) mais c’est la seule fois où la majorité n’était pas absolue.