En salle

19 octobre 2022

La rue ne va pas vers les urnes

 


Dans Facebook, je me moquais gentiment, il y a quelques jours, des sympathisants politiques qui croient dur comme fer à l’impact de leurs actions « dans la rue » mais je suis persuadé qu’ils font fausse route voire que ces différents événements sont négatifs dans la mesure où ils reculent ou empêchent l’arrivée (le retour) de la gauche au pouvoir et donc la mise en œuvre de « nouvelles avancées sociales ».

En français dans le texte, les pénuries de carburant actuelles n’ont de sympathie que dans un cercle assez fermé de militants de gauche mais exaspèrent assez les électeurs pour les détourner des partis politiques qui tentent d’en tirer profit. Cela se discute, tout se discute… Mais l’observation des manifestations de dimanche et de mardi et de l’impact de la grève d’hier doit quand même amener à réfléchir : il y, dans ce pays, 25 millions de salariés et 45 millions d’électeurs. Quel que soit le nombre de manifestants, tant qu’il reste à moins de 1%, ce qui est le cas, il montre simplement que l’ampleur est dérisoire.

Je ne dis pas que ces mouvements sont inutiles : si les blocages permettent aux salariés de Total d’être augmentés et si les grèves des profs permettent une refonte de la réforme de l’enseignement professionnel, c’est tant mieux (surtout pour eux).

 


En revanche, l’enthousiasme général me navre car, je le disais, ces actions font perdre toute crédibilité aux mouvements qui les portent. Il y avait dimanche une marche contre la vie chère et l’inaction climatique. Qui va croire à la moindre efficacité de la chose ? Je pense que les électeurs sont plus enclins à voter pour des gens sérieux et voir arriver bras dessus bras dessous notre récente prix Noble et le Méluche donne l’impression d’une joyeuse foiridon et de clowns qui se foutent de notre gueule.

Je suis tombé, hier, sur cet article à propos d’une interview de François Hollande et je suis largement d’accord avec les propos mais c’est une partie de la conclusion qui m’intéresse ici et je vous encourage à lire ce pavé, pourtant bien indigeste. Cela reprend des choses que je n’arrête pas de claironner : l’union de la gauche vers un gauche radical pousse à l’échec. La crédibilité auprès des électeurs d’une telle position est nulle et si la gauche arrive encore à faire dans les 30%, c’est parce que des fidèles n’envisagent pas de voter ailleurs. Encore faudrait-il ne pas les en dissuader. Le type qui n’arrive pas à faire le plein de sa caisse pour aller bosser en observant les dirigeants de gauche applaudir dans leurs mains va vite déjanter. Ainsi, « la moitié des électeurs socialistes de 2012 ont voté dès le premier tour pour Macron en 2017. La réserve ne peut être que là. Il faut alors sortir du ni ni (ni Mélenchon, ni Macron) qui semble être la posture recommandée par François Hollande et qui n’a aucun avenir, et reconstruire un centre-gauche ouvert à l’alliance au centre. »

Les 30% ne suffiront jamais. L’histoire a montré que la gauche ne peut gagner qu’avec 40% au minimum en cumulé au premier tour. A propos du budget, on voyait « les Panot » hurler contre l’éventualité du 49.3 (on en saura plus aujourd’hui) mais il n’empêche que Nupes n’aurait pas de majorité nécessaire pour faire passer un budget… même si des amendements d’oppositions sont votés.

Les manifestations et grèves ne servent donc à rien sauf, comme je le disais, occasionnellement (tant mieux pour ceux qui seront augmentés…).

 


Et c’est à ce sujet que je me moquais de mes congénères de Facebook en y écrivant ceci : « Je suis fatigué de ces militants qui n’arrêtent pas de dire dans les réseaux sociaux que les acquis sociaux ont été obtenus par les mouvement sociaux, les syndicats, la lutte des salariés : c’est tout simplement un mensonge que chacun pourra vérifier.

Au cours des quarante dernières années, les manifestations ont fait reculer la droite sur le CPE (ça fait plus de quinze ans et une belle jambe) et leur a vaguement donner peur pour les réformes des retraites successives qui ont pourtant été menées bon an mal an.

Pour le reste, les acquis divers ont été obtenus par les urnes. Vous pourrez évidemment me trouver des contre-exemples (et encore) mais la cinquième semaine de congés payés, les 39 puis 35 heures, la CMU, le RMI et un tas de trucs ont été mis en place parce que la gauche a été élue. »

 

Manifestation efficace...

Ce qui m’a troué le cul, c’est que de sympathiques andouilles se sont largement plantées en tant de démontrer que j’avais tort.

Il y en a, évidemment, qui sont remontés au Front Populaire pour prouver que les manifestations pouvaient être efficace. Tant pis si je limitais mes propos aux 40 dernières années (le monde change). Il ne serait tout de même pas idiot qu’ils révisent un peu les manuels d’histoire. L’arrivée de la gauche (le Front Populaire) au gouvernement (Léon Blum) a précédé les manifestations, voire les a motivées… Evidemment, on pourra me sortir mai 1968 et la quatrième semaine de congés payés. Ca fait plus de 50 ans. En outre, après le Front Populaire, on est tombé dans la guerre mondiale et après 1968 dans les chocs pétroliers et un chômage de masse. On est peu de chose, ma pauvre dame…

Alors les gazouillements dans la rue et les coups d’éclats à l’Assemblée continueraient à me laisser de marbre s’ils n’empêchaient pas, à mon avis donné en partage, la gauche sérieuse de revenir au pouvoir.

 

 

 

5 commentaires:

  1. Ou alors peut être qu'elle ne vote pas comme certains l'aimeraient...

    J'ai été amusé que certains responsables de la CGT chez moi disent "on ne parle pas aux députés RN c'est dans nos statuts". Déjà 1/ c'est dans rien et 2/ je me suis mordu les lèvres de leur dire que la moitié de leurs adhérents votaient RN (mais là on prend l'argent des cartes).

    De toutes manières y a pas d'élections avant deux ans je crois...

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    1. C'est effectivement amusant de voir les gars officiellement de gauche nier le vote des électeurs.

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  2. Dans une autre vie, un des représentants CGT de ma boîte était sur la liste FN aux municipales dans le Var. Comme quoi faut jamais désespérer de ces gens-là.

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