En salle

31 mars 2023

Quand la gauche coule (dans la bassine ?)

 


Dans Facebook, hier, François Ruffin, que j’aime bien, a raconté une « belle histoire », tel qu’il sait le faire, comme quand il avait évoqué les femmes de ménages de l’Assemblée Nationale. Il s’agissait d’une conversation qu’il avait eue avec la pâtissière d’un supermarché qui bossait six jours sur sept, du mardi au dimanche, se levant à 3h45 et rentrant à 11h. Il ajoute : « Des salariés m’avaient déjà raconté ça, six jours, dans l’entretien, chez les auxiliaires de vie, mais je regardais ça comme des anomalies. Je me disais : « C’est parce qu’elles sont multi-contrats », ou un truc comme ça. » Le droit du travail prévoit deux jours de repos par semaine et il ajoute que les contournements ont lieu depuis la loi El Khomri.

Il y a quelques jours, j’avais lu un autre récit dans Twitter, cette fois. Une personne y parlait d’une autre dont le patron lui mettait la pression pour le pousser à démissionner. Un lascar s’est alors époumonné : « il faut appeler un chat un chat, on appelle ça du harcèlement ».

 


La gauche radicale fait une double erreur, à peu près systématiquement. Tout d’abord, elle s’imagine que le droit du travail s’applique partout de manière presque uniforme alors qu’une grande partie des salariés travaillent pour des petites entreprises. La fréquentation des bistros devrait être obligatoire. D’une part, les salariés de ces établissements ont un lointain rapport avec la loi. D’autre part, on y rencontre des faunes diverses… Par exemple, la semaine dernière, il était impossible de trouver du gazole en Centre Bretagne. Une partie des types dont le métier est de conduire un poids lourd, soit à leur compte, soit pour des petites boites, n’étaient tout simplement pas payés. C’est immoral mais c’est ainsi. Vous pouvez négocier mais quand un patron te dit « tu ne peux pas travailler, je ne te paye pas et tu as de la chance que je ne te licencie pas », tu as tendance à fermer ta gueule.

François Ruffin parle « d’anomalie » mais il serait intéressant de voir la proportion de la population concernée. Il y a le cas des gens qui ont plusieurs employeurs. J’évoquais l’autre jour un copain qui était musicien pour l’opéra et donnait des cours de musiques à des mômes. Je ne suis pas persuadé qu’entre les concerts, les répétitions et les leçons, il puisse bien s’assurer deux jours de repos hebdomadaire.

Dans les bistros, vous voyez des barmans ou serveurs qui travaillent de midi à, au mieux, vingt-trois heures, cinq jours sur sept. Un jour, il faudrait calculer combien ça fait d’heures de travail en tout, même en enlevant une ou deux heures de repos (à prendre forcément sur place à moins d’habiter à côté).

Quand j’étais consultant, je parcourais la France, partant de chez moi à 5h30 pour aller à Orly et rentrant à 21h… J’avais évidemment un salaire qui me permettait de ne pas être trop regardant mais, tout de même, mon employeur de l’époque était-il franchement préoccupé par les conditions de travail. Je parle beaucoup de bistros mais c’est le boulot typique où les patrons peuvent mettre de la pression sur les salariés (les harceler !) afin de les pousser à la démission. Regardez autour de vous…

 


La deuxième erreur en découle et est relative à la communication. A l’occasion des lois travail, sous Hollande, une large partie de la population ne pouvait pas se sentir concernée par une partie des textes. La lutte paraissait alors comme une lutte de privilégiés, de gens qui ont un Comité d’Entreprise important. C’est comme la lutte contre la réforme des retraites. La plupart de ceux qu’on entend parler ont déjà beaucoup de privilèges dans l’esprit des autres.

Vous ajoutez cela à d’autres petites erreurs comme celle de faire parler des lycées qui passent pour ridicule auprès des gens qui en chient au taf ou de n’avoir que l’âge de la retraite et pas la durée de cotisation… Et je passe le débat sur la pénibilité. Quel sera le ressenti du serveur qui officie 11 heures par jour quand le permanent d’un syndicat va lui expliquer que bosser 7h par jour sur un chantier est plus pénible ?

 

Je parlais récemment des « bassines ». J’avais bien une opinion (genre : ça ne doit quand même pas être très bon pour l’environnement) tout en précisant que je n’y connaissais pas assez pour juger. D’ailleurs, quel est l’impact des propos des incompétents sur le grand public ? Comme Madame Rousseau qui parle des entrecôtes au barbecue. La rumeur ajoute une couche. Hier ou avant-hier, l’information – erronée – sur le fait que le GIEC soutenait les bassines circulait.

Vous entendez quoi au comptoir, de la part de paysans. Voila, c’est simple : « mais qu’est-ce qu’ils nous font chier ces cons ? Ils préfèrent s’attaquer à nous – qui bossons avec une retraite dérisoire à la clé – plutôt qu’à ceux qui ont des piscines privées, représentant un volume d’eau largement supérieur ? »

 


La CGT vient de nommer à sa tête Sophie Binet (c’est un cas, Binet, comme disait l’autre). C’est surement une femme parfaitement respectable. D’ailleurs, elle était Conseillère principale d’éducation. Autant dire qu’elle ne connait sans doute pas le travail dans le secteur privé, qu’elle ne connait pas le monde ouvrier, qu’elle a été salariée protégée une partie de sa vie.

Il y a trente ans, le patron de la CGT était très drôle et c’était un ancien résistant, ancien déporté… et ouvrier métallurgiste. Il avait pris la suite d’un autre ancien déporté, un cheminot.

Elle n'aura aucune crédibilité pour suivre le moustachu. Mais je vais passer pour machiste.

Youpi ! Faisons un apéro convivial et sauvons les travailleurs.

28 mars 2023

Baisser les culottes dans les bassines ?

 

Bassinet

Même si la honte doit me submerger jusqu’à la soixante-dix-huitième génération, je dois avouer que je n’ai pas tout compris à ces histoires de bassines et, surtout, que je n’ai pas fait le moindre effort. Je pourrais dire que je m’en fous mais j’espère tout de même, et sans trop y croire, que des gens bien intentionnés et compétents vont traiter le sujet. Je refuse formellement de lire tout argumentaire tant je suis fatigué de tomber sur des publications bien orientées, dans un sens ou dans l’autre, et je me dois de vous avouer que ce n’est pas utile que vous m’en parliez vraiment dans les commentaires de cette publication (ici ou dans Facebook).

Néanmoins, j’ai un léger bon sens qui me laisse penser que ce n’est pas du tout bon pour l’environnement ni même, d’ailleurs pour l’agriculture, dans le sens où seuls des gros pourront en profiter.

J’ai une supplique : continuez à faire pousser de l’orge et trouvez assez d’eau pour la fabrication de la bière. Rappelons qu’il faut 25 litres d’eau pour faire un litre de bière (sans compter, il me semble, l’eau pour faire pousser les céréales et le houblon entrant dans la composition). Autant vous dire que je prends le sujet de l’eau au sérieux et que seules les bassines me bassinent, si je puis me permettre (il faudra que je trouve un meilleur jeu de mots pour le titre de ce billet).

 

Cuvette (entretenue, si j'ai bien compris)

Il n’empêche qu’il y a une semaine, à peu près 99% de la population n’avait jamais entendu le mot bassine dans le sens actuellement utilisé et qu’elles ont réussi à faire la une de la presse.

Je pense que des militants ont voulu montrer leur désapprobation pour ces machins (et je ne leur jette pas la pierre, croyant aussi qu’elles sont néfastes). Les militants de la Nupes ont subitement pris le sujet à bras le corps et ont poussé les manifestations, entrainant avec eux les cadres et les élus, à moins que ce soient ces derniers qui ont motivé les braves gens.

Les forces de l’ordre ou le gouvernement ont alors sans doute pris peur que cela dégénère et ont envoyé la maréchaussée et, comme cela chauffait un peu trop, ils ont fait usage de moyen que l’on pourrait juger disproportionnés, ce que je fais volontiers par solidarité avec les fastueux factieux débiles mais je n’ai absolument pas les moyens de juger des moyens à mettre en œuvre pour maintenir l’ordre contrairement à tous les heureux opposants au gouvernement qui sont devenus des spécialistes du jour au lendemain. J’admire leur rapidité à prendre connaissance des sujets qui viennent et leur capacité à devenir des experts.

Bref. Boum, si je puis me permettre.

Il y a eu, en plus, les débats sur les manifestations autorisées et, visiblement, celles qui ont généré les heurts ne l’étaient pas franchement (mais, encore une fois, je n’ai pas tout suivi).

Bassine (grise, il me semble)

 

Toujours est-il que j’ai horreur des gens qui se permettent d’affronter les forces de l’ordre. A la limite, ils font ce qu’ils veulent mais qu’ils ne viennent pas se plaindre d’autant qu’on finit par admettre que les flics ne sont pas toujours très fins dans « leurs ripostes ». Il est probable, d’ailleurs, que seuls quelques imbéciles mettent en danger la vie ou, du moins, la santé des autres. J’ai horreur de cela, je disais et, en plus, c’est complètement con lorsque les partis politiques s’en mêlent. Il n’y a strictement aucun bénéfice électoral : les gens sont exaspérés.

Ca fait le lit des fachos et tout ça comme on dit.

 

Je ne suis pas loin de penser que certains ont intérêt à faire monter la violence pour la faire admettre progressivement, par la population, qu’un état de fait loin d’un Etat de droit s’impose progressivement.

D’où ma mauvaise pensée que les gentils organisateurs de ces moments de protestation sont manipulés. Malheureusement, les élus de la Nupes se trouvent complices en allant manifester également alors qu’ils ne devraient tout simplement pas, en tant qu’élus, lutter contre les instruments de la République.

Encore une fois, ils perdent la confiance des électeurs mais, ces derniers, finissent par constater que la violence est naturelle. Ces graves.

 

Et tous ces imbéciles en rajoutent une couche en expliquant que cette violence vient de la flicaille et l’incapacité du pouvoir à maintenir l’ordre. Je veux bien croire que certains de nos ministres ou de nos préfets puissent voir leurs compétences remises en cause mais, il ne faut tout de même pas déconner.

Dans le cas de l’opposition à la réforme des retraites, par exemple, des manifestations sereines seraient bien plus efficaces que des échauffourées, du gazage, des incendies… Posez-vous donc la question de ce que pourraient faire les CRS ou assimilés face à des manifestants incendiaires et belliqueux.

Baissez leurs culottes ?

 

Bac à douche (à l'italienne)

Ca serait ballot. Et la fin de la République. Et donc de la démocratie.

Vous me direz que j’ai beau jeu, dans mon blog, à appeler à la fin de la violence. Je ne le fais pas. Je ne fais que vous interroger bêtement : peut-on réellement croire que le ministre de l’intérieur est responsable quand un garde-champêtre balance une grenade dans des tas d’abrutis qui ne respectent pas la loi ?

Arrêtons de prendre la défense de qui que ce soit (mais soutenons nos braves fonctionnaires) et de faire des théories de chiottes dans les réseaux sociaux.

27 mars 2023

L'Ariège ban des socialistes

 


Il y a eu le premier tour d’une législative partielle dans une circonscription de l’Arriège, ce dimanche, et beaucoup de mes potes en parlent dans Facebook. « Le second tour de l'élection législative partielle dans la 1ère circonscription de l'Ariège se jouera à gauche, entre pro et anti-Nupes. La candidate soutenue par le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, et députée LFI sortante, Bénédicte Taurine est arrivée en tête dimanche 26 mars avec 31, 18 % des suffrages. La deuxième position revient à la candidate dissidente socialiste, défendue par Carole Delga, Martine Froger qui a recueilli 26, 42 % des voix. »

C’est un peu comme chez moi où le coin est acquis à la gauche mais c’est aussi un bon cas à étudier par les militants socialistes. La candidate LFI fait un peu moins qu’en 2022 (33,12). La dissidente socialiste est en nette hausse (18,08). Par ailleurs, le candidat du RN prend environ 5 points et celle de la majorité présidentielle se casse la gueule     (moins 9 points).

 

Je disais que beaucoup de monde en parlait mais j’en tire un premier enseignement : une union de type Nupes n’est pas nécessaire pour gagner, pour la gauche, dans les patelins acquis à la gauche ce qui est une évidence. La leçon à retenir est que les socialos n’ont pas besoin de baisser leurs culottes systématiquement. Ils feraient mieux de réfléchir, parfois.

Faure est un médiocre stratège, le bougre.

 

Mon billet d’hier, basé sur un sondage, disait que le RN était le principal bénéficiaire de la baisse logique de Renaissance, la majorité présidentielle, mais, visiblement, ceux de gauche qui quittent la Nupes s’en sortent pas mal.

Le second enseignement, toutes proportions gardées compte tenu de la nature de l’élection, en découle : vu qu’une partie de la gauche tire bénéfice du déclin de la majorité, l’autre, la suite nupsiale, n’attire pas les foules voire sert de repoussoir. J’aimerais que les gens concernés en tirent les conclusions. C’est assez facile : tous les jours, vous prenez la une des actualités. Ce matin, c’était l’histoire des bassines (je n’ai pas assez réfléchi pour émettre un avis) et que voyions nous comme illustration, de la presse : des élus insoumis venu prêter moins forte aux manifestants voire, si j’ai bien compris, assister à des manifestations non autorisées.

C’est une erreur. Vous pouvez penser le contraire mais j’ai un fort doute sur le fait qu’une majorité de citoyens non-électeurs nupsiques approuve ce genre de comportement. Il en va de même, généralement, pour tous les comportements fort peu républicains de tous ces pingouins. Vous pensez vraiment qu’un parti représenté par Mme Rousseau et l’espèce de blondinet prépubère donne confiance ? Et si vous regarder la une de la presse maintenant, vous verrez le site web de l’Assemblée piraté par des hackers russes. Il me semble que de parfait Républicain, formellement opposé à Poutine, subiront moins de dommages collatéraux de ce genre de faits divers (j’appelle ça ainsi pour faire rugir les Républicains).

 

Comme depuis la création de la Nupes, je reste persuadé qu’une gauche représentée par une diversité de candidats est plus à même de gagner. Certes, notre dissidente a surtout piqué des voix à Renaissance et, au fond, c’est ce qu’on lui demande. Pourtant les partisans de la Nupes, donc d’Olivier Faure, appelle à voter pour la candidate LFI. C’est de la folie !

 

Je vais glisser un mot à mes copains macronistiens : en cette période du mandat d’Emmanuel Macron, surtout après l’épisode de la réforme des retraites, il est logique que vous perdiez des voix. La droite traditionnel étant en pleine déroute, le RN peut en profiter. Ce n’est pas grave. On verra la suite du mandat, si les deux dernières années sont calmes, vous remontrez. Ne pleurez plus.

Par contre, amis socialistes, s’il n’y avait pas eu l’accord Nupes, la candidate serait arrivée en tête. En poussant un peu, elle aurait été élue dès le premier tour, comme en 2012. On le voit à Foix et dans sa circonscription, c’est le centre gauche qui bénéficie le plus de cette déroute gouvernementale. En participant la Nupes, c’est le centre gauche qui disparait.

 

Cela est à méditer (et comme je le dis, la configuration électorale du coin est particulière).

Hop.

26 mars 2023

49.3 dans les sondages

 


Ce sondage, au sujet du résultat potentiel d’une élection si une législative anticipée devait avoir lieu maintenant, suite à une dissolution, a été présenté par le JDD. Inutile de préciser qu’un sondage hors campagne électorale a peu d’intérêt d’autant qu’on ne connait pas les candidats et ne représente pas grand-chose pour des législatives, vu qu’on ne peut pas déterminer le nombre d’élus dont la composition d’une future Assemblée.

Il ne montre aucune surprise : la majorité présidentielle baisse au profit du RN et la gauche ne gagne pas grand-chose. Tout ce qui m’intéresse est ce qui pourrait faire remonter ma famille politique (le centre-gauche) et affaiblir l’extrême droite. C’est raté. Il me faut donc en étudier les raisons mais je n’ai toujours pas science infuse. Néanmoins, j’ai diffusé un schéma proche de celui-ci et certaines réactions de potes m’ont intéressé et je vais y revenir.


 

Dans un premier temps, tout de même, je vais préciser ma position. Il va de soi que, comme une majeure partie de la population, je ne supporte plus Emmanuel Macron et ses sbires mais que je n’hésiterais sans doute pas à revoter pour eux si c’était nécessaire. Je considère Marine Le Pen et les cadres du Rassemblement National comme des incompétents notoires. Je ne suis pas persuadé qu’ils soient de grands démocrates et je n’oublie pas d’où ils viennent.

Quant à la Nupes, je suis sans doute en phase avec leurs principaux objectifs mais il y a une partie des membres bien trop extrémistes avec des idées, en termes d’économie, complètement déconnectées de la réalité, d’autres ou les mêmes, qui ont des comportements très peu républicains. Je ne parle pas de ceux qui défendent l’identitarisme ou un wokisme débile et pléonastique. Je ne veux donc pas d’eux au pouvoir, tant qu’ils n’auront pas fait le ménage ou précisé certaines positions.

Je pourrais néanmoins voter pour tout parti de gauche quel que soit son degré de radicalité qui rejette certains fous de la Nupes, notamment de LFI. Pour ce qui concerne les socialistes, cela concerne la plupart des partisans d’Olivier Faure. Ils ont encore montré cette semaine qu’ils nous poussaient vers la marche nupsiale de la folie. Les gars, remettez-vous ! Cette stratégie ne peut pas être gagnante.

 

D’ailleurs, le sondage dont au sujet duquel je dois parler nous le prouve. La gauche est à la tête de l’opposition à une réforme dont les Français ne veulent manifestement pas mais ne progresse que d’un ou deux points dans les sondages. C’est bien la preuve d’un échec complet. La réforme est passée (elle pourrait retirée, d’ailleurs, en cas de blocage du pays provoqué par les manifestants suivant la gauche, ce que je souhaite) mais seul le RN en tire un bénéfice.

La première réaction que je voulais aborder est celle d’un pote grand partisans des maconneries. Il estime que la montée du RN est due à la baisse de Renaissance, elle-même provoquée par la gauche qui n’arrête pas de crier que la réforme est mauvaise. Il oublie deux éléments : il se peut, et je le crois, que la réforme soit réellement mauvaise et les gens n’ont pas nécessairement besoin de la gauche pour le penser. Enfin, je ne pense pas vraiment bénéfique le fait que la population doive se plonger dans les bras d’un libéralisme extravaguant avec, comme seule raison, la nécessité de clouer l’extrême-droite.

Je vais aller plus loin et peu aimablement : il faut quand même être un peu dérangé pour venir de la gauche et défendre une telle réforme des retraites. L’argument « de toute manière la gauche avec Touraine avait fait pire » ne tient pas la route. Si la réforme de Touraine est jugée bonne, on ne peut pas aller plus loin au prétexte qu’elle était mauvaise.

Le mécontentement actuel, avec la baisse de l’ex LREM, n’est peut-être pas du entièrement à la réforme des retraites. Auquel cas, il faut admettre que les gens sont exaspérés de la politique menée depuis 2017. Il ne s’agit pas de défendre ou de critiquer cette politique (au fond, qu’est-ce que j’en sais de la manière de gérer une crise sanitaire ou des revendications dans les ronds-points ?) mais d’admettre que les gens sont mécontents.

Et qu’en démocratie, on ne peut pas aller contre les gens.

Macron, par exemple, avait promis, en 2017, de ne pas revenir sur les retraites. Il a changé d’avis, ce qui n’est pas grave mais son problème est que les arguments qu’il avait énoncés il y a six ans restent valables. Comment ne pas comprendre que les gens pensent qu’on les prend pour des cons quand on les prend pour des cons ?

En outre, accuser les autres de ses propres déboires électoraux commence à bien faire.

 


Tiens ! La gauche de la gauche a accusé Hollande pour l’échec de 2017 alors qu’il n’était pas candidat, mais n’a jamais réussi à gagner quoi que ce soit depuis. Ca devrait appeler à une certaine humilité.

 

La deuxième réaction que je voulais évoquer est celle d’un copain écolo (pas caricatural) qui me dit « Il me semble que l'information principale est plutôt que les gens n'arrivent pas à trouver de moyen de s'exprimer par le vote et donc que les événements ont peu d'impact sur le résultat des élections, ce qui n'est pas plus rassurant. » J’ai bien réfléchi à ses propos mais j’ai un peu de mal. Tout d’abord, il ne s’agit pas de résultats d’élections mais de sondages hors période électorale. Par contre, il a commence son commentaire par : « Certes, mais l'évolution n'est pas énorme par rapport à 2022. » J’ai peu de me tromper sur l’analyse de ces propos mais, par rapport aux vrais résultats des législatives, le RN passe de 19 à 26, Nupes de 26 à 26… et ex LREM de 26 à… 26 (je n’ai pas pris en compte les petits partis mais les erreurs ne doivent pas être importantes).

L’évolution du RN est bien énorme. Le sondage intermédiaire (en rose pâle) montre que cette évolution est bien récente. Et les changements sont tels que les événements ont bien un impact sur le résultat (potentiel) des élections. Les gens ne retournent tout de même évidemment pas leurs vestes.    

 

La dernière réaction est celle d’une éminente consœur qui me dit que c’est dommage et qu’elle ne sais pas vraiment si elle connait les raisons et laisse entendre qu’elle ne sait pas vraiment s’il faut les connaître.

Je vais quand même en citer deux, absolument évidente, je ne vais d’ailleurs rien inventer, mais il me semble qu’il faudrait ne pas les oublier. La première est que le comportement du RN est exemplaire. Les gens ne savent pas « pourquoi » il faut les critiquer (vous pouvez rétorquer que c’est à cause des chaînes d’information ou de TikTok mais c’est tout sauf une consolation). La deuxième est que la gauche ne sait pas remonter et qu’une nupserie a atteint un niveau maximum.

 

Deux premières conclusions sont tout aussi évidentes. D’abord, il faut arrêter de faire des conneries, qui font passer pour encore plus débiles que les autres. Ensuite, tant que la gauche ne se sera pas déradicalisée (voir les raisons que j’évoque plus haut pour dire que Nupes n’aura pas ma voix), elle ne pourra pas retrouver des électeurs centristes, ceux qui manquent pour construire une majorité, majorité qui ne peut d’ailleurs se faire qu’au centre.

Vous ne pouvez pas être d’accord mais c’est pourtant bien la vérité. Ne croyez pas connaître les électeurs concernés. Moi, au moins, je sais que j’en fais partie.

Et visiblement, les supporters de la Nupes font les mêmes erreurs que ceux de la macronnerie : croire que les électeurs sont trompés quand ils ne sont pas d'accord avec eux.

23 mars 2023

Discours sur pattes

 


Je n’ai pas vu l’allocation du monarque, hier, et me suis limité à la lecture de certaines réactions. Alors je vais faire court. Du moins, je vais essayer. Le roitelet et ses fanatiques ont expliqué qu’ils ont gagné, que les opposants ne comprennent rien à l’économie et ne sont qu’une bande de fainéasses et j’en passe. J’ai fait assez de billets pour dire pourquoi j’étais moi aussi opposant.

Par contre, les opposants en question sont toujours aussi déprimants. Leur discours est sur le thème « Macron ne nous a pas entendu, il a parlé dans le vide et tout ça ». Ben les gars, vous croyiez quoi ? Que pensez-vous sincèrement qu’il pouvait dire ? Vous ne pourriez pas revenir sur terre ?

N’allez pas croire que je me la pète, surtout plus haut que mon cul, tentant de jouer le mec au-dessus du lot, plus objectif que les autres ou je ne sais quoi.

 

La vérité est que je m’en fous un peu. Voire totalement. Nous avions rendez-vous avec le notaire hier, pour « organiser la préparation de la succession », j’ai une maison à commencer à vider, les affaires courantes à gérer et la perspective de devenir propriétaire de cette maison assez rapidement, donc à avoir l’entretien à ma charge alors que ce n’est pas du tout mon truc. J’avais pourtant imaginé le faire, il y a deux ou trois ans mais disons que ça m’était un peu sorti de la tête.

Je suis désappointé.

 

Alors je souhaite que les manifestations continuent car la réforme est grotesque mais moins que ce petit pouvoir accompagné par des troupes de fanatiques et d’ennemis qui n’ont pas compris qu’ils étaient en désaccord et qu’il serait temps d’avoir un discours un peu plus sérieux.

Quand on est de gauche et qu’on se fait traiter de billet en économie car on ne se rendrait pas compte des côtés négatifs de la dette et des déficit, on prend Google, on compare la dette et les déficits par pays pour expliquer aux autres qu’ils feraient mieux de passer l’aspirateur sous leurs portes.

Remuez vous le cul.

21 mars 2023

Ne s'use que si l'on censure

 


Le verdict est tombé hier soir : la censure n’a pas été votée. Cela n’est pas franchement surprenant mais… J’en veux à la majorité qui a pondu ce texte, évidemment. J’en veux aux « macronistes issus de la gauche », mes copains, qui l’ont soutenu rejetant tous les principes qu’ils avaient encore, il y a quelques années. J’en veux aux Républicains – oups, aux députés LR – qui n’ont pas su écouter le peuple ou, du moins, ses propres électeurs traditionnels et, tant pis pour eux, qui ont sans doute loupé le coche : ils n’existent toujours pas.

Cela étant, j’en veux surtout à mon camp, la gauche, cette nupesserie que je critique depuis un an, qui a mal fait le job ! Ne finassons pas avec les mots : s’il avait été bien fait, la réforme n’aurait pas été votée dans ses conditions, avec une telle faiblesse de la majorité.

Ils sont indécrottables ! Hier soir, ils fanfaronnaient sur le thème « c’est une large victoire, il n’a manqué que 9 voix pour que la motion passe. ». Non ! C’est un échec. Ca me rappelle le « à 600 000 voix près » de Mélenchon en 2017… Je n’arrive même plus à deviner à quoi ils jouent. A faire plaisir aux militants pour qu’ils hurlent plus fort dans les réseaux sociaux.

Hier soir, ils continuaient à gueuler sur le fait que le passage de la réforme n’est pas démocratique et qu’elle s’est faite sans respecter l’esprit de la Constitution ! Elle a beau jeu… D’autant qu’ils n’ont pas manqué d’utiliser la Constitution en votant pour une motion de censure n’émanant pas de la gauche… Esprit, es-tu là ?

 

Hier, je n’ai pas écouté les discours à l’Assemblée mais j’ai suivi le live sur le site de France Info. Mes copains m’ont confirmé l’impression que j’avais : les orateurs étaient nuls. Je crois qu’il y a eu Aurore Bergé, mais je n’en fous. Il semble que Boris Vallaud ait été bon. Mais Mathilde Panot a franchement été nulle. Elle a fait un discours comme si elle était devant un amphithéâtre devant des étudiants en première année pour les motiver à faire un blocage. Elle ne se rendait pas compte qu’elle s’adressait à des élus du peu au pupitre de l’Assemblée nationale. Elle aurait dû être rassembleuse, faire un discours républicain, sur le thème : « Nous ne sommes pas des mêmes orientations politiques mais, au moins, nous avons le même mandat du peuple : faire échouer ce texte, patati patata ». Elle aurait pu finir par un « Entre ici, Jean Moulin » ou « Vive le Québec libre ». C’est hors sujet mais ça fait toujours bien.

Non. Elle a opté pour des bassesses sans nom, ravilissant nos institutions tout en accusant la majorité de le faire. Elle est à l’image de LFI, créant escarmouche sur escarmouche comme si le seul but était de se faire plaisir, pas de travailler pour le peuple, celui dont ils se revendiquent.

 

Tout au long du débat, ils se sont trompés. Je les vois encore dire dans la même phrase « il n’y a pas de problème de financement » et « on peut trouver l’argent ailleurs »… Sans se rendre compte de l’aberration que cela constitue : pourquoi chercher de l’argent ailleurs s’il n’y a pas de problème ? La question est posée et les citoyens ne sont pas dupes.

D’ailleurs, nos opposants de tout bord se félicitent du nombre d’opposants au report de l’âge légal et à la retraite mais ont oublié d’interroger les foules non militantes, au comptoir des bistros, par exemple. Le bas peuple leur aurait expliqué que ce n’est pas idiot de travailler plus longtemps vu l’augmentation de l’espérance de vie. Il n’est pas crétin, non plus… Le fond de l’opposition n’est pas ce chiffre, ce « 64 », mais est largement plus global. Je ne sais pas l’analyser. Peut-être le sentiment de se faire entuber une fois de suite, soit pour ce sujet, soit par les pratiques excentriques de cette majorité, soit pour un rejet de ce monde pseudo-libéral qu’on veut nous imposer. Le rejet est réel.

Quand on a mon âge – 57 ans dans deux mois, on est de plus en plus concernés par la retraite et on a de plus en plus de relations à l’être, des copains qui passent une partie de leurs loisirs à rassembler les papiers pour prouver à l’administration qu’ils ont déjà assez donné. Vous allez me dire que je suis paradoxal, il n’en est rien.

Prenons un exemple au hasard : le mien. Vous connaissez mon âge, maintenant. J’ai commencé à bosser à 19 ans. 38 ans, donc… Je suis las, pas du travail mais de conditions de vie, de temps de transport, que ça soit entre mon appartement et le boulot comme entre ma ville de résidence et celle où j’aspire à buller. Je suis là, aussi, d’un travail mais parce qu’à mon âge, je ne peux plus progresser, un peu comme si je me levais, le matin, pour liquider les affaires courantes à reculons…

Prenons mon copain A., 42 ans, marié, deux enfants. Son salaire ne lui suffit pas. Tous les mois, il finit dans le rouge. Il a pourtant un bon job, mais vivre en région parisienne est coûteux, même dans la circonscription de Mathilde Panot. Il se fout de l’âge de la retraite, même s’il est contre la réforme. Il veut juste faire vivre sa famille sans se saouler la gueule à force se demander comment s’en sortir.

Prenons ma copine O. 67 ans, je crois. A la retraite depuis peu mais à ce qu’on appelle le minimum vieillesse, de l’ordre de 900 euros. Ca lui assure un revenu confortable, pour elle, vu qu’elle était au RSA auparavant. Dans l’opération, elle a perdu l’accès à la CMU et ne peut plus se soigner et refaire son râtelier.

Prenons mon copain J. Un peu plus de 60. Il est dans la dernière ligne droite et a rassemblé des papiers. Il est musicien. Une partie comme intermittent, l’autre comme vacataire dans des écoles de musique. Un de ces bordels. Sa mère est âgée, il ne pense plus, un peu comme moi, à retourner vivre au bled.

 

Un objectif chiffré n’est jamais bon et est très peu mobilisateur. La retraite par répartition, c’est surtout une équation avec trois paramètres, en plus de l’espérance de vie : le nombre d’année de cotisations, le montant cotisé et le montant versé. Le tout cumulé pour des millions de Français. L’âge de retraite n’est qu’annexe. Il vaut mieux se battre pour qu’un type qui a commencé à bosser à 18 ans puisse se barre à 61. C’est déjà énorme !

Et éviter, en passant, de définir un âge comme étant celui de la vieillesse légale. C’est comme un tweet, que je voyais l’autre jour, à propos des ministres au sujet de la retraite des éboueurs. Le lascar disait qu’il aurait préféré voir les ministres faire ce « métier de merde » (je cite) plutôt que de les écouter parler de l’âge de leur retraite. Vous pensez franchement que dire aux électeurs qu’ils font un métier de merde est porteur ?

La retraite, c’est une équation, disais-je. Aller chercher du pognon ailleurs, comme le disaient certains, pensant taxer les plus riches, les entreprises, les gros revenus… fait changer les paramètres. Cela tue le système, cette chose qu’on appelle « la retraite par répartition ». Je ne suis pas contre le fait d’aller prendre du fric où il y en a, mais surtout pas pour payer les retraites ! Cela tuerait le système. Le seul endroit où l’on peut récupérer des sous tourne autour des exonérations de charges, vu qu’elles contribuent à tuer le système.

 

S’il n’y a pas de problème de financement – c’est la théorie initiale, il y en a un des niveaux de revenus des retraités, problème souligné par le COR dans son rapport (les pensions augmentent moins vite que les salaires ce qui fait, relativement, une baisse des revenus des retraités). Mais nos braves opposants comme les affreux partisans n’ont fait que parler des 1200 euros, comme s’il fallait expliquer aux lascars de types qui touchent 1800 euros qu’il leur faut partager avec ceux qui en touchent 1000. La solidarité, c’est beau, mais ce n’est pas vraiment vendeur. Ceux qui touchent une petite retraite sont sans doute ceux qui n’ont pas cotiser. Il faut certainement leur permettre de vivre mieux mais pas sur le dos de notre système par répartition ! Il y a le budget de l’Etat pour cela… Et on peut aller chercher du pognon ailleurs.

On est hors sujet.

 

Enfin, faire croire aux jeunes que l’on se bat pour eux, qu’on leur demande de se battre pour eux, est un mensonge, presque honteux, dans la mesure où l’on sait très bien que lorsqu’ils seront fatigués de travailler, les conditions auront complètement changé, ce que j’ai dit à longueurs de billets : le changement climatique, l’intelligence artificielle et j’en passe, comme des guerres à nos portes et des crises sanitaires.

Mentir, c’est mal.

 

Ainsi, la plupart des arguments tenus ont été hors sujet. Après on échoue, on s’en étonne mais on se vante d’avoir presque réussi.

C’est nul. J’attendais autre chose.

 

19 mars 2023

Votez la censure !

 


Etant contre cette réforme des retraites, je souhaite évidemment qu’elle n’aboutisse pas. Pour ce faire, il y a deux solutions. La première est que la motion de censure multitout passe. La seconde est que le Conseil Constitutionnel censure ce bazar. Il y a un numéro complémentaire : qu’on ait un tel bordel, dans la rue, que le gouvernement soit obligé de jeter ce texte avec l’eau du bain (ce qui nécessiterait, en gros, de promulguer le texte puis de faire une loi pour l’annuler, un peu comme avec le CPE).

Dans l’attente du dénouement, je suis un peu fatigué de lire n’importe quoi dans les réseaux sociaux.

Tout d’abord, il y a les andouilles de gauche qui disent que le gouvernement ne respecte pas la Constitution. Pourtant, il en applique les articles. C’est con. Il y a les mêmes qui argumentent qu’il ne prend pas des réformes selon les souhaits du peuple ou le programme du président. Ce dernier point est faux : cette loi était dans le programme de Macron. Le précédent est crétin : c’est le jeu démocratique qui fait que le texte passe et la gauche ne s’est pas privée, par le passé, pour s’asseoir sur la volonté du peuple. Il est un peu facile, pour moi, de citer l’abrogation de la peine de mort.

Tant que je suis à parler des andouilles de gauche (et du RN, tant qu’à faire), je vais quand même rappeler que si cette réforme passe, c’est évidemment parce qu’ils n’ont pas été élus (et je rappelle que j’étais contre l’alliance « Nupes »). C’est aussi parce qu’ils ont très mal mené l’opposition (vous pouvez négocier mais c’est pourtant la stricte vérité).

 

Quant aux andouilles favorables à la réforme, je pense que cela commence à bien faire les propos du genre « les gauchistes n’ont jamais rien compris à l’économie, ils l’auront dans l’os quand les marchés les enverront chier au sujet de la dette. » Je passe le fait que les gens de gauche ont souvent été bien meilleurs en économie que ceux de droite. Je ne vais pas, non plus, rappeler que les chiffres en jeu ne sont pas catastrophiques. Le rapport du COR a montré que la proportion des retraites resterait de l’ordre de 14% du PIB. Cela est d’ailleurs dérisoire : 14% des revenu pour donner des sous aux types de plus de 62 ou 64 ans ne devrait pas nous affoler. Le déficit des retraites devrait faire un ou deux pourcents du PIB et il n’y a pas de quoi en faire une jaunisse quand on voit le montant totale des dépenses publiques…

Je vais néanmoins rappeler à ces spécialistes de l’économie autoproclamés que l’économie n’est pas une science exacte et qu’il nous arrive parfois des grosses merdes sur la gueule, comme la récente crise sanitaire, qui fait que l’on se fout totalement de putatifs indicateurs vu que tous les chiffres risquent d’exploser ! On a encore une banque qui a fait faillite la semaine dernière et on ne connait pas encore les dommages collatéraux. Aussi bien, on sera tous ruinés d’ici huit jours…

Je vais leur rappeler aussi qu’ils oublient de prendre en compte certains éléments comme le réchauffement climatique qui pourrait très bien bouleverser tout cela mais aussi que les progrès technologiques, comme l’intelligence artificielle, fait que tous nos équilibres seront foutus en l’air avant que les gugusses qui entre dans le monde du travail aujourd’hui ne commencent à faire le décompte de leurs points retraites pour espérer se bronzer les fesses au soleil.

 

Par ailleurs, la nouvelle mode, ce matin, est de se faire peur, dans les rangs de la macronerie, sur le fait que le vote la motion de censure entrainera l’arrivée de Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon au pouvoir. Je ne le veux pas non plus mais les risques sont très limités. D’une part, il faudrait une dissolution et je n’y crois pas ou, si Macron la provoque, c’est pour se foutre de la gueule des opposants en peau de fesse. Tous les sondages montrent que les équilibres à l’Assemblée ne seront pas modifiés. Si la motion de censure est votée, le gouvernement sera obligé de démissionner. Emmanuel Macron appellera quelqu’un à former un nouveau gouvernement. Ce quelqu’un pourrait d’ailleurs être Elisabeth Borne… 

La motion de censure peut donc être votée et comme, c’est la meilleure façon de rejeter le texte, elle doit l’être.

13 mars 2023

Le covid n'est pas mort !



Non, les vaccins Covid n'ont pas entraîné une multiplication des "turbo-cancers". Non, le vaccin Covid n'a pas multiplié le nombre de fausses couches. A peu près un an après la fin de la crise du Covid (l’épidémie n’est pas terminée), les sites de « Fact Checking » et autres vérificateurs d’information ont toujours beaucoup de boulot. La semaine dernière, ils avaient eu à démontrer que l’ordre des médecin belge n’avait pas avoué que le vaccin Covid ne fonctionne pas.

Je m’amuse beaucoup (d’un rire jaune). Nos « fakers » s’en donnent d’autant plus à cœur joie que tous ceux qui défendaient le vaccin ou la politique du gouvernement, voire des différents gouvernements de la plupart des pays du monde, sont passés à autre chose.

Je parlais de la Belgique mais on évoquait récemment les « "Lockdown files" au Royaume-Uni : une fuite de 100.000 messages révèle les coulisses de décisions Covid et scandalise », avec des messages entre les membres du gouvernement tendant à démontrer qu’il a menti pour faire passer des mesures. Pour ma part, ce que je retiens surtout, pour ce qui concerne l’Angleterre, c’est qu’ils ont fait n’importe quoi dans les premiers mois. Qu’ils aient sombré dans la panique n’est pas surprenant et on verra ce que les enquêtes démontreront…

 


En France, on assiste à la diffusion dans les réseaux sociaux d’information venant de sites connus pour raconter n’importe quoi (comme celui qui a repris l’appellation « France Soir » suite à la déroute de notre média qui avait les meilleurs mots fléchés) ou les éternels sites de propagande russe. On a aussi la diffusion de vidéo de scientifiques soit inconnus soit connus pour leurs mensonges. On a également la diffusion d’article « réservé aux abonnés » ou en anglais (que l’on puisse lire le rosbif est une chose mais ça ne nous fait pas des génies capables de déchiffrer les publications vaguement scientifiques étrangères).

Ils ont une faculté à déformer l’information assez sidérante. Le fait que des gens vaccinés ont permis la transmission de la maladie ont naturellement (et logiquement) débouché sur l’affirmation que les vaccins n’ont jamais empêché la transmission. Il est facile d’oublier que les vaccins anticovid n’ont pas été faits pour ça mais pour limiter les formes graves de la maladie et les infections. Ils ajoutent l’information erronée sur le fait que les vaccins étaient obligatoires alors qu’ils ne servaient à rien. Ils étaient pourtant utiles et n’ont jamais été obligatoires sauf pour aller à l’intérieur des bistros. Je carricature, je sais.

Il y a, ensuite, une omission du contexte. Ils vont éventuellement réussir à prouver que le confinement n’était pas obligatoire et avait bloqué abusivement le fonctionnement du pays. Je n’y crois pas mais peu importe. Il ne faut surtout pas oublier que les confinements ont été faits dans l’urgence car on ne savait pas comment se développait la maladie : tout aurait pu être dramatique, ce qui justifie largement le confinement. Et le premier confinement a bien été efficace ce qui a poussé à refaire la chose plus tard, pour la vague suivante.

 

Et ils communiquent sur les erreurs du gouvernement. Certes, il n’était sans doute pas très malin d’obliger les gens à porter le masque en extérieur mais, au fond, on ne sait pas si cela n’était pas utile. Pour ce qui concerne ces masques, on peut critiquer nos ministres pour avoir raconté n’importe quoi au début, au sujet de leur inutilité, mais on ne peut pas les accuser franchement d’avoir limité le stock disponible alors que les dirigeants précédents sont à peu près tous responsables. Il y a des éléments qui poussent au rire comme la fameuse attestation, profondément ridicule mais probablement pédagogique.

Et il y a des choses qu’on peut ne pas avoir digéré, comme le « passe vaccinal », rendu obligatoire (pour certaines activités) à la place du « passe sanitaire » alors que ce dernier permettait d’utiliser des tests, quand même plus fiables que les vaccins, malgré tout, pour éviter les gens malades ce que, au fond de moi, je n’ai tout de même pas les capacités à vérifier.

 

Je pense qu’il faudra, un jour, faire un bilan objectif de tout cela (même si ne sera jamais fait vu qu’on ne trouvera pas d’acteurs capables de le faire : il faut des scientifiques et des politiques) et condamner ce qui est condamnable comme la prise de décision par une absconse cellule de défense alors que nos braves militaires ne sont pas vraiment concernés, le tout avec des informations « confidentiel défense » auxquels nos parlementaires n’ont pas accès.

Mais l’insistance à publier des fausses informations va nuire à ce bilan et, entre nous, les lascars qui, trois ans après, continuent à crier qu’ils avaient raison prêtent surtout à rire. 

11 mars 2023

La République en retraite

 


Avant-hier, la majorité a fait appel au « vote bloqué » (ou procédure d’urgence) pour faire passer la réforme des retraites au Sénat (je vous laisse Google pour contrôler ces modestes informations). L’opposition de gauche a aussitôt rué dans les brancards, criant au déni de démocratie, au muselage ou au musèlement (rayer les mentions inutiles) du Parlement… Cette procédure a été utilisée une demi-douzaine de fois au cours des dix dernières années dont en 2013 quand la gauche a fait sa propre réforme des retraites. Elle contenait notamment l’allongement de la durée de cotisation et la prise en compte de la pénibilité.

Les socialistes l’ont votée à la quasi-unanimité, contrairement, d’ailleurs, au reste de la gauche.

 

J’étais contre parce que je suis un éternel défenseur de la diminution du temps de travail et que je ne voyais pas comment on pouvait prendre en compte la pénibilité sans générer une haïssable usine à gaz sans compter que la notion de pénibilité me paraissait parfaitement suspecte, comme si ce n’était pas pénible d’être cadre commercial au forfait soumis au stress, à une douzaine d’heures de travail quotidien, à d’incessants déplacements…

J’avais néanmoins à peu près fermé ma gueule d’autant que, comme nous tous réunis ici, je n’ai strictement aucune idée de ce qu’il faut pour sauver le système de retraite par répartition et, surtout, j’aimais à faire preuve de solidarité avec le gouvernement que je défendais par ailleurs.

Je m’amusais, quand même, à voir la gauche radicale et néanmoins verte hurler de concert avec l’opposition de droite…

 

Peu importe tout ça, c’est le passé ! Je vois déjà des andouilles expliquer que c’est à cause de ce genre de mesures que François Hollande n’a pas été en mesure de se représenter, en oubliant qu’elles ont elles-mêmes défendu une réforme qualifiée de modérée : la CGT était contre, la CFDT approuvait et FO disait qu’elle n’était pas suffisante… La routine.

Ils peuvent toujours « expliquer » mais ils oublient que la gauche a bien sombré depuis et que le radicalisme forcené en est une des causes.

 

J’évoquais, dans mon dernier billet, une déliquescence de la République. Le type d’opposition débile que l’on rencontre actuellement rentre parfaitement dans ce cadre. Comment voulez-vous que les Français s’y retrouve quand, sur un même sujet, une formation critique les procédés du gouvernement alors qu’elle les a pratiqués quand elle était au pouvoir.

Comment ose-t-elle critiquer une réforme qui, au fond, n’est que le prolongement de ce qu’ils avaient faits ? Comment ne pas dire franchement que le recul de l’âge de départ à 64 ans n’est que du pipi de chat vu que la durée de cotisation, qu’ils avaient eux-mêmes augmentée à 43 ans, ne change pas ?

N’y avait-il pas d’autres moyens de s’opposer ? Nous avons une réforme qui ne sert à rien. Macron lui-même y était opposé il y a cinq ans, le COR ne croit pas à sa nécessité, le pays est contre (j’ai déjà écrit ça avant-hier…). Par contre, on a une opposition de gauche qui martèle des slogans au sujet de cet âge, comme si les Français étaient assez abrutis pour penser que leurs mômes qui font des études jusqu’à 23 ou 24 ans pourraient prendre leur retraite à 62 ! Comme si l’évolution du monde du travail, du monde tout court, d’ailleurs, ne nécessitait pas une autre réflexion…

Ils sont passés à côté du sujet principal : le niveau des retraites. Cela n'a pas empêché la majorité de raconter n'importe quoi au sujet des 1200 euros. Majorité et opposition ont oublié les classes moyennes, encore une fois. L'opposition a hurlé pour taxer les riches sans même se rendre compte qu'ils condamnaient la retraite par répartition, au profit d'une indexation sur les gains boursiers (ou un truc comme ça).

 

La dénonciation, par l’opposition, de l’utilisation des moyens légaux par le gouvernement, tout en n’évitant pas de faire de l’obstruction parlementaire, est assez délirante et participe à la déliquescence dont je parlais.

Il est clair que les Français n’ont plus confiance, ni dans le centre, ni dans une gauche raisonnable, ni dans une droite à la ramasse, ni dans une gauche radicale qui ne fait qu’hurler des slogans.

En 2027, on continuera à s’étonner du résultat des élections et d’accuser les autres.

 

09 mars 2023

Le deuil de la République

 


Je me demandais comment repartir dans ce blog après « la disparition » de ma mère qui était peut-être ma lectrice la plus fidèle pendant une quinzaine d’année, je me disais que nous étions étrangement proches, au niveau politique, à un point que je me suis toujours demandé si elle n’acquiesçait pas, à me propos, uniquement pour me faire plaisir. Je l’appelais presque tous les jours depuis que maison de retraite avait été confiné et, souvent, elle me demandait des nouvelles de la politique après avoir donné des nouvelles et prises celles du quartier. Souvent, j’éludais la question d’un simple « Bah ! Rien de neuf ! Ils sont tous fous… ».

Ce matin, je me demandais ce que j’aurais pu évoquer au cours d’une conversation et me disais que « ils sont tous fous » aurait bien été compte tenu du nombre de sujets à aborder. Tenez ! J’ai vu, dans Facebook, que des imbéciles avaient renommé la « journée internationale du droit des femmes » par « journée internationale du droit des femmes et des minorités sexuelles ». Ce wokisme imbécile tuera la gauche.

Elle et moi étions bien remontés contre les débris de notre famille politique et la connerie d’une opposition… Tenez ! Hier soir, j’ai vu des types de la Nupes gueuler contre l’obstruction parlementaire par la droite au Sénat à l’occasion du débat sur la réforme des retraites. Cette obstruction aurait empêché le Sénat de débattre sur l’âge de la retraite (ce qui était d’autant plus con que l’article est bien « passé » cette nuit)… Comme si la Nupes avait oublié qu’elle avait elle-même fait cette obstruction, sur le même sujet, à l’Assemblée Nationale…

Nous n’aurions sans doute pas évoqué cette réforme des retraites, en général. A quoi bon parler : nous étions sans doute d’accord. Réforme idiote. On aurait pu parler, par contre, des actions de LFI comme Boyard qui avait lancé le « blocus challenge », relayé par Mélenchon, montrant que ces guignols n’ont aucun respect pour le Parlement alors qu’ils veulent une nouvelle Constitution… favorisant une démocratie parlementaire.

 


La suite nupsiale n’est néanmoins pas la seule préoccupante. Dupond-Moretti a fait deux bras d’honneur à dans l’hémicycle, récemment. Il aurait dû démissionner ou être viré. Je ne suis pourtant pas du genre à appeler au départ d’un ministre mais la République et ses institutions, ça se respecte ! D’ailleurs, je ne vois plus comment nous pourrions gueuler quand les pingouins de LFI foutent le bordel dans nos Assemblées…

La macronerie n’est plus crédible pour la défense des valeurs républicaines. Point barre. Qu’un ministre craque, on peut comprendre, mais, à ce niveau, il faut le virer. Point barre.

 

Et l’acharnement de Macron autour de cette réforme débile est incompréhensible : il était lui-même contre il y a cinq ans, le Conseil d’Orientation des Retraites est contre, la plupart des Français sont contre. La parole présidentielle est contredite par le président en question.

Nos Institutions perdent tout leur sens.