En salle

31 mai 2023

La carte, c'est Vitale !

 


Le gouvernement et la droite (si tant est qu’on puisse trouver une différence tant le premier cherche à faire une majorité) préparent une loi sur l’immigration et on en parlait beaucoup hier (pour ma part, ça fait plusieurs mois que j’évoque le sujet dans mon blog). Parmi les dispositions, on parle beaucoup de la fusion de la carte d’identité avec la carte Vitale et j’ai participé à plusieurs discussions dans Twitter et Facebook hier.

Pour les partisans comme pour les opposants à cette mesure, beaucoup d’âneries sont racontées. Désolé de faire un billet un peu technique mais revenir à la base n’est pas toujours inutile…

 


Tout d’abord, j’aimerais connaître le coût réel de la fraude à la carte Vitale. On nous dit que la fraude sociale est de l’ordre de la dizaine de milliards d’euros (Google donne différents chiffres). Mes camarades gauchistes diraient que ce n’est rien par rapport à la fraude fiscale ce en quoi ils n’ont pas tort mais ne mélangeons pas tout. Une majorité porte sur le travail au noir. Il y a les arrêts de travail abusifs. Il y a ce que les prestataires de santé (notamment les centres ophalmolomachins ou dentaires) facturent à la sécu sans raison. Je vous passe les allocations familiales indues et les prestations bidons versées à l’étranger.

Je repose la question : quel est le montant de la fraude à la carte Vitale ?

De ce montant, déduisons le montant de ceux qui fraudent « de bonne foi » ou sans conséquence (genre le mec qui a perdu sa carte Vitale et prend celle de son grand père). Déduisons aussi le montant des dépenses qui auraient été engendrées par les fraudeurs qui, pour la plupart, ont quand même besoin d’être soignés ? A ce stade, il doit bien nous rester un montant mais je ne suis pas persuadé qu’il soit supérieur au coût des mesures envisagées…

 


Un renforcement des mesures de contrôle des cartes Vitale (et je n’en suis pas partisan) permettrait de vérifier que le titulaire est bien l’assuré social et a bien le droit à des prestations. Certes. Mais pourquoi l’assuré social aurait-il une carte d’identité ? Un étranger qui vit et travail en toute régularité en France est bien un assuré social. Quel rapport entre l’Assurance maladie et la nationalité ?

Par ailleurs, il ne revient pas au personnel médical de vérifier l’identité des gens mais de contrôler qu’ils sont bien « bénéficiaire » de l’assurance maladie.

Avec ces considérations fonctionnelles, on peut penser que la fusion n’a aucun intérêt, voire n’a aucun sens. Faudrait-il permettre d’adosser la carte Vitale à un titre de séjour, par exemple ?

 

En revanche, il y a des travaux (qui sont en retard) pour permettre d’avoir la carte d’identité sur smartphone ce qui faciliterait, par exemple, j’ajout d’une couche de biométrie (mais le sujet n’est pas là). Je ne vois pas pourquoi, à terme, on n’aurait pas aussi le permis de conduire sur smartphone. Alors pourquoi pas la carte Vitale sur smartphone.

Dans ce contexte, on n’aurait aucun complexe à avoir différents « papiers » dans le même support. C’est indubitablement l’avenir même si tout le monde n’a pas de smartphone et qu’il restera des exceptions à gérer. Mais, si on peut tout avoir dans le même smartphone, pourquoi ne pourrait-on pas tout avoir dans la même carte ou, plus précisément, la même puce ? La technologie le permet tout comme on peut facilement avoir une étanchéité entre les applications dans une puce (il reste à en convaincre le grand public mais les cartes à puce sont un peu mon job).

 


Parlons maintenant de ce à quoi sert la carte Vitale ?  Objectivement, son principal intérêt est d’être un point d’entrée aux traitements administratifs de ce qui est lié aux consultations notamment en évitant la transmission « manuelle » des feuilles de soin, leur saisie et j’en passe. Le tout, évidemment, pour faire de grosses économies. Il reste de la marge de progression : les arrêts de travail, par exemple, ne sont pas automatisés et les ordonnances sont toujours sur papier. S’il n’y avait pas toute cette informatisation, on ne pourrait pas mettre en place le paiement automatique des toubibs et donc permettre aux braves gens qui n’ont pas d’oseille de se soigner. On ferait mieux de s’occuper de « la marge de progression » pour faire d’autres économies que de dépenser du pognon dans la lutte contre la fraude.

Cela dit, le numéro de sécu pourrait très bien être utilisé et la carte ne pourrait alors servir que pour éviter au personnel (toubibs, pharmaciens…) de saisir le numéro.

Ce n’est évidemment pas le seul intérêt de cette carte. Je suppose qu’elle permet au personnel soignant d’avoir accès à des données médicales du patient. Ah non, tiens ! On peut se faire soigner sans carte Vitale tout en ayant le même service.

Parfois, il nous faut « mettre à jour » la carte. Je ne sais pas ce qu’il est mes à jour. Je trouve ça complètement con, les systèmes étant connectés, un accès au SI de la CPAM est toujours possible. Pourquoi faire des mises à jour ? Le mystère reste entier pour moi. Il n’empêche que ça sert forcément à quelques chose (même si la conception date d’avant l’interconnexion via Internet).

Si la carte facilite l’accès par le toubib au système d’information de la CPAM et autres machins, elle permet aussi aux centres de soin (qu’ils soient un simple toubib comme un mastodonte comme les hôpitaux de Paris) d’avoir accès aux dossiers médicaux qui leur sont propres.

 


Si la carte permet d’identifier un assuré social pour tous les trucs que je viens d’évoquer (et certainement d’autres) pour… s’assurer qu’il l’est, il faut aussi qu’elle soit sécurisée (que les systèmes puissent vérifier qu’elle a bien été émise par un organisme agréé pour une personne précise). Je suppose qu’un système de cryptographie permet de le faire. Il faut aussi s’assurer que celui qui la présente à un personnel de santé en soit bien le propriétaire.

C’est délicat. Que faire par exemple pour une personne qui confierait ses gamins à ses propres parents pendant les vacances ou prêterait sa carte à son gamin pour qu’il puisse faire une consultation tout seul ? Ou que feraient les écoles ou les colonies de vacances en cas de problème de santé (je ne dis pas qu’il n’y a pas de solution mais nous sommes loin des cartes Vitale !) ?

Les exceptions sont tellement nombreuses que je ne vois pas bien comment les traiter correctement par un changement sur les cartes ? Alors leur fusion avec la CNI… Au niveau de la lutte contre la fraude, elle n’apporte pas grand-chose… Il faut bien soigner les gens malades qui ne peuvent pas avoir de Vitale fusionnée avec une CNI (et je parlais, plus haut, des assurés sociaux n’ayant pas la nationalité).

 

Si la carte permettait de vérifier l’identité de celui qui la présente, ça serait un plus. Il n’empêche que je ne suis pas persuadé qu’il revienne au personnel médical de vérifier l’identité des gens sauf pour éviter de leur faire une greffe des testicules alors qu’il faudrait juste enlever du gras au foie.

 

Si vous cherchez des informations sur le sujet (la fusion) dans Google, vous trouverez des arguments liés à la protection des données. On voit par exemple des gens qui craignent que le ministère de l’intérieur puisse avoir accès à vos données médicales.

Or, ce n’est pas la carte Vitale qui donne accès aux données mais les autorisations attribuées à l’ordinateur qui consulte. Je suppose que le toubib, par exemple, a un système d’authentification forte. Et c’est bien ce qui importe – ou devrait importer – la sécurisation de l’accès aux différents SI.

Dans notre contexte, la RGPD est importante, évidemment, mais la carte Vitale ne joue aucun rôle dans le processus. Si un terminal d’un service du ministère de l’intérieur peut accéder aux données de la CNI, il ne pourra pas accéder aux données « santé ». Point.

Je suis d’accord qu’il faut être prudent et avoir confiance mais, techniquement, il n’y a aucun problème.

 


Désolé d’avoir fait un billet différent par rapport à d’habitude, surtout dans un domaine que je ne connais pas spécialement (vos remarques en commentaire seront les bienvenues sauf si vous êtes un vieux con sénile persuadé de tout savoir mais se plantant généralement). Je connais bien, par contre, la sécurité par carte à puce et, d’une manière générale, ces problèmes de sécurisation des connexions à des SI (pas d’un point de vue technique, dans ce dernier cas, mais d’un point de vue fonctionnel).

Il me paraissait important de faire le point avant que cela ne parte en couilles pour des raisons politiques.

 

J’imagine bien, par exemple, mes camarades de gauche dénonçant le flicage des étrangers alors que, en fin de compte, le nouveau système permettra surtout de s’assurer que les titulaires d’une CNI seront bien des assurés sociaux.

Avec ce volet de la réforme, j’ai bien l’impression quand même que l’on marche sur la tête (ce qui ne veut pas dire qu’elle ne soit pas nécessaire pour d’autres raisons, notamment la réduction des coûts).

30 mai 2023

Restons miséricordieux avec notre calendrier

 


« Supprimons les références aux fêtes religieuses dans notre calendrier républicain : déclarons fériées les fêtes laïques qui marquent notre attachement commun à la République, aux révolutions, à la Commune, à l'abolition de l'esclavage, aux droits des femmes ou des personnes LGBT. » Voila ce qu’a déclaré Eric Piolle, hier.

Mon copain FalconHill n’est pas content. Moi non plus. Mon optimisme naturel me laisse à penser que, au moins, Piolle nous permet une amusante distraction : nous demander s’il tient ces propos par clientélisme, par connerie ou par conviction, ces différentes options, notamment les deux dernières n’étant pas exclusives. C’est un récidiviste de la provocation opportuniste (sa page Wikipedia est là pour le montrer).

 

Je n’aime pas du tout la formulation de son tweet. Tout d’abord, il réduit la laïcité à des fêtes ou des commémorations en l’excluant de fait, des valeurs de la République dans lesquels il fait figurer un peu de tout, non pas que ce dont il parle ne soit pas très important mais, pour les catalogues, je préfère La Redoute, voire la Samaritaine où l’on trouve tout sauf de l’intelligence des cadres d’EELV. Prenez ses « droits des femmes ou des personnes LGBT », et les « droits de l’Homme » (renommés « droits Humains », ils puent de la gueule au pays des droits de l’homme…).

En fait, on a l’impression qu’il crache à la gueule des valeurs de la République sans même se rendre compte. Quant aux fêtes laïques, un de ces jours, il va les confondre avec les fêtes païennes. Pour l’instant, je suppose qu’il pense à Noël qui est la fête des enfants et à la Pentecôte, le jour férié qui permet de passer le week-end chez les beaux-parents, au 15 août qui est l’occasion de faire des balluches au milieu de l’été…

Ces quelques fêtes « catholiques » font partie de nos coutumes et autres traditions et les remettre en cause serait un beau coup de hache dans la République en question…

 


La question à se poser est plutôt de savoir si on ne pourrait pas ajouter un ou deux jours fériés en fonctions des fêtes musulmanes (ce qui serait plus facile si ces braves arrivaient à déterminer les dates de l’Aïd et autres machins plus que deux ou trois jours à l’avance : il faut bien imprimer les calendriers…).

En bon sympathisant de gauche, pour ma part, je n’ai aucun complexe à ajouter des jours où l’on ne travaille pas et je n’ai pas besoin de me cacher derrière la laïcité pour raconter des conneries. Je peux le faire au bistro et la laïcité n’est pas la haine des catholiques.

 

Cela me rappelle, il y a quelques années, quand nos gauchistes en peau d’ours militaient pour défendre le repos du dimanche sans se préoccuper, d’une part, du fait que la famille soit tout de même une valeur de droite et, d’autre part, que le dimanche était chômé pour permettre aux andouilles d’assister à la messe.

C’est d’autant plus rigolo que le repos dominical avait été sanctuarisé en 1906 en compensation, pour le clergé, de la loi de 1905. L’histoire, c’est compliqué. Si Piolle veut supprimer les fêtes religieuses, il pourrait aussi supprimer le dimanche chômé. Ou alors, ajoutons le vendredi comme jour chômé, pour le jour de la grande prière hebdomadaire. Et n’oublions pas le samedi même si nous avons sûrement des hordes d’antisémites se croyant à gauche qui pourraient hurler.

 

Ne touchons donc à rien… (même si je ne déconne pas vraiment pour l’Aïd, je ne vois pas pourquoi mes collègues seraient obligés de prendre un jour de congés pour fêter leur truc alors que je peux passer mon lundi de Pâques au bistro).

 


C’est très fatigant de voir des lascars comme Piolle remettre en cause certains de nos héritages, tordre le cul aux valeurs de la République pour en faire une liste qui l’arrange. Surtout, n’oublions pas l’abolition de l’esclavage au cas où on aurait des renois inscrits sur les listes électorales. Je pourrais ajouter, d’ailleurs, que l’abolition de l’esclavage n’est pas une valeur de la République mais si on peut, voire on doit, la commémorer (ce qui est d’autant plus rigolo qu’on trouve toujours des zozos pour remettre en cause la date choisie). Les valeurs qui y correspondent sont la liberté et l’égalité. Ce n’est tout de même pas compliqué, si ?

S’il faut arrêter de remettre en cause la République et ses valeurs, il faut aussi arrêter d’enterrer ses valeurs et quelques faits comme celui de l’héritage de notre nation, basé, tout de même en grande partie sur la chrétienté. S’il faut égorger les lascars de droite qui veulent inscrire cet héritage chrétien dans la Constitution car nous n’avons pas à mélanger les sujets, il ne faut pas oublier que la plupart des militants qui gobent se bordel ont au moins trois quarts de leurs grands-parents catholiques ou musulmans.

Moi pas.

Je n’ai pas attendu une mode pour taper sur les cathos mais cela ne m’empêche pas de défendre la liberté de conscience de ces braves gens comme de tous les autres et ma laïcité, voir mon anticléricalisme ne me fait pas tout enterrer dont le respect des religions, de toutes les religions…

 


Le clientélisme de gens comme Piolle est insupportable. Il ne s’adresse même pas aux musulmans mais à des militants de gauche dont les fils se touchent.

29 mai 2023

Justine Pouët Pouêt pas blanchie à Cannes

 


J’ai l’impression que les cérémonies que nous organisons un peu trop souvent pour célébrer les artistes sont bien souvent ponctuées de discours idiots d’espèces de starlettes boboïsantes et pétant plus haut que leur cul sur des sujets politiques divers en jouant à la révolutionnaire en culote courte. Je suis désolé d’être désagréable mais je suis fatigué de voir des andouilles gâcher la fête… Je ne connaissais pas Justine Triet et j’ai bien l’impression de ne rien avoir perdu.

La suite, dans les réseaux sociaux, fût tout aussi ridicule avec tout d’abord les macronistes se ruant pour casser mémère avec des arguments idiots comme des propos sur ses émoluments et sur le bénéfice financier de l’exception culturelle française. Ils ont été pourchassés par des gauchistes au nom de la liberté d’expression et, justement, la défense de l’exception culturelle française.

Je ne sais pas si on n’y comprend rien ou si on s’en fout totalement. Ce qu’il y a d’amusant c’est que si elle avait fait un discours critiquant un gouvernement de gauche, les réactions auraient à peu près été inversées. Je me demande si le fond à la moindre importance.

 

Il n’empêche que le résultat est assez simple : les Français auront encore eu l’impression qu’une bobo née avec une cuiller en argent dans la bouche a fait son petit rôt pour se rendre intéressante. Et j’en ai marre que des actions menées au nom de la gauche éloignent de plus en plus les électeurs des bulletins de vote qu’on se fatigue à imprimer.

Quand comprendrez-vous que ces bisbilles qui vous font plaisir ne provoquent toujours le même sentiment chez les braves gens ? 


Le côté réjouissant est que j'ai vu fleurir un nombre intéressant de spécialistes du financement de la production filmographique française, dans les réseaux sociaux. On a toujours autant de spécialistes, ça fait plaisir.


A part ça, j'ai lu un article sur son film, tout de même. J'espère que c'est bien fait (ce dont je ne doute pas, compte tenu de l'obtention de la palme) parce que ça a l'air quand même bien chiant. Si j'ai bien compris, il s'agit de faire parler un môme aveugle qui a vu quelque chose qu'il n'aurait pas dû voir. La canne blanche pour la palme d'or ?

 


25 mai 2023

10 conseils pour lutter contre la peste brune (à défaut du staphylocoque doré)

 


Aujourd’hui, nous allons traiter scientifiquement un sujet important : comment faire baisser le Rassemblement National. Rassurez-vous ! Je n’ai pas la science infuse mais c’est une bonne occasion de rigoler et de ronchonner contre tous mes camarades qui luttent depuis 40 ans sans se rendre compte que si le parti d’extrême occupe une telle place lors de nos élections, c’est bien parce qu’ils ont échoué. Disons : que nous avons échoué.

Nous l’avons fait, bien sûr, dans cette lutte, mais aussi une autre : les gens ne votent plus pour nous. Ce n’est pas l’objet de ce billet (dans les autres, je n’arrête pas de donner mon avis sur les raisons…).

L’idée m’en est venue car je suis fatigué de voir les uns et les autres, à savoir la gauche et « le centre », c’est-à-dire les partisans d’Emmanuel Macron se renvoyer la balle : c’est la faute des autres nananère. J’ai eu la confirmation de cette nécessaire « mise au point » dans Twitter, quand j’ai vu un message qui m’étais adressé ce matin. Un copain avait diffusé une photo de cadres de LFI se dirigeant vers Saint-Brévin en critiquant la récupération politique. Je lui ai dit qu’il avait raison et que c’était une bande de néfastes. Une espèce d’andouille m’a alors dit : « Ceux qui sont néfastes ce sont ceux qui ont commis les actes violents c est à dire l extrême droite ...mais vue l absence des macronistes de la droite ça ne les dérangent pas ».

Tout y est, y compris les erreurs de ponctuation et la tournure débile de la phrase qui font qu’on ne peut s’y intéresser. Et il y a un détail… Observez la une de Google News, ce matin. Personne ne parle de cette manifestation. La presse s’en fout. Parce que le peuple aussi…

 


Petit 1 : il faut arrêter de regarder le Rassemblement National comme l’héritier direct des partisans d’Hitler, de Mussolini et des racailles françaises qui ont fleuri à cette époque. Je sais que des « ponts » existent et je n’ai pas la mémoire courte, je ne suis pas un lapin de six semaines, mais la question n’est plus là.

Prenez le PS. Il a été écartelé dans les élections entre LFI et Renaissance (LREM). Peu importent les raisons. Alors prenez LR, l’ex-UMP, elle a subi le même sort : écartelée entre ses deux bords, Renaissance et RN. Les raisons importent et je parlerai après d’une partie. Il n’empêche que les électeurs du RN sont sans doute majoritairement des anciens électeurs, au sens où ils en ont le profil, des partis de gouvernement de droite, UMP, UDF, RPR… Ils ne sont pas une bande de nazis même s’ils sentent l’ail. Eux-mêmes ne voient pas Marine Le Pen comme le führer ou le duce mais comme la génération d’avant voyait des Chirac, Giscard, Pasqua, Seguin… (au pif, il ne s’agit pas pour moi d’attaquer), autant de lascars que nous ne pouvions déjà pas blairer voire que nous prenions pour des tortionnaires sanguinaires… Je vieillis, pas vous, mais tant pis. Comme emblème, on pourrait citer « le bruit et l’odeur » de Chirac qui a quand même fini par se faire élire avec des thèmes de gauche comme « la fracture sociale ».

Nous aurons prochainement des formations politiques qui se glisseront à droite du RN et Marine (ou Jordan…) poursuivront leur « normalisation ». Tel un petit Darmanin qui, 10 après avoir lutté contre le mariage pour tous en devient un chaleureux partisan. Mais konkomonné, on verra toujours le RN comme des fachos et on oubliera le danger vu que les nouveaux ne seront plus les descendants de Le Pen père et de ses copains.

C’est un peu comme les cadres du parti qui sont là parce que c’est le RN qui leur a ouvert les portes. Les guignols que l’on voit s’agiter à l’Assemblée ne sont là pour mettre les juifs, les arabes et les homosexuels dans des camps de concentration.

 

Concluons ce petit 1 un peu trop faisandé. Tout d’abord ne nous trompons pas d’ennemi (l’adversaire est celui qui est réfractaire à nos idées d’évolutions sociales, pour résumer). Ensuite, arrêtons d’expliquer aux gens qu’ils sont des dangereux tortionnaires. Ca n’aide pas à devenir copains. Cela prête même à un enfermement.

 


Petit 2 : s’il ne faut pas se tromper d’ennemis (ou d’adversaires) et si je peux en préconiser d’autres, l’adversaire principal est bien la droite dure, dont le RN, pas « le centre ». Il faut donc arrêter les tirs de barrages contre le centre et viser la droite dure.

Petit 3 : en conséquence, il ne faut jamais voter avec le RN et les autres pingouins réactionnaires. Imaginons qu’un centriste issu d’une droite dure présente un texte de loi pour baisser l’âge de la retraite et qu’il est soutenu par l’extrême droite, il faut voter contre même si on veut baisser l’âge de la retraite. De toute manière, on n’a aucune chance de réussir. La consigne doit être : on ne vote pas avec des députés qui ne sont pas pour le progrès social et qui soutienne une loi par pure opportunité. Point barre.

Notons en aparté que la droite traditionnelle a fait une erreur similaire. En luttant plutôt contre l’augmentation de l’âge de la retraite, elle a tourné le dos à ses positions d’origine. Pourquoi ses électeurs resteraient chez elle ? A part par haine du centre (qui est devenu la droite dans nos esprits embrumés).

Petit 4 : il faut arrêter de jouer aux révolutionnaires en culottes courtes, de taper sur les forces de l’ordre, de critiquer les institutions. Une partie non négligeable aime l’ordre voire la discipline et n’hésite pas à voter pour des gens qui incarnent ce bordel. Sans compter, objectivement, que je ne pense pas qu’on ait perde à se montrer républicains…

Venons-en à l’essentiel.

 


Petit 5 : il faut remettre nos préoccupations à leur place, à savoir dans la litière du chat. Je parlais de la manifestation à Saint-Brévin : tout le monde s’en fout, comme de beaucoup de sujet. Je comprends qu’on veuille militer et manifester mais ça ne sert strictement à rien de faire des publications montrant les députés marseillais aller faire les guignols près de l’estuaire la Loire. Outre le fait que c’est sûrement contre-productif (ces zozos ne sont payés pour ça), on se fait plaisir en se donnant l’impression de lutter contre le diable alors qu’on ne fait que pisser dans un violon (je parle des publications dans les réseaux sociaux qui tournent dans des cercles de militants des mêmes bords).

Petit 6 : hier, je voyais une personne qui gueulait parce que l’audition de Marine Le Pen par je ne sais quelle commission de l’Assemblée n’était pas diffusée en direct par les chaînes d’information. Mais que pensez-vous donc des sujets susceptibles d’être regardés par les gens ? Et ne pensez-vous que si la dame arrive à convaincre des électeurs, elle peut le faire aussi dans des émissions regardées uniquement par des locdus qui n’ont rien d’autre à faire ?

Le petit 5 est proche du petit 6 mais ce dernier à un volet supplémentaire : on ne peut pas préjuger de ce qui va rentrer dans le ciboulot des braves électeurs. Aussi bien, ils vont prendre la Marine comme une victime d’un harcèlement par l’establishment, comme dirait son vieux.

 


Petit 7 : il faut arrêter de parler sans cesse de méchants fascistes. Concrètement, c’est depuis qu’on en parle, au début des années 80, que le FN monte. Il faut cesser de faire leur promotion et de foutre dans la caboche des gens que c’est le seul parti un peu différent des autres… Motus et bouche cousue devrait être la priorité. Boycottez en silence si ça vous fait plaisir les médias qui en font trop mais fermez-la ! Même si je sens en vous la volonté de terrasser cette bande d’assassins, voleurs, tortionnaires et, sans doute, mangeurs de salsifis, voire la fierté de mener ce combat, il faut franchement mettre fin à toute publicité.

 

Petit 8 : je parlais au début de Darmanin et du fait qu’il soit passé pour le mariage pour tous. C’est le cas de beaucoup de cadres de droite qui se forcent à prendre des positions issues du progressisme car ils sont tétanisés par l’idée de passer pour des gros ringards. C’est aussi pour des trucs comme ça que LR a perdu des électeurs. Je disais, petit 8 : réfléchissez un peu à ça.

Petit 9 : arrêtons de dire aux gens quoi penser. Par exemple, à gauche, et c’est normal, on défend les minorités opprimées et en particulier les racisés, les homos… Il n’empêche qu’on ne va pas empêcher des braves gens de ne pas aimer des populations diverses. Ce qu’il y a de « mal » (et d’interdit), c’est de les opprimer ou de les discriminer. Et encore, je connais quelques andouilles qui pourraient dire le contraire mais ne faisons pas attention. Ainsi, quand on dit qu’un truc n’est pas un délit mais une opinion. C’est faux quand on le prend au pied de la lettre. Et prétendre le contraire est pratiquer le délit d’opinion.

Ne tergiversons pas : à force d’expliquer aux autres qu’ils méritent la prison s’ils n’aiment pas les Indous pédés, on leur casse les burnes. Ils vont voir ailleurs. Et comme la droite ne peut pas nous donner tort (voir le point 8), ils basculent carrément.

Petit 10 : dans le même registre, ne tuons pas les idoles. Depardieu et Poivre d’Arvor sont peut-être d’immondes violeurs mais les gens les aiment bien. Donc vont naturellement prendre leur défense. C’est mal, je sais, mais c’est ainsi. Pour couronner le tout, ils vont en plus penser que les gonzesses ont fait exprès pour avoir « un poste » ou « un rôle ». C’est une mauvaise pensée mais c’est ainsi.

Ne vous trompez pas ! Je ne veux pas défendre ces salopards mais je pense seulement qu’il faut arrêter de faire leur promotion. Je sais que faire la promotion est nécessaire pour que les femmes osent parler, porter plainte et pour contraindre le gouvernement à débloquer des sous. Mais si le résultat est l’arrivée du RN, on va vite voir l’évolution de la défense des femmes…

 


Ce qu’il y a de bien avec un tel billet c’est que je vais me faire haïr de mes lecteurs de gauche et que ceux de droite vont dire que je raconte n’importe quoi vu qu’ils oublient souvent qu’on n’est pas du même bord.

Hop.

23 mai 2023

L'opposition qui tourne en rond... à contre courant

 


Dans les cercles macronistoniens, ces temps-ci, l’air est à la protestation au sujet de France 2 qui omet de signaler les bonnes nouvelles sur l’état de la France. Dans la mélenchonisterie, au contraire, on ronchonne contre France Inter qui va changer ses grilles de programmes ce qui risque de faire passer à la trappe des chroniqueurs acquis à la cause. Tout cela me fait évidemment bien rigoler (d’ailleurs depuis que je blogue, tous les types de droite me disent que les journalistes sont des gauchistes et tous les types de gauche m’expliquent que la presse est acquise au grand capital). C’est bien une perte de temps et cela m’énerve. J’ai cité deux éléments liés à l’audiovisuel public mais c’est le hasard. C’est bien la perte de temps par mon camp que je fustige et dont je vais causer ici mais ça ne veut pas dire que je suis du camp d’en face.

D’ailleurs, « chez Macron », ils pourraient aussi prendre du recul. France 2 n’est pas un média de gauche mais une entreprise qui doit plaire à son actionnaire, au fond… Tout comme on peut dire que les humoristes de France Inter ne sont drôles que parce qu’ils tapent sur le gouvernement.

Avec toutes ces conneries, on se fait plaisir au sein de militants de chaque camp, mais je ne suis pas persuadé que l’analyse politique avance…

 

Mais qu'elle mépris !

Macron méprisant ?

C’est à la mode de le dire. Objectivement, il faut reconnaître que Mitterrand était largement plus méprisant. On va se moquer de Chirac, vu que je cause à la gauche et que, au fond, on aime tous assez bien « le grand ». Côté mépris, il se posait là, non ? Prenons des citations. « Pendant 20 ans on m'a pris pour un parfait ignorant parce que j'avais fait courir le bruit que je n'aimais que les romans policiers et la trompette militaire. » Je vous laisse traduire. Le côté « j’ai fait croire que j’étais du peuple » n’est pas spécialement flatteur pour ce dernier.  Ou « Les promesses n'engagent que ceux qui les reçoivent. » C’est pas lui avait dit un truc du genre « il n’y a plus de raison de s’emmerder » quand la droite avait récupéré tous les pouvoirs ? Sarkozy, au fond, pourrait passer pour un des moins méprisants, avec Hollande qui avait un joli côté empathique.

Il n’empêche qu’on se demandera toujours si Sarkozy n’est pas arrivé au pouvoir avec une grosse tricherie sur les comptes de campagne et j’ai toujours du mal à digérer « l’inversion de la courbe » de pépère (comme s’ils n’avaient pas de prévisionnistes…).

Qui est méprisant ?

 


L’inflation, heu…

Elle est indubitable. Même moi, un peu hors norme (je gagne bien ma vie et je n’ai que moi à nourrir), j’ai parfois l’impression qu’elle a dépassé les 50%... Toujours est-il qu’en attribuer la responsabilité au gouvernement est d’autant plus osé qu’elle est moins forte chez nous que dans des pays voisins.

Il n’empêche qu’une récente enquête a montré que les Français achètent surtout de l’eau en bouteille, du Ricard et de la bière (pour ces deux derniers points, je les rejoints, pour l’eau en bouteille, ce n’est pas plus mal pour l’environnement), côté liquide, et du le Nutella et les rochers Suchard, côté solide. Tu parles de priorités…

 


La réforme des retraites rejetée par une majorité de Français ?

Ils sont tous simplement comme vous et moi : ils trouvent con de travailler plus alors qu’il y a du chômage et des gains de productivité et ils se demandent comment on peut nous les brouter pour une dizaine de milliards d’euros vu combien de pognon est brassé… En revanche, on ne me fera pas croire que 90% de la population serait prête à se battre.

D’ailleurs, les partis de gauche et les organisations syndicales ne sont pas cinglées : ils ont mis l’espèce de lutte en suspens, le temps que passent le mois de mai et ses ponts. Ils vont vaguement reprendre, ensuite, pour garder les troupes mobilisées puis les vacances vont arriver et ils vont bien se garder de mettre tout le monde à dos.

 

L’article 40, antidémocratique ?

Je deviens un peu technique mais comme je viens de parler de la réforme des retraites, continuons dans la foulée. Le groupe « LIOT » (une espèce de conglomérat) va mettre aux votes, à l’Assemblée, un projet de loi pour annuler l’augmentation de l’âge de départ. Nos braves gauchistes, dans les réseaux sociaux, notamment, gueulent parce que le gouvernement cherche à faire annuler la discussion soit par une déclaration d’inéligibilité soit par de l’obstruction parlementaire. Je passe sur le fait que la loi a déjà été voter et que revenir dessus est délirant et met en cause nos institutions (la seule solution est la paralysie du pays). Je passe aussi celui que la loi est sans doute réellement inéligible (ce que l’on disait d’ailleurs du projet du gouvernement, presque pour les mêmes raisons).

Il se trouve que l’on reproche au gouvernement ce que « nous » avons nous-mêmes fait (inéligibilité et obstruction) lors du passage du texte initiale, que l’on voudrait abroger. On ne nous prend pas un peu pour des cons, demandent en cœur les Français ?

 


Les violences policières…

Je n’ai pas franchement d’avis sur l’augmentation des violences policières dont on nous parle. Il y a peut-être d’autres facteurs à prendre en compte. Par exemple, on a eu les manifestations des gilets jaunes mais, au fond, on ne savait pas ce qu’ils voulaient à part plus de pognon… Ils pourraient aussi manifester contre le staphylocoque doré, au fond (ceci est une fine allusion culturelle). Après, est-ce qu’on n’a pas réellement une augmentation des violences liée à la présence de plus en plus prononcés de casseurs divers…

Par ailleurs, je rappelle qu’il y a dix ans, c’est la droite qui gueulait contre les violences policières lors des manifestations d’opposition au mariage pour tous. Même que ces cons-là envoyaient des gamins dans les manifs pour empêcher les tirs de lacrymo ! Au fond, ce qui me dérange n’est pas la critique du gouvernement, pour ce sujet, mais une remise en cause permanence de la légitimité des forces de l’ordre.


 

Chômage

Ce n’est pas un sujet qu’on évoque ces jours-ci mais c’est une espèce de marronnier depuis la nuit des temps : le Gouvernement publie un chiffre et l’opposition surgit en gueulant qu’on nous ment, qu’on ne prend pas en compte les bonnes catégories de chômeurs, que ça s’explique par la politique de radiation et tout ça ! Tu parles… Ca fait 30 ans qu’on nous dit qu’on radie trop… A ce point, on devrait arriver à un taux négatif !

On ne pourrait pas tourner la page ?

 

C’est con, les révolutionnaires entrainent souvent les contre-révolutionnaires, comme ces militants contre la manif pour tous… Dont Charles de Courson, qui va déposer le projet de loi pour « baisser » l’âge de la retraite, un lascar bien réactionnaire, attendu par la gauche pour promouvoir le progrès social… en s’associant avec l’extrême droite.

Bravo les gars.

On perd du temps. On ne pense pas à un projet pour la France, à un avenir et on finit plantés aux élections.

21 mai 2023

Lire Dray et refonder la gauche

 


Je vous conseille chaleureusement la lecture de cette interview de Julien Dray avec laquelle je suis totalement d’accord (sauf sur la dotation de 50 000 euros aux jeunes). Je ne vais pas vous le résumer. Débrouillez-vous. Ce qui n’est pas facile, il évoque différents sujets. J’m’vais commencer par revenir sur un paragraphe :

« Jean-Luc Mélenchon n’est pas dans une logique de rassemblement, mais de sommation sur le reste de la gauche. La France insoumise serait la pureté, et ceux qui ne les suivent pas sont potentiellement des traîtres. Il a réussi la petite union de la gauche, pas la grande, parce que, au fond de lui, il n’a pas envie de conquérir le pouvoir. Une gauche unie avec seulement 26 %, cela lui convient parfaitement : ce serait une forme de pureté mais qui resterait toujours minoritaire. »

J’ai moi-même une certaine pureté mais je n’avais jamais abordé cet aspect : Mélenchon n’a pas envie du pouvoir. Il n’empêche que Juju a parfaitement raison : la gauche française telle qu’est est architecturée, à savoir une LFI majoritaire au sein d’une Nupes, ne peut pas dépasser 26%. Or, pour gouverner, l’histoire a montré que la gauche devait avoir au moins 40% des électeurs qui la suivent (au premier tour d’une élection nationale. C’est le minimum : celui obtenu à la présidentielle de 2012, montant à 47% pour les législatives).

En 10 ans, donc, la gauche non extrême est passée de 46,77 à 29,36 (dont 25,66 pour la Nupes). La question n’est plus de savoir pourquoi : les divisions sont trop fortes, à gauche, pour que l’on puisse trouver un compromis, certains continueront à critiquer la politique menée du temps d’Hollande et les autres un trop fort radicalisme…

 

Si la question n’est pas de savoir pourquoi, il faut bien reconnaître que la stratégie Nupes à la sauce Méluche est un échec (même si elle a permis de sauver quelques meubles par rapport à 2017). Non seulement la conquête du pouvoir ne s’est pas faite mais il faudrait augmenter de 30 ou de 50% le taux de votants pour la gauche.

Voire plus. Pour passer de 26 à 40, il faut bien monter de plus de la moitié…

Parmi les données chiffrées pouvant participer à cet échec, il faut citer l’arrivée d’un ovni, le centre, venu de nulle part et dépassant les 26%. Le système électoral a fait le reste pour expliquer comment un parti centriste peut gouverner avec 26% au premier tour alors qu’il en faut 40 à un parti de gauche. Je me répète : tout cela est factuel.

 

Je considère que je fais partie de ces « 14% » qu’il faudrait aller chercher mais il est absolument hors de question, pourtant que je vote pour la Nupes. Ne me dites pas que je ne suis pas souple : je n’ai pas voté aux législatives pour une raison simple, c’est qu’il était sûr que l’élu de ma circonscription serait Nupes. Et chacune des personnes de gauche n’ayant pas voté Nupes a ses raisons… Il faudra bien des concessions de la Nupes, donc de LFI, pour sortir de ces 26%. C’est encore une fois purement factuel.

La première concession est d’admettre qu’on est mal barré. La seconde sera de lire Julien Dray : « Le défi pour la gauche n’est pas seulement de faire l’union ou un programme clefs en main, mais d’avoir l’ambition conséquente d’un Conseil national de la résistance, avec un projet limité, qui ne promette pas de tout changer mais qui fixe des priorités vitales pour remettre le pays sur pied et corriger cette société qui a continué à se déliter sous Emmanuel Macron. »

Rappelons que le CNR fut un groupe de lascars en désaccord qui ont tout de même travailler ensemble pour nous sortir de la mouise.

 

Mes « 14% » n’en font pas moins que je devrai être dans l’électorat du PS. « Je suis en colère contre la direction actuelle du PS dont je ne connais toujours pas la position réelle sur la montée des violences dans la société par exemple, sur la maîtrise des flux migratoires par la défense de quotas, sur la montée de l’islamisme radical antisémite, ou même sur la VIe République. Le PS brille surtout par ses impensés. Si ce travail intellectuel avait été fait, le PS serait redevenu le centre de gravité de la gauche et le débat avec Jean-Luc Mélenchon aurait été bien différent. » Ce n’est, encore une fois, qu’un extrait de ce que dis Julien Dray et je suis parfaitement d’accord, encore une fois. Que le PS redevienne le centre de gravité de la gauche n’est pas mon propos aujourd’hui (je le pense pourtant nécessaire au sens où la victoire ne peut être qu’au centre).

Mais il y a bien un tas de sujets sur lesquels le PS doit clarifier ses positions et sur lesquels il ne peut pas y avoir de concession. J’en ajouterais bien quelques-uns à ceux de Dray (l’Europe, le nucléaire, l’évolution du monde du travail…) mais pourrait-on avoir une liste satisfaisant tout le monde ?

 

Mes copains de gauche défenseur de la Nupes sont concentrés sur le programme. Quel doit être le niveau du SMIC ? Quel doit être l’âge de départ en retraite ? Comment devons-nous avancer dans le développement des énergies renouvelables ? J’en passe : il y avait 600 points, je crois, au catalogue « l’Avenir en commun », programme de LFI et base de la Nupes. Mais on s’en fout. L’ami Julien Dray met dans la balance une bourse de 50 000 euros pour les jeunes et je ne suis pas d’accord. Peu importe.

D’ailleurs, j’ai mis d’emblée le nucléaire. Je veux bien discuter de tout. Des 50000 balles à la manière avec laquelle on pulvérise nos atomes. Par contre, je ne voterai pas pour un parti opposé au maintien de l’investissement dans le nucléaire tant qu’on n’a pas un autre mode d’approvisionnement en énergie. Mais je ne peux pas en vouloir à ceux qui ne sont pas sur la même longueur d’onde car on ne peut pas être d’accord sur tout si on veut une majorité.

 

C’est pour cela qu’il faut que les partis politiques se positionnent sur les grands sujets et qu’il faut arrêter d’avoir une hégémonie de l’un d’entre eux. Et, en fonction de ces grands thèmes, les électeurs pourront trancher, dans les urnes. Il ne faut pas le faire avant. Sinon, le vote devient une sanction. Par contre, si le PS met à son projet les 50000 et la défense du nucléaire, je peux voter pour lui…

Un catalogue de mesures électorales est inutile si des grands choix ne peuvent pas être offert.

 

Non mais sans blague.

Que les partis se mettent au boulot et qu'on arrête ce bordel incessant ! Que diable.

20 mai 2023

Le cas d'école du Quatennens

 


Dans un récent billet, pour conclure, je disais qu’il était dommage (pour LFI, par pour moi) qu’Adrien Quatennens ait été grillé car il était le seul capable de prendre la suite de Mélenchon. Ce dernier point n’est pas mon sujet car je n’ai pas à sauver LFI mais il est assez facile à démontrer. Par exemple, on nous dit que François Ruffin pourrait être l’homme providentiel mais il devrait avoir un destin à la Ségolène Royal. Plébiscité par la gauche, il faudra attendre le premier tour pour s’apercevoir que la gauche ne représente plus rien et le second pour avoir la démonstration qu’il n’avait aucune chance car sa seule personne était majoritairement rejetée. Pourtant, je n’avais pas grand-chose contre elle. Ni contre Ruffin. C’est ainsi.

Je ne vais pas vous faire l’affront de vous montrer sa photo en sweet-shirt vert en train de faire un discours à l’Assemblée pour vous démontrer que ce gars n’arrivera jamais à se mettre dans les… habits du Président.

 


Je conçois fort bien le désappointement des mes amies féministes quand je dis qu’il aurait fallu sauver le petit Quatennens qui a tout de même collé une beigne à sa grosse mais les faits sont là. C’est dommage mais il faut parfois s’asseoir sur ses principes si on veut arriver au pouvoir et mettre en œuvre ses idées.

Cela aurait été assez simple si la gauche n’avait pas cette fâcheuse tendance à vouloir tout dénoncer chez les autres et faire le ménage chez elle. Il aurait fallu museler un peu le parti pour se mettre d’accord sur une démarche unique, en deux points. Tout d’abord : « vous me cassez les couilles, voyez ça avec lui, c’est maintenant le problème de la justice ». Ensuite : « Adrien et son épouse restent nos amis, ils vivent des mouvements difficiles au point qu’il a peut-être craqué, nous devons l’aider. » C’est dommage de le dire mais le grand public ne se formaliserait pas du tout d’un type qui donne une gifle à son épouse au cours d’une discussion houleuse au sujet d’une séparation. Ce n’est quand même pas un type qui tabassait sa femme au quotidien sans savoir pourquoi au prétexte qu’elle le saurait bien, elle-même…

Vous allez me dire que mes propos sont dénués de toute morale. Je vais vous le renvoyer dans la tronche : est-ce bien moral de militer pour la justice sociale, pour l’égalité, le progrès… en faisant tout pour se voir disparaitre des urnes, pour faire arriver au pouvoir une droite qualifiée maintenant de « illibérale » (il y a encore deux mois, personne ne savait ce que cela voulait dire), voire une extrême droite.

Discutez-en au bistro, pour voir ce que pense ce fameux peuple que vous pensez représenter. « Ils nous cassent les couilles » (je me répète et ce n’est pas fini) serait plus proche de « il mérite la plus grosse peine pour ce qu’il a fait. »

 


D’une manière générale, la gauche ne sait pas se défendre et, surtout, ne sait pas défendre les siens ou gérer convenablement une affaire. Prenez l’affaire Cahuzac, à son début. « À partir du 4 décembre 2012, le site d'information en ligne Mediapart publie plusieurs articles affirmant que Jérôme Cahuzac a possédé un compte bancaire non déclaré en Suisse, à la banque de gestion de fortune UBS, jusqu'au début de l'année 2010 (le compte aurait été clos et l'argent déplacé à Singapour avant que Jérôme Cahuzac ne devienne président de la commission des finances de l’Assemblée nationale). » Jusqu’à là, on doit s’en foutre. Il n’aurait jamais fallu évoquer le sujet dans les rangs de la gauche, pour ne pas faire de publicité au canard de cette espèce d’opposant qu’est Plenel. On connait la suite, Cahuzac est le premier à avoir fait une erreur en portant plainte pour diffamation ce qui a obligé la juste à ouvrir une enquête et motivé la presse pour enquêter plus…

N'allez pas croire que je le défende. Au contraire, même, en tant que soutien de François Hollande, j’ai vécu cette histoire comme une des pires trahisons : le gars en charge de la lutte contre l’évasion fiscale était lui-même un coupable. Je dis simplement que l’affaire a été mal gérée par lui mais aussi par toute la gauche qui lui est tombée dessus.

La cote de popularité de François Hollande ne s’en est jamais remise… Certes, la gauche de la gauche ne l’aimait pas mais le résultat est simple, 10 ans après : nous avons une gauche presque morte (tiens ! Elle est même inférieure au niveau qu’elle avait du temps de Ségolène Royal), une politique bassement libérale et l’extrême droite aux portes du pouvoir. Vous trouvez ça moral ?

 


Prenez l’histoire de ce député LFI qui a refilé son logement social à sa frangine quand il a eu les moyens d’acheter des appartements. J’ai vu une interview de Mathilde Panot, par exemple, elle a été nulle et le journaliste l’a torpillée. Elle insiste beaucoup trop sur les procédures, « la fuite » et tout ça. Elle aurait dû dire : « vous me cassez les couilles, voyez ça avec lui, pour le reste, il n’a fait que récupérer le logement social de sa mère lors du décès de cette dernière et a fini par le confier à sa sœur, on ne va pas en chier une pendule, non plus ». Vu ainsi, c’est peut-être illégal mais certainement pas immoral.

Vous pouvez démontrer le contraire mais pensez donc à ce que ressent le grand public. A savoir : rien.

C’est amusant. Carlos Martens Bilongo est un Cahuzac en puissance. Le voila déjà soupçonné d’une histoire de blanchiment de fraude fiscale

 


Ca fait plus de quinze ans que je blogue et que je discute avec des militants de gauche sincères qui me disent qu’il faut être irréprochables, qu’on n’a pas le droit de laisser pisser, que c’est une question de crédibilité. Ils ont sans doute raison mais vous vu où on en est ?

Je ne compare pas les trois affaires dont j’ai parlé (Quatennens, Cahuzac et Carlos) mais seulement leur traitement par cette gauche qui aime tant jouer au chevalier blanc. Il n’empêche que le cas de Médiapart, qui s’était octroyé le droit de payé un taux de TVA réduit, est bien plus scandaleux… Se soustraire à l’impôt quand on veut faire la justice, à gauche, est assez fort, tout de même…

Être moins rigoureux pour ses proches nécessite d’être moins rigoureux pour les autres, c’est ballot.

 


Il faut sauver le soldat Quatennens. Son épouse, Cécile, n’est pas une de ces misérables femmes battues qui méritent tant d’être aidées mais, à ce que j’ai pu comprendre, une femme forte qui a réussi à aller voir la police toute seule, pour une main courante. C’est à la justice de trancher et nous sommes bien dans le cadre d’une affaire privée, qui n’a rien à faire dans les médias.

Il faut sauver le soldat Quatennens. François Ruffin aura un destin à la Ségolène Royal. Manuel Bompard à la Jean-François Coppé. Mathilde Panot à la Christian Jacob. Clémentine Autain à la Rachida Dati.

Et les valeurs de la gauche radicale, suivie par une gauche plus modérée, par les écologistes… ne seront jamais portées au gouvernement. Quoi qu’en pensent nos chers justiciers. La cause des femmes ne sera jamais considérée comme un priorité et les chèques des évadés fiscaux serviront à peine à nous torcher le postérieur.