En salle

12 juin 2023

Déserts médicaux ou à l'Assemblée ?

 


Il y a un texte au sujet des déserts médicaux qui commencent à être étudié, aujourd’hui. Il est présenté par un député de la majorité, soutenu par le Gouvernement. Les médecins sont opposés à ce texte, ce qui est logique (mais on s’en branle : ils sont quand même payés avec le pognon de la sécurité sociale). Un député socialo a présenté une série d’amendements visant notamment à obliger les toubibs à s’implanté dans ces déserts médicaux. Les amendements en question sont « transpartisans », soutenu par la Nupes et par LR. Je vous laisse lire les dépêches, comme celle-ci.

Il est évident que nous ne connaissons pas grand-chose à ce sujet et on peut donc en faire un billet de blog. Notre ignorance est néanmoins à relativiser : « 1954 : La première Maison Médicale de France est créée à Loudéac. » Dans mon enfance, je n’ai fréquenté que des « maisons médicales » et, plus tard, quand j’ai quitté le bled puis commencé à avoir des vagues problèmes de santé, j’ai été très surpris de ne pas en trouver partout et je ne savais pas consulter un toubib « normalement »… Que cela soit pour les rendez-vous ou pour les visites à domicile pour nos maladies infantiles, nous avions un seul numéro à composer. En cas de besoin, les sympathiques secrétaires nous trouvaient des rendez-vous chez les généralistes (et ceux parmi les plus « utiles », comme les ophtalmos, les dentistes, les radiologues, les « laborantins » étaient implantés dans la commune au moins depuis que mes parents y habitaient).

 


Revenons à notre Assemblée qui va encore jacter pour des conneries. Je me fous un peu de l’avis global des syndicats de médecins (mais leurs propos sont intéressants « un par un » ; ça me rappelle qu’avec les copains blogueurs, on avait reçu à la Comète le président du syndicat des médecins libéraux le 13 novembre 2015 ce qui avait beaucoup déplu aux islamistes qui avaient alors déclenché une vague d’attentat pour nous faire oublier le sujet. C’est depuis que je suis devenu islamophobe).

Tout d’abord, je désapprouve totalement la méthode de l’opposition qui va présenter 700 amendements ce qui fait qu’aucun d’entre eux ne pourra être étudié. Ils vont encore hurler. La routine. En outre, je suis fatigué de voire des « amendements transpartisans » pour ce type de sujet et la politisation de tels textes (en plus droite et gauche contre le centre…). Je pense que Baudelaire aurait été d’accord avec moi mais ceci est une « private joke ».

 

Je n’y connais rien, disais-je, mais les propositions de la majorité me surprennent. En quoi empêcher un jeune de toubib de faire de l’intérim permettra-t-il d’améliorer la situation ? Comment peut-on obliger des professionnels à poser un préavis de six mois avant de partir en retraite ? Les intérimaires permettent de remplacer les médecins en congés et ceux qui vont prendre leur retraite ont tout intérêt à préparer leur succession (et la vente du cabinet) … Me voila donc proche de l’avis des médecins libéraux. C’est mal. Je n’ai jamais nié avoir un fond libéral, cela étant.

Les propositions « transpartisanes mais d’opposition » me semblent tout aussi surréalistes ! Comment peut-on obliger un docteur à s’installer là où il n’a pas envie et là où il a peu de chance de gagner du pognon ?

 


J’ai bien l’impression que nos valeureux législateurs ont bien conscience d’un problème réel, ce qui est la moindre des choses, mais n’ont pas assez travaillé le sujet. Et le résultat sera le même : les communes devront se débrouiller pour ne plus être soit des déserts médicaux soit des patelins où les soignants vont faire la gueule.

Je pense qu’il vaudrait mieux aider les municipalités ou les intercommunalités à gérer « les pénuries », notamment financièrement, pour qu’elles puissent prévoir des maisons médicales ou des hôpitaux de proximité semi-privés en charge d’assurer la continuité des soins. L’avenir est peut-être de salarier des toubibs (tout en se sucrant sur les remboursements par la sécurité sociale, il n’y a pas de raison pour qu’ils gagnent sur tous les tableaux ; sans pour autant pénaliser ceux qui travaillent beaucoup : on se rembourse à hauteur du salaire, point barre).

Les maisons de santé ont aussi l’intérêt de limiter la concurrence entre les professionnels de santé et, quand elles sont supervisées par les collectivités territoriales, on ne peut pas dire qu’elles deviennent un affreux promoteur du libéralisme.

 


J’ai par ailleurs une saine horreur des régulations étatiques dans certains domaines. On parlait de Loudéac, ma commune natale. Une de nos pharmacies, une des deux seules en centre-ville (la mienne est à la périphérie, à côté du bistro), a fermé et ne pourra plus rouvrir à cause de quotas débiles limitant le nombre de magasins ouverts. Nous avons donc trois établissements qui perdent un concurrent pour des motifs réglementaires ce qui leur permettra de gagner plus d’oseille, dans un contexte de baisse du personnel qualifié.

La régulation est souvent nuisible. Déjà qu’on a de moins en moins de bistros, on se retrouve avec moins de lieux pour acheter de l’aspirine les lendemains de cuites…

Je vous ai dit que le sujet ne devrait pas opposer les groupes politiques, la droite, la gauche, les libéraux, les antilibéraux...

19 commentaires:

  1. Le plus simple me paraît encore de ne pas tomber malade. Mais les gens ne sont jamais raisonnables...

    DG

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ca vous va bien de dire ça, vous qui passez un jour par semaine à l'hôpital.

      Supprimer
    2. Mais je n'ai jamais prétendu être raisonnable ! Manquerait plus qu'ça...

      Supprimer
    3. Vous signez raisonnablement vos commentaires...

      Supprimer
  2. J'étais en train d'écrire un billet où je voulais parler de cette proposition de loi. Ma réaction était de repenser à une phrase d'Hollande dans une émission où il disait qu'il n'était pas très heureux d'avoir mis le non cumul des mandats. Que ce sujet est typique d'une déconnection entre élus à l'assemblée et terrain.

    Et que par contre oui il faut privilégier l'installation de maisons médicales (dans mon village c'est une réussite pour tout le monde), et oui ce sujet doit être transpartisant. Faire de la politique sur ce sujet aussi est une bêtise.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je pense qu'Hollande a fait le même raisonnement que moi : au début, il était pour le non cumul et s'est rendu compte qu'on avait une Assemblée de plus en plus politisée mais loin des réalités du terrain. Les clowns de députés qui font des propositions pour les déserts médicaux n'ont pas à gérer le sujet et se permettent d'avoir des idées de principe.

      Supprimer
    2. Et attention au mot "transpartisant". Il est utilisé dans ce contexte pour expliquer que les députés DES oppositions se regroupent pour faire chier la majorité.

      Supprimer
  3. Concernant l'intérim, c'est idiot de l'interdire. Avant on bossait en intérim en attendant un autre job, pour ce faire de la tune pour en profiter après, etc...

    Comme tu le dis, comme je n'y connais rien, j'ai le droit de poser un commentaire. Alors dèja, puisque tu parles des bistrots, on ne peut pas s'installer n'importe ou sans avoir de licence 4 (qui n'est pas liée à un zone, je crois) ou un PMU n'importe ou. SI j'ai bien lu les articles pondus à ce sujet, ce n'est pas forcément les zones les plus rurales qui sont les plus concernées. Apparemment une partie de la région parisienne serait concernée aussi. Mais pourquoi pas des licences selon des critères de zones ou de tailles de bassin de population. Bref, on va revenir au marronnier du numerus clausus très vite, non? il a officiellement été supprimé en 2021 mais comme il faut environs 10 ans pour faire un toubib... c'est pas demain la veille. Donc en attendant, ils peuvent légiférer, ca ne changera pas grand chose... ca occupe, c'est déjà ça

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Pour les bistros, c'est un peu un autre sujet mais ce système de licences est devenu ridicule et favorise la concurrence des bistros par des établissements qui n'ont pas de licence.

      Pour le reste, on est d'accord. Ils vont légiférer pour un truc qui ne résoudra rien.

      Supprimer
    2. Pour le reste, on est d'accord. Ils vont légiférer pour un truc qui ne résoudra rien.

      Mais c'est très bien, une loi qui ne résout rien ! C'est en tout cas mieux qu'une loi nuisible, comme nos braves élus en pondent presque tous les jours.

      Didier G., anarchiste réactionnaire

      Supprimer
    3. Ils sont assez forts pour faire une loi nuisible qui ne résoudra rien.
      NJ

      Supprimer
  4. Ce problème de désert médicaux est un problème sérieux, qui touche la vie de chaque habitant. Quand on voit ce qu'est capable d'en faire l'AN on vous trouve très optimiste de considérer dans un billet précédent qu'un changement de constitution n'est pas nécessaire. Au contraire, nos institutions qui favorisent une politisation absurde de ce type de question ne peuvent qu'éloigner le peuple des urnes et accentuer la démoralisation du pays.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ce n'est pas une question de Constitution. Voir par exemple ce qu'on disait avec FalconHill, plus haut : le "non cumul" des mandats a fait qu'on se retrouve avec une assemblée de guignols faisant de la politique politicienne et déconnectés des réalités du terrain. Or personne n'envisage de faire une nouvelle Constitution permettant le cumul des mandats.

      Supprimer
  5. Il est parti où le commentaire de Dagrouik ? Encore un bug. Ou alors, je l'ai collé dans les spams. Je fonce à sa recherche.

    RépondreSupprimer
  6. Il est parti où le commentaire de Dagrouik ? Encore un bug. Ou alors, je l'ai collé dans les spams. Je fonce à sa recherche.

    RépondreSupprimer
  7. Ah ben mon commentaire est en double et l'autre a disparu. Le voilà (signé T0POL, le nom de scène de Dagrouik : "Ta conclusion résume le débat : la gauche "soc-dem" est de facto coincée par Mélenchon et sa clique qui définit la vérité et insulte tout ce qui ne pense pas comme lui, voir vocifère comme l'aboyard à l'assemblée. Attendons les propositions programmatiques de ce monsieur Cazeneuve avant de le juger, sinon ce n'est parler que de la forme. Et d'ailleurs du programme on va en parler comme tu le dis pour les européennes... et là on va rigoler , les carpes et les lapins..."

    Je réponds : oui. Mais en plus ces ânes ne savent pas qu'il reste quatre ans...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'suis con... Ce n'est pas ce billet qu'il avait commenté mais son commentaire m'a remis en mémoire qu'il fallait que je réponde à Henri.

      Supprimer
    2. Vous devriez arrêter de boire dès le matin…

      Supprimer

La modération des commentaires est activée. Je publie ceux que je veux. On ne va pas reprocher à un journal de ne pas publier tous les courriers des lecteurs...