En salle

15 mars 2024

Le vote des profs pour illustrer la schizophrénie des militants de gauche


 

A l’occasion des émeutes qui ont suivi la mort d’un môme à Nanterre, tué par un flic, en début d’été puis au cours du mois d’août et la préparation des festivités estivales des partis de gauche, puis lors des attaques du Hamas sur Israël, en octobre, je ne cesse de dénoncer le clientélisme (sans en remettre en cause la sincérité) de certains militants de gauche envers des populations « ostensiblement » originaire d’Afrique du Nord.

Avec son dernier billet, mon camarade réactionnaire Didier Goux, citant ma camaradesse socialisante Elodie dans Twitter né sous X, m’en fournit une nouvelle occasion ou, plutôt, un exemple. Elodie parlait des difficultés qu’ont les enseignants à quitter le fameux 93, la Seine-Saint-Denis de mémoire (heu…), alors que les militants de gauche, dont les profs, n’arrêtent pas de défendre les habitants de ces banlieues pourries.

Il y a tout de même une certaine schizophrénie chez ces braves gens et le public s’en rend compte (notamment quand on apprend que les élus de gauche du coin ont scolarisé leurs propres mômes ailleurs).

 


Le ministère de l’Education Nationale publie différents chiffres sur les demandes de mutation des profs. C’est assez abscons quand on n’est pas du milieu. Je vais vous aider. Cliquez sur « premier degré » puis sur « rechercher » : vous aurez dans le grand tableau par département, en dernière colonne, le nombre d’instits qui cherchent à quitter le navire (ou du moins le département ; pour le second degré, c’est plus compliqué d’avoir des résultats globaux).

Le 93 arrive en tête, suivi par le 92… Bizarrement, il y a des profs qui veulent fuir le 50 et le 64 et t’as qu’à connaitre tes numéros de département. Les 75, 94 et 95 sont aussi au top ! Je ne connais pas le 93 mais assez bien le 94, pour y habiter, et le 92… pour y travailler (la Mercédès jaune du môme tué s’est encastré dans un poteau devant l’entrée de l’immeuble où je bosse).

On pourra se poser des questions sur les raisons qui poussent les enseignants à fuir lâchement… Par exemple, dans ma commune, le lycée accueille 1500 mômes. Ce n’est plus un établissement à tailler humaine et ça doit être une abomination de travailler dans ce machin. Il y a aussi des raisons financières. Quand on a un salaire de fonctionnaire, autant habiter dans un coin où la vie n’est pas trop chère et où l’on ne passe pas des heures dans les transports en commun. Mais on ne va pas tortiller du cul pour chier droit : ce sont des coins où règne une certaine délinquance, elle-même liée, sans doute à des problèmes sociaux provenant du fait qu’on ait entassé les pue-la-sueur dans des barres d’HML mal famées.

Des études ont montré qu’un quart des profs en voté pour le RN, à la dernière présidentielle.

Si vous n’avez pas la flemme de cliquer sur le lien, vous auriez constaté que pas plus que moi l’auteur de l’article n’a parlé d’immigration, même s’il évoque le ramadan. Il ne faut jamais se fâcher avec les lecteurs…

Il n’empêche que le 56 mon département presque natal et patrie de Jean-Marie Le Pen est celui duquel le moins d’instits veulent se barrer et, même si les statistiques ethniques sont interdites, il n’est pas interdit de penser que le taux de jeunes issus de l’immigration est moins important que dans nos banlieues petite-couronnesques…

Comme je le dis souvent : ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : je réside et bosse dans des départements très cosmopolites (mais je viens me ressourcer tous les dix jours pour une durée de dix jours dans une commune éloignée de quelques kilomètres du 56). J’ai des amis immigrés tout comme Nadine Morano. J’en ai même une majorité. Et la plupart ont mis leurs gamins dans le privé…  

 


Le vote des enseignants est intéressant à étudier (je connais assez bien ce monde où officiaient mes darons). « En 2022, le vote enseignant se démarque nettement de celui des autres fonctionnaires. De toutes les catégories du panel, les enseignants sont ceux qui votent le plus à gauche : 49%, soit nettement plus qu'en 2017 et autant que dans la précédente étude de 2021. La gauche plafonne à 31%toutes catégories sociales confondues et à 37% chez les autres fonctionnaires d'Etat. » « Les enseignants n'échappent pas à la radicalisation des opinions. A gauche 28% votent Mélenchon, le taux le plus élevé pour toutes les CSP. La gauche radicale a gagné 5 points depuis 2017. » « La droite radicale progresse aussi passant de 10 à 19% des suffrages. » (visiblement, les deux articles que je cite ne sont pas d’accord sur les chiffres mais peu importe : on a au moins un prof sur cinq qui a voté pour MLP).

Ainsi, les profs font partie de la CSP qui vote le plus à gauche mais où la montée du RN est la plus forte. En gros. C’est grave. Oserons-nous faire le rapprochement entre l’évolution du vote des profs et la sociologie des départements qu’ils veulent quitter… ?

 

Revenons à notre clientélisme. Tout d’abord, un des articles que je cite dit bien que l’islam pose tout de même des problèmes notamment avec le ramadan (mais on voit aussi de temps en temps des mômes qui refusent des enseignements non conformes aux traditions religieuses). De le part d’un parti de gauche, faire de la lèche auprès de religion n’est pas fin et assimiler les gens issus de l’immigration à une religion est une belle abomination.

Les différents pays qui se revendiquent de l’islam sont tout de même assez opposés à certains principes qui régissent les partis de gauche en France, comme la lutte contre l’homophobie et les discriminations des femmes. Oups, les stades sont dépassés : les femmes adultères sont lapidées et les homosexuels pendus. Je ne sais pas s’ils jettent des cailloux sur les lesbiennes adultères pendues…

 


C’est un non-sens complet et je ne sais pas comment un jeune des banlieues un tantinet racisé et islamotisé pense de la participation des élus de gauche qui les courtisent à des mouvements de défense des pouffes, des gouines et des pédés…

Je parlais de schizophrénie…

Et ces braves gens propres sur eux et protégés par leurs croyances électorales restent persuadés que si les gens votent plus à droite maintenant que quand la gauche était au pouvoir c’est parce que la gauche au pouvoir n’était pas assez à gauche comme s’ils voulaient plus de droite parce qu’ils n’ont pas eu assez de gauche.

Je parlais de schizophrénie…

 

19 commentaires:

  1. Ces HLM dont vous parlez étaient, jusque dans les années 70 occuppées très majoritairement par des “de souche” (j'y ai moi-même vécu à cette époque) à revenus “modestes” : on n'y rencontrait aucun des problèmes qui y sont endémiques aujourd'hui.

    Donc, arrêtons d'être HLMophobes, bordel !

    DG

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    1. Je ne suis pas HLMophobe mais habitationdemerdeophobe et entassementdespauvresophobe.

      Et je crois dire explicitement mais par une espèce d'euphémisme (je ne sais pas si c'est le bon terme mais c'est quand je parle de la différence des départements concernés avec le 56) qu'une des causes probables (voir plus que probable) est l'immigration.

      Je ne veux pas dire qu'elle est responsable "directement" mais les questions de communautarisme, d'islam voire de racisme est au coeur du problème. Hors le communautarisme, l'islam et une partie du racisme viennent directement de l'immigration.

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  2. Je tiens à signaler que les préconisations officielles concernant les homos c'est la défenestration. Applicable seulement dans les contrées où l'ignoble colon a laissé des immeubles dignes de ce nom. Sinon, en effet c'est pendaison, après tournante fortement sodomisante des geôliers, naturellement.

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    1. C'est compliqué de tuer les gens en les jetant par une fenêtre si, comme tu le dis, les immeubles n'ont pas beaucoup d'étages. Mais oui, j'ai lu quelque part que les préconisations étaient de jeter les gens dans le vide, par exemple d'une falaise...

      Cela étant, je fais directement référence à des pratiques "usuelles" dans certains pays musulmans.

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  3. Au fait, les gens, depuis quelques jours l'imbécile Arié revient en force. Aujourd'hui il se fâche car il trouve que j'emploie le mot "schizophrénie" à tort pourtant je l'utilise selon sa définition exacte "Psychose chronique caractérisée par une dissociation de la personnalité, se manifestant principalement par la perte de contact avec le réel, le ralentissement des activités, l'inertie, le repli sur soi, la stéréotypie de la pensée, le refuge dans un monde intérieur imaginaire, plus ou moins délirant [...]".

    Il est con à toujours vouloir étaler sa science, aussi...

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    1. C'est l'éternel problème avec les gens qui se croient médecins : ils savent toujours tout mieux que les autres et passent leur temps à donner des leçons qui tombent à côté.

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    2. Ce qu’il y a de rigolo avec lui, c’est qu’il n’a toujours pas compris que c’est essentiellement pour ça (les éternelles leçons « à côté »)qu’on l’a viré de nos blogs.

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  4. Je ne déserte pas, je ne peux plus commenter : mon clavier virtuel prend les 3/4 de la page et le bandeau Google le 1/8 du haut. Imagine ce que ça demande comme circonvolution.
    (Je me doute que ça n'a pas d'importance mais ça me paraît plus poli de t'expliquer)
    Hélène

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  5. Votre billet aborde des sujets complexes. Les situations dans le 1er et le second degré sont très différentes par ex. Une question de recrutement et de mutations.
    Dans le 2nd degré, les académies de la région parisienne ont beaucoup d'élèves et ne forment pas assez de professeurs (métier qui en plus n'attire plus). Le niveau de formation et de compétence n'est plus homogène au niveau national.
    => Déracinement pendant de longues années, avec un public d'ados qui peut être nettement plus difficile qu'au Primaire. Les lieux où il y a le plus de violences verbale et physique : collèges et lycées pro.
    Pour ce qui est du vote, je préfère la source Café Pédagogique, média certes militant (social-démocrate), mais qui est une mine sur l'EN.
    Ce sujet a été étudié par Laurent Frajerman, historien. Pas uniquement sur un tour de la présidentielle, mais aussi sur les élections pros, et sur la durée. Le propos est plus nuancé.
    Je ne relativise rien. Mais je crois que le vote enseignant fluctue beaucoup et n'existe plus vraiment. Par ex vraies différences entre les élections de 2007, 2012, 2017 et 2022. Les professeurs pensent souvent qu'on va toujours vers le pire dans l'EN, et qu'à part faire des économies et aggraver la situation...
    Je suis assez d'accord avec l'avant dernier paragraphe. Mais il y a une différence entre les militants, ce qu'en dit la presse et ce qui se pense réellement dans les salles des professeurs.

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    1. Marc,

      Je crois avoir été très prudent avec les chiffres en précisant d'ailleurs que je ne comprenais pas tout. J'ai conclu en retenant le chiffre de Café Pédagogique. Mais, en l'absence de chiffres par département, cela n'a aucun sens. Il est probable que la moitié des profs du 92 et du 93 votent pour l'extrême droite.

      Tout cela n'est pas l'essentiel de ma conclusion. Disons que 1/ L'électorat n'est jamais acquis et celui des profs finit par quitter la gauche (pour différentes raisons ont les pourritures des quartiers sensibles, sensibles pour des raisons précises) et que 2/ en conséquence, les partis de la gaugauche devraient revoir leur cible électorale. Ils ont perdu les ouvriers et font mine de rien. Ils vont perdre les enseignants et ne pas faire attention. En troisième étape, nous aurons les infirmières ?

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  6. J'ai oublié de signer...
    Marc

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  7. C'est un vrai sujet, je parle des mutations demandées par les enseignants. Une amie s'est retrouvée en RP en étant native d'un petit bourg à proximité de Calais. Hélas, célibataire (à l'époque le mariage pour tous n'existait pas pas plus que le PACS. Bref jamais assez de "points" (j'ai jamais trop compris le barème)... elle a tenu 5 ans. Et elle a démissionné de guerre lasse. Et ça date d'une bonne vingtaine d'année...
    Quant au vote F-RN, il n'y a aucune raison qu'il échappe à cette catégorie puisque la gauche les a abandonné en rase campagne, elle aussi

    Cyrille (pas moyen de commenter autrement qu'en anonyme)

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    1. Oui, c'est un vrai sujet, c'est d'ailleurs ce que disait Elodie dans Twitter mais il ne m'intéresse pas (dans le sens où je n'ai pas vraiment les connaissances pour me forger un avis et l'exprimer).

      Pour le reste, je pense que la plupart des ministres de l'EN, qu'ils soient de droite, de gauche ou du centre, ont merdé prodigieusement. Attal, par exemple, pendant la brève période où il a été ministre de ce bordel, a raconté n'importe quoi notamment au sujet de l'uniforme, laissant entendre que "c'était mieux avant" alors que l'uniforme n'a jamais été obligatoire. Les profs le savent et ont donc l'impression de se faire entuber d'autant qu'un jeune trou du cul (cela dit sans méchanceté, je fais uniquement référence à son âge et surtout à son manque d'expérience) exprime un truc en disant que c'est une solution.

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  8. A propos du 93 : j'ai enseigné dans un collège très difficile (pas dans le 93). Avec tout ce qu'on peut reprocher à un professeur en termes de bons sentiments (avoir la vocation, nos pôôôvres élèves si injustement traités et le reste), je trouve qu'ils devraient tout de même être soutenus. Comme les policiers, mais à un autre bout de la chaîne, ils gèrent une partie de la merde produite par notre société. Ils sont seuls, et ils le savent.
    Chez ceux qui sont les plus impliqués dans leur métier, il y a une telle perte de sens que la souffrance au travail est forte et qu’une sortie par le haut de l’EN est maintenant impossible.
    Les injustices (salaires, promotions, mutations, ...) sont monnaie courante. J'ai des exemples de profs sérieux, investis et compétents moins bien payés que des incapables notoires. Et sur des critères de « mérite », en plus ! En face, nous avons des managers qui nient la réalité de ce que nous vivons. Avec un cynisme et une impunité totale. Prendre les gens pour des cons est toujours une erreur. Surtout sur des périodes aussi longues.
    Un collègue me disait : l’un d’entre nous se fait assassiner et décapiter, et un rapport de l’Inspection Générale sort aussitôt pour dire qu’il n’y a eu aucun dysfonctionnement côté EN, mais que le collègue a fait une erreur sur la laïcité. Comme soutien, on a vu mieux…

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  9. Bref 100% défiance et amertume, 0% de dialogue social. Dans la mesure où les pouvoirs politiques qui se sont succédés ont couvert ces agissements, voire les ont encouragés, colère et mépris sont aussi pour eux. Draguer le vote enseignant vaut-il encore le coup ?
    La question de l'uniforme est mal perçue, mais tellement ridicule que considérée comme secondaire. Attal fait de la politique. Rien de plus. Aucune volonté de trouver des solutions.
    Ex : le redoublement. Spoil : il n'y en aura pas, ou à peine. Juste des stages de 15 jours pendant les vacances, cela coûtera moins cher.
    Mais ce qui met en colère et désespère les enseignants, c'est plus les conséquences indirectes de ces réformes plus politiques que pragmatiques. Et qui ne sortent pas dans la presse. Le concret, le quotidien, l'absurde. Ex : faire intervenir à prix d’or des PE en 6ème en français et maths cette année, juste cette année. L'EN ne respecte même plus les formations, les qualifications.
    Le vote RN augmente apparemment chez nous. Le désespoir n'excuse pas ce choix pour moi. Mais les conditions sont réunies.
    Marc

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    1. on sait tout ça. Mais mon billet porte plus sur le paradoxe de la gauche qui refuse de voir des raisons de ce bordel, notamment dans les départements où il y a beaucoup d'élèves issus de l'immigration.

      Pourquoi y-a-il 60 fois plus de demandes de mutations à partir du 93 que du 56 ? Et ce ne sont que des questions... Par exemple, le 56 a aussi ces zones pourries, bien plus que certains départements. J'ai bossé dans les banlieues de Vannes, c'était pas brillant...

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  10. Pourquoi ces demandes de mutations ? Pour le 2nd degré, retour au pays. L'identité régionale, cela compte. Mai aussi l'impression qu'on empile les problèmes là où il faudrait en enlever. Quand on change de bahut, on se rend compte de la différence. Mais à un point... Je ne retournerai jamais dans un tel collège. Cela aurait pu m'intéresser, à condition d'avoir l'impression d'arriver à atteindre les objectifs. Il y a l'autre extrême : Stanislas. Mieux doté que le collège public voisin. Pourquoi ? Cette situation va-t-elle changer ? Vont-ils continuer à contourner Parcoursup ? Personne n'y croit.
    Aussi je veux bien qu'on sache tout ça. Mais il n'y a aucune volonté de changement.
    Quant au paradoxe de la gauche, je suis d'accord. Mais une chose est d'avoir des idées et des principes. Une autre est de les faire subir à ses enfants. Et je ne leur jette pas la pierre.
    J'ai habité dans un quartier de ce genre. La gauche l'avait déserté, tout en voulant représenter ces populations. Tout en ne voulant pas mettre ses enfants dans les mêmes écoles. Je caricature, mais c'est une tendance lourde.
    Je vous laisse, mes commentaires sont trop longs.
    Marc

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