En salle

08 juin 2025

Les brêles du Madleen ?

 


LFI multiplie depuis deux jours les publications dans les réseaux sociaux autour du Madleen, un voilier de la Coalition de la flottille pour la liberté, sur lequel a embarqué dimanche 12 militants, dont l’activiste écologiste suédoise Greta Thunberg et l’eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan. Jean-Luc Mélenchon en a fait un billet sur son blog. Mathilde Panot et Clémence Guetté des vidéos TikTok.

Il me semble nécessaire de faire quelques précisions.

Cette « balade en mer » est évidemment une opération de communication. Ce n’est pas un gros mot. Il est parfaitement logique que des militants politiques veulent montrer le soutien au peuple palestinien, la nécessité de les aider, de trouver une solution pour que ce qu’ils appellent « génocide » soit stoppé !

En revanche, il faut arrêter de dire que c’est une opération destinée à acheminer de l’aide humanitaire. Tous ceux qui voient des photos de Madleen peuvent se rendre compte que le bateau n’est pas assez grand pour transporter plus de quelques madeleines pour le goûter des pauvres mômes.

Surtout, il n’est pas interdit de penser que l’opération de communication, non pas celle de Madleen et Thunberg pour montrer l’impérative aide aux Palestiniens, mais celle de LFI, soit là pour la gloire du parti en vue des prochaines élections municipales, par exemple.

C’est insupportable.

 


Mélenchon, dans son blog, reproche à certains d’ironiser autour de « la croisière s’amuse ». Je l’invite à regarder les vidéos et photos diffusées par les jeunes femmes : c’est bien l’impression que ça donne, comme si elles voulaient montrer une certaine légèreté, du genre « on agit dans la joie et la bonne humeur ». Elles font ce qu’elles veulent, je m’en fous, mais je revendique le droit de rigoler.

L’autre jour, Hassan a fait une publication dans les réseaux pour expliquer qu’elles étaient en danger parce qu’ils avaient été survolés par des drones. En fait, il s’agissait de drones grecs ce qu’elle a admis par la suite. L’autre jour, elle a annoncé que leur navire avait recueilli des migrants soudanais pourchassés par la Libye. Imaginons la tête de ces braves gens quand ils ont appris qu’ils étaient en route pour Gaza…

Il faut tout de même admettre que c’est rigolo et que se foutre de sa gueule relève du bon sens.

 


On nous parle de courage de ces militants, ce que je veux bien admettre. Néanmoins, je vois mal ce qui pourrait leur arriver. Le plus probable est qu’ils soient arraisonnés par la marine israélienne et renvoyés chez eux par le prochain avion… Ou alors, le frêle esquif tentera de résister à la marine en question mais cela relèverait de la pure folie.

On nous dit qu’il faut les protéger, sous-entendu que la marine française doit les escorter ! Que veulent-ils qu’on fasse, qu’on envoie le Charles de Gaulle, une frégate et deux sous-marins d’attaque ? Un peu de sérieux ! Notre marine ne peut pas intervenir dans les eaux territoriales d’un autre pays. C’est une évidence. On ne va pas déclarer la guerre à Israël parce que deux activistes connues en France jouent à Guignol.

 


Je suppose que les chefs de La France Insoumise ont bien réfléchi aux conséquences de leurs actes mais je me demande s’ils n’ont pas minimisé l’effet inverse : ils vont de plus en plus casser les couilles aux citoyens qui savent bien que LFI n’a aucun pouvoir dans la résolution du conflit, tout comme la France, d’ailleurs, mais elle a au moins la possibilité de rechercher un consensus.

D’une manière générale, si les Français sont bien conscients du drame créé par les actions du gouvernement israélien, ils ne vont pas oublier que tout ce pataquès a été déclenché suite à une action terroriste d’islamistes politiques d’une assez grande ampleur.

 


Dans un récent billet, je parlais du doute au sujet de la qualité des informations qui viennent de ce coin du monde jusqu’à nos oreilles. Honnêtement, je n’ai pas trop confiance en certaines ONG ou, surtout, certaines organisations internationales. Certaines, seulement. Ce n’est pas le cas de l’UNICEF, par exemple. Je ne mets pas en doute leurs propos quand ils parlent, en une de leur site web, des horreurs vécues à Gaza. Par contre, je me pose des questions quant au sérieux de l’officine de l’ONU, l’Unwra, qui s’occupe de l’aide humanitaire (alors que l’ONU « délègue » générale ces missions au HCR). L’Unwra semble surtout affilié au Hamas.

Certains pourraient prétendre le contraire mais, à force de vouloir le démontrer, on contribue à la réhabilitation de ce machin qui engendre des terroristes et des financements qui mériteraient quelques approfondissements.

 


Par ailleurs, on nous parle beaucoup de « solution à deux états » et de la nécessité pour la France de reconnaître la Palestine mais je ne suis pas sûr que cela soit la solution. Ce n’est pas en leur donnant un Etat les Gazaouis auront assez à bouffer et je ne sais pas si les autorités en présence – le Hamas et le gouvernement d’extrême-droite d’Israël – souhaitent vraiment cela.

Ainsi, les incessantes sommations des forces de la gauche radicale en France ont sérieusement tendance à me fatiguer. Je me demande si des formations politiques françaises n’auraient pas plus comme rôle de devoir défendre la démocratie, d’un côté comme de l’autre (le Hamas n’est pas légitime et les Israéliens sont de plus en plus nombreux à Je n’ai pas dit que c’est la solution mais uniquement qu’il faut bien étudier toutes les solutions et que les feux des partis politiques français ne doivent pas être dirigés uniquement contre Israël à des fins électorales et que le soutien d’une organisation terroriste pire que tout doit cesser.


Rectificatif : il n'aura peut-être pas échappé à mes lecteurs que le précédents paragraphe est sans queue ni tête. Dans la partie "plus nombre à Je n'ai pas dit", il manque un gros morceau entre "à" et "Je". J'ai probablement fait une erreur de manipulation après avoir rédigé mon bazar. Je disais que la politique du gouvernement Israélien est de plus en plus critiquée par les citoyens du coin PUIS, en une ou deux phrases, je parlais de l'ère "Arafat" (ce qui explique sa photo ci-dessous). Tant pis.

 


Alors, si on parle beaucoup d’un frêle esquif avec deux charmantes jeunes femmes qui se prennent pour des héroïnes tout en appelant au soutien de l’armée française qui devrait déclarer la guerre à une puissance nucléaire, on ferait mieux de se poser et de réfléchir calmement.

Surtout si c’est pour piquer des communes en France à d’autres formations de gauche.


Il est tellement joli, Madleen ?

13 commentaires:

  1. J'espère que les occupants du Madleen savent nager. Quant à une solution à deux états, je ne pense pas que ce soit encore d'actualité. C'est l'annexion qui attend la Cisjordanie et Gaza.

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    1. Effectivement, la solution à deux états ne devrait plus être d'actualité pourtant de nombreux dirigeants politiques continuent à en parler.

      J'ai fait une correction (en rouge) à mon billet vu qu'un paragraphe a sauté. J'y disais, en gros, que l'arrivée du Hamas et de l'extrême droite en Palestine et en Israël avait mis fin à un processus de paix qui était déjà bien bancal...

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  2. Et entretemps, le Madleen a été arraisonné par la marine israélienne, dont un représentant a tweeté: le bateau à selfies a été stoppé, le show est terminé. Ce qui me fait rire sous cape, c'est que ces activistes n'auraient jamais entrepris ce périple s'ils pensaient qu'il y ait un véritable danger de se faire envoyer par le fond à coup de torpille, chose qu'une *véritable* dictature aurait sans doute fait. Attention, il ne faut pas me faire dire ce que je n'ai pas dit, cela ne veut pas dire que je cautionne absolument toutes les actions du gouvernement israélien dans le conflit à Gaza. Mais cette histoire de bateau "héroïque" qui "force" le blocus, c'est de la comm et rien d'autre. Bien entendu, la LFI embraye à toute vitesse et appelle à saccager la place de la république, euh je veux dire manifester, contre les actions iniques de la bande à Bibi Netanyahu. Le concept d'intégrité des eaux territoriales n'a pas l'air de les avoir effleurés mais bon, ce n'est pas vraiment une surprise.

    Et oui, beaucoup de dirigeants continuent à parler de solution à deux états. Pendant ce temps, les manuels scolaires palestiniens (même modérés) ne montrent toujours pas un pays nommé Israël sur leurs cartes de géographie, et tous les gouvernements israéliens successifs, de gauche comme de droite, ferment les yeux ou soutiennent l'implantation de colonies en Cisjordanie. Ce qui me fait poser la question suivante: ceux qui nous gouvernent y croient-ils encore eux-mêmes ou n'est-ce plus qu'une posture politiquement correcte, une coquille géopolitique vide qu'on répète comme un mantra? Filez-moi une dose de sérum de vérité à administrer discrètement à un interlocuteur qui ne se doute de rien, et envoyez-moi interviewer Macron, Merz, Starmer et compagnie, cela devrait être une conversation très édifiante. Oui, je sais, j'ai beaucoup d'imagination.

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    1. Vaste sujet. Je crois qu'on est d'accord à 100%. Je vais quand même réagir sur un point, votre question sur le "ceux qui nous gouvernent y croient-ils encore ?".

      Je n'ai pas vraiment de réponse pour la plupart mais je pense que pour LFI, c'est surtout du clientélisme, de l'antisémitisme (pas nécessairement le leur, mais ils jouent sur celui d'une partie de la gauche) et de la stratégie du chaos. Pour le reste, en tant que "puissance", nos chefs ont aussi vocation à tenter d'aider à la paix dans le monde. Et c'est ça qui rend absolument insupportable la position de LFI : ils nous accusent de colonialisme quand on essaie d'intervenir dans un pays mais voudraient nous exiger à intervenir d'en autres, comme "là", en Israël (ou à Gaza, peu importe), où ils ont "exigé" que l'on intervienne pour défendre le Madleen ce qui aurait équivalu à entrer en guerre contre Israël.

      C'est pas joli "équivalu", comme mot...

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    2. Tout à fait, et c'est là qu'on tombe dans l'abject: l'instrumentalisation clientéliste de tragédies réelles (une guerre) et de certaines idéologies qui ne sentent vraiment pas bon (l'antisémitisme de certains). Je suppose que ce faisant, ces gens se croient résistants, remparts de la démocratie. Ils ne sont ni l'un, ni l'autre.

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    3. Désolé par avance pour le tutoiement mais "je suis comme ça".

      Ta question portait sur les dirigeants. Je pense qu'il ne sont pas sincère.

      Par contre, je crois que les militants le sont et qu'ils sont sensibles à ce que leur dit de penser leurs dirigeants. Ils y croient. Ils se sentent résistants. Les réseaux sociaux ajoutent une couche vu que les lascars se sentent obligés de montrer leur "résistance" (mais c'était déjà le cas avant les réseaux, ça se voyait moins mais il m'est arrivé d'assister à des débats politiques et le niveau était affligeant).

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  3. T'inquiètes, moi aussi je suis comme çà.
    Oui, les militants sont sensibles à ce que disent leurs dirigeants. Et c'est là que, quel que soit son bord politique, qui que soit celui ou celle que l'on soutient, il faut rester critique, même si l'objectivité zéro est impossible. Perso je fuis comme la peste les midinettes énamourées comme les haineux pavloviens rabiques. Réflexion au vestiaire = danger totalitaire.

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    1. Oui, il faut rester critique. Mais, à un moment, ça devient délicat. Par exemple, j'ai été un ferme soutien d'Hollande, de juillet 2011, en pleine campagne des primaires, jusqu'à la fin de son mandat. Ce n'était pas une posture, tu peux lire mon blog, Pépère était sur la même ligne que moi donc je le défendait beaucoup tout en restant critique sur son contenu politique. J'avais critiqué, par exemple, sa volonté de taxer les entrepreneurs (l'épisode des geonpis !). Ce n'est qu'un exemple. Mais j'étais arrivé à le défendre au sujet de certaines conneries. Par exemple, j'ai longtemps soutenu Cahuzac parce qu'il représentait l'équipe Hollande sans prendre le moindre recul (ce n'est pas Hollande qui est attaqué et, au contraire, en ayant fait des conneries, Cahuzac mettait à mal notre environnement politique).

      Pas facile, tout ça !

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  4. Bien sûr que c'est délicat. Tout d'abord comme tu me montres tes cartes, je te montre les miennes, question de courtoisie et d'honnêteté: Sarkozy en 2007 et en 2012 (quoique sans grande conviction), Macron en 2017 et 2022 (en pleine conscience, sans ambiguïté et je l'assume, je ne suis pas une castor.)
    Comme tu dis quand on soutient quelqu'un on en arrive parfois à défendre certaines choses et/ou en sur-critiquer d'autres (pour ne pas paraître partisan aveugle), c'est du biais cognitif et c'est tout à fait humain. Perso je fais gaffe, mais je n'y échappe pas toujours non plus. Mais le simple fait que tu reconnaisses l'existence de ce phénomène prouve que tu te poses des questions et est capable de recul par rapport à tes analyses et opinions. C'est rafraîchissant et rare, force à toi.

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    1. Je ne sais pas si c'est du biais cognitif. Je me suis peut-être mal exprimé dans ma soif d'essayer de comprendre ceux qui défendent le Madleen...

      Le fait que Cahuzac ait été un escroc était pour moi annexe par rapport à ce que la gauche avait à faire au PS. Certes, je n'y croyais pas et j'ai accusé Médiapart de chercher le scoop mais pour moi, l'affaire Cahuzac était du pipi de chat tant que sa culpabilité n'était pas "avérée". Après, j'avais le sentiment qu'il m'avait trahi, mais je m'égare.

      Après, je ne sais pas ce qui pousse les fans de Madleen et je ne veux pas faire semblant de savoir et faire de la psychologie de comptoir. J'imagine que certains sont très "ému" par ce qui se passe à Gaza tout en oubliant, par exemple, que la situation au Soudan est bien pire et qu'ils voient. Aussi, pour eux, peut-être que le fait que les protagonistes de Madleen soient complètement ridicules passent à côté et ils ne se rendent pas compte qu'il s'agit d'un jeu de manipulation de la part des responsable de LFI. Au fond, Madleen, c'est du pipi de chat dans ce conflit d'une part et dans le jeu de la gauche radicale, de l'autre.

      Comme les accusations de Médiapart envers Cahuzac étaient pour moi du pipi de chat.

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  5. J'ai bien compris.
    Ahh le délicieux parfum de compartimentage et prioritisation morale des conflits (grimace sarcastique), ceux qui font la une et ceux dont personne ne parle, le Soudan oui, et le Yémen, et le Myanmar où le peuple Karen se prend un nettoyage ethnique réel depuis bien longtemps...j'en passe.

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  6. Pour rester dans le 'Coté farce', je suis tombé sur l'ambassadeur d'Israel en France qui s'exprimait sur BFMTV. Hier fin d'AM:
    -Animateur : Qu'allez-vous faire de ces 12 personnes arraisonnées ?
    -Ambassadeur : (...) Ils seront mis dans un avion pour retourner dans leur pays.
    -Journaliste (Ulysse Gosset) : Même Greta Thurnberg ? Vous savez qu'elle refuse de prendre l'avion depuis des années ?
    -Ambassadeur (Après un moment de sidération) : Je doute qu'Israel se préoccupe de ce genre de considération.
    (Hervé - Bretagne)

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  7. La flèche ! Mais il a bien raison...

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