Vous me connaissez ! Je suis un grand fan de télétravail
(duquel, d’ailleurs, je tire bien plus de bénéfice que d’autres car j’ai un
accord avec ma boite qui me permet de passer du temps en Bretagne). C’est un
sujet qui revient périodiquement dans l’actualité et c’est le cas actuellement !
Cela vient d’annonces de la Société Générale et je ne vais pas en parler plus
longtemps. Restons tout de même dans la banque (ben oui, on ne va pas faire du
télétravail si on est fleuriste, mécanicien, couvreur ou barman).
Le télétravail nous est tombé dessus à l’occasion de la
crise sanitaire et on s’est rendu compte que les technologies ont suffisamment
progressé pour le rendre possible : haut débit, sécurité et VPN…
On estime qu’environ 20% des salariés dont du
télétravail (Google donne des chiffres assez variés… Copilot m’indique qu’il
y a entre 25 et 30% des gens qui font au moins une journée). C’est assurément
un progrès social (même si on trouvera assurément des travers pour les salariés
et les employeurs mais à la marge, uniquement).
Parmi les défauts, il y a évidemment le fait qu’il est
inégalitaire. Non seulement, tout le monde ne peut pas en faire mais, en plus,
il est surtout possible pour des cadres, donc des salariés mieux payés que la
moyenne, et il est surtout avantageux pour les salariés des grandes villes (je
gagne tout de même deux heures par jour…).
Il n’est néanmoins pas réservé aux cadres, les technologies
permettent par exemple à des salariés qui bossent avec des clients par
téléphone (SAV, commercial…) de le faire de chez eux.
Les avantages sont parfois en « trompe l’œil ».
Par exemple, j’ai fait des formations en télétravail, cela me semble inefficace
et grotesques (mais, de toute manière, les formations en question sont souvent
des trucs totalement inutiles mais rendues obligatoires par la loi ou les
entreprises).
Les inconvénients le sont aussi ! Encore un exemple :
je connais beaucoup de cas où le droit à la déconnexion est mal compris (ce qui
n’est pas réservé au télétravail) ce qui pourrait générer beaucoup de lignes
dans des billets de blog !
Parmi les 20% de salariés qui font du télétravail, beaucoup
n’ont qu’un ou deux jours (alors que les entreprises fonctionnaient très bien
lors du Covid où on avait cinq jours). Dans beaucoup de boite, la flexibilité
pourrait augmenter (dans la mienne, c’est parfait mais quand j’écoute d’autres
personnes, je suis sidéré).
Pour autant, cette flexibilité doit aller dans les deux
sens. J’ai parfois des collègues qui sont réticents à venir au bureau si ça ne
tombe pas pendant leurs jours de télétravail officiel. Ils sèchent donc des
moments importants, comme des déjeuners avec des fournisseurs, des pots de
départ et que sais-je ! En outre, il y a trop de gens qui organisent leur
vie privée autour du télétravail. Je connais des lascars qui déterminent leurs
jours pour garder leurs gosses mais, si le télétravail offre des avantages (par
exemple, rester à la maison si un môme est malade), ce n’est pas son but :
on est là pour travailler.
Je pense que la légèreté des salariés explique souvent les
réticences des employeurs…
Le télétravail est tout de même entré dans les mœurs. Ce que
fait la SG est un retour arrière sur des acquis et elle pourrait s’en mordre
les doigts, par exemple le jour où la crise sera terminée et que les salariés
auront comme critère, pour choisir un travail, le nombre de jours à passer
obligatoirement au bureau. C’est même déjà le cas ! J’imagine mal un jeune
ingénieur en informatique ne pas choisir une boite qui ne lui permet pas de
rester à la maison au moins deux ou trois jours par semaine.
Cela finira d’ailleurs par peser sur la compétitivité des
entreprises : les plus souples auront les salariés les plus compétents. Et,
d’une manière générale, je vois difficilement un patron considérer que ces gars
bossent mieux s’ils ont une heure ou deux de transport par jour…
Le télétravail est aussi un enjeu pour l’avenir ! Il est
probable que la plupart des emplois de bureaux seront réalisables de chez soi, dans
les prochaines années. On parle par exemple dans l’article des employés de
banque, de la baisse du nombre d’agences bancaires… C’est dans la logique des
choses : on fait nos opérations par informatiques et cela va augmenter.
Par contre, on aura toujours besoin de conseillers au téléphone (par exemple, j’ai
besoin de débloquer des placements financiers pour payer les travaux dans la
maison, je peux le faire par téléphone avec un employé).
Il ne faut pas négliger les évolutions du monde du travail.
Je citais quelques métiers, en introduction, comme les fleuristes. On imagine
bien que, pour faire un bouquet, il faut de la matière première à disposition.
Par contre, les volets commerciaux pourront se faire par internet mais les conseillers
commerciaux resteront toujours possibles. Par exemple, pour la fête des mères,
je voulais fleurir la tombe de ma mère mais les sites internet sont incapables
de prévoir ces cas tordus (vous expliquez comment à un ordinateur où se trouve
une tombe ?).
Bah ! Comme on dit. Dès que je vois un article dans la
presse au sujet du télétravail, je réagis notamment parce que les syndicats en
parlent peu (ils préfèrent traiter des sujets qui touchent une majorité de
salariés) mais aussi parce que les partis politiques sont incapables de prendre
en compte les évolutions probables du monde du travail.
Peut-être, aussi, que tous ces gens ont peur de défendre des salariés qui semblent privilégiés.
Alors ils ne font que parler de Gaza ou d'immigration et oublient de défendre les salariés français. Ca leur ferait pourtant du bien.
le truc fou c'est les entreprises qui demandent un retour sur le télétravail : ça doit être des chefs qui veulent leurs troupes sous leur contrôle direct à l'oeuvre. Un problème culturel, mais comme tu le dis le TT est un progrès et va donc continuer. Les syndicats doivent comprendre que c'est un avantage, comme les congés ....
RépondreSupprimerDes mauvaises langues disent que les sociétés qui demandent un retour sur le travail disent que c'est pour provoquer des "départs volontaires"...
SupprimerJe pense qu'il faut continuer à dire que c'est un progrès pour le rappeler à tout le monde car la difficulté est qu'il ne concerne pas tout le monde.
La culture d'entreprise semble différer assez fort entre la France et la Belgique, où j'ai travaillé une bonne partie de ma carrière. En Belgique, le télétravail est entré dans les moeurs après le COVID, et beaucoup d'entreprises proposent des emplois à 100% de télétravail. Je ne compte pas le nombre de sociétés qui ont réduit leur surfaces de bureaux et les ont aménagées en "bureaux nomades" (flex desks) car quasi plus personne ne vient bosser sur place sauf pour les réunions importantes. Certaines entreprises bloquent sur le concept, mais voient en effet leurs salariés partir pour travailler dans des boîtes offrant plus de flexibilité.
RépondreSupprimerPersonnellement j'aime les avantages logistiques du télétravail: je me souviens de cette mission de consultance pour une société située à 100 kms de chez moi, j'étais bien contente de ne pas me taper le trajet tous les jours. Par contre on y perd en convivialité: j'ai toujours préféré interagir face à face avec un humain avec qui je pouvais tailler un bout de gras à la machine à café et aller manger à la cafétaria. Mais c'est personnel, et je crois qu'en effet les entreprises doivent s'adapter à l'évolution du marché du travail. Avec le développement de l'IA, cette tendance s'amplifiera.
A propos de l'IA, je suis partagé (même si je dis un peu le contraire dans mon billet) : ce sont les boulots qui permettent le télétravail qui seront le plus concernés par l'IA... Les métiers manuels qui nécessitent un travail sur place seront toujours nécessaires.
SupprimerJe crois beaucoup en ces conversations de machine à café, de pause cigarette, de cafet... Elles font le ciment de la boite. Par exemple, je travaille en amont de projets informatique mais j'ai besoin de connaître le ressenti des développeurs, des homologateurs, des mainteneurs et on ne peut pas l'avoir sans ces moments informels.
Je ne sais pas si la culture du travail est vraiment différentes entre nos deux pays (j'ai tendance à mettre l'accent sur les problèmes...). Après le COVID, on a travaillé plusieurs mois en télétravail (beaucoup de mois pour ce qui me concerne car j'ai eu mes problèmes de santé) et ça allait très bien... Mais j'ai fini par avoir envie de revenir au bureau deux jours par semaine car j'avais besoin du contact.
J'ai la sensation que les syndicats, jusqu'à présent, ont toujours été opposés au télétravail.
RépondreSupprimerDenis.
C'est sûr ! Les représentants syndicaux n'arrivent plus à faire du militantisme au quotidien et les négociations leur ont un échappé car ça s'est fait dans la précipitation au moment du Covid. En outre, ils perdent une partie de leur fond de commerce : les négociations des conditions de travail dans l'entreprise.
SupprimerPas tout à fait : mon syndicat a permis 100 jours de télétravail. Mais c'est fait que les syndicats de cadre y sont favorables car le travail cadre est plus télétravaillable que du travail sur terrain.
SupprimerOui c'est un vrai progrès social
Il y a peut-être des exceptions mais les syndicats ont été coincés avec le covid. On était à 100% de télétravail, avec tes 100 jours, on est passés à 100. Dans ma boite, on est même à plus (j'ai la flemme de compter mais trois jours par semaine pendant 45 semaines ou un peu plus, on doit frôler les 150). Mais tu as raison sur les syndicats de cadre. Dans ma boite, ils sont assez peu représentés (alors qu'on doit dépasser les 80% de cadres).
SupprimerMais c'est plus sur les côtés "annexes" qu'ils ont merdé. Ils ont été trop exigeants pour les patrons et le résultat ne ressemble à rien : on a une prime pour payer l'abonnement à Internet et le fauteuil de bureau (comme si on avait besoin d'une prime pour ça) et des tickets restaurants pour manger des restes à la maison... Et les salariés sont contents et pensent que les syndicats ont fait leur job alors que l'employeur est favorable au télétravail. En fait, les syndicats n'ont rien obtenu et ont suivi le mouvement... Les patrons paient moins de cantine et financièrement, ça ne change rien pour eux (et verser une vague prime est l'occasion de donner une rémunération sans cotisation).
Oups ! J'ai oublié de terminer. Tu prends la boite citée dans le lien que j'ai mis en introductions : la direction a pu revenir sur l'accord avec un simple claquement de doigts... On a aucune assurance, rien. On a juste un avenant annuel au règlement intérieur. S'il n'est pas renouvelé, on perd tout. Si les syndicats avaient faire leur job, on aurait une refonte du règlement intérieur, une meilleure flexibilité...
SupprimerTu te diras que je ne suis jamais content mais je te rappelle l'introduction de ma précédente réponse : on est passé de 210 à 150 après la crise sanitaire et les syndicats n'avaient pas le choix que de suivre les employés. Mais je continue : on n'a pas de flexibilité sur les jours mais ce sont eux qui ont imposé les jours fixes, par exemple, pour faire croire qu'ils luttaient pour le bien être des salariés ou des trucs comme ça alors que ce n'est que de la foutaise : la présence deux jours par semaine est nécessaire pour les petits jeunes qui ne savent pas ce qu'est le boulot, pas pour des vieillards qui passent leur temps en Bretagne.
La signature de l'accord a été une régression. C'est un fait. Et dans ma boite, ce n'est pas la faute de la direction.