En salle

20 décembre 2012

Réforme bancaire (bis)

Mon billet de ce matin a généré quelques réactions amusantes... Souvent les mêmes : "il est prêt à tout pour défendre Hollande". Ça en devient grotesque, d'autant que je prends toutes les précautions dans l'en-tête et que je me fous ouvertement de la gueule du ministre des finances en l'appelant Mosco vini vici.

Il se trouve que je défends un domaine que je connais. Quand mon chef me dit que le Directeur lui a coupé les vivres pour un projet que je monte (c'est mon job, en quelque sorte, lancer des projets informatiques...) et que je dois renvoyer chez eux les prestataires retenus, cela ne m'amuse pas.

J'ai récemment fait un billet sur le sujet. La crise qui a récemment touché les banques a eu des impacts que les gens ne connaissent pas. Les instances diverses internationales ont fait des évolutions du cadre réglementaire qui nous touche. Pour résumer, on appelle ça les accords de Bâle III.

Concrètement, les banques doivent éviter les risques liés au crédit en respectant un ratio entre le montant des prêts accordés et leurs capitaux propres. Concrètement, elles ne peuvent pas prêter plus qu'un montant proportionnel à ce dont elles ont réellement.

Pour revenir dans les normes, elles sont obligées de couper les crédits et d'augmenter leurs capitaux propres. Pour augmenter les capitaux, il y a trois solutions :
1. Augmenter le capital (créer de nouvelles actions qui seront mises sur le marché).
2. Augmenter les bénéfices.
3. Diminuer les dividendes (la part des bénéfices reversée aux actionnaires).

Je résume encore : les banques sont obligées d'augmenter leurs bénéfices pour mieux résister aux crises tout en diminuant leurs prises de risques liés aux crédits (et au reste, on y reviendra). Je caricature parce que ça en est devenu risible mais c'est bien "la loi" qui oblige les banques à augmenter leurs bénéfices.

On pourra me rétorquer que je défends le lobby des banques mais je ne fais que caricaturer la vérité.

Le deuxième aspect est que les bénéfices des banques ont été diminués. Les taux de crédit ont baisser et "l'Europe" a mis des arrêts à propos des commissions sur les cartes tout en obligeant les banques à investir beaucoup pour l'euro (la notion de paiement domestique - le paiement par un français en France - n'existe plus). Elles deviennent donc obligées de partager leur pognon avec les acteurs internationaux tels que MasterCard et Visa.

Le texte proposé par Moscovici coupe de nouvelles sources de revenus pour les banques : les frais d'intervention et autres saloperies sont limités. Ce n'est pas très grave, c'était prévu.

En outre, le gouvernement est en train de monter la Banque Publique d'Investissement pour contourner les difficultés des banques dans l'octroi de crédit.

Tout cela est bien cohérent et c'est assez facile de pousser des cris dans Twitter. Certes, je défends les banques. Mais pas leurs actionnaires. Je défends aussi leurs salariés, qu'ils soient de Dexia et du Crédit Immobilier de France comme de toutes les banques.

Les internautes sont très bavards pour ce qui concerne les 12 ou 15% des activités risquées (comme si prêter de l'argent à un particulier ou une entreprise n'était pas risqué). Ils ne disent pas grand chose pour les 85% qui restent.

Et pour les 50 ou 100 000 lascars qui travaillent pour l'informatique des banques (sans compter tous les autres salariés)...

Alors, on peut gueuler. Le montant dont dispose la BPI est insuffisant et le nouveau texte n'est pas assez dur. On est d'accord.

Mais on peut aussi se réjouir des aspects positifs, comme la limitation du trading haute fréquence qui fout le bordel et la diminution des frais d'intervention qui ruinent les gens déjà dans la merde.

Si la bouteille est à moitié vide, elle est aussi à moitié pleine.

11 commentaires:

  1. "Si la bouteille est à moitié vide, elle est aussi à moitié pleine"

    c'est dit
    et que ceux qui le voient pas aillent chez afflelou avant qu'ils ne doivent traverser le channel pour acheter leurs prothèses

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  2. Merde alors ! tu mets des bémols et de la nuance et les gens ne savent pas lire. Ca me rappelle les ù`$^ù` qui répondent aux tweets avec le lien du billet, en disant juste "ah bon?" :p

    Moi je dis : attendons la loi et les decrets d'application pour juger et observons les débats à l'assemblée, avec par exemple les amendements et leur soutien par X ou Y. Au vu du poids du lobby bancaire et des reculs observés, y'a de quoi s'amuser ou espérer des avancées.

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  3. suppression trading haute fréquence ? Faux : http://lexpansion.lexpress.fr/entreprise/non-moscovici-n-a-pas-supprime-le-trading-haute-frequence_365744.html

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  4. GdeC,

    Ai-je parlé de la suppression du trading haute fréquence ? Avant de commenter les billets de blogs, lis-les, plutôt que d’appuyer par tes connaissances théoriques que tu as acquises dans la matinée, aussi bien uniquement pour me contredire.

    Politeeks,

    Oui, toujours pareil.

    Pour le reste, n’oublions pas aussi d’observer les travaux menés à Bruxelles.

    Bob,

    Ah merde. Je t'ai répondu dans l'autre billet.

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  5. "Il se trouve que je défends un domaine que je connais"
    Quand je me suis permis de donner un avis sur NDDL, étant Ingénieur de la DGAC, je me suis fait renvoyer dans mes baskets!...
    mais, bon, on est sur "partageons MON avis"...

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    1. Rembarré suite à un harcèlement... Et je ne peut pas connaître le boulot de chaque commentateur. Et le problème n'est pas là : la politique ne consiste pas à mettre en œuvre les décisions des experts mais à écouter les différentes opinions.

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  6. "Si la bouteille est à moitié vide, elle est aussi à moitié pleine."

    Elle est surtout deux fois trop grande votre bouteille.

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    1. C'est un cas d'école. Je laisse rarement les bouteilles à moitié.

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    2. Une bouteille n'est jamais trop grande ! J'aimerais, amiral, ne pas avoir à le redire…

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  7. "Si la bouteille est à moitié vide, elle est aussi à moitié pleine"
    Reste donc à la remplir de moitié, ce serait con de s'en contenter ! Çà tombe bien, y a plein de gens prêts pour çà : Jégoun, FdG, PS, EELV... La question est : vont-ils bosser ensemble ou continuer à jouer les autistes ?

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