En salle

20 décembre 2012

Réforme bancaire

La réforme bancaire présentée par Pierre Moscovici, hier, fait étrangement peu parler les blogs politiques. Qu'en dire ? Qu'on aurait voulu plus mais que c'est déjà une avancée ? Malheureusement, le blogueur de gauche ne sait pas être mesuré alors il va parler de renoncement. On ne sait pas à quoi, d'ailleurs. Le blogueur de gauche plus optimiste dira deux choses. Voire trois s'il se permet de rappeler que la plupart des gens ne connaissent rien au fonctionnement d'une banque. 

Je ne plaisante pas. Vous avez déjà étudié la structure capitaliste que de Crédit Agricole SA ? Allez sur les sites boursiers tels que Boursorama. Vous verrez que "CASA" appartient à 56% à une mystérieuse SAS Rue de La Boétie. Le lecteur dépité se rend compte à ce stade que la plus grosse banque Française (ou la troisième, on s'en fout) appartient pour plus de la moitié à un illustre inconnu. Moi, je sais de qui il s'agit, nananère, mais j'ai une excuse : j'ai bossé pour eux. 

Le blogueur de gauche plus optimiste dira deux choses, disais-je. La première est qu'il reste quatre ans et demi de mandat pour faire le reste et qu'on peut bien faire une sieste maintenant. La deuxième est que les textes importants sont à l'étude au niveau européen et qu'on ne peut pas toujours tout faire tout seul sinon la banque Depardieu va s'installer en Belgique. 

Ensuite, il rappellera ce qu'à dit Mosco vini vici : la France est le pays le plus en avance pour ce qui concerne tout ce bordel. 

Enfin, il rappellera aussi que l'essentiel du texte est là pour protéger les plus démunis, avec des trucs comme la limitation des frais d'intervention et des commissions diverses. 

On ne va pas pleurer sur le sort des braves banquiers mais en deux ou trois ans ils ont perdu une part importante de leurs ressources, via ce texte mais aussi la limitation des commissions pour cartes bancaires et les machins dits de Bâle III, sans compter les taux de crédits particulièrement bas.

Que les actionnaires des banques gagnent moins d'argent pourra nous faire rigoler. Nous sommes gauchistes. Il n'empêche que la SAS Rue de la Boétie est la propriété des Caisses Régionales du Crédit Agricole, elles-mêmes, pour faire vite, propriétés des caisses locales, propriétés des clients qui, pour beaucoup, ont des parts sociales. Je traduits : moins le Crédit Agricole y en à gagner des sous, moins moi y en à toucher de l'oseille. 

Par ailleurs, moins une banque gagne de pognon, moins elle peut accorder de crédits pour faire tourner l'économie puis qu'elle est plafonnée par rapport à ses capitaux propres. 

Enfin, moins elles gagnent d'argent moins elles peuvent investir dans l'informatique et donc faire prospérer des informaticiens.

Ce qui me chagrine personnellement. 

24 commentaires:

  1. Salut Jegoun. Ton article est très intéressant mais si je comprends bien, tu estimes que si on va plus loin dans la séparation des banques, elles auront tendance à moins prêter faute de revenus ?

    J'ai du mal à le croire. Après la belle régulation mise en place par Roosevelt, la symbiose banques-citoyens n'a jamais été aussi bonne et s'est détériorée depuis avec la dérégulation.

    Je pense au contraire que le blogueur de gauche devrait réclamer une démarche ambitieuse de la part du gouvernement. Peut-être le ferais-je sur mon blog si je finis par avoir assez d'éléments sur la question.

    Merci à toi pour ton avis.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je n'ai pas dit ça. J'ai dit que les réformes devaient se faire progressivement et qu'il ne fallait pas brailler pour rien.

      Supprimer
    2. D'accord. Merci pour la précision. J'espère dans ce cas qu'après cette première étape, le dossier ne sera pas clos pour le quinquennat... On verra bien. Bonne journée à toi camarade :)

      Supprimer
  2. la vraie question, c'est quelle est la part réelle de l'activité spéculative sur fonds propre dans le CA d'une banque par rapport aux dépôts et placements des clients normaux
    si ça correspond au taux de filialisation prévu par la future loi, je vois pas où est le problème (sauf si j'ai rein compris, ce qui est très possible)
    t'as peut être des infos là-dessus

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. La future loi ne parle pas de taux de filiation mais de certaines activités.

      Supprimer
    2. les commentateurs "avisés" disent que ça représente entre 0.5 et 1% du C.A des dites banques qui sera transféré en filiale spéculative

      Supprimer
    3. Je voulais juste dire que ce n'est pas dans la loi.

      Supprimer
  3. Beaucoup de gens qui disent que la loi ne va pas assez loin disent aussi que les activités "dangereuses" représenteraient environ 13% du PNB (= chiffre d'affaires) des banques.

    RépondreSupprimer
  4. Bâle III, c'est bien beau mais.... Bâle I fixait un ration de 8% de fonds propres/ prêts. Bâle III s'avance vers 7% et lorsque Lehman Brothers a plogé, leur taux de couverture était de 2%.

    D'autre part, j'ai lu il y a peu que l'activité spéculative (A/R de fonds entre deux comptes en moins d'une semaine) notée par les grands agents de change représeterait environ 4 fois l'activité économique réelle.

    La loi parle t'elle des relations entre les banques et les paradis fiscaux ?

    Qui va contrôler ?

    Paris ne s'est pas fait en un jour (même la veille de la fin du monde) et il faut bien commencer quelque part et de préférence par le début.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Juste pour info, les agents de change n'existent plus depuis 1989...

      La plupart ont disparu, les autres sont devenu des sociétés de gestion (Richelieu, Carmignac Gestion, Oddo, Cholet-Dupont etc...)

      Supprimer
  5. Huhu 2 points

    1/ les blogs ne parlent pas du sujet , pardon ? pardon ?
    2/ "moins une banque gagne de pognon, moins elle peut accorder de crédits pour faire tourner l'économie puis qu'elle est plafonnée par rapport à ses capitaux propres." . Ben oui, les banques de dépots addosées -une fois séparées- aux fonds de l'assurance vie ( 1200 milliards) et aux revenus - non financiers- des français auront de quoi financer l'activité avec un effet de levier compatible Bale III. Leur problème c'est que si on les découpe, on retire la garantie de l'état au reste comme leur saloperie spéculative, et cela leur couterai cher sur les marchés pour se financer. Ils seraient obligé de manger leurs bénéfices, d'où leur résistance.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. 1/. J'ai dit "peu". Et surtout il y a beaucoup de théorie par des gauchistes de salon.
      2/ Ben oui mais peut on séparer sans filialisation ?

      Supprimer
    2. la fillialisation ne change rien si on ne met pas de grosses séparations et sanctions, faut pas que les actionnaires communs se repassent les fonds par exemple. Tout mélange doit alors être sanctionné par shutdown de la banque, et prison.

      Le credit arboricole a par exemple 100 filliales dans les paradis fiscaux, donc hors lois française et surtout hors fiscalité : que changera la loi pour ces trucs : rien. Mais elles ne doivent plus être sauvés/financées par l'argent des dépots courants sans que les gens le demandent, et sauvé par l'etat au cas où.

      Et surtout que tout cela soit controlé et vraiment, et pas par de l'auto-régulation entre banquiers

      Supprimer
  6. Mon billet de ce matin a généré quelques réactions amusantes... Souvent les mêmes : "il est prêt à tout pour défendre Hollande". Ça en devient grotesque, d'autant que je prends toutes les précautions dans l'en-tête et que je me fous ouvertement de la gueule du ministre des finances en l'appelant Mosco vini vici.

    Il se trouve que je défends un domaine que je connais. Quand mon chef me dit que le Directeur lui a coupé les vivres pour un projet que je monte (c'est mon job, en quelque sorte, lancer des projets informatiques...) et que je dois renvoyer chez eux les prestataires retenus, cela ne m'amuse pas.

    J'ai récemment fait un billet sur le sujet. La crise qui a récemment touché les banques a eu des impacts que les gens ne connaissent pas. Les instances diverses internationales ont fait des évolutions du cadre réglementaire qui nous touche. Pour résumer, on appelle ça les accords de Bâle III.

    Concrètement, les banques doivent éviter les risques liés au crédit en respectant un ratio entre le montant des prêts accordés et leurs capitaux propres. Concrètement, elles ne peuvent pas prêter plus qu'un montant proportionnel à ce dont elles ont réellement.

    Pour revenir dans les normes, elles sont obligées de couper les crédits et d'augmenter leurs capitaux propres. Pour augmenter les capitaux, il y a trois solutions :
    1. Augmenter le capital (créer de nouvelles actions qui seront mises sur le marché).
    2. Augmenter les bénéfices.
    3. Diminuer les dividendes (la part des bénéfices reversée aux actionnaires).

    Je résume encore : les banques sont obligées d'augmenter leurs bénéfices pour mieux résister aux crises tout en diminuant leurs prises de risques liés aux crédits (et au reste, on y reviendra). Je caricature parce que ça en est devenu risible mais c'est bien "la loi" qui oblige les banques à augmenter leurs bénéfices.

    On pourra me rétorquer que je défends le lobby des banques mais je ne fais que caricaturer la vérité.

    Le deuxième aspect est que les bénéfices des banques ont été diminués. Les taux de crédit ont baisser et "l'Europe" a mis des arrêts à propos des commissions sur les cartes tout en obligeant les banques à investir beaucoup pour l'euro (la notion de paiement domestique - le paiement par un français en France - n'existe plus). Elles deviennent donc obligées de partager leur pognon avec les acteurs internationaux tels que MasterCard et Visa.

    Le texte proposé par Moscovici coupe de nouvelles sources de revenus pour les banques : les frais d'intervention et autres saloperies sont limités. Ce n'est pas très grave, c'était prévu.

    En outre, le gouvernement est en train de monter la Banque Publique d'Investissement pour contourner les difficultés des banques dans l'octroi de crédit.

    Tout cela est bien cohérent et c'est assez facile de pousser des cris dans Twitter. Certes, je défends les banques. Mais pas leurs actionnaires. Je défends aussi leurs salariés, qu'ils soient de Dexia et du Crédit Immobilier de France comme de toutes les banques.

    Les internautes sont très bavards pour ce qui concerne les 12 ou 15% des activités risquées (comme si prêter de l'argent à un particulier ou une entreprise n'était pas risqué). Ils ne disent pas grand chose pour les 85% qui restent.

    Et pour les 50 ou 100 000 lascars qui travaillent pour l'informatique des banques (sans compter tous les autres salariés)...

    Alors, on peut gueuler. Le montant dont dispose la BPI est insuffisant et le nouveau texte n'est pas assez dur. On est d'accord.

    Mais on peut aussi se réjouir des aspects positifs, comme la limitation du trading haute fréquence qui fout le bordel et la diminution des frais d'intervention qui ruinent les gens déjà dans la merde.

    Si la bouteille est à moitié vide, elle est aussi à moitié pleine.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Le trading haute fréquence doit être purement et simplement interdit (et c'est un trader qui parle...).

      Cela n'apporte rien aux marchés, créer une fausse liquidité et une fausse volatilité.

      De plus cette technologie ne repose absolument pas sur les compétence financières ou analytiques, ni même sur une quelconque spéculation (j'achète car je pense que ça va monter) mais uniquement sur un avantage technologique.

      En gros, celui qui a la meilleure connexion internet gagne de l'argent sur le dos des autres.

      Cela ne sert absolument à rien, bien au contraire.

      Supprimer
    2. Le contraire de "cela ne sert absolument à rien" est "c'est indispensable".

      Supprimer
    3. Ni pour, ni contre, bien au contraire.

      Supprimer
  7. Merde. Erreur de copier coller. Je reviens.

    RépondreSupprimer
  8. Politeeks,

    Ben oui, la filialisation ne change rien. On ne résoudra donc pas le problème entre Français.

    Par ailleurs, ne cite pas trop comme exemple le CA. Les clients normaux n’ont pas de compte à la structure nationale mais dans les Caisses Régionales.

    Bob,

    Oui.

    RépondreSupprimer
  9. Il y a 36 000 informaticiens au chômage en France en ce moment, c'est un chiffre inquiétant dû à la baisse des investissements, en partie des banques aussi car leurs systèmes sont compliqués et onéreux, et dû aussi au déploiement malheureux de l'offshore. C'est un vrai sujet.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui. C'est un vrai sujet. Les gauchistes sont rigolos mais si les grosses boîtes n'ont plus de pognon, elles ne générent pas d'activité.

      Supprimer

La modération des commentaires est activée. Je publie ceux que je veux. On ne va pas reprocher à un journal de ne pas publier tous les courriers des lecteurs...