En salle

17 janvier 2021

S'il ne reste plus que l'empathie...

Il n’y a pas beaucoup d’apéros de blogueurs plus ou moins politiques (visio KdB) dont on ne sorte enrichis ! Bien sûr, pendant les deux premiers tiers, on ne raconte que des conneries pour rigoler puis on devient plus ou moins sérieux et écouter les autres permet d’y voir plus clair même si tout cela, au fond, est évident. Je vais d’ailleurs faire la conclusion de ce billet dès l’introduction (ce qui me permettra d’être sûr d’avoir fini la rédaction avant l’heure de l’apéro), conclusion fort simple : à force de pérorer péremptoirement des avis politiques, on a une fâcheuse tendance à se croire différents des autres gens… voire supérieurs. Il n’y a pas de mal à ça : chacun se sent supérieur aux autres et, même moi, en le reconnaissant, je me demande si je ne pète pas plus haut que mon cul.

 

J’espère que vous avez bien compris le sens général de cette introduction, outre le fait qu’on s’est soulé la gueule via internet hier, je ne vais pas y revenir. Deux exemples piochés dans cette conversation vous permettra d’y voir plus clair.

Le premier sera d’une limpidité sans égal. Vous pouvez prendre des notes. On parlait de la crise sanitaire et chacun tenait des propos du genre « les gens en ont marre », « les gens pensent que », « les gens ont peur » et ainsi de suite et j’ai craqué ! Ca a été moi, ça aurait pu être un autre… J’ai dit « stop, je suis les gens ». J’en ai marre de cette crise. J’ai peur. Je ne sais plus trop comment gérer ma vie à ce putain de couvre-feu. J’en passe. On peut parler des jeunes de vingt ans, coincés dans des chambres d’étudiants, ne pouvant plus aller voir leurs parents, n’ayant plus le droit de voir des potes, sentant la dépression comme un chauve peut sentir des pieds… On peut parler des vieux qui au fond de leurs maisons de retraites se demandent s’ils en sortiront un jour pour un simple de repas de famille au cours duquel ils pourront tenir leur rôle : celui du patriarche, au bout de la table, qui ne parle plus, que tout le monde respecte et qui voit sa descendance virevolter autour… Et qui, sans espoir, se demande s’il ne serait pas plus simple d’anticiper l’heure du passage de l’arme à gauche.


On est tous pareils : pourquoi commencer une nouvelle semaine de claquemurage s’il risque de ne jamais s’arrêter, si on ne pourra plus reprendre ses voyages autour de France ou du Monde, les apéros avec les potes, le sport ou que sais-je ? Si on ne pourra plus être avec ses proches avant des mois. Ne garder que l’espoir que tout cela cesse…

Notons bien que je ne déprime pas plus que cela mais mon horizon n’est pas plus clair que celui des autres. Il fait beau. Si cela dure jusqu’à la fin de la sieste, je pourrai aller faire le tour du pâté de maison. Pour cela, il me faudra mettre mon pantalon. Ce n’est pas tous les jours.

 

Le deuxième en découle. Avec les copains, on est plus ou moins militants politiques, généralement proches du PS et nous avons une élection en ligne de mire. 15 mois. Le parti n’a pas de programme, pas de candidat et on se demande bien ce qu’on va devenir. Au moins, on peut rigoler des autres qui sont à peu près autant dans la mouise mais ce n’est pas une consolation.

Cette future élection présidentielle n’intéresse personne. Certains rêvent de vire macron mais s’il s’agit de trouver d’autres croque morts pour annoncer la fin du monde et des nouvelles modalités de confinement pour le lendemain, ça nous fait une belle jambe. Le pire est que Macron, s’il veut se représenter, sera obligé de virer Casteix pour tenter d’avoir une belle fin de mandat et qu’on n’a plus que cela à attendre.

Ainsi, tout le monde se fout de la politique et les blogueurs et autres militants ne savent plus quoi faire. Un programme ne sert à rien. Parler de la France d’après devient soit anxiogène soit utopiste. Montebourg a commencé sa campagne. Je m’y intéresse parce qu’il est soutenu par des copains mais, au fond, je m’en fous aussi, je ne sais pas ce qu’il propose et je ne veux même pas le savoir. Ce n’est pas le moment. Il faudrait commencer la campagne en janvier ou mars 2022 si on a toujours cette pandémie au-dessus de la tête.


Nous pourrions évidemment parler des mesures du gouvernement contre le virus et en faire campagne même si tirer sur une ambulance n’est ni joli ni efficace. Mais même ça, on ne peut pas. Il y a quinze jours, on gueulait après le nombre de vaccins, il y a une semaine, on constatait que la France était parmi les pays occidentaux à avoir le moins de morts et, aujourd’hui, on ne peut que constater qu’on est presque les seuls à ne pas être confinés totalement. La politique menée par la France (évidemment, c’est crétin d’avoir les mêmes mesures en Bretagne qu’en région Parisienne mais peu importe) mais tout ce que nous avons contre est qu’on en a marre, qu’on est inquiets,…

La plupart des partis d’oppositions sont muets. D’une part, ils n’ont sans doute rien de mieux à proposer et, d’autre part, ils sont obligés de faire marcher la solidarité nationale.


 

C’est la fin de la politique ! Il ne reste plus qu’une chose : l’empathie. Prenez-nous dans vos bras et consolez-nous, donnez-nous de l’espoir, dites-nous qu’à l’été, on pourra recommencer les festivités, les repars de familles, l’égorgement de nos filles et de nos compagnes !

Tiens ! Rendez-nous Hollande. Il est très bon pour empathir. Hier, y avait Royal chez Ruquier. Ce n’est pas une mauvaise empathisseuse mais elle n’arrive pas aux chevilles de son ex. Montebourg doit progresser. Il est encore trop hautain pour nous empather correctement.

 


Dites-moi que ma mère va passer l’après-midi à rigoler avec ses copines en buvant l’absinthe et qu’elle ne se morfondra pas dans sa chambre en se demandant pourquoi des circuits administratifs et décisionnels idiots font qu’elle ne peut pas voir son fils, avachi devant les réseaux sociaux à moins d’un kilomètre alors qu’il serait tellement plus sain, plus jouissif, qu’il déambule dans le jardin de la résidence avec elle, sous ce petit soleil d’hiver.

 

 

 

 

20 commentaires:

  1. François Hollande : empathie… sans laisser d'adresse.

    (Heureusement !)

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  2. Pour la gauche, ça sent surtout la pâtée et l'apathie. Très bô billet.

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  3. Magnifique. Je ne. Reviens pas qu’après toutes ces années à te lire, tu parviennes encore à me surprendre et l’émouvoir.
    Moi aussi #JeSuisLesGens.
    Merci Nico.

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    1. Je suis comme ça. Un bon vieux billet de tafiole de temps en temps pour émouvoir les gonzesses.

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    2. Eh bien, moi, j'ai horreur des gens car je suis un fucking égoïste, voilà !

      On pourrait dire que, loin d'être tafiole, je serais plutôt "ma fiole".

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  4. bordel je suis obligé d'utiliser Firefox pour commenter ici (ça doit les 2 antipub + le module interne de Safari qui bloquent des trucs sur blogger).

    Voilà faut pas oublier que des tas de gens vont se poser des questions sur la survivance de leur job, des commerces vont devoir changer de mode de fonctionnement, on va garder des habitudes nouvelles prises lors des ces phases de stop/go. Comme dirait Elodie, des gens vont vouloir une fois tout ça fini teletravailler et apéro chez eux/potes/bistros au lieu de se faire chier dans leur bagnole/métro. Ca va changer des tas de choses. Cette année : pas encore de Grippe, de Bronchiolites, pas de gastro (même si ça augmente).

    Et tout ce que tu dis doit se produire aussi dans les autres pays, je vois des belges se plaindre en français des trucs dans leur ehpad (les autres langues je ne maitrise pas assez). J'ai vu des scandales ailleurs (NL), des lander allemands qui faisaient chier Merkel. JE vois des pays rougir dans les cartes UE: ça me chagrine. Mais je reste optimiste : l'UE a su partager les vaccins (sinon elle montrait alors son inutilité), elle le fera pour les traitements.

    Après la gauche , je m'en fous un peu, elle a ce qu'elle mérite car elle a fait n'importe quoi, cf nos echanges sur pole emploi: les mecs promettent du social et de l'école qui marche : ils ne savent même pas comment pole emploi fonctionne de travers, et n'ont plus d'enfants qui vont à l'école ou plutôt font du zoom pour apprendre des maths ou parler de Zola.

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    1. Voila. C'est le bordel partout.

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    2. oui, memes problèmes, réponses voisines, comportements sociaux identiques ou presque.

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  5. Un véritable hymne à l'amour sorti du cœur d'un drôle de Piaf !!
    J'ai adoré.
    PS : SIGNÉ : un secrétaire de section qui s'en fout...

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  6. Beau billet Nicolas, j'espère que je pourrais assister au prochain vrai KdB. Il sera mémorable, je n'en doute pas.

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    1. Et pis quoiqu'il en coûte (ça me rappelle quelqu'un tiens), je serai là ! M'enfin si vous voulez de moi hein !

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    2. Ben oui, je crois bien que ça fait plus de 10 ans, voire près de 15, qu'on se connait et qu'on ne s'est jamais rencontrés...

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    3. J'suis arrivé sur Twitter en septembre 2010, j'ai créé mon blog en novembre 2011, le reste des bidules est arrivé à peu près en même temps, alors oui, ça doit faire ça, une dizaine d'années qu'on se connaît.
      M'enfin qu'on se "connaît"... Encore que j'ai probablement emmagasiné plus de détails te concernant que tu n'en possèdes à mon sujet. Peu importe.
      Il y a un moment de ça, au début de cette histoire de virus, j'ai prêché à qui voulait bien l'entendre qu'il n'y aurait pas de "vie d'après", le temps aidant (un peu de sagesse aussi ?), je n'ai qu'une seule hâte : être de ceux qui feront cette vie d'après.

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    4. Je n’emmagasine aucun détail, de toute manière... Je n'ai pas la mémoire faite pour et je cloisonne les RS de la vraie vie.

      Pour le reste, je crois que la vie d'après ne changera pas grand chose. S'il y a une vie d'après.

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  7. d'abord les chauves ne puent pas tous des pieds, même si mes arpions fouettent légèrement le camembert mort les jours de grande déprime. deuzio, il semble qu'aucun parti ne voudra endosser le quinquennat 2022/27 car il ne présente que des inconvénients sur tous les plans (rattrapages économiques et sociaux cruels)d'où l'idée que personne de valable ne sorte du lot, comme candidat hein, je ne parle pas d'aptitude à dire des conneries...pour ça y a du monde ! Troisio j'empathis avec toi du fait que tu ne puisse pas perdre un peu de temps avec ta maman, ce doit être compliqué.

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