En salle

22 avril 2022

La haine du Président

 


Je comprends parfaitement que l’on n’aime pas Emmanuel Macron mais je n’aime pas le manque de recul dont font part ceux qui crachent dessus dans les réseaux sociaux, en oubliant les précédents présidents de la République. On pourrait remonter très loin, parler de Giscard ou de Mitterrand, évoquer leurs défauts et, surtout, pour ce qui nous concerne, ce qu’on leur reprochait.

Je vais commencer par Jacques Chirac et poursuivre par ses successeurs.

N’oublions pas qu’on ne pouvait pas le blairer au début de son premier mandat bien que sa campagne contre Balladur nous ait fait assez plaisir, comme le « Mangez des pommes » des Guignols. Il y avait eu, avant, le bruit et l’odeur puis, pendant, la reprise des essais nucléaires qui nous avait fait bondir, sans compter le gouvernement des juppettes, les six premiers mois, transformé rapidement en une espèce de magma de conservateurs et de libéraux… Après, il est remonté dans notre estime car il a permis à la gauche de revenir aux commandes mais dès la campagne 2002, qu’il a axée sur la sécurité, il est retombé tout en gardant un capital sympathie, celle que l’on peut avoir pour des vieux oncles qui ne font pas plus de mal que de raconter quelques conneries. Il a recommencé à mettre en place des gouvernements qui ne ressemblaient pas à grand-chose. Franchement, quoi ! Raffarin et ses raffarinade. Le gars qui parlait à la France d’en bas… La route est droite et la pente est forte. La rue peut s’exprimer mais ce n’est pas la rue qui gouverne.

On a aimé Villepin et son discours devant l’ONU mais on n’a pas oublié le mauvais premier ministre, celui du CPE, la seule loi votée, ratifiée mais pas appliquée par volonté du président (sans compter le fond, évidemment).

Franchement, vous avez quel souvenir des années Chirac ? Ah oui, comme moi, le gars sympa au salon de l’agriculture et qui boit de la bière.

 

J'ai jamais été maigre comme ça, moi...

A propos de ce salon, nous avons eu le successeur, Nicolas Sarkozy, qui y avait dit « casse-toi pov’con »… Entre temps, les blogs et les réseaux sociaux avaient explosés. Quelle énergie dépensée à taper sur le Sarko, entre la dénonciation de ses outrances verbales, les évocations des affaires judiciaires en générale avec Karachi en particulier… Et la dérive vers la droite de la droite. Le discours de Dakar (les Africains qui doivent prendre en main leur destin) puis celui de Grenoble. Les peines plancher, les peines incompressibles…

Après lui, nous avons eu François Hollande. Des fois, je me demande si je ne suis pas le seul à l’avoir apprécié tant il en a pris plein la gueule par cette même gauche que celle qui critique aujourd’hui Macron, confondant les volets humains et les aspects politiques. Tenez ! On nous rabâche les oreilles avec le « 49.3 » pourtant utilisé seulement 6 fois alors que Rocard l’avait utilisé à 28 reprises (et je ne compte pas les 11 fois sous Cresson puis Bérégovoy…), dans des conditions certes différentes mais « 49.3 » quand même. On nous explique maintenant que Macron n’est pas démocrate mais il n’a jamais eu à « passer en force ».

 

O jeunesse ennemie !

Outre ce manque de démocratie (complètement bidon, quand même !, même si on sera d’accord que les députés sont godillots mais c’est quand même souvent le cas et, sinon, il faut le 49.3 ce qui n’est pas non plus génial), ce qui est reproché à Macron tourne autour de deux sujets, les violences policières et la gestion de la crise sanitaire, elle-même avec deux aspects à étudier : le passe-sanitaire ou vaccinal (qui est proche d’une obligation vaccinale) et… le reste, comme les attestations délirantes ou l’ubuesque gestion des masques. Soyez assurés que je ne cherche pas à minimiser ou à relativiser (j’ai fait assez de billets « contre » le passe) mais, disons, à resituer le contexte.

Tout d’abord, les violences policières. J’en ai beaucoup parlé récemment car elles n’ont strictement rien de neuf. Puisqu’on est entre gens de gauche, rappelons-nous des manifestations de la droite contre le mariage pour tous : ces imbéciles accusaient le gouvernement d’alors de gazer les enfants qui manifestaient avec leurs parents… Peut-être les manifestants de gauche ou jaune ne sont-ils pas plus intelligents que les manifestants catholiques de l’époque ?

Par ailleurs, aucun gouvernement n’a eu à gérer une telle histoire : des manifestations incontrôlées (sans organisme défini à l’origine de l’organisation) pendant une aussi longue période, le tout pour des revendications sans doute justifiées pour les gens mais pas du tout légitime en regard des usages républicains. Les lascars ont commencé leurs histoires très peu de temps après l’élection, avant même que le gouvernement élu ait pu voir des résultats de ses premières actions. Ces manifestations sont ainsi tout sauf démocratiques puisque contraignaient, sans cadre précis, les gouvernements répondant devant des élus.

Jamais on n’a vu ça.

 

Président corrézien

Comme jamais on n’a vu une telle crise sanitaire qui a peut-être généré des bizarreries et des erreurs (j’ai notamment entre les dents la gestion des maisons de retraite privées) mais je ne sais pas ce que tout un chacun aurait pu faire en étant au pouvoir et si les mesures qu’il aurait prises auraient été efficaces. Donc je pardonne certaines erreurs et je préfère en rigoler. Ben oui, ces clowns ont dit que les masques étaient inutiles quand il n’y avait pas de masque mais que se serait-il passé si tout le monde avait pensé que les masques étaient indispensables mais indisponibles ?

Seul les passe-divers sont réellement scandaleux, tout d’abord parce que, pour être efficaces, ils auraient nécessité des contrôles d’identité ce qui n’est pas acceptable par quelqu’un d’autres que les forces de l’ordre (et rappelons qu’il n’y a pas de précédent : les seuls contrôles possibles, hors machins comme la sécurité aérienne, sont pour les contrôles de l’âge des jeunes pour procéder à des emplettes autorisées uniquement aux majeurs). Ensuite, ça rend la vaccination obligatoire dans certains cas. Je ne parle pas des professions de santé (si tu n’as pas confiance dans le secteur qui t’emploie, tu peux changer de domaine…) mais pour les braves gens que nous sommes.

Néanmoins, il faut ouvrir les yeux. La plupart des pays au monde sont passés par le vaccin, avec ou sans obligation quelconque, car il faisait un large consensus scientifique. Et les opposants se basaient surtout sur des textes qu’ils ne comprenaient pas vraiment (ils étaient forts pour faire semblant) sur lesquels ils tombaient au hasard de leurs promenades sur le net.

Et là, ça frise le ridicule. Non pas de ne pas croire au vaccin voire de le trouver dangereux mais de gueuler parce qu’ils ne pouvaient pas aller dans des lieux réservés aux titulaires du passe, validé par les autorités politiques sur la base de conclusions d’autorités scientifiques faisant consensus avec l’appui de spécialistes de gestion de crises.

 


Je veux bien qu’on n’aime pas Macron. D’ailleurs, quitte à avoir un jeune président, même moi, je préfèrerais une gonzesse avec des gros nichons. Mais cela n’excuse pas tout. Et je le dis parce qu’en tant que soutien d’Hollande, j’en ai beaucoup entendu, à un point que j’ai regretté certains propos que j’ai pu tenir à l’égard de Sarkozy.

Cela étant, rappelez-vous les scandales des avions renifleurs ou des écoutes de l’Elysée… Mais ce n'est pas parce que les prédécesseurs ont fait des conneries que l'on doit tout tolérer non plus...

8 commentaires:

  1. Tu aurais pu ajouter aussi l'inénarrable Giscard avec ses œufs brouillés à la table familiale et sa gestion du pouvoir d'achat.
    Quand il est arrivé au pouvoir, la dette publique était de 0, c'est lui qui l'a initiée en 1973 pour que les gouvernements soient responsables de leur gestion financière et que le petit peuple n'ai pas à subir l'inflation.
    Résultat pendant son septennat l'inflation n'a jamais été inférieure à 9% (14.7*% en 1978) et la dette en 1980 s'élevait déjà à l'équivalent de 300 milliards de nos euro d'aujourd'hui.
    Je n'ai pas gardé les meilleurs souvenirs de cette époque.

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    1. Je parle bien de Giscard dans mon billet mais sans le citer (les avions renifleurs...). En outre, son texte date du temps où il était ministre et pas encore président. J'évite par ailleurs le sujet qui n'est pas simple (c'est aussi parce qu'il y avait une inflation importante que les gens pouvaient investir dans l'immobilier : les taux d'emprunt étaient presque inférieurs à l'inflation et par conséquent aux hausses de salaire). De fait, j'ai toujours été mitigé sur les politiques financières.

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    2. Les classes moyennes subissaient une hausse des prix qui ont provoqué des très nombreuses grèves destinées à réclamer l'instauration der l'échelle mobile.
      Quand je cite "supérieure à 9%", c'était annuel bien entendu.

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  2. Juste comme ça : le dernier OSS117 en Afrique qui se passe sous Giscard est hilarant. La fin est à pleurer de rire.

    Sinon encore un chouette billet

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  3. Je rappelle à mes commentateurs abrutis que mai 68 n’a pas duré et ce connard d’Arié arrive à citer des parties de mes billets sans les comprendre tellement ce trou du cul est rageux.

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  4. La haine du Président.. Mais c'est tout à fait ça !
    A part Hollande également et puis parce que j'étais très jeune, Pompidou parce qu'il avait cité Eluard après le suicide d'une professeur accusée de détournement de mineur (mais certains ici sont trop jeunes pour avoir connu !!!).

    Sylvie

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  5. Disons plutôt une profonde, sincère et entière détestation.

    En effet, je pensais qu'une personnalité de 1er plan allait être victime d'un attentat. La prédiction est un naufrage.

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