En salle

07 novembre 2025

Le travail à la Shein (il n'y a pas de plaisir)

 


Avant-hier, j’étais au comptoir du Café de la garde et je regardais la télévision qui diffusait BFMTV mais le son était coupé. J’ai compris aux « sous-titres » que les braves gens dans le poste débattaient des différents volets de « l’affaire Shein ». J’ai moi aussi des avis et en plus j’ai un blog pour les véhiculer.

En préambule, je précise que je n’ai jamais rien acheter à cette boite mais que je suis client de concurrents comme TEMU et le truc de shopping intégré à TikTok. Je vais me justifier par la suite parce que je pense qu’il y a des millions de Français qui ont franchi le pas, comme moi.

 

Commençons par cette histoire de poupée sexuelle pour les pédophiles. C’est d’autant plus drôle qu’on a appris par la suite que ce n’est pas Shein qui avait commercialisé le produit incriminé mais un site français. On a donc un paquet de bienpensants qui se sont donné le mot pour taper sur le vendeur chinois et qui ont pratiqué une convergence des luttes en se plantant largement. C’est de l’acharnement.

Par ailleurs, je n’ai strictement rien contre les poupées gonflables. Et je préfère que les pédophiles qui ont des pulsions criminelles se divertissent avec des jouets plutôt qu’avec des vrais mômes. Il faudrait avoir l’avis de spécialistes mais je ne vois franchement pas pourquoi sodomiser une poupée à l’effigie d’une petite fille encouragerait des salopards à passer à l’acte.

On a dans notre pays des espèces de valeurs morales qui nous poussent à condamner tout ce qui touche au commerce sexuel. On peut toujours interdire la prostitution mais cela n’empêchera jamais des étudiants de se vendre pour payer leurs loyers et leurs repas… On peut interdire les poupées gonflables (et leurs dérivés) mais il ne se passe pas un an sans qu’on nous sorte des histoires réelles de pédophilie (il y a dix mois, on apprenait que notre premier ministre n’est pas clean avec Bétharram). Il y a 20 000 plaintes par an pour abus sexuel sur mineur dans notre pays. Je n’ose pas imaginer le nombre de cas sans plainte.

Et on va se palucher avec des poupées gonflables, si je puis me permettre.

 


Le second volet de l’affaire Shein porte sur les conditions de production avec des salariées et salariés à la limite de l’esclavage. Pour moi, c’est du ressort de l’Europe de s’assurer que les produits importés sont produits selon certaines contraintes sociales ou environnementales. L’Europe est sans doute le premier importateur mondial et elle a les moyens de contraindre les autres pays.

Alors, je n’en peux plus de voir nos députés européens traiter des âneries. Je n’en peux plus de voir les députés français donner leurs avis sur des sujets qui ne devraient pas concerner les parlements nationaux. Je n’en peux plus de voir notre Premier ministre annoncer une procédure de suspension de Shein alors que le sujet devrait être traité par la Commission européenne.

Notre personnel politique est à la ramasse.

 


Le troisième volet de cette affaire que je voudrais évoquer est le scandale lié à l’ouverture de magasins de cette enseigne dans le BHV. Je comprends assez bien l’émotion mais il faut reconnaitre qu’il y avait plein de clients. Le besoin existe donc. Certes, les produits sont confectionnés par des Ouighours esclaves mais je voudrais savoir si ceux qui ronchonnent vérifient où son fabriquées les fringues qu’ils achètent, dans des petites boutiques pas chères, sur des stands des marchés…

Ne se retrouveraient donc pas avec une espèce d’hystérie collectives sur la base de critères assez peu historique ! J’imagine très bien les lascars dénonçant l’esclavagisme dans des réseaux sociaux, avec leurs smartphones produits en Chine par des enfants ou, du moins, ce qui ne sont pas occupés dans les mines à ramasser des métaux rares pour en faire les batteries.

Le bal des faux-cul n’est pas loin.

 


Il y a un autre volet. Je ne suis pas client chez Shein, disais-je en introduction mais je le suis d’autres entreprises chez qui on ne peut pas vérifier que les modes de production des fournisseurs sont d’une étique à tout épreuve. Je suis client, d’abord, d’Amazon et, depuis peu, de TikTok « shop » (un des produits présentés me plaisait) et de Temu (je cherchais un gros abat-jour en peau de fesses et les propositions d’Amazon ne me convenaient pas).

Il y a des raisons qui me poussent à acheter par Internet sur ces sites. La première est qu’il me faut des fringues de grandes tailles (genre tee-shirt 6XL). Les boutiques spécialisées sont rares et l’achat prendrait une heure avec le trajet alors qu’il faut trente secondes sur le net. Surtout, le prix est cinq ou six fois plus cher ! Vous savez que quand vous êtes gros, vous faites des taches de sauce en mangeant : il n’y a pas une semaine sans que doive mettre un tee-shirt à la poubelle !

La deuxième est que j’ai une maison en Centre Bretagne et que je n’ai pas de voiture. Cet été, j’avais besoin d’un petit débroussailleur. C’était plus simple de googliser que d’appeler un pote et de lui demander de faire le tour des commerces avec moi. Google m’a orienté vers un modèle à 50 balles alors que, en boutique, j’aurais payé cinq ou six fois plus cher pour un appareil surdimensionné par rapport à mes besoins.

Chacun des clients de ces boites ont leur motivation. Les plus simples, surtout avec des enseignes comme Shein, tournent autour du fait qu’ils veulent changer de fringue souvent et n’ont pas vraiment les moyens.

La société de consommation, c’est mal, mais se mettre les consommateurs à dos n’est pas toujours une bonne idée.

Electoralement, il va rester quoi de la « séquence Shein » ? Les braves gens vont être persuadés qu’on les empêcher d’acheter ce qu’ils veulent. Et ils prendront d’autres commerces qui ne seront pas spécialement « éthiques »…

 

Je ne suis pas adepte de la société de consommation mais allez donc sur le site de la Redoute, le grand vendeur par correspondance « historique ». Ils n’ont aucun tee-shirt de plus de 3XL et ils sont fabriqués au Bangladesh.

Il va peut-être falloir se calmer avec les leçons de morale.


Politiquement, je n'ai pas spécialement de message à part qu'il ne faut pas dégoutter les électeurs. Mais si on avait une production française, on aurait un problème en moins. Et pratiquer la politique de la demande n'empêchera pas les consommateurs d'acheter des vibromasseurs construits au Soudan.

05 novembre 2025

USA : battre l'extrême-droite dans un bastion démocrate

 


« « Donald Trump, je sais que vous regardez, montez le son ! New York restera une ville d'immigrés, construite par des immigrés, qui tourne grâce aux immigrés, et désormais, dirigée par un immigré ! Pour atteindre l'un d'entre nous, vous devrez d'abord passer à travers nous tous. » New York écrit l’histoire avec la magnifique victoire de Zohran Mamdani. Malgré les millions de dollars déversés pour lui barrer la route, malgré les calomnies, la mobilisation populaire dans les urnes fait élire le plus jeune maire et premier musulman à diriger la plus grande ville du pays. Il le fera pour et par ses habitants : gel des loyers, bus gratuit, crèche gratuite, hausse du salaire minimum. Cette victoire porte en elle une leçon : seule la gauche de rupture peut battre l’extrême droite. Le futur nous appartient ! »

Voila ce qu’a tweeté Mathilde Panot pour saluer la victoire de Zohran Mamdani aux municipales à New York. Les analyses des militants de gauche à la suite d’élections aux USA m’amuse toujours.

La vérité est que le parti démocrate n’avait pas fait un score aussi faible depuis 2009. En d’autres termes, ceux qui servent de gauche, là-bas, ont perdu plus de 15 points depuis les dernières élections de ce type.      A ceci près que Mandani était opposé à un « dissident » démocrate qui n’était soutenu par l’extrême-droite que pour battre un type à la réputation d’antisémitisme…

Le candidat républicain, arrivé troisième (avec un score digne de Valérie Pécresse), était d’ailleurs un opposant à Trump.

 

Je vais donc apporter une précision à la publication de Madame Panot : seule la gauche de rupture peut battre l’extrême-droite lorsque l’extrême-droite n’a pas de candidat.

Et que les électeurs traditionnels sont partis à la pêche.

C’est déjà pas mal, remarque ! 


Pour ma part, ça fait longtemps que j'ai arrêté de tirer des conclusions aux élections en dehors de nos frontières. On ne peut pas tout connaître.