27 février 2013

Vers une nouvelle réforme des retraites

« Jean-Marc Ayrault, Premier ministre a installé le 27 février 2013 la Commission pour l’avenir des retraites, en présence de Madame Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé. » peut-on lire dans le communiqué de presse de Matignon. La Commission sera présidée par Madame Yannick Moreau (à ne pas confondre avec M. Yannick Moreau, député). La lettre de mission (pdf) précise le cadre et les objectifs : « Vous serez chargée […] d’identifier les différentes pistes de retraite permettant d’assurer l’équilibre des régimes de retraites à court, moyen et long terme, et d’en renforcer la justice, l’équité et la lisibilité pour les assurés, sur la base d’un cahier des charges des charges qui vous sera adressé à l’issue des échanges en cours avec les partenaires sociaux. »

Dans mes billets de ce matin, j'aidais la droite à faire l'inventaire du précédent quinquennat. Il aurait installé une commission, il aurait donné les grands axes de travail. Cette fois, il n'y a strictement aucune piste. C'est triste pour le blogueur politique qui devra attendre juin pour analyser la sauce à la quelle on sera mangés, mais c'est bien mieux pour la pertinence d'une négociation.

On rappellera qu'avec la précédente réforme, on s'est fait avoir et il est dommage que le gouvernement et le Parti Socialiste ne communiquent pas assez sur le sujet. J'entendais encore aujourd'hui des critiques de MM. Raffarin et Le Maire sur la lenteur des actions menées par le Gouvernement. On peut aussi les interroger sur la pertinence de celles des deux précédents quinquennats. Mais l'heure n'est pas à la polémique.

Si…

M. Le Maire a déclaré : « Il est temps que l’on passe à un traitement économique du chômage. » Pour la forme, nous allons rappeler qu’il était Ministre, encore récemment. Il a participé à un Gouvernement qui a fait en sorte que les gens travaillent plus longtemps alors qu’il y a des millions de chômeurs. C’est une hérésie. M. Raffarin a déclaré : « François Hollande est le président du chômage », « on n’a jamais vu un chômage aussi élevé et des perspectives aussi mauvaises » et « il y a un avis de tempête sur toute l’économie française. » Le nombre de chômeurs a augmenté de plus de un million au cours du quinquennat précédent ce qui nous montre l’inefficacité des différentes mesures prises par la droite au pouvoir. L’échec de deux réformes des retraites, alors qu’on nous disait qu’elles allaient tout résoudre, est la preuve que ces Gouvernements travaillaient comme des cochons. Le présent Gouvernement travaille normalement. Il met en place des équipes, des concertations, … et ne fait pas que vitupérer.

Je disais donc… La commission « conduira ses travaux sur la base des rapports récents du Conseil d’orientation des retraites et d’un cahier des charges, discuté avec les partenaires sociaux, qui lui sera remis dans les jours qui viennent. Elle mènera des auditions et des consultations auprès des acteurs concernés. La commission rendra un rapport au mois de juin 2013. Conformément à la feuille de route de la grande conférence sociale de juillet 2012, le gouvernement engagera alors une concertation avec les partenaires sociaux, puis prendra les décisions nécessaires pour assurer l’avenir des régimes des retraites et conforter la confiance de nos concitoyens dans sa pérennité. »

Comme le Gouvernement ne donne, heureusement, aucune consigne à la commission, je vais me permettre de suggérer des axes de travail.

Une interview récente de Marisol Touraine est disponible sur ce site.

A propos du rôle de la commission : « Elle fait ainsi le pont entre le diagnostic du COR et la concertation, qui s'engagera ensuite entre le gouvernement et les partenaires sociaux. Elle permettra ainsi que le débat soit le plus éclairé et transparent possible. »

A propos des enjeux de cette réforme : « L'enjeu premier, c'est de redonner confiance aux jeunes dans notre système de retraite par répartition, en le modernisant, en le rendant plus juste et plus lisible. C'est cela, une réforme de gauche. Il ne s'agit pas de tout changer si ce n'est pas justifié. Aucune piste ne doit être écartée a priori. L'objectif est bien de remettre à plat ce qui doit l'être, avec courage, et en disant la vérité aux Français. »

A propos de la méthode : « La modernisation de notre système ne reposera pas sur l'opposition entre le public et le privé, ou entre les générations. Certaines questions sont communes à tous les régimes, d'autres sont spécifiques, mais toutes requerront notre attention pour pérenniser notre système de retraite. »

Toutes les pistes doivent être étudiées. Au boulot !

Mon avis…

Nous avons un nombre important de chômeurs et les progrès technologiques font qu’on a besoin de moins en moins de travail pour produire autant. L’éternelle piste de l’allongement du temps de travail pour sauver les retraites ou pour toutes autres raisons, notamment relancer la machine économique ou redonner du pouvoir d’achat, ne doit pas être retenue même si des ajustements à la marge peuvent être faits si nécessaires. Cela ne fonctionne pas.

Il reste donc à peu près deux paramètres : baisser les pensions et augmenter les cotisations. La première solution n’en est évidemment pas une.

Il faut donc se mettre dans la tête que la meilleure des solutions pour sauver les retraites est d’augmenter les cotisations.

Il ne faut donc pas craindre une reforme plus large des retraites : s’il faut augmenter les cotisations sur les retraites sans augmenter le coût du travail tout en maintenant un salaire sérieux, il faudra faire supporter d’autres piliers de notre système de protection sociale sur d’autres machins…


6 commentaires:

  1. Une autre solution consisterait aussi à augmenter les cotisations et à bloquer les pensions pour que l'inflation les ronge doucement.

    Après, je trouve que, dans ton article, tu balaies assez vite la question du chômage. C'est la clef de tous les problèmes de la Sécu, malheureusement...

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    1. Je ne le balaie pas vite. Au contraire, je trouve. Je le remets au centre du débat sur les retraites. Mais je ne pense pas qu'on pourra le faire baisser à moins de 8%. Donc il restera un problème.

      S'il passe à moins de 8%, l'inflation repartirait à la hausse et serait nuisible au plus riches.

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  2. Tout à fait d'accord avec ton analyse.

    Sarkozy et ses chantres n'avaient qu'un slogan bien populiste pour réformer les retraites: "Les gens vivent plus vieux, donc ils faut qu'ils travaillent plus longtemps. C'est pourtant simple ma pauv' dame".

    Le gouvernement actuel, quant à lui, doit faire un diagnostic plus poussé et proposer des solutions qui dépasseront évidemment la recette magique. En ce qui concerne la justesse (ou la justice) de ces solutions il pourra s'appuyer sur certaines préconisations de la CFDT: retraites par points (ou en comptes notionnels comme en Suède).

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    1. La retraite par points est probablement en filigrane.

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