18 novembre 2021

Vive le nucléaire et pas l'écosocialisme !

 


La gauche socialiste (ma gauche, quoi !) doit avoir une position claire par rapport au nucléaire : l’objectif doit très certainement être la fermeture des centrales mais surtout pas tant qu’on n’aura pas trouvé de remplaçant. Aussi, Emmanuel Macron a bien raison d’annoncer la construction de nouvelles centrales… car les remplaçants fiables n’arriveront sans doute pas avant une cinquantaine d’année.

Notons bien que peu importe ! Je ne veux pas ici faire l’éloge du nucléaire ou ouvrir le débat. Je sais que les centrales produisent des saloperies qui puent du cul, qu’il serait assez mauvais qu’elles explosassent et qu’on produit assez peu d’uranium dans nos champs de houblon et dans notre sol patriotique en général. En outre, il y a différentes raisons d’être optimiste et les bonnes nouvelles se multiplient malgré le catastrophisme ambiant. On a par exemple Airbus qui annonce des avions à hydrogène pour dans une quinzaine d’années.

Je vois deux raisons pour que les partis de gauche (comme de droite, mais ce n’est pas mon problème) ne fassent pas de promesses inconsidérées.

D’une part, nous n’avons pas le droit de prendre le risque de nous trouver en manque d’énergie d’autant que la consommation d’électricité ne saurait qu’augmenter (penser le contraire est de la folie) même si on arrivera sans doute à diminuer certaines sources de consommation comme le chauffage si on isole les bâtiments…

D’autre part, à un niveau électoral, c’est très mauvais de faire croire qu’on veut se faire élire à base d’éoliennes et de panneaux solaires. Les électeurs ne sont pas fous et, même si cela fait mal aux militants écolos, ne croient pas un instant à ce qu’on s’en tire comme ça. Les campagnes électorales ont lieu l’hiver et, de surcroit, les braves gens ont peur des pannes d’électricité et tout. En plus, la filière électrique, en France, emploie des gens qui votent…

 

Jean-Luc Mélenchon donnait hier une interview dans 20 minutes (j’en parle parce que l’interview est récent mais on retrouverait probablement les mêmes âneries chez les loustics d’autres formations politiques). Il parle beaucoup de nucléaire et donc de la possibilité d’en sortir rapidement avec des énergies renouvelables à développer mais il n’est pas crédible. Tout d’abord, il parle du danger du nucléaire (mais il est probable que tout le monde s’en foute) en parlant des centrales installées en zones inondables : cela ressemble à un plaidoyer pour l’implantation de centrales dans des sites propres, et donc, finalement, le remplacement des centrales actuelles !

Ensuite, il dit : « On parle souvent de l’éolien, mais il y a aussi du solaire, du luminescent, du thermique, des hydroliennes. Et puis, il y a les ressources, pour l’instant encore très mal maîtrisées, mais qu’un effort technologique permettrait de traiter : l’énergie des mers et des océans, qui est considérable. » Franchement, qui peut y croire ? On va mettre des usines au fond des mers pour profiter des courants, des variations des niveaux… ? Combien en faudra-t-il pour répondre aux besoins ? Encore une fois, je ne veux pas parler du fond. Les débats seraient infinis et sont affaire de spécialistes. Ce qui m’intéresse est « l’efficacité électorale » des promesses liées à l’énergie voire à l’environnement en général.

 

Il faut même pousser le bouchon trop loin : les partis de gauche, concurrencé par les écolos mais se trompant sur la nature de l’électorat, ont inventé « l’écosocialisme » ce qui ne veut rien à dire mais permet de montrer qu’ils n’ont pas grand-chose à proposer en matière sociale. Ca va finir par se voir.

Je pense souvent à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes car il est symptomatique de l’échec du combat de l’écologie politique. Et si cette pensée m’est venue maintenant, c’est en écrivant le mot « spécialiste » ci-dessus. Notamment dans les réseaux sociaux, un tas de spécialistes de tout et de rien (du transport aérien et de la gestion des aéroports, de l’économie de la Bretagne, des zones humides et j’en passe) se sont mis à délirer en oubliant de regarder chaque argument posément. En fin de compte, le gouvernement a fait prévaloir l’argument écologique, contrairement aux souhaits de la population, formulés dans les urnes, parce qu’il avait « peur de la zad » et cherchait à enterrer le dossier. Tant pis si cinquante ans d’études étaient mis à la poubelle et si le développement du coin était foutu à l’eau. Et « l’argument écologique » suprême était que l’aviation ne pouvait pas être un moyen de transport du futur car générait du méchant CO2. Cinq ans après, on nous parle d’avions à hydrogène.

Et les écolos et surtout les « écosocialistes » se présentent comme progressistes… Pourtant, aux yeux de 70% des électeurs, ils passent pour des ringards. Tourner la page à cette communication délirante ne fera pas de mal et, au contraire, permettra d’arriver au pouvoir et d’agir enfin, concrètement ! Et tous les progrès autour de l’environnement ont été faits ainsi. Le pense, en ce moment, à la gestion des déchets (vu que les évolutions m’emmerdent prodigieusement à titre personnel, à Loudéac) : ce n’est pas des promesses électorales qui ont fait les évolutions mais des travaux politiques et scientifiques, souvent autour de la normalisation. Et d’une manière générale, la recherche scientifique par des multinationales honnies fait plus de bien que les incantations de quelques hurluberlus.

Ce qui n’empêche pas aux élus de devoir être vigilants et « proactifs ». Encore faut-il être élus…

 

Et on ne le sera pas si, pendant l’hiver, on promet des coupures de courant aux électeurs !

8 commentaires:

  1. Surtout que dans quinze ans, ces fumistes d'écolos n'existeront probablement plus.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Plus précisément, ce ne seront plus les mêmes... Ces andouilles ont une espérance de vie en politique de 5 ans...

      Supprimer
  2. Tiens ! Constatant le faible nombre de commentaires (mais de très bonne qualité !), je suis allé voir les statistiques : ce billet a reçu très peu de visiteurs, environ le tiers par rapport à la moyenne des billes qui ne "marchent" pas.

    RépondreSupprimer
  3. la seule centrale nucléaire qui a explosassé est un modèle de type RBMK soviétique avec de mémoire 2 ou 3 défauts de conception (voir Wikipedia ou la superbe et émouvante série Chernobyl) et des opérateurs soviétiques qui faisaient n'importe quoi avec par ce que le parti l'emportait sur les savants. Quand l'UE a pris les PECO , elle leur a dit de les upgrader leurs centrales soviétiques. Après Melenchon (et d'autres) nous disent : + d'éolien: ça ne se met pas partout , plus de trucs avec les vagues (ça ne marche pas et faudrait des milliers de km de trucs en mer pour avoir assez de TWh) ou alors plus de geothermie (mince ça provoque des tremblements de terre).

    Et si le problème c'est juste le CO2 : qu'est ce qui produit le + de CO2 : les centrales à charbon et surtout les 50 + grosses centrales...dont 2 ou 3 en Europe même, par exemple chez les Polonais et Tcheques qui envisagent du nucléaire US pour les remplacer.

    Un pays comme la France des années 70 (pensez niveau informatique par rapport à maintenant : un ordinateur de l'époque était 100 fois moins puissant que votre Iphone/Android) a su construire en 20 ans des dizaines de reacteurs et le réseau electrique qui va avec, le dernier reacteur ayant été mis en service en 2002, la plus grande partie dans les 80's). C'est une réussite industrielle indéniable, et on ne serait pas en produire une 2e série ? (les gens qui comparent le prix d'un prototype avec le prix d'un truc de série: allez voir un industriel).

    Et quand les réacteurs a fusion arriveront, on verra les écolos en mode "ouin c'est du nucléaire"

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. On est d'accord mais ce qui m'intéresse, dans ce billet, est l'impact sur l'électorat.

      Pour le reste, ne pas aller dans le sens du progrès et ne pas réagir que seul le progrès nous sortira de "l'impasse" est de la folie, je crois.

      Supprimer
    2. Quand la fusion nous arrivera, il y aura déjà eu quelques changements de générations.
      la livraison de ITER est prévue pour 2029/2030 dans le meilleur des cas et ce n'est qu'un laboratoire qui est prévu pour des essais et non pas un service continue.
      Alors comptons au bas mot 10 ans d'essais plus une bonne vingtaine (ou plus) pour la construction du modèle industriel et cela nous mène à bien 50 ans.
      La seule solution est bien le nucléaire pour l'essentiel et le renouvelable prendra sa place au fur et à mesure des réalisations.

      Supprimer
    3. La fusion exige qu'une boule en fusion se maintienne hors gravité. C'est encore plus problématique en matière de sécurité civile que la fission.

      Le problème du nucléaire, c'est qu'il ne s'agit pas d'une énergie renouvelable et nous sommes tributaires du Canada, de l'Australie et de pays du Sud Sahel. L'atout de la France, c'est son domaine marin. Quand j'étais à Stop EPR, nous avions proposé un scénario à base d'hydroliennes, capables de fonctionner jour et nuit, 24/24. De tête, pour un coût de 3 milliards, la production électrique obtenue était deux fois celle du réacteur EPR. A 20 milliards... Ça reste, de mon point de vue, une option intéressante.

      Supprimer
  4. On a tout intérêt à garder et faire évoluer les centrales nucléaires en France, pour peu que soit marqué dans le marbre qu’elles resteront propriété de l’Etat.

    Je suis quasiment certaine que les Français voudront garder ce moyen de produire de l’électricité, surtout si on leur explique que ne pas dépendre d’une autre puissance en matière d’énergie permet de peser sur une stabilité des prix.

    https://www.capital.fr/entreprises-marches/edf-soutenu-par-la-speculation-1399270
    « Ce plan, baptisé Hercule, prévoit la création d'une société-mère EDF SA incluant le parc nucléaire, l'ingénierie et les fonctions transversales, qui serait donc intégralement renationalisée.
    EDF SA détiendrait elle-même un deuxième ensemble incluant la commercialisation, les services, les énergies renouvelables, la distribution (Enedis) et les activités à l'international, dont le capital pourrait être ouvert à hauteur de 30%, ce qui réduirait le coût final du projet pour l'Etat, précise l'agence de presse.
    EDF SA posséderait aussi 100% d'une troisième entité créée pour l'hydroélectricité, placée sous le contrôle de l'Etat.« 
    Hélène

    RépondreSupprimer

La modération des commentaires est activée. Je publie ceux que je veux. On ne va pas reprocher à un journal de ne pas publier tous les courriers des lecteurs...