13 avril 2012

L'omniprésident normal

Europe 1 a mis en ligne un curieux sondage : « Les candidats devraient-ils rendre public le nom de leur Premier Ministre avant les élections ? » Le fait que près d’un Français sur deux répondent par la positive est significatif d’une évolution de notre conception des institutions : par définition, le Premier Ministre n’est pas élu mais nommé par le Président de la République et responsable devant le Parlement.

Etrangement (ou pas…), les pratiques institutionnelles ont été assez absentes de la dernière ligne droite de cette élection, même si certains candidats, comme Jean-Luc Mélenchon, souhaitent changer la Constitution. On a bien François Hollande qui veut revoir son préambule ou Nicolas Sarkozy qui veut faire des référendums dans tous les sens, mais tout cela n’est pas au cœur du débat.

On m’objectera que c’est aussi bien… L’Election Présidentielle est l’événement principal de notre vie démocratique alors que le rôle du Président de la République n’est pas spécialement important (c’est le Premier Ministre qui, selon la constitution, conduit la politique de la Nation). C’est au cours de cette campagne que l’on discute des grandes orientations de la politique pour les cinq ans à venir : on ne va pas passer notre temps à discuter de la constitution.

Pourtant, ces pratiques constitutionnelles sont au cœur de l’élection.

Ce sont, pour partie, les pratiques de Nicolas Sarkozy qui provoquent son rejet dans la population. Il n’y a pas de mal à se faire du bien : un dernier sondage montre que François Hollande pourrait être élu au second tour avec 57% ! Même en 88, aucun institut n’avait osé pronostiquer une telle avance pour François Mitterrand. Ne nous voilons pas la face, ce n’est pas qu’un élan populaire emporte le candidat entrant vers les cimes, c’est qu’un élan impopulaire emporte Nicolas Sarkozy vers des abysses…

Et ce sont également les pratiques de François Hollande qui lui permettent de « revendiquer » cette sympathie des citoyens. Une partie de sa campagne a été lancée sur « le président normal ». Ce « normal » s’opposait au bling bling et à l’omniprésence de Nicolas Sarkozy.

Ainsi, c’est bien une femme ou un homme que les Français sont amener à choisir, un gugusse qui aura en charge de Présider cette République, pas du tout un projet, comme à chaque fois, d’ailleurs, ce qui est absolument déprimant pour un militant. Le projet ne sert que du support pour les discours, comme s’il fallait trouver un sujet de conversation à un guignol derrière un micro.

Et ce sondage en ligne d’Europe 1 montre que les Français sont autant intéressés par le nom des personnes que l’entrant pourra nommer que parce qu’ils pourraient être amenés à faire.

On croit rêver…

4 commentaires:

  1. Le sondage est un signe de l'évolution du système politique. Le Premier ministre émane de la majorité à l'Assemblée. Merci au sarkozysme d'avoir encore plus aggravé les faiblesses de notre République.

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    1. Ouais. Mais je n'ai pas voulu insister. Je ne sais dans qu'elle mesure d'autres présidents n'ont pas abusé du pouvoir...

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  2. Aïe, tu t'es trompé : c'est le gouvernement qui "détermine et conduit la politique de la nation" (Art 20) "conduit" grâce à l'administration dont le gouvernement "dispose". Le 1er Ministre pour sa part "dirige l'action du gouvernement".
    Toutes ces différences, Sarkozy s'en fout, puisque lui,toutes ces prérogatives, il se les arroge !

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