12 juin 2017

Le seul verdict des urnes : que les Français ne veulent plus d'une certaine gauche ?

J’ai passé un mauvais week-end. J’ai appris samedi la mort d’un copain blogueur. Vous le connaissiez peut-être sous le pseudo « Disparitus » ou « Pierre D ». Et le résultat de la législative dans ma circonscription est décevant et mauvais. Ni le candidat MRC, député sortant, que je soutenais, ni celui du PCF, parti fort de ma circonscription et de mon département, ne sont qualifiés pour le second tour. Je me retrouve, au second tour, avec le choix entre un candidat LREM et un candidat FI.

Je n’ai pas envie de voter pour un candidat FI. Il serait même hors de question que je le fasse s’il n’était pas opposé à un LR ou un FN. Je n’aime pas la France Insoumise. Ils représentent pour moi des espèces d’OVNI de la gauche. D’ailleurs une partie votait Bayrou en 2007, c’est vous dire. Et ils nous reprochent maintenant des girouettes, « nous » qui sommes historiquement du centre gauche, près de la droite du PS ou de la gauche de LREM. Peu importe. Ils nous manquent de respect depuis le début de cette campagne, voire depuis la création du Front de Gauche. Ils sont dans l’erreur politique, non pas sur les idées, le projet,… Chacun les siens. Ils sont dans l’erreur sur la base de la politique : respecter les autres et se faire élire.

Je n’ai pas envie, non plus, de voter pour un candidat LREM. Je le ferai avec plaisir si LREM n’avait pas la certitude d’avoir une majorité mais, visiblement, ils n’ont pas besoin de moi. J’aime beaucoup la démarche d’Emmanuel Macron de vouloir gouverner avec la droite et avec la gauche. La gauche est incapable de trouver une majorité fiable pour exercer les responsabilités. Quant à la droite, depuis quelques années (disons 31…), quand elle se retrouve au pouvoir, la politique ressemble à n’importe quoi. On l’a vu depuis 2002. Je ne parle pas de Chirac, Villepin ou Raffarin, je parle des ministres qui ont fini par faire la majorité de Sarkozy. Donc gouverner avec la droite et avec la gauche me plait bien. Mais comme cela devrait arriver naturellement, je ne vois pas pourquoi j’irais voter alors que je ne suis pas d’accord avec le projet (sans y être opposé, mon côté modéré social-démocrate).

Je suis déçu pour certains députés sortants qui ne sont pas réélus, mais je ne suis pas déçu pour tous. Par exemple, je suis content pour Duflot, Cambadélis, Hamon et Lamy. Ce dernier a même clairement accusé Hollande de la défaite de la gauche. Je n’aime pas cette gauche qui récuse tout tort. Si les frondeurs n’avaient pas foutu la merde, on n’en serait pas là. Certes, la politique mené par Hollande explique une partie de la déroute mais il n’y a pas qu’elle. N’oublions qu’Hollande, en tant que premier secrétaire du PS, a fait gagner la gauche aux élections locales, départementales, régionales… et, en tant que candidat, à la présidentielle.

On nous dit, du côté des insoumis, que n’importe quelle quiche avec une casquette LREM aurait gagné. Et alors ? Les quiches ne sont pas responsables de la notoriété des casquettes. Le FN et FI ont perdu plus de voix entre la présidentielle et les législatives que les autres. A la limite, on pourrait féliciter le PS d’être passé de 6,5% à plus de 10 !

Il y a aussi l’éternelle analyse de l’abstention. Elle me fatigue. Si les gens n’ont pas envie de voter, ils ne votent pas et basta. Et si les partis d’opposition et les candidats ne leur donnent pas envie de voter, ce n’est ni de la faute de Macron ni de celle d’Hollande. Un peu d’objectivité ne nuit pas. Du coup, on a l’éternel procès en légitimité du parti qui gagne les élections. Drôle de notion de la démocratie.

Enfin, on nous dit que les députés LREM sont incompétents. Je me demande où est la compétence des députés sortants qui n’ont pas réussi à se faire élire, à sauver la France et tout ça. Je le disais récemment dans Facebook (et peut-être dans le blog) : j’étais partisan d’une démocratie parlementaire et contestait la présidentielle. J’ai un peu changé d’avis. Nous sommes dans un pays où le consensus est impossible, les partis politiques sont incapables de se mettre d’accord entre eux, avec des Français qui ont le culte du chef (d’accord, c’est remis en cause par les insoumis, vous savez, ceux qui suivent aveuglément Mélenchon). Alors tant pis… S’il nous faut un régime présidentiel… On nous dit aussi qu’avec une majorité absolue, il n’y a plus de contrepouvoir. Ah ! Bon… Et c’est la première fois qu’on a une majorité absolue ? Certes, aussi tranché, ce n’était jamais arrivé… Mais même la « majorité autour d’Hollande » avait la majorité absolue. Quand on voit le bordel que ça a donné…

D’un point de vue plus personnel, je tiens à assurer mon amitié aux militants proches du PS qui se sont battus sans résultat, avec une grosse déception. Je parle ceux de la vraie vie. Ceux des réseaux sociaux, tout comme les insoumis, ont souvent été insultant, ne se rendant pas compte à quel point, relativisant avec mes « connards » jetés en pâture dans des publications Facebook ou des commentaires de blogs. On m’a dit que j’étais une girouette, que je votais en fonction des sondages et tout ça. Ils ne se rendent même pas compte qu’ils n’ont pas fait la campagne de leur candidat mais se sont contentés de glisser quelques arguments ici ou là.

J’ai la fierté d’avoir défendu le Revenu Universel et, non pas la taxe robot, mais des taxes sur le chiffre d’affaire hors charges salariales, ce qui revient au même. J’ai défendu les idées phares de leur candidat sans défendre le candidat.

Candidat qui a été éliminé aux législatives, tout comme le chef du parti. Je ne suis pas inquiet pour autant pour le PS. En 1993, il était au plus bas. En 1997, il était aux manettes du pays, avec un très beau gouvernement.

Qui a fait que la gauche s’est trouvée durablement dans l’opposition. Alors je préfère, maintenant, un gouvernement ni de droite ni de gauche mais avec des personnalités de gauche, des « soc dems » qui ont d’ailleurs conservé leur poste alors que les frondeurs ont été virés.

Tout ce qu’on dit les électeurs, c’est qu’ils ne voulaient plus de cette gauche-là. Celle incapable de discipline, d’unité, de respect,…



9 commentaires:

  1. Si on veut tenter de comprendre les résultats d’hier, il faut bien tenter d’émettre des hypothèses, non ? Et des hypothèses rendant compte du maximum de faits, abstention record incluse.

    Que ce soient les électeurs qui ont voté comme ceux qui se sont abstenus, deux évidences, d’après moi :

    1 –très peu de gens croient , à juste titre, à la faisabilité des programmes ( changeant tous les cinq ans, d’ailleurs) des Insoumis et du FN, qui restent des votes de protestation face à un monde dont les changements sont à la fois trop profonds et trop rapides pour pouvoir être compris, et pour pouvoir prévoir de quoi demain sera fait- situation nouvelle très anxiogène; d’où l’abstention plus forte chez les Insoumis et le FN (qui prônent le retour impossible au monde regretté d’avant la mondialisation) que chez les macronistes ; d’ailleurs, si Mélenchon et Marine Le Pen sont élus députés dimanche prochain, leurs partisans se garderont bien de signaler qu’ils sont très mal élus, l’abstentionnisme étant le même à Marseille et à Hénin-Beaumont que dans le reste de la France;

    2 – personne ne veut plus de l’opposition entre :

    -une « droite » purement libérale et austéritaire

    -et une « gauche » de mesures sociales financées par le matraquage fiscal des seules classes moyennes qui n’en profitent que de moins en moins elles-mêmes,

    -mais une majorité des Français qui ont été voter ont souhaité la recherche d’ une politique qui concilie le libéralisme inévitable du monde dans lequel nous vivons, la nécessité de ne plus vivre en déficit
    permanent, et des protections sociales pour tous et compatibles avec la réalité, qui n’est plus celle d’hier: c’est ce qu’ils espèrent que Macron réussira à inventer,en lui concédant d’ailleurs le droit à l’erreur de celui qui cherche à fabriquer quelque chose de nouveau et pas nécessairement parfait (ceux qui ne croient pas la chose possible- et ils sont nombreux- ne sont pas aller voter).

    La quadrature du cercle ? Réponse dans 5 ans.

    Ceci me rappelle d’ailleurs assez le retour de De Gaulle au pouvoir en 1958 (et que, rappelons-le, la gauche n’a cessé de traiter de « fasciste » jusqu’à son départ…d’où ses échecs électoraux constants face à ce discours si dogmatique et manichéen, comparable à celui qui traite Macron de « banquier »).

    En réalité: l’abstention est faible lorsque l’enjeu est un vrai changement de société auxquels beaucoup adhèrent vigoureusement et d’autres s’opposent tout aussi vigoureusement ( c’était le cas de la France lorsqu’elle avait un Parti Comuniste fort et un PS marxisant, jusqu’en 1981 inclus);; elle devient très forte lorsqu’ elle ne met en jeu que la façon de gérer un système que personne ne conteste ( cas des Etats-Unis et, maintenant, de la France).; par exemple: le passage de l’euro- monnaie unique à l’euro-monnaie commune est un débat très important, mais trop technique pour mobiliser les foules.

    Albert

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    1. Ton commentaire est trop long : c'est moi le blogueur.

      Je réagis à ton introduction. Je me fous des hypothèses. Si je mets 24 heures à réagir, c'est parce que j'ai lu, soupeser,... Je ne fais qu'émettre des vérités (qui peuvent évidemment être nuancées voire contredites, je n'ai pas la science infuse mais ce sont, au moment de la rédaction à froid, mes vérités).

      Je réagis à ta conclusion. Ce débat n'est pas compliqué, c'est de la connerie populiste. Mais je suis d'accord. Seuls les gens qui ont un vrai avis, avec une dose minimale de connaissances, ne devraient avoir le droit de donner son avis (je me comprends : tout le monde à le droit de donner son avis mais je ne donne jamais le mien sauf ouvertement pour rigoler quand je n'en ai pas. Un exemple : la semaine des quatre jours. Je n'ai pas de gosse et je m'en fous mais je ne vois pas pourquoi elle serait bonne alors que dans mon temps on faisait cinq jours et que les résultats était meilleurs. Mais mon avis n'est alors que politique, pas technique).

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    2. Albert c'est Elie Arié. Copier collé dans les Coulisses de Juan... https://sarkofrance.wordpress.com/2017/06/12/la-fin-de-la-democratie/

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  2. inflation -> abstention... Fait attention...

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  3. Billet clair et cohérent avec le message que tu portes depuis,longtemps. La défaite du PS abject, frondeur et qui drague certaine religion sans honte est une bonne chose.

    Après le plus important est le début. On en a discuté ce weekend. Merci encore pour ce que tu as fait pour notre manière de voir le net et les blogs

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    1. J'espère être cohérent. La majorité du PS n'est abjecte. Malheureusement, une partie des pas abjects est partie du PS et les autres se font entubés par les abjects. Sans compter que beaucoup de militants ne se rendent pas compte qu'ils sont abjects. Et j'en veux beaucoup à certains.

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  4. Tu m'apprends la disparition de Pierre. Très triste.

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