Par ce
billet de Juan à propos de la mort annoncée de Libération, je découvre cet
article de l’observatoire des journalistes et de l’information médiatique
(OJIM) qui est bien sombre : « alerte
rouge pour la PQN alors que Libération s’effondre ». De fait, la
vente au numéro des quotidiens nationaux se casse la gueule, sauf celles de La
Croix. Le Monde et le Figaro baissent, Libération s’effondre et pourrait très
bien disparaître.
Le numérique se porte bien mais ne rapporte pas assez de
pognon. Pourtant, c’est bien le seul axe de croissance que la PQN peut
distinguer et je crois à deux axes : la vente d’article au numéro pour un
montant dérisoire (10 centimes ?) et les applications pour tablettes mais,
à ce jour, elles n’incitent pas à vendre. N’étant pas du métier, j’ignore si un
système d’abonnement peut rentabiliser le travail journalistique.
Je crois que ce dernier n’est pas en cause. Libération du
jour semble fournir d’intéressants reportages sur les Roms. La une du journal
ne le montre pas et évoque simplement les propos scandaleux. Elle ne sert à
rien : un tweet en 140 caractères suffit largement et la lecture de
Twitter et de la presse gratuite semble suffisante pour renforcer un avis sur un
propos évidemment condamnable. Par contre, c’est en flânant sur le site
que j’ai vu ces reportages (à accès réservé aux abonnés). Quant à l’autre
moitié de la une, à propos de I’AM, je me demande si une seule personne va
acheter le journal pour ça…
Pour les journaux papier, je crois que c’est mort, du moins
pour le volet « actualité politique ». On trouve tout sur le net… Qui
sont les lecteurs de la PQN ?
Rosa Elle vient de faire un billet
pour s’insurger du traitement médiatique fait pour le fils du Prince Machin et
la Princesse Truc. On voyait dans Twitter, hier, des tas de gens ronchonner
parce que les médias y apportent tant d’importance. De fait, on n’en a
strictement rien à cirer : ils ont un héritier. Je n’ai même pas arrosé,
tiens ! Toujours est-il que si la presse dépense tant d’énergie à cet
événement, c’est qu’ils y trouvent une source de revenus… Il y a des clients.
Forcément, nous autres qui sont plus beaux, plus intelligents, plus mince et
avec une plus grosse bite que le peuple, nous regardons cela avec dédain et
finiront par nous lamenter de la disparition de la PQN, cette presse nationale
à vocation politique que nous n’achetons pas nous-mêmes, faut pas déconner,
quand-même, on est là pour faire de l’analyse dans nos blogs ou nos 140
caractères, pas pour lire les conneries écrites par d’autres.
Si Libé avait titré, ce matin : « Royaume Uni : la réconciliation nationale »
ou une connerie comme ça, ce canard aurait probablement eu plus de lecteurs
pour ses articles sur les Roms.
Mais nous aurions crié : « Ah
non ! Pas eux ! ».
Cela fait déjà tellement longtemps que Libé n'est plus vraiment un journal sérieux. D'ailleurs, mis à part Les Echos, je n'en trouve pas un seul. Pourquoi regretter la disparition de journaux qu'on ne lit pas et qui ne disent plus grand chose ? Il faut souhaiter que le grand nettoyage de la presse nationale "accouche" de nouveaux titres, mieux fichus, plus professionnels et surtout moins "à la botte" du pouvoir et de la finance.
RépondreSupprimerAh mais je ne pleure pas. Du moins je ne pleure pas ça. Je pleure la baisse de la qualité. Irréversible. Si un bon journal se monte, les bonnes informations qu'il sort seront reprise par la presse gratuite et il n'aura pas les revenus nécessaires pour payer les journalistes.
SupprimerS'ils sont à la botte du pouvoir et de la finance c'est uniquement parce qu'ils ne vivent que grâce à eux.
SupprimerSans les subventions, une bonne partie de presse française serait morte. Sans les financiers, plus de Monde par exemple...
Il faut effectivement moins de journaux mais de meilleure qualité.
Du coup on peut aussi discuter de la qualité des journalistes...
Supprimer"S'ils sont à la botte du pouvoir et de la finance c'est uniquement parce qu'ils ne vivent que grâce à eux."
SupprimerMerci Pr Rollin, c'est exactement cela que mon propos visait. Les actionnaires majoritaires de grands journaux en particulier.
Marco : t'es viré.
RépondreSupprimerOh, un billet sur la presse qui ne cite même pas Ouest-France, le quotidien au plus fort tirage... et ne me dites pas que c'est un quotidien régional. C'est vrai, mais il a un nombre d'abonnés extrawest important d'une part, et un large territoire dépassant la Bretagne et la Vendée d'autre part.
RépondreSupprimerOui. C'est un excellent journal Régional comme Le Parisien et le Télégramme : les pages nationales sont très bien.
SupprimerMais les gens ne les achètent pas que pour ça, mais surtout pour le local, le sport, les courses, les jeux,...
Ce qui importe, c'est ce pourquoi les gens sont prêts à payer. Libé ne se vend pas pour la bonne et simple raison que son lectorat est on ne peut plus limité. En dehors des bobos et de quelques irréductibles qui veulent que le journal survive, qui est intéressé par ce qui y est écrit ? Comme si le cochon de client qui paie pouvait se contenter de unes accrocheuses faussement humoristiques !
SupprimerLes gens ne sont pas fous, à l'heure de l'internet, ils ont vite pigé qu'on en apprend souvent plus sur ce qui se passe chez nous en lisant la presse étrangère que dans les colonnes de nos canards. Je me souviens qu'en 2005, durant les émeutes de novembre, il y avait des correspondants étrangers qui couvraient les événements et écrivaient de nombreux articles sur ce qu'ils avaient vu, des interviews de policiers, d'émeutiers, etc. Combien d'articles de ce genre en France à la même époque ? Je parle d'articles de fond, pas de dépêches qui n'apprennent rien, parce que pour ça, il suffit d'ouvrir la fenêtre et regarder ce qui se passe dans la rue en bas de chez soi.
On lit le Parisien parce que les faits y sont relatés strictement et que le journal ne cherche pas à faire d'analyse pour valider ou invalider telle thèse.
C'est la vie, les journaux comme toutes les entreprises sont soumis à la loi du marché, les inadaptés finissent par crever. Et c'est très bien. Je dirais de même si c'était le Figaro qui était en cause.
Il faudrait peut-être aussi chercher un lien entre la mévente des journaux et le taux illettrisme à l'entrée en sixième. De plus en plus d'universités en sont réduites à créer des cours de français tant les copies sont écrites avec les pieds, certaines même retirent un ou deux points lorsque le candidat charrie un peu trop. Quelqu'un qui lit mal n'ira pas acheter un canard, même si le niveau de maîtrise de la langue par les journalistes a sérieusement baissé. A se demander ce qu'on peut bien leur apprendre dans les écoles de journalisme.
C'est de ma faute... Alors que j'étais un acheteur régulier depuis des années pour prendre le train, je ne l'ai acheté qu'une seule fois cette année. A 1,6€, Libé a dépassé mon prix psychologique et je me suis rabattu sur mon quotidien régional (à 1€) !
RépondreSupprimerC'est pas l'AM, mais IAM. Je ne sais pas si cela fera vendre beaucoup à Paris, mais à Marseille cela devrait intéresser les gens.
RépondreSupprimerYis
La dernière fois que j'ai acheté Libé, Serge July était encore le boss... et avec beaucoup d'autres je hantais à perdre haleine ses forums. J'étais même devenu ami avec le modérateur de ces forums. Il y avait encore bien peu de blogs à l'époque.
RépondreSupprimerFranchement, vu l'autocensure de ces publications, esclaves des Très Riches qui les entretiennent dans un seul but de propagande (quitte à ce que ce soit financièrement à perte), pourquoi faudrait-il prendre la peine de les lire ? (et même si par hasard, parfois, un billet ou deux surnageaient)
Ne restent valables que de rares périodiques comme le Canard, le Diplo ou Politis : c'est maigre. Et puis bien sûr la presse quotidienne provinciale, pour de toutes autres raisons.
La mort de cette presse sous perfusion, et principalement celle du torchon Libération, serait une excellente nouvelle et une heureuse surprise. D'ailleurs, je pense que je vais m'offrir un petit apéro pour fêter ça dès ce soir.
RépondreSupprimerMerci les gens. J'ai la flemme de répondre à tout le monde. Le problème est qu'on finira par ne plus avoir de journaliste "d'investigation politique".
RépondreSupprimerHa... Libé faisait de l'investigation ?
SupprimerLe problème, c'est que les rares journalistes d'investigation se tournent très vite vers l'écriture de bouquins, leur talent n'étant guère prisé par les rédactions généralement aplatventristes convaincues.
SupprimerLibé a pourtant tout fait pour appâter le client, du fait qu'ils faisaient des photos artistiques des politiciens interviewés. Ils ont beaucoup essayé de jouer sur la forme, une belle mise en page, de belles photos dignes de Canal+, mais en revanche le contenu était trop partisan.
RépondreSupprimerDommage, c'était bien essayé, mais la mise en scène ne suffit plus à intéresser les gens.