Chaque samedi, Sarkofrance nous livre sa chronique de la
semaine que je lis toujours avec passion (sauf quand il la livre à l’heure
de l’apéro) et qui permet de vérifier si on a bien suivi les événements de la
semaine. Force est de constater que j’ai complètement zappé les réactions politiques
aux vœux présidentiels.
Il faut dire que les réactions habituelles à la petite
semaine m’avaient énervé, ces remarques sur la mise en scène et toutes ces
conneries. Il faut dire aussi que le
réveillon a été fort : j’étais HS le 1er et, le lendemain, je
reprenais le travail après 10 jours de congés.
Je vais mal résumer la partie du billet de mon confrère et
néanmoins ami concernant ce discours de François Hollande et les réactions. Ca va
être rapide : une partie de la gauche découvre que François Hollande est
social-démocrate ce qu’elle appelle dorénavant social-libéral. A priori, c’est
un gros mot. C’est pourtant à peu près le courant de Keynes souvent montré en
exemple.
Sarkofrance donne alors les réactions de la presse dont
celle du Monde : « Hollande assume un
discours qu'il savait impossible à tenir lorsqu'il était le candidat des
socialistes à l'élection présidentielle. »
Puis, il dresse une première conclusion : « Hollande n'avait pourtant pas changé de ligne. Depuis son
entrée en campagne, Hollande suit la même direction, celle du redressement des
comptes publics. Seulement voilà, il avait juste, effrontément, oublié sa
gauche. » Lisez le billet de Juan vous-même.
En fait, la seule connerie de François Hollande était son
discours du Bourget : mon ennemi est la finance… Il devait être saoul
quand il a rédigé son discours. Ou alors, comme moi quand je rédige certains
billets de blogs, dans un élan, il s’emporte : je n’ai qu’un seul ennemi,
c’est la finance !
Du coup, le peuple de gauche s’est emporté et s’est vu avec
un candidat révolutionnaire communiste… François Hollande a mené sa campagne et
a gagné avec 27% des voix, la totalité des candidats dits de gauche en
recueillant environ 45%. Je résume la suite. Hollande a dit « tope là, je vais réduire les déficits et la dette ».
Les centristes ont dit : « OK, de toute
manière, ça vaudra mieux que l’autre. » François Hollande a gagné
la présidentielle.
Cela étant, avant le discours du Bouget, il y a eu la
primaire. Au début (avant…), tout le monde voyait DSK la gagner mais il a fini
par confondre une femme de ménage avec une sortie de bain et on connaît la
suite. François Hollande a tenu un discours (il était en campagne bien avant
DSK, qui n’avait d’ailleurs jamais annoncé sa candidature), à base de
redressement des comptes publics.
Il a gagné le premier tour de la primaire. Martine Aubry qui
se voulait l’héritière de DSK – on croit rêver quand on voit ça après coup –
est arrivée deuxième. Les quatre autres candidats, y compris ceux qui
représentaient plus l’aile gauche se sont rangés derrière lui. Et il a gagné la
primaire…
Avec une ligne politique, qu’il a tenue jusqu’au bout avec
des relents gauchistes pendant la campagne pour s’assurer le premier tour et un
élan de la gauche derrière lui.
Pourquoi je raconte
ça, moi ?
Pendant la semaine, avec Juan, on a fait des billets pour
dire que l’on avait marre des querelles autour des casquettes politiques. Juan
a dit : « Préférer les vrais sujets aux
querelles d’étiquettes. » Pour ma part, j’ai
écrit : « Militons pour une année 2014
sans casquette. » En gros, tous les deux, on est fatigué de
catégoriser les idées politiques, entre la vraie gauche, la fausse gauche, la
droite, les libéraux et tout ça.
Ainsi, cette casquette de « social libéral » est d’un
autre temps et ne sert pas à grand-chose. Dans les commentaires du billet de
Juan, Stef (qui a arrêté son blog) dit qu’il ne mène pas une politique de
gauche.
C’est typiquement le genre de truc dont je me fous
totalement (au point d’en faire un billet, me direz-vous…). François Hollande a
été désigné par une partie de la gauche pour la représenter à l’élection
présidentielle qu’il a gagnée. Et il applique une politique certes pas toujours
lisible mais globalement conforme à ce qu’il a toujours prôné…
Ce n’est pas à un
militant politique donné de qualifier une politique. Je veux bien que
François Hollande fasse une politique de relance en empruntant plus sur les
marchés financiers pour satisfaire les plus riches, ça n’en fera par pour
autant une politique de gauche que je pourrais qualifier de gauche. Il pourrait
faire une relance dite Keynesienne qui était un apôtre ou
presque du social libéralisme.
J’admets volontiers qu’on puisse ne pas être d’accord avec
une partie de la politique menée par François Hollande mais quand le moment
arrive où des gens qui se sont autoproclamés plus à gauche que moi tu meurs ce
dont je me fous commencent à remettre en cause sa légitimité, je suis de
mauvaise humeur.
Certes, 18 millions de gens ont voté pour lui. Une grande
partie par réflexe (ils sont de gauche par principe ou ils voulaient virer
Nicolas Sarkozy) ou par obligation, d’autres, quelques centaines de milliers,
en étant persuadés qu’il allait appliquer la politique qu’ils avaient décidé.
C’est raté.
Il serait intéressant de faire le parallèle avec la droite
et 2007. Nicolas Sarkozy avait fait une belle campagne et siphonné les voix du
FN, donc d’une droite de la droite, parce que cette droite voyait en lui quelqu’un
de dynamique, qui représentait des valeurs. Rendez-vous compte ! 31% au
premier tour… Depuis quand un candidat de droite n’avait pas fait autant ?
Giscard en 74 ! Et encore, à peine plus (alors que Mitterrand avait
plus de 40%).
Il a perdu une partie de ces lecteurs en 2012 (8 points si l’on
considère que le Front National a augmenté de 8 points) alors qu’il avait fait
une campagne beaucoup plus à droite que la précédente, beaucoup plus clivante,
le discours de Grenoble était passé par là et le thème principal était « attention,
la gauche va donner le droit de vote aux étrangers ».
Stef, le commentateur de Juan, dit que le PS risque d’avoir
des difficultés en 2017. Outre le fait que le problème actuel est le
redressement de la France, pas 2017, François Hollande sera élu s’il fait ce
pourquoi il a été élu, à savoir redresser les comptes de l’Etat.
Pas sur ce que peut penser chaque militant de gauche…
Et rappelez-vous 2007 ! Quel était le principal sujet des
échanges dans les blogs ? La dette et le coût des programmes. François
Bayrou avait fait un très joli score, la gauche était lessivée (malgré un bon
score de Ségolène Royal au premier tour).
http://youtu.be/kxNp4JsiZXQ
RépondreSupprimerJe diffuse la vidéo sans la regarder. Elle ne passe pas sur iPhone. J'ai néanmoins vu le titre.
SupprimerTout cela me fait rigoler, les militants (gauchistes et libéraux) ont des références purement littéraires (ce n'est pas une tare, ça veut dire qu'ils ont étudié Keynes à l'école et on découvert l'autre sur le web) et de l'approprient sans les replacer dans l'histoire ou les conditions économiques et géopolitiques actuelles.
Déjà se farcir les dissertations de Juanito un samedi matin c'est dur, mais si en plus, maintenant, il faut s'appuyer vos quatre pages de glose…
RépondreSupprimerJe crois que je vais aller me bourrer la gueule puis me recoucher, moi !
Il ne fait que deux pages. Je fais attention à réduire, comme je l'ai dit je ne sais où, pour revenir à 2 ou 3000 signes.
SupprimerKeynes était membre en gros de l'aile gauche du parti libéral démocrate.En gros c'était un socdem ou un libéral de gauche et il n'aimait pas le parti travailliste (oui le parti travailliste pourtant pas gauchiste pour un sou car trop déterministe et à son sens trop étatique).
RépondreSupprimerUn mec comme Stef aurait gerbé sur Keynes. La question qui est un peu une autocaricature, c'est que font des gens comme Stef? Même plus tenir un blog. Même plus être cohérent entre leurs positions syndicales et leur position environnementale...Et après ça se plaint...
Bah ! C'est rigolo. Des cons (pas Stéf) nous parlent de culture politique mais sont complément dépassés.
SupprimerL'inculture de nombre de blogueurs politiques me stupéfie
SupprimerFinalement, ça me fait rire. Ce sont les mêmes qui, à raison, vont dire que je n'en ai aucune. Pourtant, je me forge...
SupprimerIl y a quand même une différence de taille entre social-démocratie et social-libéralisme.
RépondreSupprimerLa social-démocratie consistait à assurer une croissance forte par le capitalisme, puis à la redistribuer sous forme d' Etat-Providence financé par des prélèvements obligatoires divers, parfois très élevés ( tranche supérieure de l' IR à plus de 90 % en Suède).
La mondialisation, en mettant tous les pays en concurrence fiscale, limite les possibilités de financement de l' Etat-Providence, créé un dumping social permanent, et met fin à la social-démocratie.
Le social-libéralisme (théorisé par Anthony Giddens en Grande-Bretagne et par DSK en France, et mis en œuvre par Tony Blair) part de ce constat, considère qu'il n'est plus possible de compenser la pauvreté par la redistribution, et se donne pour but d'empêcher l'apparition de la pauvreté (après, c'est trop tard) essentiellement par de bons systèmes d'éducation pré-professionnelle et de formation professionnelle tout au long de la vie, de façon à ce que chaque individu puisse s'adapter en permanence au libéralisme.
C'est quand même très différent.(voir la Suède socio-démocrate d'hier et socio-libérale d'aujourd'hui).
Ce qui veut dire que la social démocratie n'existe plus remplacée par le social libéralisme et que les mots n'ont plus le même sens.
SupprimerElie deux trucs
Supprimer1 La Suède est gouvernée par la droite depuis quelques temps, l'évolution est donc logique
2 Ton commentaire est contradictoire puisque tu dis qu'une fois que la pauvreté est apparue c'est trop tard pour ces gens mais en même temps tu dis qu'ils insistent sur la formation professionnelle (qui a pour but de faire évoluer des gens en dehors des trappes à pauvreté).
3 Mais es-ce ton tropisme jacobin et nationaliste (j'ai dit nationaliste hein pas facho) tu oublie de dire la sociale-démocratie se défini par plus de dialogue entre les partenaires et moins de loi sauf pour encadrer le dialogue, notamment dans des pays à faible représentation syndicale comme le notre. C'est ce que fait Hollande.
oups je voulais dire trois, j'ai dis deux.
SupprimerCatastrophe.
Supprimer@ romain blachier
Supprimer1 - Non, il n'y a pas de contradiction: dans le social-libéralisme, pour ceux qui sont pauvres, c'est foutu; la formation professionnelle à vie, c'est pour éviter que ceux qui ne le sont pas ne le deviennent un jour, pour leur permettre de rester toujours "adaptables", "performants" et toussa.
N'oublie pas que tout ça a été théorisé par celui qui a failli être notre Président (DSK); il parlait du "socialisme de production" (de richesse pour tous) qui devait remplacer le "socialisme de redistribution", devenu impossible à financer avec la mondialisation.
2- La social-démocratie se définit aussi par de très puissants syndicats, et par des partis politiques qui en étaient l'émanation; adhérer à un syndicat, en Grande-Bretagne, entraînait automatiquement l'adhésion au parti travailliste; et c'étaient les syndicats, seuls, qui s'occupaient de beaucoup d'avantages sociaux (colonies de vacances, maisons de retraite, etc.), auxquels on n'avait pas droit si on n'était pas syndiqué.
C'est aussi en ce sens qu'on peut dire que la France, qui n'a jamais eu de syndicats puissants, et encore moins de partis politiques qui en étaient l'émanation, n'a jamais été social-démocrate.
Je vous laisse causer mais je tiens à préciser deux bricoles :
Supprimer1. La formation professionnelle n'est pas une solution mais une belle connerie. 2. Le syndicalisme en France étant anecdotique, n'en parlons pas.
Mais je peux démontrer en privé (c'est ma boîte) â quel point il est nocif. Ce qui ne veut pas dire inutile. Je l'ai vu lutter contre l'intérêt des salariés.
1-c'est une vision un peu limitative de la formation. Ou alors les jacobins comme toi considèrent qu'il ne faut pas laisser les chômeurs se former? Pas très de gauche.
Supprimer2-je n'ignore aucun de ces points qui sont des classiques de culture politique qu'on trouve un peu partout mais plusieurs choses
a) à ce moment pour toi le modèle social-démocrate c'est la Grande-Bretagne sous le Labour? Intéressant.
b)oui la France a des syndicats plus faibles et moins de service au départ.. Cela améne des corps intermédiaires moins forts. Mais c'est justement là où est la novation chez Hollande: leur faire un peu plus confiance. Quitte, puisqu'on est en France, à plus encadrer par la loi qu'en Suède.Une démarche socdem donc.
Paradoxe par contre la dedans, c'est l'annulation des élections syndicales par Sapin récemment, jy reviendrais dans un billet.
J'ai pris l'exemple de la Grande-Bretagne (pas celle de Blair, évidemment, qui incarne, lui, le social-libéralisme), j'aurais pu aussi bien prendre la Suède ou les autres pays scandinaves ( pas d'aujourd'hui: d'il y a 20 ans).
SupprimerBon ,j'avais fait un billet là-dessus il y a quelques mois pour préciser tout ça, le voilà:
http://www.marianne.net/elie-pense/Et-si-on-se-mettait-d-accord-sur-le-vocabulaire-politique_a13.html
Arrêtez de vous tutoyer.
SupprimerOups. Je n'ai pas fini ma phrase. Toujours est-il que ça me fait bizarre de voir un vieux con et un jeune con avec ses familiarités.
Supprimer@ nicolas
SupprimerIl y a deux endroits, le PS et le Club Med d'autrefois (je ne sais pas comment c'est, aujourd'hui) où les usages sont les mêmes: il faut tutoyer tout le monde; puis, quand on sympathise avec quelqu'un, qu'on commence à se connaître et à se fréquenter, on passe à une relation normale, plus personnelle, et on se vouvoie; puis, si, avec le temps, on devient vraiment amis proches, on se tutoie de nouveau..
On n'est pas au club médiocre. (Je voulais écrire club med mais mon iPad à corrigé en médiocre). Le jour où le vouvoiement reviendra dans les blogs ils pourront parler de leur influence.
SupprimerIl n'y a pas plus social démocrate que favoriser les contrats entre partenaires sociaux et mettre en avant le dialogue social. Je ne suis pas sur que DSK se disait social libéra. Ceci dit, j'aime bien la définition du social libéralisme d'Elie Arié. Ça va être une nouvelle casquette ça....
RépondreSupprimerOn va s'y faire.
Supprimer