07 juillet 2025

La gauche et la sécurité (OQTF WTF ?)

 


Mathilde Panot s’est exprimée, ce week-end, pour dire que les municipalités LFI supprimeront la vidéosurveillance et désarmeront la police de proximité (pour le détail de ses propositions, consultez la presse). Je vois d’ailleurs beaucoup de propos « à moitié cons » dans les réseaux sociaux (ou la bouche de personnalités politiques) à propos des OQTF.

Tentons de faire le tri dans ce blog tenu par un type extrêmement sympathique mais pas du tout expert dans les domaines liés à la sécurité.

Tout d’abord, sachez que, même si c’est à la surprise générale, je suis assez proche des positions de La France Insoumise sans pour autant avoir un point de vue idéologique. Je n’accuse pas LFI, je veux simplement dire qu’il me semble que je suis assez pragmatique et ne crois pas prendre en compte des idées propres à la droite ou la gauche.

Voyons cela sujet par sujet (assez brièvement pour les deux premiers sujets, un peu plus longuement sur les OQTF).

 


La télésurveillance

 

Je commence par préciser que je ne connais rien à la réglementation en vigueur mais, si les caméras sont utiles à la sécurité (sans le moindre doute), il faut absolument que la loi soit blindée pour éviter des utilisations abusives et ce n’est pas simple ! A priori, les images sont stockées dans le cloud et on peut imaginer que des andouilles puissent les exploiter (légalement ou pas), au pire, pour suivre tous vos déplacements a posteriori.

J’ai souvent tendance, d’une part, à traiter les « lancers d’alerte » de guignols et, d’autre part, à encourager nos braves concitoyens à faire avec les progrès technologiques, mais il y a parfois de réels dangers d’utilisation abusive.

Il faut donc, au minimum, s’assurer que l’exploitation des images ne puisse se faire que sous le contrôle de la justice et dans des cas bien particuliers.

Dans les réseaux sociaux, il faut arrêter le discours de droite « si tu ne fais rien d’illégal, tu n’as rien à craindre. » Si, tu peux être repéré pour avoir maté le cul d’une gonzesse avec l’avocat de ton épouse qui demande le divorce pour ça…

 

Par ailleurs, il faut cesser les discours autour du fait que les caméras puissent tout : les flics n’ont pas que ça à faire. J’ai deux exemples récents en tête : une tentative d’intrusion dans un immeuble proche d’un bistro de ma connaissance et le vol de mon PC portable dans un bistro. A chaque fois, j’ai entendu le même discours : il faut regarder les images des vidéos. Qui est habilité à le faire et quels pourraient être les suites ? Les forces de l’ordre ont tout de même mieux à faire…

 


Le désarmement de la police municipale

 

Là, je suis totalement pour. Dans les principes de notre République, ce sont des services de l’Etat qui doivent assurer la sécurité. S’ils ne le font pas correctement, il faut peut-être augmenter les budgets mais, en aucune manière, transférer des charges vers les municipalités. Les policiers municipaux ont d’autres fonctions à assurer.

En outre, les tâches « lourdes » de maintien de la sécurité doivent être faits sous l’autorité de l’Etat et pas de « petits élus locaux » qui pourraient négligemment abuser un tantinet de leurs pouvoirs.

Par ailleurs, il y a des questions de formation, d’entrainement… Et je ne suis pas sûr qu’ils soient suffisants pour la police municipales (certains faits d’actualité auraient tendance à montrer le contraire, tout comme certaines études trop sérieuses pour ce blog, qu’ils soient suffisants pour la police nationale).

 


Les OQTF

 

Il faut arrêter de faire croire que derrière les « OQTF » se cachent toujours des délinquants potentiels et il faut insulter copieusement les usagers des réseaux sociaux qui basent leurs oukases débiles sur ce mensonge.

Pour résumer, un type en « OQTF » est presque toujours quelqu’un qui n’est pas en règle sur le territoire, parce que son titre de séjour n’a pas été renouvelé à temps (90% des cas, je crois), parce qu’il a fui son pays pour des raisons diverses et est entré illégalement et j’en passe (je crois, par exemple, qu’un délinquant étranger condamné sur notre sol peut se cogner une OQTF).

Paradoxalement à l’intitulé de la chose (Obligation de Quitter le Territoire Français), on ne peut pas virer ces pauvres gens. Tout d’abord pour des raisons pratiques. Est-on sûr de savoir où les reconduire ? Les pays d’origine veulent-ils bien les accueillir à nouveau ? Combien cela coûterait-il de transporter ces locdus ? Ensuite, pour des raisons d’humanité. Sait-on s’ils ne seraient pas en danger chez eux, s’ils n’ont pas fui pour des raisons valables ? Et plus prosaïquement : n’y a-t-il pas eu une faille dans le processus administratif qui fait qu’un zozo légitiment sur le territoire se retrouverait dans la merde (je pense à cet étudiant, dans l’actualité récente, qui se tape une OQTF parce qu’il n’a pas reçu son titre de séjour) ?

 


Pratiquer l’amalgame pour chercher les voix des gens potentiellement xénophobes n’est pas très joli. Je dis ça pour être aimable compte tenu que les gens de droite me gonflent autant que les gens de gauche (les uns veulent virer les basanés sous prétexte qu’ils n’ont pas de papier et les autres te considèrent comme raciste si tu n’aimes pas les traditions musulmanes sur notre territoire).

Le sujet de l’immigration est vaste et je ne vais pas le traiter ici complètement, je me contente de gueuler contre les erreurs faites au sujet des OQTF (mais, dans le fond, je suis assez favorable à la régularisation par l’octroi de la nationalité de tous ceux qui arrivent à vivre sur le territoire sans faire chier mais ceci n'est qu'un résumé, n'en débattons pas).

 


Serais-je de devenu gauchiste ?

 

Tout d’abord, je ne crois pas avoir beaucoup changé d’avis sur ces sujets (et notamment les « sans-papiers ») et on s’en fout.

Il se trouve tout de même que si je n’aime pas les discours de droite à ce sujet, ceux de gauche ont aussi tendance à me sortir par les trous de nez car ils ne font souvent pas preuve de discernement… Qu’ils soient radicaux ou plus d’une tendance « républicaine » (les propos du maire de Saint-Ouen sont « hors sol », il oublie qu’il est un défenseur de la République et que c’est à la République s’assurer la sécurité).

Ainsi, les propos de Mathilde Panot tombent assez juste ce qu’elle annonce pour les élections municipales (la vidéosurveillance et le désarmement) devraient être traités au niveau national. Et comme la gauche radicale raconte généralement des carabistouilles (comme la loi "permis de tuer" de Cazeneuve) elle n'est plus vraiment crédible.

 

Restons zens, je vous prie.

Et si je mets la photo de Nanard en illustration de billet, c'est pour faire plaisir à un commentateurs : je ne sais absolument pas ce qu'il propose pour ces sujets.

Il y a par ailleurs un sujet que je n'ai pas abordé dans ce blog mais j'étais en désaccord avec Macron quand il disait qu'il fallait remettre les "attaques à la personne" au niveau des faits divers...

8 commentaires:

  1. A part la photo du valet de nuit, je plussoie à l'intégralité du contenu de ce billet.

    Denis.

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  2. à Paris, tu peux obtenir copie des images de caméra de surveillance , je n'ai jamais testé, je pourrai le faire. Je ne sais pas comment ça se passe ailleurs qu'a Paris, et quel est le contexte légal qui a fait que la demande de publication en ligne a été rendue possible.

    Moi je suis contre ceux qui disent que ça doit disparaitre. C'est n'importe quoi et Panot a dit des conneries.

    Sur la police municipale, j'ai vu un reportage à la TV publique qui montrait que des polices municipales ne peuvent pas accéder au fichier des permis de conduire et doivent demander à la police nationale, de ce fait ils perdent du temps. Notons qu'un grand nombre de gens roulent sans permis et que ce cas doit être fréquent. Et dans l'exemple donné, ils ont vite été entourés de racailles et ont du prendre la fuite : belle image de l'ordre public et du "respect de la tranquillité " ( mots de Faure Olivier sur F.infos ce matin qui a défoncé la LFI sur ces sujets). Beaucoup de policiers municipaux sont des anciens policier nationaux et doivent regretter leur impossibilité d'utiliser des outils de la police nationale.
    N'oublions pas que c'est l'Etat qui a décidé de la création de ces PM pour déplacer le problème du manque de policiers dans la rue. Hollande , puis Macron ont du embaucher plus de policiers que Sarkozy ce bon à rien qui en avait supprimé des milliers. Et à Paris, on compte sur les doigts de la main , les sorties visibles de la Police Municipale qui a une réputation de fainéants et est contactable H24 selon la ville , et en 3 ans aurait fait 240 000 PV d'incivilités 3,4 million de PV de circulation. Ce n'est pas rien.

    On peut se poser la question : les maires qui arment leur PM ont-ils encore des postes de police ou de gendarmerie dans leurs communes ?

    Après c'est un vrai sujet : on demande à l'état de nous protéger (police et justice) et la justice en France est dans un état famélique : on a 3 fois moins de juges qu'un pays voisin.

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    1. Pour les caméras, je n'ai pas dit qu'il fallait les supprimer mais qu'il fallait faire réellement attention aux usages et penser aux dommages que pourraient faire les progrès technologiques. Pour le reste, je ne sais néanmoins pas si elles ont un effet dissuasif. Parlons en suite à ton autre commentaire, sinon on va se mélanger les pinceaux.

      Pour la police municipale je dis simplement qu'elle doit assurer son rôle premier de rendre un service de proximité aux gens (par exemple, l'autre jour, les keufs sont passés pour dire à mon voisin qu'il n'avait pas à laisser un gros tas de gravier dans la rue). A Bicêtre, ils assurent la bonne tenue des marchés en s'assurant que les bagnoles ne fassent pas n'importe quoi, elles verbalisent les cons mal garés (je parle de ce que je vois de leurs missions, mais je suppose qu'ils surveillent les sorties des écoles, gèrent les objets trouvés et que sais-je ? Autant de missions de service public indispensables).

      Les missions relatives à la "vraie sécurité", y compris les contrôles de permis de conduire, c'est à la police nationale et à la gendarmerie (et on est d'accord sur les conneries faites par la droite). Ce n'est pas aux communes de payer ! Il en va aussi de l'égalité territoriale et de celle des citoyens devant la police (pourquoi les patelins riches seraient-ils mécaniquement plus sûrs que les pauvres ?).

      C'est la République, quoi !

      Et la gauche devrait être vigilant devant le discours démagogique de la droite qui ne parle que de sécurité (et surtout d'immigration, d'ailleurs) parce qu'elle ne sait plus du tout quoi mettre dans un projet... Et la gauche devrait soutenir la police et la gendarmerie plutôt que de lui taper dessus (et Panot a dit des choses intéressantes sur la réorganisation de la sécurité).

      Tu as raison, en revanche, sur la connerie de la droite au pouvoir qui a baissé les budgets et détruit les moyens. Mais le "grand parti de droite" va réussir à dépasser son record de durée sans occuper le pouvoir... Les cons... Ils ne parlent que de sécurité mais agissent de travers !

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  3. ah => Code de la sécurité intérieure. Article L253-5 prévoit que « toute personne intéressée peut s’adresser au responsable d’un système de vidéoprotection afin d’obtenir un accès aux enregistrements qui la concernent ou d’en vérifier la destruction dans le délai prévu. Cet accès est de droit. »

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    1. Oui, c'est indiqué sur tous les panneaux qui "avertissent" de la télésurveillance dans les lieux publics.

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    2. ben je n'ai pas vérifié dans mon quartier.. si les caméras étaient signalées. Mais bon ce doit existe.

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    3. Les caméras sont signalées au moins dans les lieux privés (sur la voie publique, je ne sais pas, mais, en extérieur, il y en a beaucoup par exemple pour régler des problèmes de circulation, ce qu'a d'ailleurs oublié de dire Mme Panot).

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