Rongé par le remord de ne pas avoir fait de billet de blog,
hier, j’ai écrit ceci dans Facebook quand je suis arrivé au bistro : « Qui, à gauche, pour soutenir les salariés de la Société
Générale qui se battent pour sauver leur télétravail ? Personne. Ils les
considèrent comme des privilégiés alors qu’ils ne font que défendre des
avantages acquis (certes, grâce au Covid). Pourtant, ils passent beaucoup de
temps à défendre d’autres salariés privilégiés.
C’est ainsi que la gauche perd.
Tant pis ! Pourtant le travail,
son organisation, son utilité… devrait être au cœur de la pensée de gauche
quand elle doit travailler à un projet. Il faut pourtant aborder le travail (et
les conditions de vie à la retraite). Quelles évolutions envisager avec les
progrès technologiques, dont l’IA, et les possibilités offertes par notre monde
(comme le télétravail).
Ces imbéciles de gauche parlent
beaucoup de l’âge de la retraite et font semblant de penser qu’ils sauraient
trouver le pognon mais oublient tout le reste comme les conditions de vie des
travailleurs, le niveau des retraites.
Pendant ce temps, ils vont
défendre un type de droite, Villepin, qui défend une religion (il a encore dit
que le port du voile n’était pas un problème). Mais aucun d’entre eux n’a tapé
sur l’autre candidat de droite, Philippe, qui dit qu’il faut qu’on travaille
plus, à la semaine, à l’année et sur une vie alors que c’est une abomination
d’oublier le mot « collectif » dans le calcul de la quantité de travail
nécessaire « à notre épanouissement ».
Vous pouvez crever. »
Etudions cela plus en détail.
A propos du télétravail
Des grandes banques françaises commencent
à faire un retour arrière pour le télétravail. Alors qu’elles avaient accordé
deux ou trois jours aux salariés qui ne sont pas en contact
« présentiel » avec les clients ou pour lesquels la présence sur site
n’est pas indispensable, elles limitent progressivement, maintenant, le nombre
de jour ! A un…
En préambule, je dirais que si cela m’arrivait, ça serait
une catastrophe. D’une part, depuis l’instauration, après le Covid, j’ai pu
« jouer avec les jours » et faire de nombreux séjours en Bretagne, ce
qui me permettait de passer plus de temps après ma mère. Le plus drôle est que
ce sont mes patrons qui me poussaient à ne plus revenir au bureau pour éviter
les transports en commun alors que j’avais une maladie des poumons. D’autre
part, le fait d’aller rarement au bureau me permettait de voyage en taxi (le
trajet en transports en commun est très chiant, pour moi) ; en cas
d’augmentation des jours de présence, je n’aurais plus les moyens de me payer
ce luxe.
Cela étant, à trois ou quatre ans de la retraite, je devrais
survivre…
Le télétravail présente néanmoins quelques
inconvénients : il est source d’inégalité entre les salariés. Il est
évident que les ouvriers, les commerçants, les artisans et tous ceux qui ont
besoin d’un contact physique avec les clients ne peuvent pas en bénéficier.
C’est une des raisons évoquées par « le méchant patronat », au titre
de la cohésion de l’entreprise mais je subodore d’autres motifs dont certains
plus discutables comme la distance « morale » prise entre les
salariés et l’entreprise et d’autres foireux comme la motivation créée par les
discussions autour de la machine à café.
Il a, en revanche, des avantages pour les entreprises comme
la possibilité de payer moins de « mètres carrés » de bureau. Et on
ne m’ôtera pas l’idée qu’un salarié bossera mieux s’il n’a pas les contraintes
et le stress lié aux deux heures de transport en commun
Les syndicats ont souvent très mal géré le dossier. Il est
probable que voir des salariés quitter le lieu de travail traditionnel, leur
donnait moins de possibilité, pour eux, d’action, de réunions improvisées… Ils ont
par ailleurs commis une grosse erreur : négocier des avantages (primes d’installation,
d’électricité, d’internet et ticket restaurant) pour que les salariés concernés
puissent « compenser » les frais induits par le télétravail. Sur
le fond, c’est idiot : les salariés n’ont pas besoin qu’on leur subventionne
internet : ils l’ont déjà. Ils n’ont pas « besoin » de tickets
restaurants pour manger à la maison (et donc pas à la cantine) : s’ils ne
sont pas tarés, cela revient moins cher de manger chez soi qu’au RIE.
Surtout comment justifier que des gens qui bénéficient d’un
large avantage par rapport aux autres salariés (ne pas aller au bureau)
puissent avoir une compensation financière ? Comment voulez-vous débattre
sur ce sujet ?
Les partis politiques de gauche ont complètement loupé le
coche…
Ce n’est pas sans rappeler les erreurs liées au passage aux
35 heures ! Des gens se sont vu limiter leur présence au travail à 7h par
jour alors qu’il aurait souvent été souhaitable d’y aller moins souvent…
La retraite
Les partis de gauche ne communiquent que sur l’âge de départ,
à l’occasion d’un débat qui a été relancé il y a dix-huit mois, en France. Le
premier ministre a tenu une conférence de presse, récemment, et on y voit
des points intéressants. La seule communication par les partis de gauche
porte sur le fait que les gens sont fatigués à partir de 62 ans… et donc vieux.
Bravo !
Je rappelle la position que j’ai toujours tenue dans ce blog.
Tout d’abord, il est complètement con d’augmenter la durée de cotisation pour
tout le monde tant que le taux de chômage est significatif. Ensuite, il faut
être fou pour tirer des plans sur la comète alors que l’on ne sait pas comment
évoluera le monde du travail, soit à cause des conditions économiques, soit
avec les progrès technologiques comme l’IA (mais pas que).
Gauche – droite
La gauche n’est pas assez à la manœuvre pour critiquer les
projets de la droite, notamment au sujet des retraites, ce qui permettrait de
mettre le doigt sur la vacuité de ces gens qui n’ont aucune vision. On a
Villepin qui nous pond ses retraites « à point » alors que l’on sait
que ce système court à l’échec. On a Philippe qui veut nous faire travailler
plus ! L’éternel étendard de la droite mais en omettant de rappeler que c’est
globalement que l’on doit travailler plus, pas individuellement et que ce « travailler
plus » est surtout nécessaire pour augmenter notre compétitivité… mais ce
n’est pas la seule piste.
Et le reste ?
Je le dis depuis longtemps dans ce blog, la gauche ne prend
pas en compte les évolutions du monde du travail. En fait, seul Hamon, quand il
était candidat en a parlé avec sa taxe sur les robots (qui n’est qu’une variante
de la « TVA sociale ») et le revenu universel ! Il a tenu une
mauvaise campagne mais c’est aussi parce qu’il n’a pas été suivi par son parti…
Récemment, je dénonçais les propos d’une soutien de
Glucksmann qui chiait sur le revenu universel. Ma petite dame, si on peut
produire en travaillant moins, il nous reste à répartir la richesse produite
par la suppression de poste.
Vous êtes de gauche ou pas ?
Le PS préfère faire une motion de censure en demandant à LFI de les soutenir alors qu'ils s'engueulaient encore il y a trois semaines. LFI refuse de voter une loi (même assez symbolique) pour la défense des soignants et fait toute sa communication sur des sujets sans relation avec la défense des salariés.
Lamentable.
Surtout pas de gauche, en fait !
Tout a fait la gauche qui était dans le camp de la science, devrait observer et étudier ce que vont donner certains projets ou réalisations. Par exemple les robots pour porter/transporter les charges lourdes et les exosquelettes qui existent déjà. Idem dans l'agriculture. Cela existe déjà et ça va se répandre d'ici 10 ans et cela va changer des choses pour des tas de salariés, et dans l'organisation du travail dans de nombreux domaines. Et surtout ça réduira la pénibilité du travail. Comme tu le dis si ça réduit des emplois , tout notre système social sera secoué. Devront nous faire cotiser le robot du paysan qui lui assure une production avec 50 fois moins d'insecticides qu'avec son tracteur et son système d'épandage ? Devrons nous soumettre à cotisation l'exosquelette de l'employé qui lui donne 4 fois plus de force pour soulever des charges ? Voilà des vraies questions et on n'entend pas beaucoup de politiques en parler.
RépondreSupprimerTu as raison, tout doit être étudié. Il ne s'agit pas de taxer tout (tu cites de bons exemples, on ne va taxer ce qui est bon pour l'environnement). Mais la gauche doit sortir du périmètre où elles se cantonne : le travail doit tout supporter...
SupprimerJe partage totalement.
RépondreSupprimerC'est comme les syndicats chez moi qui considèrent les cadres comme des privilégiés et donc ne les défendent pas.
Donc d'autres syndicats qui défendent 'tous les salariés' marchent bien :)
Chez nous, il n'y a que des cadres dont on n'a pas ce problème ! Mais il y en a d'autres...
SupprimerLa taxe sur les robots est une variante de la taxe professionnelle dont une partie de l'assiette reposait sur les immobilisations.
RépondreSupprimerQuant au télétravail, la productivité de départ s'est transformée en une perte de compétitivité nette pour les entreprises. Les salariés en ont fait un droit acquis. Tant pis pour eux. La question du partage de la richesse due au travail est repoussée aux calendes grecques.
Concernant le revenu universel, tu sais très bien que son inspiration moderne vient en grande partie des néo-libéraux.
Denis.
Une perte de productivité nette ? C’est faux. Ce n’est d’ailleurs pas dans les motifs cités par les boites qui suppriment le télétravail.
SupprimerQuant au RU, ça me fait marrer qu’on puisse être contre sous prétexte de l’inspiration. On ne peut plus réfléchir ? On décrète un tabou avant de fusiller ceux qui en parlent ? Il faut pendre les libéraux ? Tu fais quoi comme job ?
Puisque tu veux que je parle de mon métier, la formation en distanciel est un désastre.
SupprimerLes entreprises avaient un intérêt à développer le télétravail (diminution des coûts liés aux locaux et au transport, etc) et elles font marche arrière toutes. Quand tu discutes avec des chefs d'entreprise, le constat est le même dans tous les secteurs. Nous ne devons pas vivre dans le même monde.
Je ne dis pas que c'est bien ou mal. Je ne suis pas dans le jugement, étant par nature plutôt favorable au télétravail. J'essaie juste de parler d'une réalité dont l'interprétation reste éminemment subjective.
Denis.
Je ne voulais pas spécialement parler de ton travail mais souligner que tu as une profession libérale.
SupprimerLa formation professionnelle est un désastre pour les salariés : les boites mettent six mois à t’inscrire et tu as alors d’autres besoins. Pour ma part, je choisis donc des formations plutôt générales (gestion de projet, évolutions du marché…) et le fait qu’elles soient « à distance » ne change rien. Bien au contraire, même, si je puis me permettre cet avis de langage.
Pour le reste, on ne vit sans doute pas dans le même monde, en effet ! Je bosse dans l’intégration de logiciels dont une partie est développée au Maroc et en Inde donc on se fout où sont les salariés français. Dans mon job, j’ai une partie d’encadrement des mises en production des applications et de gestion des incidents. Le télétravail provoque aucune baisse de rentabilité.
Enfin, les directeurs et cadres de ma boîte reconnaissent l’efficacité des équipes en télétravail.
Et je me répète mais les arguments contre le télétravail ne portent pas sur la productivité.