Hier, je suis tombé sur une vidéo qui parlait des droits de
succession. Sous la forme d’un dessin animée, elle se voulait drôle mais elle
manquait totalement d’objectivité ! Elle mettait en scène deux
personnages, un héritier et un notaire. Ce dernier annonçait que l’autre allait
hériter d’une demeure d’une valeur de 600 000 euros mais aller devoir
s’acquitter de 110 000 euros de droits de succession. Le zozo n’avait pas
assez de liquidité et allait devoir vendre la maison pour payer ! Et la
majeure partie du clip était orientés vers l’Etat spoliateur, l’Etat qui allait
l’empêcher de bénéficier de sa succession.
Or, la vérité est que le gars allait gagner, en fait,
490 000 euros ! On comprend bien ce qu’ils veulent dire et on imagine
le problème (je vais y revenir) mais les propos sont tout simplement
mensongers.
Si on en croit Google (« Au
cours de leur vie, 50% des Français auront hérité de moins de 70.000 de
patrimoine, alors que 10% des Français hériteront de plus de 500.000 euros. Les
1% d'héritiers les mieux lotis d'une génération recevront même 4,2 millions
d'euros en moyenne et les 0,1% environ 13 millions d'euros. »),
notre héritier se trouve donc dans les 10% des plus riches héritiers !
Faire pleurer le zozo dans les réseaux sociaux est pour le moins malhonnête…
Revenons à notre gogo qui va « perdre » un
bien familial (mais va quand même récupérer beaucoup d’oseille). Sans être médisant,
s’il n’a pas les moyens de récupérer 110 000 balles pour s’acquitter de ce
qu’il doit (je ne suis pas méchant mais s’il présente un dossier à son banquier,
il aura un prêt sauf s’il a de petits revenus auquel cas il devrait d’ailleurs
préférer les 490 000 boules), il est probable qu’il n’arrivera pas à payer
l’entretien de la maison !
Par ailleurs, regardez autour de vous, vos relations ?
Quel est le pourcentage des vos connaissances qui vivent dans un bien de
famille (ne serait-ce que pour les vacances) ou qui soient désireux,
réellement, de les garder après la mort des parents ? Parmi ceux qui
auraient voulu garde les biens pour les occuper, combien ont été obligés de le
vendre pour payer les droits ?
En d’autres termes, la volonté de conserver des biens de
familles est vraiment de la connerie. Venant moi-même d’hériter, je peux vous
le confirmer : j’ai cherché des cas et, pour ma part, si je conserve la
maison c’est pour y vivre quand j’aurais vendu mon appartement de la région
parisienne une fois que je serai à la retraite…
Allez-y, chercher ! Pour ma part, parmi les copains de
blogs, les collègues, les copains de la vraie vie… je connais quatre personne
(dont ma sœur, mon frère et moi…) concernées !
Cet argument de spoliation pour les biens immobiliers ne
tient donc pas… Et on pourrait faire la même démonstration pour les biens
mobiliers.
De toutes manière, ça nous amène au problème des « paysans
de l’ile de Ré » dont on parlait beaucoup il y a une vingtaine d’années :
les lascars passant l’arme à gauche, les rejetons se retrouvent avec des terres
qui, après évaluation pour la succession se trouve valoir la peau des
roubignoles donc ils sont millionnaires donc imposables sur la succession (et
potentiellement sur la fortune). Le problème est qu’ils ne souhaitent pas
exploiter les terres en question et les récupérer comme un bien de famille,
sauf au plaisir d’avoir un acte de propriété dans le tiroir. Ca ne tient pas la
route.
Ainsi, il y a un impact émotionnel autour des droits de
succession mais on n’est très loin de la vraie vie (on pourrait faire une
concession : donner un délai de deux ans pour procéder au paiement au lieu
des six mois actuels qui imposent de faire des ventes dans l’urgence).
Il y a d’autres arguments contre l’imposition des héritages
mais on peut les balayer avec un ricanement méchant. Par exemple, il y a des
gens qui disent que des gens doivent pouvoir léguer un capital à leurs enfants
quand ils l’ont honnêtement gagné. Déjà, les morts ne donnent pas, ce sont les
vivants qui récupèrent et ils n’ont rien mérité. En outre, je ne connais pas
beaucoup de monde qui crée un véritable héritage à la sueur de leur front. Sans
compter que, la plupart du temps, le pognon accumulé lors d’une carrière
professionnelle sera dilapidé vite fait sur le gaz à partir de vingt ans après
la retraite, d’une part dans l’entretien de la maison et d’autre part dans les
factures d’Ehpad…
Nous sommes typiquement devant un faux problème.
N’oublions que les droits de succession sont calculés avec
un abattement et une progressivité des taux : seuls les plus riches sont
vraiment pénalisés.
D’ailleurs, la meilleure méthode pour s’enrichir est d’hériter,
bien avant le travail ou les placements financiers sauf quelques génies qui
montent des startups ou des pouffiasses qui vendent des cochonneries dans les
réseaux sociaux. Ainsi, taxer les successions permet de mettre fin à un
processus d’accumulation des richesses (le riche qui canne : hop ! On
repartage une partie de ses biftons : quoi de plus juste ?).
En outre, on est dans une situation économique délicate. On
sait qu’on va rentrer dans une phase d’austérité et qu’on va tous se prendre
des coups sur la tronche pour limiter un déficit pour lequel on n’est pas pour grand-chose.
Par ailleurs, la politique de Macron qui espérait le ruissellement a montré son
échec : en 7 ans, les
inégalités se sont creusées plus que jamais.
Il est temps de penser à démystifier le fait de prendre du
pognon là où il est : dans la poche d’andouilles qui n’ont rien mérité
mais dont les darons avaient mis un joli pécule devant eux…
C’est tout de même mieux que de diminuer les coûts des
écoles ou de la santé ou d’augmenter les cotisations des plus démunis, non ?
Complément gratuit :
Dans son dernier
billet, l’ami Politeeks parle de la TVA sociale et de la taxe Zucman.
J’aime beaucoup la manière avec laquelle il présente cela. Il commence par une
courte explication puis listes les avantages et les inconvénients sans parti
pris et c’est après qu’il ouvre réellement le débat en donnant son avis sans,
pour autant, forcer le lecteur à penser comme lui !
Pour ma part, il me semble que je suis parfois trop
direct et que j’insiste sur la critique des contradicteurs… On ne se refait
pas !
merci pour le lien, j'ai fait un exercice simple, mais long a réaliser. Sur les héritages ont doit être d'accord ça doit être taxé. En France le pognon/immobilier (capital) se gagne par héritage et non par le travail sauf de rares exceptions. Et ceux qui créent de l'activité (entreprises) sont des héritiers surement à un fort %. Depuis des années, on a rajouté des options permettant de défiscaliser des dons aux enfants. Ça ne profite qu'aux plus riches, déjà dotés de patrimoine/finances héritées. On pourrait penser que le ruissellement ça peut marcher, sur le papier. Mais non semble-t-il , les faits sont là. En fait ce qui ruissèle ce sont les dons de parents à leur enfant qui veut créer son entreprise de plomberie, croque-mort, boulangerie , ou sa ferme bio lieux où des nouveaux emplois vont se créer. Il faudrait savoir d'où vient le capital des milliers de nouvelles entreprises (dans des tas de domaines, hors startups) qui se créent chaque année en France. Par ce que c'est là que ça ruisselle et que ça crée de l'emploi. Mais ces "donneurs" de capitaux ne sont pas le top 1% des impôts, mais largement en dessous : des cadres supérieurs , des gens qui ont eu des gros salaires dans leur vie et ont des retraites conséquentes et du capital. Dans ma rue , il y a une boulangerie qui s'est installée y'a 4 ans et fait des très bons produits : qui l'a financée ? il y'a 3 ou 4 salariés et 2 indépendants (pâtissier et sandwiches) ? ce ne sont pas des gens du top 1% c'est quasi certains. Ce sont ces milliers de TPE qui font de l'emploi. Il y a longtemps j'avais trouvé une étude qui prouvait que ce sont ces nouvelles entreprises (je ne parle pas de startups hein) qui créaient de l'emploi. l'Heritage, cette masse de fric doit aller à ça. Et ça serait vraiment important. Les super-héritages > 5 millions doivent être vraiment taxés et ça doit interdire toute manipulation comme les holdings et autres saloperies qui font qu'elles ne le sont pas.
RépondreSupprimerIl est évident que c'est l'argent privé qui crée de l'activité. D'un autre côté, c'est la consommation des ménages, donc en partie le fruit de la redistribution, qui l'alimente. C'est le serpent qui se mord la queue et ces débats entre la politique de l'offre et celle de la demande me navre, comme si le monde n'avait pas changé depuis la mise à jour des théories et l'enterrement de Keynes.
SupprimerEn ce sens, le ruissellement est nécessaire : le pognon gagné par les riches doivent partir dans l'économie, la création d'entreprises et tout ça. Après, c'est une question d'équilibre et le ruissellement tel qu'il avait été "pensé" par Macron ne fonctionne pas...
Mais dans mon billet, je parle surtout des petits héritages, ceux qui concernent les 90 ou 95% de gens qui héritent peu mais qui continue à défendre des points de vue grotesque sur la spoliation et tout ça.
Un détail : ce sont les entreprises neuves qui créent de nouveaux emplois mais il est aussi important de maintenir les emplois existants.
Difficile de maintenir tous les emplois existants, avec l'évolution des techniques et la disparition obligatoire de certains métiers obsolètes qu' elles entraînent.
SupprimerEt donc, si par esprit de justice tu augmentes les droits de succession de ceux qui qui héritent, ce même esprit de justice te fera reverser aissi sec cette manne à ceux qui n’héritent pas ...(encore) ?
RépondreSupprimerPour info et sauf erreur : 2024 tous impôts confondus 330 milliards d’euros.
Hélène
Je rectifie le montant :
SupprimerDGFiP Statistiques | Les recettes fiscales gérées par la DGFiP en 2024
Publié le 11 mars 2025
"n°29 - mars 2025
Les recettes fiscales nettes recouvrées par la DGFiP ont progressé de 2 % entre 2023 et 2024, hors changement de périmètre.
Ces recettes s’élèvent en 2024 à 553 Md€ à périmètre constant, et à 568 Md€ en incluant les accises sur les tabacs et les alcools, dont la gestion a été transférée de la DGDDI à la DGFiP à partir du 2e trimestre 2024."
Bon, maintenant payer un peu plus d’impôts pourquoi pas si on le reverse directement dans les poches des chômeurs de 50 ans et plus en fin de droit, qui ont plusieurs années de travail derrière eux.
Hélène
Cela pourrait prendre la forme d'une dotation universelle à tous les jeunes lorsqu'ils atteignent leur majorité, en gros l'âge où ils commencent des études supérieures (que les familles les moins aisées ont du mal à financer) ou entrent dans la vie active (sans que leurs ressources leur permettent de quitter le domicile de leurs parents et donc d'élargir géographiquement leur recherche d'emploi).
SupprimerCela concernerait un peu moins de 800000 jeunes par an (nombre qui va d'ailleurs nettement baisser dans les prochaines décennies vu la baisse du nombre de naissances). A raison de 20000€ par jeune (par exemple, mais on pourrait envisager plus), ça représenterait au total moins de 16 milliards, montant inférieur aux recettes de droits de successions perçues annuellement par l'Etat.
Pour que cela n'impacte pas négativement le budget de l'Etat, il suffirait donc de doubler ces recettes en taxant plus fortement les successions (et donations) - même sans toucher à l'abattement de 100000€ dont bénéficie une personne héritant (en général pas avant ses 50 ou 60 ans) de chacun de ses parents, abattement qui profite surtout aux (vieux) enfants des classes supérieures (87% des héritages sont inférieurs à 100000€ et les deux-tiers sont inférieurs à 30000€).
Ta question est saugrenue : on dépense déjà beaucoup plus que ce qu'on "gagne". Donc le pognon est déjà reversé...
SupprimerTiens ! C'est le bordel dans les commentaires : j'ai reçu à 15h55 le mail pour le commentaire d'Hélène de 13h46.
SupprimerJe ne vais pas trop y répondre, quand même, vu que c'est un peu le sujet de mon billet du jour mais la redistribution n'est pas que verser du pognon à des gens, c'est aussi payer des écoles, des hôpitaux et tous ces machins.
Mon billet parlait essentiellement du fait que l'on raconte des billevesées sur les droits de succession, je n'ai pas écrit qu'il fallait les augmenter (même si je le pense) mais que ce n'était pas idiot de prendre le pognon où il est...
C’est le bordel ! Le commentaire d’Yves vient d’arriver.
SupprimerCe ne suis pas pour cette donation. Il me paraîtrait préférable d’utiliser le pognon pour construire des logements étudiants ou baisser le prix de leur bouffe.
Je ne suis pas en avance pour répondre, moi ! Mes excuses...
RépondreSupprimerNicolas Jégou, votre espace commentaires ressemble à la Cour du roi Pétaud 😂
RépondreSupprimerJ’en profite pour vous dire que je crois bien qu’ils ont donné un coup de pouce pour alléger une mesure de la dpe.
Tout n’est pas perdu.
Hélène
Ouf.
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