En salle

12 septembre 2025

Lecornu ou l'âme couverte ?

 


Le nouveau premier ministre semble vouloir faire une rupture dans la politique mais le premier article que j’ai lu ce matin montre que les principaux cadres du « blog central » n’ont pas compris la situation et croient que faire quelques concessions à la marge suffira à éviter une motion de censure (tout en déclarant que les mesures concédées sont de sombres conneries) et à leur faire finir leurs mandats en s’endormant sur leurs oreilles.

 



Je ne l’ai pas fait dans mon billet d’hier mais je vais rappeler la composition de l’Assemblée nationale :

« Coalition »

Nombre de députés

Rassemblement National

143

NFP

Dont LFI

Hors LFI

190

70

120

Ensemble pour la République

165

Union de la droite et du centre

60

Autres

19

 


Ma présentation est un peu orientée (j’ai pris acte qu’un bloc central ne pouvait pas travailler avec LFI et que LFI ne voulait pas gouverner hors du cadre de son programme, donc avec les autres).

Si on veut une coalition (ou plutôt un conglomérat…) pour gouverner normalement (sans 49.3 et sans censure), il faut une majorité de 289 députés. Le bloc central en a 225, pour faire une majorité, il doit donc aller chercher 64 députés ailleurs, on va dire une bonne cinquantaine dans la gauche hors LFI soit à peu près la moitié des députés de cette gauche « hors LFI » ce qui fait tout de même 20% de « ces 289 ».

Si on considère que sans ces 20%, le gouvernement ne tiendra pas, ce ne sont pas quelques concessions cosmétiques qu’il faut chercher pour donner bonne figure aux députés de gauche qui ne s’opposeront pas mais de vraies concessions et il faudra aussi ne pas dépasser quelques lignes jaunes au sujet de certains textes.

Il ne s’agit pas, pour la gauche, d’exercer un chantage mais tout le monde doit se montrer raisonnable…

Je ne suis pas dans la logique de certains à gauche qui disent que le NFP est arrivé en tête et devrait « selon la logique des institutions » avoir le gouvernement et je sais évidemment que la gauche n’a pas les moyens de gouverner.

Il n’empêche que la gauche est bien arrivée en tête !

 


Dans mon billet d’hier, je donnais quelques pistes.

Il faut par exemple agir sur les aides aux entreprises à hauteur de 10 ou 20 milliards (sur plus de 200, tout de même). Il faut aussi revenir sur une partie des allègements fiscaux concédés aux plus riches. On pourra tout de même rappeler à ceux qui ronchonnent que les grandes fortunes ont prospéré en France pendant que la pauvreté augmentait et que les mesures voulues par Macron dès 2017 n’ont pas provoqué les effets voulus et sont en partie directement responsables de la large augmentation de la dette. Il faut enfin que les mesures prises sur le budget ne pénalisent pas les consommateurs afin de ne pas provoquer d’effet récessif !

Avec cela, on est loin d’une politique de gauche qui ferait qu’il revienne au « bloc central » voire aux seuls élus de droite de baisser leurs culottes.

Je n’ai pas parlé de justice sociale, de politique de relance, de partage des retraites, de lutte contre le chômage des jeunes et des séniors et d’un tas d’autres marqueurs de gauche. Je n’ai pas évoqué, par exemple, la réforme des retraites même s’il ne serait pas totalement débile de travailler à nouveau sur la pénibilité mais, tant qu’à faire, ne nous fâchons pas avec le Medef et attendons d’avoir une vraie majorité.

Bref, je n’ai pas dit qu’il faudrait une politique de gauche (même si je le souhaiterais mais dans nos conditions ce n’est pas possible : la gauche n’est pas majoritaire ; en outre, je reste favorable à des mesures prises sous Hollande, parfois inspirées par Macron, comme des baisses de cotisations, des allègements du code du travail, et la loi Macron d’ailleurs…).

Je n’ai pas parlé, non plus d’environnement, de nucléaire, de planification écologique…

 

Contre-exemple

Dans mon billet d’hier, je disais pourquoi Emmanuel Macron aurait dû nommer un premier ministre de gauche.

C’est simple : les deux premiers premiers ministres de cette législature n’ont fait aucune concession à la gauche pour s’assurer une majorité (ils ont même perdu leurs fonctions dans l’hémicycle). Le deuxième a même fait des promesses (sur les retraites) qui n’ont pas été tenues.

Il est clair gauche ne peut plus leur faire confiance. On dépasse le stade où l’on marmonne que l’on fera des concessions : il faut des engagements précis et s’ils ne sont pas respectés, il y aura nécessairement une censure. En d’autres termes, la gauche veut bien maintenant promettre de ne pas censurer mais il faut des conditions.

C’est aussi pour ça que Macron aurait dû nommer un type de gauche : éviter les emmerdements.

Il ne faut d’ailleurs pas que le bloc central espère avoir le soutien du RN sur certains sujets : les engagements pris au départ doivent être globaux et une motion de censure pourrait porter sur tout.

 


Dans mon billet d’hier, je disais plein de choses mais les commentaires ne portaient pas vraiment sur le fond : la fin du fait majoritaire. Si j’ai parlé de plein de choses, j’ai très peu évoqué Sébastien Lecornu.

Pour les évolutions nécessaires de nos pratiques institutionnelles, vous pouvez aussi lire mon confrère Authueil mais il faut tout de même que je parle de notre nouveau premier ministre.

Ce type a des atouts. Par exemple, comme je le disais en introduction, il a rapidement reconnu qu’il fallait une rupture. En outre, d’après certains observateurs, il est coutumier du fait de « sauver Macron » ce qu’il semble avoir fait à l’époque des grands débats. Il connaît très bien l’armée, je suppose, et compte tenu du contexte international (dont je ne parle que rarement mais qui me préoccupe tout de même plus que nos âneries), c’est un sérieux atout.

Par contre, il vient bien d’une droite réactionnaire : comme président d’un conseil départemental, il fait à la chasse aux fraudeurs au RSA, auparavant, il avait combattu le mariage pour tous, il s’est rapproché de groupes d’extrême droite comme Sens Commun (si j’en crois sa page Wikipedia).

Il n’a pas fait d’étude et n’a quasiment jamais travaillé autrement qu’en politique (et en aucun cas dans des entreprises privées).

 

Dans ces conditions, on comprendra que personne à gauche ne pourra lui signer un chèque en blanc. Mais je ne vais pas non plus lui faire un procès d’intention et je vais attendre les premiers engagements qu’il prendra.

28 commentaires:

  1. Il faut par exemple agir sur les aides aux entreprises les + grosses niches en € sont les holdings et les "dettes" de filiales : deux magouilles très efficaces, mais je ne sais pas comment inverser ça, ça doit être faisable déjà sur les holdings. Comme je l'ai écrit chez moi, on ne sait rien ou presque rien des échanges que Lecornu raconte aux gens qu'il voit, tout comme on ne sait rien de ce qui se dit au parlement entre députés de divers bords... Par exemple là il va recevoir les syndicats que Bayrou avait exaspéré (le medef n'était pas innoncent non plus lors du conclave).

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    1. Le Médef est coupable et c'est pour ça que j'en parle...

      Il y a un tas de système pour détourner le fisc. Parfois, le gouvernement est coupable et va contre le Parlement, comme on voit dans ce reportage.

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    2. ah j'avais vu ce reportage. Encore une magouille fiscale permise par le droit qui est trop permissif devant des montages pour exfiltrer des profits sur des gains réalisés en France.

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  2. Piqûre de rappel avant que je n’argumente : juste avant le vote de confiance j’ai déclaré ici même que j’en avais tellement marre de l’instabilité que je m’accommoderais d’un premier ministre de gauche si çà faisait avancer le schmilblick. Je ne suis donc pas une anti-gauche rabique. Fin de la parenthèse.

    J’ai dit hier que je m’opposais à une fiscalité accrue visant les entreprises, je ne vais donc pas revenir là-dessus.

    Tu sembles dire que vu ce qu’on fait les précédents premiers ministres venus de la droite, on ne peut probablement pas faire confiance au troisième. Désolée d’être piquante mais ce raisonnement est un sophisme (raisonnement fallacieux) de culpabilité par association. L’utilisation de sophismes invalide tout argument dans lequel ils sont employés. Attendons de voir ce que Lecornu va faire avant de juger : ni chèque en blanc, ni espoirs démesurés ne sont de mise.

    Nommer un PM de gauche n’est pas une formule magique pour éviter les emmerdements, le risque de censure viendrait du RN, de LFI qui, je cite la Méluche, n’acceptera de valider aucun gouvernement autre que le leur, de la partie de la gauche qui ne veut pas entendre parler d’une association avec « la macronie », des LR qui ne pèsent pas un gros poids mais qui existent néanmoins, sans parler de fracturer un bloc central (déjà fragilisé) dont l’aile droite verrait d’un très mauvais œil un PM socialiste.
    PS : tu as écrit le blog central au lieu du bloc. Coquille amusante ! :o)

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    1. Je vais essayer de répondre à chacun de tes paragraphe.

      Au sujet de ta piqûre de rappel (je reconnais que tu l'as dit), voila ma position. En 2017, Macron s'est dit ni de gauche ni de droite (et j'ai voté pour lui au premier tour), or il a fait une politique fiscale de droite dès le départ. En suite, il a continué, y compris après 2024. Je ne veux plus m'accommoder d'un premier ministre de droite SANS CONDITION.

      Je n'ai pas dit autre chose dans mon billet et je n'ai pas fait un procès d'intention à Lecornu.

      Tu parles de fiscalité accrue des entreprises, je ne parle que d'avantages fiscaux indus. Par exemple, des entreprises reçoivent des aides sans contrepartie et versent des dividendes. Surtout, je parle explicitement des avantages fiscaux accordés par Macron et ils ne concernent pas les entreprises mais les particuliers, comme la suppression de l'ISF et la flattax. Tu me faits donc un procès d'intention.

      Tu parles de sophisme mais ça n'en est pas du tout un.

      D'une part, c'est la stricte vérité ! Mon billet part d'un article de presse dans lequel on lit des énormités de la part de personnes issues de la droite. Je l'ai écrit; Il n'y a rien de fallatieux.
      D'autre part, il ne s'agit pas d'un raisonnement mais d'un fait : personne à gauche ne peut faire confiance dans cette clique (ce n'est pas pour ça que je fais un procès d'intention et j'ai dit que j'attendais des faits - et je suppose que les députés de gauche qui seront amenés à voter la confiance aussi).

      Tu dis que nommer un PM de gauche ne serait pas une source pour éviter les emmerdements. Je n'ai pas dit le contraire sauf que ça éviterait tout de même des emmerdements à la droite. Mais, j'ai dit que convaincre une cinquantaine d'élus de gauche de ne pas censurer à un prix (et s'ils ne censurent pas, on s'en fout des censures de LFI et du RN). 50, c'est bien moins d'un tiers des élus de gauche et même pas la totalité des élus socialos.

      S'il y a un pacte clair, avec des engagements précis... et tenus, c'est une formalité d'éviter la censure.

      Je poursuis dans un autre commentaire.

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    2. Il ne faut pas confondre les deux aspects : la promesse de non censure et la confiance dans le gouvernement. Si les engagements sont tenus, il n'y aura pas de censure. La confiance aurait simplement aidé et éviter qu'on se pose des questions à tout bout de champ.

      Enfin, on se connait depuis quelques semaines. On a constaté de nombreux points d'accord et, souvent, une certaine affinité. Et maintenant, tu sembles m'engueuler, tu emploies des grands mots comme "sophisme". Ca me rappelle pourquoi je me suis engueulé avec d'autres "kiwis" ce dont on a parlé récemment et je ne sais si je t'ai tout dit (d'autant qu'il n'y a pas que les kiwis à être concerné mais des réacs et des abrutis) : à partir du moment où ils constatent que je suis d'accord avec certains de leurs avis, les gens ne supportent plus du tout que je ne sois pas d'accord avec tout et finissent par craquer.

      Parmi les abrutis, il y a Elie Arié, par exemple, mon illustre troll. Parmi les réacs, il y a Jacques Etienne (il ne fait pas beaucoup de billets de blog mais tu le trouveras dans ma bloguerolle : on était fâchés et on s'est réconciliés à l'occasion de la mort d'un ami commun, en mai).

      Toujours est-il que ce n'est pas en m'envoyant un oukase sur la nécessité de faire confiance en un pingouin que tu me feras avoir confiance... Ni en semblant n'avoir lu qu'une infime partie de mes billets, d'ailleurs.

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    3. Je précise que c'est pour ça que je conseillais de faire un billet de blog, il y a un jour ou deux. Ce n'est pas la peine de s'engueuler et chacun peut exprimer son avis. Par contre, j'ai rarement fait un commentaire négatif à un billet de blog d'un confrère.

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    4. Je réponds dans l’ordre à tes trois commentaires.
      Evidemment que Macron mène une politique de droite depuis le début. Et nul ne demande que tu t’accommodes d’un PM de droite >>>sans conditions<<<, ce n’est certainement pas moi qui vais te demander une sottise pareille.

      Fiscalité : je restais sur la lancée de mon commentaire d’hier et ne parlais pas d’avantage fiscaux indus. Je n’ai pas été claire et cela prête à confusion, au temps pour moi et tu fais bien de me le dire, mais ce n’est pas un procès d’intention.

      Sophisme : ce n’est pas un « grand mot » ni une insulte, c’est un piège dans lequel je tombe parfois, d’ailleurs. Je vais sonner comme un disque rayé mais je persiste et signe dans mon idée que de rejeter d’entrée quelqu’un juste parce que ses prédécesseurs viennent de la droite relève d’une logique boîteuse C’est comme si je rejetais d’entrée de discuter de toi dès l’instant où tu dis être de gauche, parce que d’autres blogueurs de gauche sont des zozos à mes yeux. C’est la même ligne de raisonnement et ce serait absurde.

      Désolée mais soit j’ai les neurones en capilotade, soit de temps en temps la communication n’est pas claire, et donne l’impression que tu tiens des discours plus tranchés qu’il ne le sont en réalité, alors que quand tu les reformules par la suite je me rends compte que tu es bien plus nuancé. C’est en tout cas l’impression que j’ai eue pour ce billet.

      Je ne t’engueule pas, et ne t’envoie pas des oukases. Tu m’as déjà vu pousser des gueulantes sur tel ou tel politicien, et tu sais fort bien de quelles fulgurances je suis capable quand j’engueule vraiment quelqu’un. Rien de tout çà à ton égard. J’exprime un désaccord, et n’ai en aucun cas été insultante ou agressive. Mais je dis ce que je pense, sans édulcorer. Il est possible qu’un jour tu dises quelque chose qui ne me plaît pas, voire me fasse tiquer. Ce n’est pas pour çà que je t’en tiendrai rigueur ou piquerai un coup de sang. Tu peux même me traiter d’andouille ou pire si tu estimes que je n’ai rien compris à un problème. Ce serait de bonne guerre, et j’ai le cuir suffisamment épais pour me prendre des gnons symboliques dans une discussion si besoin en est.

      Effectivement, j’ai quitté la blogosphère durant 20 ans et n’ai donc lu qu’une petite partie de tes billets. Je réagis à ce que je lis pour le moment, dans le contexte actuel, pas à ce que tu as écrit dans des centaines de billets précédents. Je ne crois pas que mes opinions soient invalides pour autant.

      Tu as dit récemment que ce serait intéressant de voir sur quels points nos désaccords se manifesteraient. Nous y sommes. Que la discussion s’échauffe, pas de problème, mais n’en faisons pas un psychodrame pour autant. Le jeu n’en vaut pas la chandelle.
      Challenger l’opinion d’un copain blogueur n’est pas du négativisme, juste la manifestation d’un désaccord. Ce n’est en effet pas la peine de s’engueuler.

      Attention à l’écrit, sans voir les expressions et le langage corporel de l’interlocuteur, les choses ont toujours l’air plus dramatiques qu’elles ne le sont. Nous sommes tous les deux des vieux briscards de la Toile, je suis persuadée que nous n’allons pas tomber dans un piège aussi grossier. Si tu veux vider l’abcès et clarifier les malentendus et points de friction face à face sur Teams je suis à ta disposition. Bon weekend.

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    5. Je vais commencer à répondre à ton dernier paragraphe où tu dis « attention à l’écrit ». On est d’accord. C’est toi qui a parlé de sophisme en premier ce qui veut dire que tu as jugé mon raisonnement « complètement crétin ». Je t’ai répondu précisément et tu aurais dû comprendre que je n’aimais pas le chemin que prenait cette conversation et tu as continué en reprenant ce mot. Ce n’était pas très malin et proposer une conversation orale pour lever l’ambiguïté potentielle entre nous n’aurait rien changé au fait que je me suis tout de même senti un peu insulté !

      J’aime bien papoter dans les commentaires ou de blog en blog, y compris avec toi, tu m’apportes un peu de fraicheur (ça fait près de vingt ans que je papote avec FalconHill et Politeeks, par exemple) et un peu de contradiction qui m’oblige à pousser mes raisonnements et à réfléchir… Mais n’oublions pas certaines règles de cordialité… Quand je suis en désaccord avec un blogueur, j’utilise des arguments de fond et je fais court… Avec Politeeks, je suis souvent d’accord. Avec FalconHill, c’est bien plus rare et ça n’empêche pas que nos relations ne sont jamais détériorées.

      Au fond, en cassant mon billet par l’utilisation de « sophisme », tu en fais vraiment un bon, de sophisme. Prenons la définition de « sophisme » selon Le Petit Robert : « Argument, raisonnement faux malgré une apparence de vérité. » Le fait que je n’ai pas confiance dans un gouvernement qui serait mené par la droite n’est pas le fruit d’un raisonnement : c’est ainsi, c’est en moi. Ce n’est pas un argument faux : c’est la stricte vérité, je n’ai pas confiance. C’est donc bien toi qui fait un raisonnement faux malgré l’apparence de vérité. Ce qui n’est pas très grave mais il faut toujours faire attention au retour de bâton.

      Si je cite des raisons c’est pour bien faire comprendre les éléments qui sont ancré en moi et dans le crâne de tous les socialos. Ce n’est pas un sophisme, non plus, de dire que l’on s’est fait baiser par une promesse de Bayrou (les retraites), ce qui a donné des arguments à la gauche radicale pour nous cracher dessus, et que l’on a pas envie que ça recommence.

      Je vais poursuivre ma réponse dans un autre commentaire (pour éviter de perdre mes écrits en dépassant la limite). J’en précise pour dire que si je ne t’ai pas répondu plus tôt, c’est que je n’étais pas à la maison et n’avais pas de PC.


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    6. « Sophisme : ce n’est pas un « grand mot » ni une insulte, c’est un piège dans lequel je tombe parfois, d’ailleurs. Je vais sonner comme un disque rayé mais je persiste et signe dans mon idée que de rejeter d’entrée quelqu’un juste parce que ses prédécesseurs viennent de la droite relève d’une logique boîteuse » : où ai-je écrit que je rejetais Lecornu ? Et il ne s’agit pas, dans mes arguments, du fait que « ses prédécesseurs viennent de la droite » mais qu’il soit bel et bien à droite. Si Macron avait choisi un PM de gauche, ses prédécesseurs auraient aussi été à droite…
      Tu bases d’ailleurs tout une partie de ton raisonnement sur le fait que je rejette Lecornu alors que c’est faux. Tu disais que le sophisme était un piège dans lequel tu tombais parfois.

      Tu dis plus loin : « Effectivement, j’ai quitté la blogosphère durant 20 ans et n’ai donc lu qu’une petite partie de tes billets. ». Ce n’est pas du sophisme, ça ? Les Kiwis n’ont pas vingt ans. Mon blog non plus, d’ailleurs, mais ça sera le cas dans trois mois.
      Tu disais juste avant que tu avais le cuir épais : tu crois que le mien ne l’est pas aussi et que ce n’est pas sans raison que j’ai un des plus vieux blogs politiques actifs ?

      Tu dis : « Tu as dit récemment que ce serait intéressant de voir sur quels points nos désaccords se manifesteraient. Nous y sommes. » Non, nous n’y sommes pas, nous papotons d’une bricole.
      Par contre, on a eu un désaccord quand tu as parlé de la fiscalité des entreprises (tu y réponds en début de commentaire mais je ne suis pas sûr de comprendre). Je t’ai dit que je ne parlais pas d’augmenter la fiscalité des entreprises ce qui devrait nous mettre d’accord, d’ailleurs. J’ai dit, par contre, un élément nouveau : qu’il faut maitriser la structure juridique des entreprises pour qu’elles ne puissent pas échapper à la fiscalité par des mesures capitalistiques (holding, transfert de déficit de la filiale…).

      « Challenger l’opinion d’un copain blogueur n’est pas du négativisme, juste la manifestation d’un désaccord. ». Challenger, en tant que verbe, est un bel anglicisme et je ne suis pas sûr que l’on puisse « challenger une opinion ». Tant pis !
      Mon billet ne porte pas sur la confiance que je puis avoir mais sur le fait que les propos que je cite en introduction, de la part de figures de droite, semblent montrer qu’ils nous prennent pour des guignols et qu’il leur faille faire des concessions à la marge que pour faire joli.

      Ca me fait pense que je n’ai pas terminé ma réponse à Vincent, ci-dessous (je l’avais préparée à l’avance mais, avant la publication, j’ai été coupé dans mon élan en voyant les actualités dont je lui parle).

      J'y retourne.

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    7. Je te remercie de me faire partager ton ressenti. C’est donc bien sur la forme – balançer le mot sophisme – pas tant que sur le fond, que le bât blesse. J’ai commis la faute de me dire que quelqu’un qui traite parfois certains commentateurs de connards et de fous ne prendrait pas ombrage à l’une de mes piques. Erreur.

      Néanmoins, lorsqu’une personne estimée exprime qu’il s’est senti insulté (donc un peu blessé), il y a lieu pour moi d’abandonner immédiatement les postures confrontationelles pour faire place à l’empathie, sans ego. J’entends ton énervement. Le but n’était pas de t’insulter, mais but ou pas, il semble que ce soit fait malgré tout. L’offense fut publique, mes excuses le seront aussi. Je te présente donc mes confuses sur la forme qu’a prise l’expression de ma contradiction. Si j’avais imaginé l’effet qu’elle produirait, je me serais bien évidemment abstenue.

      Je me permettrai malgré tout d’ajouter que, en dehors de cet accrochage, mes commentaires à tes billets expriment dans 90% des cas un accord total ou partiel avec tes vues. Dans ton chef comme dans le mien, les adversaires de la démocratie et de la République sont suffisamment bien identifiés que pour qu’il y ait bien plus de chances que nous tirions l’épée ensemble (métaphoriquement parlant) plutôt que l’un contre l’autre. Ne nous trompons pas de colère.

      Je t’ai présenté mes excuses. Fais en ce que bon te sembleras. Amicalement, Juliette.

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    8. Excuses acceptées.

      Je ne veux surtout pas d'empathie !

      Je ne veux pas non plus un accord quasi systématique ! Je ne sais pas si tu as connu Didier Goux, le copain mort dont je parlais. On était en désaccord sur beaucoup de chose. Dans nos blogs respectifs, on se répondait qu'on racontait n'importe quoi et ça s'arrêtait là.

      L'amitié ne peut tenir que si on sait faire des constats de désaccord.

      Par ailleurs, ce n'est pas une question d'offense (publique ou non). Je ne suis pas offensé et il y a peu de choses qui peuvent m'offenser...

      Tu as dit que je faisais un sophisme ce qui était équivalent à critiquer ma façon de penser alors que ce n'était pas le sujet de majeur de mon billet. On va dire qu'il était de dire que les compromis que nous souhaitions n'étaient pas des caprices, de montrer qu'on avait des marges de discussions, que ça avait été une erreur de proposer un budget sans penser à certains points...

      Je ne pensais pas faire un sophisme (quel mot affreux !) et je te laisse le droit de penser le contraire et même celui de le dire mais tu aurais pu choisir d'autres mots, comme "dis donc, le gros, t'es quand même un peu con de refuser la confiance à Lecornu parce que d'autres n'ont pas joué le jeu". Mais je n'ai pas refusé la confiance à Lecornu, j'ai simplement dit qu'il ne suffisait plus, comme son prédécesseur de faire des promesses. Il faut un vrai accord de non censure (sous entendu, pas comme Bayrou, qui a avait dit "bon ben vous me censurez pas, on verra plus tard ce point").

      Quand je t'ai dit ma façon de penser, tu es quand même revenu pour confirmer ce "sophisme" qui, visiblement, ne me plaisait pas...


      Bref...

      Je ne me suis jamais fâché avec quelqu'un à cause d'un désaccord politique mais uniquement parce que la personne n'acceptait pas ce désaccord.

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    9. Ah, je suis soulagée de savoir que tu n’as pas été offensé ! Au vu de cet échange, j’ose à peine imaginer quel aurait été le résultat si tu l’avais été ;o)

      Commenter sur le ton « eh t’es pas un peu con de refuser la confiance à Lecornu etc.. », j’ai été à deux doigts de le faire. Et figure-toi que je me suis ravisée en me disant que ce ton serait mal pris, et que parler de logique fallacieuse passerait mieux. Comme quoi l’enfer est pavé de bonnes intentions.

      L’empathie n’est pas à confondre avec la sympathie, ni avec la compassion ou pire, la pitié. L’empathie c’est simplement la capacité de se mettre dans les godasses d’un autre être humain, d’imaginer ce qu’il ressent.

      Je veux pas qu’on reparte dans un débat qui s’envenime, mais je tiens à préciser quelque chose. J’ai conscience d’avoir été un peu paternaliste ou d'avoir sonné comme une personne prompte au jugement dans nos échanges précédents, et ai pris acte de ton déplaisir.

      En retour, j’aimerais qu’on évite de me dire comment je devrais réagir ou me comporter, parce que ça me bloque vite et me ferme à la discussion. Comme toi, j’ai besoin que nos échanges restent équilibrés, sans que l’un corrige l’autre.

      Si je suis un peu vive parfois, je peux m’excuser, mais je reste moi-même et je ne me modèle pas pour correspondre aux attentes de quelqu’un.

      Ce n’est pas un reproche, juste pour partager mon fonctionnement comme tu as partagé le tien. On peut clore ce sujet ici avant que ça reparte en tension ?
      Merci d’avoir pris le temps de m’écouter, j’apprécie vraiment qu’on puisse se comprendre.

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    10. Mon "éh t'es pas un peu con..." était une façon de parler. Tu aurais pu avoir un élégant (par rapport à ma phrase) : "je refuse de ne pas faire confiance à Lecornu sous prétexte qu'il est de droite (même si je suis plutôt de droite)", ça aurait été plus simple.

      Je sais ce qu'est l'empathie, merci.

      Je ne dis pas comment tu aurais du devrais réagir mais comment tu aurais pu réagir pour ne pas me braquer.

      MAis il y a un truc absolu : il faut savoir laisser le dernier mot à un taulier de blog sur son propre blog (d'où mon insistance pour que les blogueurs fassent leurs propres billets). Il faut savoir mettre fin à ce besoin (bien compréhensible) d'avoir ce dernier mot.

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  3. "Macron aurait dû nommer un type de gauche.. "
    Je ne sais pas s’il en avait envie , s’il y a penser un instant.. . Mais ce dont je ne doute pas c’est que :
    L’intransigeance feinte ou réelle du rejet total de la réforme des retraites , est le retour sous la barre des 3% du PIB de déficit décalé de 2029 à 2032 du projet socialiste contredisant les engagements pris par la France vis à vis de Bruxelles .
    A ôté aux socialistes toutes chances d’aller à Matignon , ce que personnellement je regrette .
    Pour le reste wait and see
    .. Et bon compromis aux hommes de bonne volonté .
    Vincent

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    1. Je pense que Macron avait un tas de raison de ne pas choisir un socialiste et que tout le monde se fout des engagements vis-à-vis de Bruxelles. En outre, avec un gouvernement tel que l'on imagine, les concessions seraient nécessaire pour éviter la censure donc ça n'aurait pas changé grand chose.

      Prends l'agence machin qui a abaissé la note : crois-tu qu'elle aurait choisi de ne pas le faire si la France continuait sur le chemin voulu par Bayrou avec le risque d'une censure ?

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    2. Je complète ma réponse suite aux propos que j'ai tenus pour Juliette.

      Tout d'abord, il n'y a plus d'intransigeance au sujet de la réforme des retraites. On le disait par ailleurs, c'est le Medef qui a mis fin aux discussions (ce qui n'empêche pas à Bayrou de ne pas avoir tenu sa promesse). On sait bien, dans "mon côté de la gauche", qu'on ne reviendra pas dessus et qu'il nous faudra pousser à un autre moment une nouvelle réforme (dans l'autre sens, notamment pour reprendre ce qui avait été fait sous Hollande au sujet de la pénibilité).

      Par ailleurs, Bayrou avait promis un plan pour baisser de 40 milliards. Les socialos ont proposé un plan à 20 milliards. L'établissement d'un compromis aurait voulu que l'on coupe la poire en deux et plus précisément, qu'on se rapproche de la cible de Bayrou mais sans mesures récessives.

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    3. Il est indéniable que le Medef a plombé le conclave mais à ce jour il devra changer de position sur la pénibilité et repenser la retraite des femmes , un moindre mal qu’une nouvelle dissolution .
      Je reconnais que parler d’intransigeance est mal venue d’autant plus que le PS nous le savons ; n’est jamais revenu sur les différentes réformes si ce n’est à la marge .
      Pour Bruxelles et nos alliés européens ne pas avoir tenu compte des engagements pris depuis près de quatorze ans n’est pas de leur point de vue ; fait pour leur plaire .
      Un compromis est indispensable au sujet de la dette et on en arrivera à un juste milieu pour ne pas tomber dans des mesures récessives ; Comme l’avait fait Christian Eckert avec François Hollande .
      Pour la dégradation par l’agence Fitch le maintien du plan Bayrou avec la certitude d’une censure n’aurait rien changer tant on avait pris conscience depuis un certain temps ; voir même par notre Ministre des Finances qui a dû illico faire marche arrière .
      Vincent

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    4. Le Medef a plombé le conclave mais c'est bien la droite qui a plombé la réforme mais ce n'est pas le débat du jour : il faudra, maintenant, une vraie majorité au parlement pour faire bouger le dossier.

      J'ai accusé trop rapidement Bruxelles : nous sommes Bruxelles, nous avons participer à la construction d'une monnaie et nous nous sommes engagés à ne pas dépasser les 3% de déficit, ce qu'on n'a pas fait. Ce n'est pas brillant du tout. Mais les deux dernière fois où la gauche a quitté le gouvernement, le déficit était inférieur (ou presque) à 3%. Bref : "nous sommes Bruxelles". Ce que tu dis d'une autre façon en parlant d'Eckert et de Hollande.

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  4. * "Il ne s’agit pas, pour la gauche, d’exercer un chantage mais tout le monde doit se montrer raisonnable…" "Il n’empêche que la gauche est bien arrivée en tête !"
    Tout est dit.
    * EM s'entête, avec le risque de faire monter les enchères à Gauche. Perte de temps, perte d'influence.
    EM a certes donné le pouvoir à une droite minoritaire, mais Barnier et Bayrou l'ont accepté. A mes yeux, cela donne l'image de deux vieux routiers de la politique qui n'ont pas pu résister à un dernier tour de piste. Pas du tout pour "sauver le pays". La politique recule...
    * Quant à S. Lecornu, à part EM et la presse (France Info TV y va tout de même un peu fort...), qui le soutient ? Et s'il parle de rupture, je trouve cela encore trop sybillin... Sa personne même ne montre pas un signe d'ouverture.
    Sa formation bien mince n'est pas tant un problème pour moi. Sauf si elle ne se base que sur du politique. Avoir travaillé est tout de même la base...
    * Et pourquoi aussi peu de bruit sur le scandale des "cumcum" ?
    * La politique d'EM et du ruissellement, dès le départ, les économistes pointaient déjà que ce n'était pas un fait scientifique. Son équipe était nettement plus compétente que moi sur ces questions. Alors pourquoi ?
    Marc

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    1. Moi, Macron s'entête ! Au lieu de permettre un consensus gentillet, il va obliger la gauche à présenter de vraies exigences.

      Ma pique sur la formation de Lecornu n'était pas très fine, je reconnais. A la limite, le fait qu'il ne soit pas formé en économie est un atout : je considère les économistes sont compétents dans leurs domaines mais pas en politique. Et l'économie n'est sans doute pas une science (au sens où peuvent l'être la médecine et la physique) sans compter que c'est doublé d'une sensibilité politique (comme tu le dis en dernière phrase, les économistes en général disaient que c'était mauvais mais ceux proches de Macron disaient le contraire).

      Pour les Cumcum, je ne sais pas. Je l'ai découvert récemment par hasard (je n'aurais pas parlé de Lombard comme je l'ai fait en début de semaine, sinon). Je suppose qu'il y avait d'autres sujets plus lourds dans l'actualité quand c'est sorti.

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    2. Oui, mais je trouve que les "cumcum", c'est super lourd comme sujet. Demander à tous de se serrer la ceinture pour 44 milliards, et en balancer par poignées/wagons à d'autres, c'est explosif. Pour moi, la presse a une lourde responsabilité. Comme tenir table ouverte à l'IFRAP (présenté comme institut de recherche alors que ce n'est qu'un lobby) sur le service public par ex. Des choix très politique.
      Marc

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    3. On est d'accord pour le Cumcum mais je ne peux pas en parler plus, je découvre ce système.

      Pour la presse, on est d'accord aussi. Je vais peut être faire un billet ce soir mais je suis ulcéré par la présentation par la presse de la baisse de la notation. Mais je ne veux pas trop critiquer la presse, ça donne raison à ceux qui geignent sur le thème "on nous ment" ou "ils sont tous vendus". Il revient au parti politique de faire du bruit.

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  5. Je pense aussi que la nomination de Lecornu n'est pas une superbe idée. Aussi parce qu'on le met en première ligne et on va le bruler, et il me semble que c'est un mec bien.

    J'aurais finalement accepté un gouvernement avec un premier ministre de gauche. Il faut que cette dernière mette clairement une ligne sanitaire avec LFI (et les verts ne sont pas clairs).
    Après, ce gouvernement risque de ne pas tenir longtemps non plus.

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    1. Je ne sais pas si c'est un mec bien mais tu as raison sur le deuxième point : changer carrément pour un type de gauche aurait eu le mérite de bien clarifier les distances entre les partis de gouvernements et les clowns.

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    2. je ne voudrais pas que Juliette comprenne mal mon commentaire ! ;-) Je parle bien des clowns de la gauche de la gauche.

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    3. T'inquiètes, quand tu parles de la gauche de gouvernement et des clowns, je vois très bien qui est qui.

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