En salle

09 octobre 2025

Manque d'humilité

 


La comédie dramatique qui se joue depuis quelques jours (je suis gentil) au sommet de l’Etat remet en avant la nullité de nos dirigeants politiques et leur manque d’humilité. C’est à un point – et je ne m’attendais pas à devoir dire ça un jour – où je me demande si les moins mauvais ne seraient pas Lecornu et Faure (même si le premier n’a un peu oublié de dire qu’il était en partie responsable de la situation et si le second se voit premier ministre).

Tout d’abord, il y a un tas de gens parmi ceux qui ont fait le succès d’Emmanuel Macron et l’on propulsé au pouvoir en 2017 qui ne pensent maintenant qu’à lui tomber dessus. Il me semble, par exemple, avoir vu Attali en dire le plus grand mal. L’ami Seb Musset en parle dans son dernier billet que je vous propose de lire même si, évidemment, Seb et moi ne partageons pas le même avis au sujet du Président.

De cela, je retiens en particulier l’ignominie d’Edouard Philippe et de Gabriel Attal qui n’existeraient pas sans Macron et demandent maintenant sa démission. Ils font, en outre, une erreur grave : ils viennent de dire aux électeurs qu’ils ont fait une erreur en les soutenant et donc qu’ils sont nuls et ont promis d’importe quoi ! La gauche avait fait la même erreur en diminuant le soutien à François Hollande à la fin de son mandat : ils ont expliqué partout qu’ils finissaient par être nuls en exerçant le pouvoir. Ils ne s’en sont pas encore remis !

 


Il faudrait d’ailleurs leur rappeler l’histoire : depuis le début de la Cinquième, la gauche n’a jamais passé plus de cinq ans au pouvoir. Et je ne remonte pas plus loin dans « les victoires du peuple ». La révolution avait découlé sur la terreur puis l’empire, le Front Populaire a fini dans la débâcle (puis la France a sombré dans la guerre), mai 68 a débouché sur des gouvernements les plus à droite de l’époque moderne (tiens ! lors de la présidentielle de 69, il n’y avait personne de gauche au second tour… alors que, 4 ans avant, Mitterrand arrivait à mettre le Général en ballotage).

L’espèce de néo centrisme que l’on a depuis 2007 devrait réfléchir à tout ça et soutenir leur chef pour partir la tête haute !

Pire ! Le « bloc central » a trouvé un bouc émissaire en la personne de Le Maire, comme s’ils se dédouanaient de toutes leurs erreurs. Philippe et Attal ont pourtant été son chef…

Attal bat peut-être des records. Il a été militant PS avant de venir « chez Macron » puis a été premier ministre (après plusieurs postes) sans jamais montrer qu’il a été de gauche. Il passe son temps à taper sur son ancien gourou centriste en se disant prêt à travailler avec le PS. Elisabeth Borne n’est pas en reste, en proposant de revenir sur la réforme des retraites qu’elle a imposé sans discussion au parlement.

Dupont-Moretti a parfaitement raison quand il fustige les rats qui quittent le navire.

 


Mais ils ne sont pas seuls à être odieux et prétention. Hier matin, Google News avait en tête des articles au sujet de Retailleau et Wauquiez. Je ne sais plus ce que disait ce dernier mais le premier disait vouloir un gouvernement sans la gauche et sans « la macronnerie ». Avec qui, alors Dugenou ? Des LR ? Ce parti qui a fait moins de 5% aux derniers scrutins nationaux… Il se prend pour qui ?

Je leur tapais dessus dans mon dernier billet, de même que sur Mélenchon. Alors, s’il faut que je tape à gauche, ce matin, c’est sur Mathilde Panot. Hier, elle regrettait que le bureau de l’Assemblée national avait refusé le texte pour la destitution de Macron. Outre le fait qu’elle reconnaisse encore une fois que LFI ne peut rien faire sans l’extrême-droite, elle oublie de dire que la Constitution n’est pas là pour des petitesses politiciennes. La destitution est faite pour virer le président « en cas de manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l'exercice de son mandat » ! Or, même si Macron est un peu léger dans certaines décisions, il n’a aucun manquement manifestement incompatible et tout ça : c’est bien l’Assemblée nationale qui a merdé en refusant d’admettre la situation et l’absence de majorité absolue.

Destituer Macron serait un pied de nez à la démocratie. Panot montre qu’elle conchie le suffrage universel, la volonté du peuple sans oublier le fait que si son groupe est si fort, c’est qu’elle a bénéficié du front républicain tout en gueulant maintenant parce qu’elle n’ai pas aidée par le RN pour la destitution (et des tentatives de censure par le passé récent).

C’est de l’inconséquence !

 


Ils manquent tous d’humilité. Je citais des exceptions, en introduction. J’en ai oublié. Par exemple, j’ai bien aimé plusieurs propos de Fabien Roussel ! Mais d’autres ne sont pas tués par le ridicule. Marine Tondelier, par exemple, expliquait qu’il fallait un premier ministre de gauche. L’humilité, bordel, en soutenant Castets également présentée par LFI en 2024 et en attendant bien trop longtemps pour la proposer, elle a fait en sorte qu’un gouvernement dirigé par la gauche ne puisse pas voir le jour.

S’ils n’ont aucune humilité, qu’on se rassure, moi non plus. Dès le lendemain des législatives, je disais qu’il fallait un « gouvernement technique » et deux jours après, je disais qu’il devait être dirigé par un socialiste car le PS est au centre d’une assemblée édulcorée du RN.

Je ne crois pas avoir eu tort (mais c’est facile à dire : je n’ai aucune preuve que ce que je proposais aurait fonctionné).

 


Depuis, LFI s’est mise hors-jeu.

Il nous faut donc un gouvernement allant du PCF au RN. C’est étrange mais il n’y aucune honte à ça. Vous vous rappeler du CNR. Son programme a débouché sur un gouvernement d’union, après la guerre, pour remettre le pays en ordre de marche. On n’a pas à rougir des acquis sociaux de l’époque. Cette alliance nationale a pris fin au bout de quelques dix-huit mois et les partis ont repris le dessus. Même si je résume un peu rapidement, ça tombe bien, c’est ce qu’on veut aujourd’hui !


Foutez-vous autour d'une table, bordel !

13 commentaires:

  1. Voilà je vois dans ma TV plate (France infos) qu'ils parlent tous de compromis, mais dès qu'un politique en parle, ils ne cherchent pas à creuser. On voit bien que la culture du compromis ne se créer que dans la douleur (menace de dissolution). Je peste contre le risque Borloo que je considère comme un clown mais celui-ci à (selon le canard enchaine) une méthode pour régler les problèmes et décrocher des accords: des beuveries. Si c'est lui faudra organiser un KDB en son honneur.

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  2. Amusant, je viens de poster un billet sans avoir lu le tien, et il y a des convergences évidentes. Je suis juste un peu plus dramatique...

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    1. Je vais aller voir ça (pas eu le temps de lire les blogs ce matin).

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  3. Ce que disait Retailleau ? ..
    Bruno Retailleau a affirmé qu'il n'entrera pas dans un gouvernement conduit par un Premier ministre de gauche ou issu du camp présidentiel ainsi qu’a un gouvernement Lecornu bis . Qui plus est  il ne participerait pas à un gouvernement qui voudrait abroger ou suspendre la réforme des retraites .
    Je pense ne rien oublier . Mais lui oui et. .. " pas de Bruno Lemaire " .
    Vincent

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    1. Il s'est complètement vautré dans cette opération...

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  4. J'ai l'impression que le poussin Lecornu a été le plus digne de la bande

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    1. Il a été pas mal, en effet ! A partir du moment où il a compris...

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  5. Pour S. Lecornu, je trouve qu'un joli discours "gaulliste" ne suffit pas. Au passage, ils sont tous gaullistes, même au RN. Un comble…
    Interview d'hier sur Fr2 : il dit à propos des négociations qu'il avait senti "Un éléphant dans la pièce, la présidentielle". Sans citer Retailleau ou ses petits "camarades". Un comble (bis).
    De plus il a reconnu une fiscalité injuste. Qu'il découvre après 8 ans de Macronisme ?
    Je l'ai trouvé très agréable dans le discours, mais tout de même très faux-jeton. Et en cette période, nous avons besoin de sincérité. L'image actuelle des politiques est terrible, et cela ne relève pas le niveau.
    Quant à G. Attal, vous parlez d'ignominie. Il a foutu le bazar dans l'Education Nationale avec une réforme vraiment pas de gauche, et comme depuis son passage éphémère les ministres se succèdent à grande vitesse, ses erreurs se sont enkystées. Je n'ai pas beaucoup de respect pour cet ambitieux.
    Marc

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    1. Je ne sais plus trop ce que veut dire gaulliste.

      Comme je le disais ci-dessus, on dirait que Lecornu a fini par comprendre quelque chose et ça l'a fait changer de discours. C'est plutôt avant qu'il était faux cul.

      Moi, j'aimais bien Attal (mais tu me connais, l'EN et moi). Là, il est tombé rapidement dans mon esprit.

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    2. Vous allez trop vite pour moi !
      Je précise que je ne veux pas avoir le dernier mot. Juste un échange de point de vue.

      Je disais gaulliste, car le terme est (trop) largement utilisé. Au point que la famille elle-même proteste.
      Je ne crois pas que S. Lecornu ait compris quelque chose, mais peu importe.
      Pour G. Attal par contre, il a marché sur la tête de l'Education Nationale pour se hisser à Matignon. A coups de mentons volontaristes "Tu casses, tu payes", etc. Je méprise ces comportements démagos et réacs. Quand on fait de la politique, il faut du fond. Dans mes classes, je n'enseigne pas que ce qui fait plaisir à mes élèves…
      Il a construit sa notoriété sur la base d'une réforme dont tout le monde se fout, sauf les enseignants. Une réforme qui a été assimilée (à juste titre selon moi) à un tri social. La recherche et les corps d'inspection le disent aussi (de manière plus policée). Mais qui le sait ?
      Il faut reconnaître que des moyens ont été injectés (pour la plus grande gloire du ministre, comme d'hab), mais… de l'argent public a été gaspillé alors que l'EN manque de tout. La presse ne s'y intéresse pas, et traite l'EN à coups de marronniers, les parents ont trop tendance à déposer leurs gosses le matin à l'Ecole en espérant les récupérer le soir dans un meilleur état qu'ils ne les ont déposés. Je caricature à peine.
      Si on oublie tout ça, alors on peut dire que G. Attal est "issue de la gauche"... Mais F. Rebsamen, E. Lombard et M. Valls le sont aussi, alors...
      Bref, je ne suis pas surpris qu'il tape sur celui qui l'a fait, puis défait, 1er ministre. Ce type est arrivé trop tôt, trop facilement.
      Marc

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    3. A propos du gaullisme, je répondais ainsi car je me foutais de la gueule de Retailleau dans un précédent billet car il s'était dit gaulliste. En gros, on dit la même chose, toi et moi (je continue le tutoiement, tu devrais faire pareil).

      A propos de Lecornu, c'est vrai que ma phrase n'était complète. Je pense simplement qu'il a compris que ce n'était pas possible de continuer comme avec Barnier et Bayrou.

      Pour l'éducation nationale, je t'ai dit que je n'y connaissais pas grand chose et tu peux vérifier sur les 8500 billets de ce blog (il faudrait que tu n'es que ça à foutre ! ;-) ), je n'ai jamais fait un vrai billet à ce sujet.

      Pour Attal, j'ai simplement dit que j'aimais bien, avant. C'est tout. C'est plus parce qu'il est jeune, présente bien ce qui change beaucoup des vieux crabes qui ont participé au gouvernement. Ca s'arrête là.

      Je ne sais pas si ses propos récent m'ont surpris. Ou, du moins, si ! Non pas parce qu'il est un traitre mais parce qu'il a fait une erreur politique ce que j'explique un peu dans mon billet. Il n'aurait pas du dire qu'il ne comprenait plus rien à Macron alors que ça a été un de ses forts soutiens. Il passe pour un con qui soutient n'importe qui et le laisse tomber. Il y avait des choses plus intelligentes à dire...

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  6. Nous sommes d'accord, à quelques nuances près sans doute. Je ne fais pas une fixette sur G. Attal. Je l'ai juste vu agir d'un peu trop près.
    Pour le tutoiement, je vais essayer. Mais j'y arrive plus facilement quand je "vois" directement les gens. Je déteste par ex le téléphone.
    Marc

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