23 août 2018

Parti Socialiste : ta place est au centre gauche !


C'est l'enterrement du PS ?
Il y a eu récemment deux dépêches sur lesquelles je voulais revenir. Tout d’abord, un sondage dit que « seuls 17 % des Français souhaitent que François Hollande revienne en 2022. » Ensuite, il y a eu Marie-Noëlle Lienemann qui a dit, en gros, qu’Emmanuel Maurel et elle pourraient se rapprocher de La France Insoumise pour les élections européennes. Elle aurait également dit que le parti socialiste devait tourner la page de la sociale démocratie.

La manière avec laquelle la partie du gauche du Parti Socialiste a abordé ces sujets prête à rire. Ou à pleurer si on constate qu’ils n’ont rien compris, rien appris ! Le PS n’a pas encore tiré un bilan de la déroute de 2017 et je veux bien concéder aux gauchistes quelques erreurs de François Hollande qui n’aurait pas été assez à gauche à leurs yeux mais c’est pour leur faire plaisir. D’ailleurs, il avait été obligé de promettre une taxation des hauts revenus à hauteur de 75 % pour s’assurer leur clémence mais sa tentative d’application a atteint un niveau de fiasco mémorable. Tiens ! Rappelle-toi l’histoire des pigeons.

Je diverge mais je vais demander à mon tour quelques concessions… Le PS a été quatre fois cinq ans au pouvoir pendant la Cinquième. Les élections nationales suivantes, de 1986, 1993, 2002 et 2017 furent la Bérézina. Le bilan de la droite est légèrement plus glorieux mais dans des circonstances précises (1995 et 2007). Statistiquement, un candidat de gauche n’aurait jamais pu être élu en 2017. Tu me rétorqueras que si Hollande avait suivi une politique résolument à gauche telle qu’il avait promis il aurait été réélu. C’est faux ! On aurait été virés de l’Europe avec des coups de pied au cul, les types taxés à 75 % auraient été voir ailleurs et la situation serait catastophique. Ah gauche, on se serait peut-être réjouis. Un peu comme en 2002. Et ne me parlez pas du Portugal en vous arrêtant aux titres des journaux et sans regarder le détail comme la réorientation d’une industrie inexistante, ce qui est fort. François Hollande et ses gouvernements ont mené la bonne politique, rééquilibrant progressivement la fiscalité et tout ça (ce qui a été cassé par Macron) tout en faisant un certain nombre de connerie et pas qu’en matière de communication. Et nier ces conneries, tout à fait diverses, ne sert à rien ; par exemple, la réforme des rythmes scolaires a été un beau bordel, certes mis en place pour reconstruire ce qui avait été détruit par les gouvernements précédents mais pas sous le signe d’une joyeuse réussite. Il n’empêche qu’Hollande a fini à 4 % d’opinions favorables ce qui n’est pas de bon augure.

Vous avez remarqué que pour cette fois, je ne casse pas les frondeurs : je laisse le PS faire son bilan et ne donne aujourd’hui que quelques pistes de réflexion…

Objectivement, voila un bon bilan !
L’élection de 2017 est arrivée et le Président sortant n’a pas pu se présenter. Je ne vais pas analyser
toutes les raisons, comme les 4 % ci-dessus. Seulement une : l’obligation pour le PS d’organiser des primaires. Etant au pouvoir, ça ne pouvait pas se faire de manière anticipé (la campagne 2011 a commencé avant l’été) et ça aurait tourné à la foire d’empoigne. Je suppose qu’Hollande aurait gagné (le centre gauche reste majoritaire, j’y reviendrai) mais la suite n’aurait pas été glorieuse. La règle de l’alternance dont je parlais et tout ça. Cela étant, Emmanuel Macron a gagné par hasard : la droite a franchement déconné avec ses propres primaires (nommer le type qui passe pour un pires réacs…) et surtout les casseroles (du réac en question). Hollande aurait pu gagner par hasard. Rien n’empêche de rêver…

Je vais donner un premier conseil au PS : sortir l’obligation des primaires de ses statuts. Désolé, je vais être désagréable avec le PS et surtout ses militants tout au long de ce billet. On pourra me juger prétentieux mais je n’ai pas la prétention, ici, de dire ce qu’il faut présenter aux électeurs en terme de programme. Je ne suis pas militant et j’ai beaucoup de respect pour ces braves gens qui travaillent. Il n’empêche que les primaires pour 2007 furent un échec. L’élection imperdable (l’alternance et tout ça) a été perdue et il est probable qu’une relative quiche aurait pu battre Sarkozy (ce qui se discute : Hollande a fait une très bonne campagne ce qui ne l’empêche pas d’avoir gagné de peu…).

Les candidats doivent être désignés en fonction de la capacité à gagner, donc sur les aspects personnels mais aussi sur la capacité à porter un programme ou un projet. Ce qui nous amène au deuxième conseil : désignez donc le chef de file aux européennes le plus tôt possible. On se fout de la chapelle à laquelle il appartient – le projet doit être européen et dépasser nos conneries locales – et les militants ne sont pas les meilleurs pour juger des autres curés. Foutez-moi un type connu ! Je parlais l’autre jour de Julien Dray. Tiens ! Je me foutais à l’instant de Ségolène Royal (discrètement). Pourquoi pas elle ? Si vous voyez quelqu’un d’autre capable de dépasser 10 ou 20 %, vous pouvez m’appeler…

Le PS a toujours fait 25 ou 30 % aux Européennes sauf quand il était concurrencé par une liste assez proche idéologiquement, comme ça fut le cas avec Tapie en 1994 (14,5 % pour la liste Rocard, 12 % pour Tapie) ou avec les écolos en 2009 (16 % pour les deux). Quelles sont maintenant les listes assez proches idéologiquement de ce « PS historique » ? On va y revenir. Toujours est-il que le PS doit se bouger le cul pour faire plus de 10 % cette année. Regarde le PC. Il a déjà choisi le type qui mènera le parti dans ce truc (pas nécessairement en tant que tête de liste, ça dépendra des alliances). Il a choisi un type jeune, un peu connu (par rapport à la majorité des cadres du parti) avec sans doute un bel avenir devant lui. Il est déjà la cible d’attaques ignobles ; on voit à peu près à qui profite le crime. Cela étant, si le PS fait le con et si LREM ne redresse pas la barre, je vais voter pour sa liste.

Mais parlons des deux événements dont je parlais en introduction.

D'autres chiffres qui pourraient nous laisser penser. A quoi ?
17 % des Français souhaitent le retour de François Hollande. Les militants qui ne lui sont pas partisans rigolent comme des madeleines. Du genre : pouf pouf c’est ridicule notamment car on ne parle que de lui. Rappelons qu’il y a 18 mois, il était à 4 %. Et que 18 mois avant la présidentielle de 2012, il était à 3. Le voir actuellement à 17 relève du miracle et tient surtout du vide au PS. 18 mois après la défaite, celui-ci n’a pas su entamer sa reconstruction. J’en suis bien navré pour mes copains militants mais c’est ainsi. Tiens ! Tu noteras que 17 %, ça dépasse les 16 et les 14,5 dont je parlais au sujet des Européennes. Pour l’instant, le PS est à 6 dans les sondages. Il ne faudrait pas se moquer.

Marie-Noëlle Lienemann dit des conneries (ce qui fait son charme). Elle est la cible, dans les réseaux sociaux, de militants plus de centre gauche, genre « hollandistes ». Ils disent : « ah mais elle est gonflée, elle a été nourrie au grain, élevée au sein,… par le PS ce qui lui a valu toute sa carrière électorale, non mais sans blague, et elle veut maintenant passer à l’ennemie. C’est mal. » Ceux à quoi, les gauchistes rétorquent : « ah ben et les guignols sénateurs du PS qui sont passés LREM, c’est mal aussi hein ! ». Disons que tout ce petit monde n’a pas trop tort mais il faudrait voir à garder certains aspects mathématiques en tête car nous sommes avant tout des scientifiques. Un peu bedonnants pour certains d’entre nous. Surtout ceux qui font du vélo. Cela étant, j’ai déjà diffusé cela dans mon blog et dans Facebook plusieurs fois. Prenons un angle différent et regardons les scores cumulés des partis issus de l’illustre majorité plurielle aux premiers tours des dernières présidentielles.

2002 : 32,45 %
2007 : 29,37 %
2012 : 42,04 %
2017 : 25,94 %

Tout le monde pourra tirer des conclusions de ces chiffres. Je vais me restreindre à deux.

Petit 1 : ça avait quand même de la gueule, 2012, hein ?
Petit 2 : nos braves pluriels ont perdu 16 % entre 2012 et 2017. Où sont passés ses braves gens ? Ah ! Mme Le Pen a gagné 3,4 point mais le candidat de la droite dite républicaine en a perdu 7. Si ma tante en avait, on pourrait calculer l’âge du capitaine, mais il n’est pas impossible de penser que sur les 24 % obtenus par Emmanuel Macron, 16 viennent de la gauche républicaine et plus probablement du centre gauche. Soit les deux tiers. Si on reprend dans un autre sens, Hamon a perdu 21 % par rapport à Hollande et Mélenchon a gagné 8,4 par rapport à… lui-même. 13 points d’écart, cette fois. Mais 13 ou 16, quelle importance ?

Plus de la moitié des électeurs de Macron et sans doute près des deux tiers viennent du centre gauche. Dont moi. Vous pouvez dire qu’on est cons et qu’on s’est fait baiser et tout ça non. Non. Il n’est pas impossible de penser qu’on puisse avoir voté pour éviter certaines crapules et une défaite annoncée ou par proximité politique, moi-même ne cachant pas un certain côté « libéral de gauche ». Il y a toujours des cons dans Facebook qui nous traitent de traîtres ce qui m’amuse toujours : ils n’ont strictement rien compris à la logique électorale.

Evidemment, chaque Français un tantinet militant – dont moi – sait quelle serait la meilleure politique à appliquer à la France mais très peu savent qu’elle politique il faut vendre aux Français pour gagner l’élection. Seul un bon social démocrate sait faire la différence…

Prenons un exemple : rejetons la démagogie. Pierre Moscovici a dit un truc, récemment, comme quoi un service public peut fonctionner s’il est confié au privé. Il s’est attiré des moqueries. De la part de lascars qui prennent la sécu pour un service public alors qu’elle est gérée par des boîtes privées qui ont pour principale fonction de rembourser des dépenses faites auprès de vils libéraux. On peut se moquer aussi.

Aidons les fans de Macron à faire sa défense. Ah non, tiens !
Mais revenons à nos moutons, l’heure du bistro arrive. Revenons à Macron. Les chiffres sont très mauvais pour lui. Alors qu’Hollande avait doucement inversé les courbes, il a réussi à les retourner en stoppant tout par une politique fiscale idiote : le déficit augmente et le pouvoir d’achat diminue. Il a mené une politique de droite, trahissant ses électeurs et les études d’opinions montrent que ces derniers sont exaspérés. J’aime bien les derniers combattants dans les réseaux sociaux, des copains et copines mais aussi des andouilles, comme Cabarrus qui ont défendu Hollande et se sont mis à défendre Macron. Ils ne veulent pas arrêter, de peur de passer pour des traîtres : je vais les rassurer. Ce ne sont pas eux les traîtres. Si Macron est parti totalement à droite malgré ses promesses, il va falloir qu’il assume.

Mme Lienemann souhaite que le PS sorte de la social-démocratie. Dans ce cas, le PS aura perdu son âme et ne servira plus à grand-chose.

Les militants du PS doivent savoir où ils peuvent récupérer les voix égaillées dans la nature et surtout LREM. Beaucoup, à gauche, ont choisi de tourner le dos à LREM. D’autres pas, comme Le Foll et Valls. Valls est grillé chez nous mais il reste un tas de types à gauche à refuser l’opposition. Prends les municipales. Admets quand même qu’il serait con de perdre des villes comme Paris, Rennes, Nantes, voire Lyon (même si je ne sais plus où ils en sont) parce qu’on veut se friter avec un parti qui a pris nos électeurs, parti qui ressemblera probablement de plus en plus à une coquille vide si les autres partis arrivent à se mettre en ordre de marche.

Ca fait quelques années que je dis que l’âme du PS est le centre gauche. C’est d’ailleurs là que je vote, généralement. Pas toujours. Tel que c’est parti, aux européennes, j’aurais le choix entre LREM et PCF. C’est rigolo, non ?

10 commentaires:

  1. Petite remarque: Je te vois souvent faire des comparaisons en % sur les différentes élections 2012, 2017. Je suis toujours méfiant sur ce genre de comparaison. Le candidats, et les programmes sont différents. Mais surtout le nombre de votants peut varier énormément selon les résultats du 1er tour des législatives.
    Sinon, perso, ancien PS jusqu'au 2nd des primaires, je suis parti devant ce que je pensais être une ânerie de choisir Hamon. Je ne comprends pas d'ailleurs comment mes anciens camarades ont pu croire un instant dans ses chances. Depuis j'ai hésité deux secondes à revenir pour aider à remonter un centre gauche. Mais les dirigeants du PS me font honte à chacune de leur intervention (comme aller se faire siffler chez les cheminots, ou en mettant en doute la démocratie en France). Et quand je vois certains militants user de grosses ficelles comme contre Sarkozy, je me dis qu'ils n'ont rien appris, rien compris.
    Alors aux Européennes, je voterai pour la liste la plus europhile possible.

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  2. Mes comparaisons sont généralement très globales et, tu as raison, les élections sont différentes. Cela étant il y a des constantes. Du coup, cette fois, j’ai pris une « gauche large ».

    C’etait pas une connerie de choisir Hamon. Et personne ne croyait en ses chances. Par contre, je ne pensais pas qu’il serait à ce point au dessous de tout.

    Pour les européennes, j’attends. Voter pour des europhiles qui n’ont rien compris aux échecs de l’Europe.

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  3. Lienemann passe son temps à râler depuis sa première élection en ...1979 ! 40ans de bons et loyaux services cela mérite une bonne retraite.

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    1. Oui, j'ai encore lu une interview d'elle ce matin... A LA RETRAITE !

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  4. Analyse impressionnante. Le tableau sur le bilan , un montage perso ?
    Quant à Lienemann, la pire ministre du logement et elle se pique d'une expertise dans ce domaine.Il faut les virer ces sénateurs-couineurs socialistes , élus indirectement...
    En tout cas beau billet.
    P.CASTOR

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  5. Ses deux courtes expériences ministérielles ne lui ont certainement pas permis d'acquérir le niveau d'expertise dont elle se targue volontiers . Appréciation naturellement subjective, étayée malgré tout par une assez longue pratique professionnelle dans ce domaine , entres autres.
    P.CASTOR

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  6. Me souviens d’une fête de la section PS de Cognac, elle y a été capable de débiter à la demande un discours formaté et militant devant une assemblée réunie là pour la circonstance. C’est fatiguant ce genre de personnage...

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