21 février 2023

Travail : au boulot ?



Le chauffeur du taxi, ce matin, avait mis France Info. Le fond de l’actualité politique française, ce matin, tournait autour de la visite du président Macron au marché de Rungis mais a été entrecoupé de reportages très intéressants, notamment l’un au sujet de la semaine de quatre jours au Royaume-Uni, cet odieux centre du libéralisme, et un autre à propos de la vague polémique sur le chômage au plus bas depuis 40 ans.

Pour le premier, je vais me contenter, pour l’instant, de citer la fin : « Ces entreprises avaient adopté le fait d’avoir un jour de congé supplémentaire tout en gardant le même salaire […]. Des horaires normaux, quatre jours par semaine, sans perte de salaire et surprise, les bénéfices des entreprises engagées a légèrement augmenté, de 1,4%. Des entreprises de tout style […]. Pour Pierre Larrouturou […], pour les entreprises qui ont du mal à recruter, les quatre jours sont un argument décisif. Depuis la crise sanitaire, dit-il, il y a une aspiration à un nouvel équilibre entre personnelle et vie professionnelle. »

On voit bien que le travailler plus, promu par le chef de l’Etat dans la lignée de Nicolas Sarkozy, a une autre époque, a quand même bien des limites ; le tout étant évoqué aussi au sujet de la réforme des retraites, justifiée par nos macronistes par la nécessité de travailler plus.

 

« Il s'en remet au "bon sens" des Français. Emmanuel Macron, en visite au marché d'intérêt national de Rungis (Val-de-Marne), a répété, […] qu'il "faut travailler un peu plus longtemps". Ce déplacement est sa première sortie au contact direct des Français depuis le lancement, au début de l'année, de sa très contestée réforme des retraites. "Dans l'ensemble, les gens savent qu'il faut travailler un peu plus longtemps en moyenne", a affirmé le chef de l'Etat. »

Il se trompe : les gens ne savent pas. Ils sont majoritairement opposés à cette réforme. Leur « bon sens » leur dit que c’est une grosse bêtise, quel que soit ce qui les motive, que ce soit un chômage persistant, malgré des chiffres hilares, une aspiration à un nouvel équilibre, une sensation que tout nous échappe, c’est un peu mon leitmotiv : on ne sait pas comment va évoluer la situation dans les prochaines années, avec l’augmentation de la productivité notamment avec les progrès de l’intelligence artificiel (au cœur de l’actualité, aussi, depuis quelques semaines), la guerre à nos portes, le changement de la terre avec le réchauffement climatique (on parle maintenant du manque de pluie en février)… Au point où j’en suis, je pourrais mettre en lien tous les articles de France Info ! Sans compter que, bon, bordel, ça commence à bien faire de vouloir nous faire trimer d’avantage, hein !

 


François Hollande a qualifié d’énorme gâchis les dernières étapes des débats sur cette réforme et c’est également le mot qui venait à l’esprit et qui, paradoxalement, explique mon mutisme dans ce blog et non pas l’envie de travailler moins. Je ne sais plus par quel point prendre l’actualité même si sombrer dans la revue de presse vire un peu à la solution de facilité.

Un gâchis pour le gouvernement qui foire une réforme qui contient pourtant des mesures paraissant sympathiques (à certains) comme la suppression de régimes spéciaux mais qui a viré à une confusion dans les chiffres au sujet des carrières longues dont on n’a, en fait, plus grand-chose à cirer : qui travaille à 14 ans de nos jours ? Qui a 43 annuités à 60 ans ? D’un autre côté qui peut penser qu’il y a beaucoup de Français qui travaillent après 65 ans en ayant vraiment toutes les capacités pour le faire ?

Un gâchis, donc pour la majorité présidentielle, qui doit se tortorer et défendre une réforme délirante. Je vais m’adresser à mes copains qui se sentent pieds et points liés avec cet inepte troupeau : comment pouvez-vous soutenir tout cela après n’avoir juré que par la réduction du temps de travail, et donc son partage, à une autre époque ? Un peu de sérieux. Moi-même, j’ai soutenu Emmanuel Macron mais c’était, tout comme vous d’ailleurs, par l’absence d’alternative parmi les autres forces politiques en présence, notamment à gauche ! Qui allait voter pour Benoît Hamon ou Anne Hidalgo, à part par solidarité pour le Parti Socialiste qui nous a accompagné tant de temps… ?

 


Un gâchis, peut-être, pour le Rassemblement National même s’il sera certainement la seule formation politique à progresser, avec cette histoire (les sondages de popularité le prouvent). Mais l’observation de la réalité montre qu’ils ont suivi le vent pour le garder en poupe – il faut le faire – sans rien n’avoir à proposer, en tenant un discours suspect et grossier (il faut écouter les orateurs, à l’Assemblée, pour s’en rendre compte) et en foirant totalement une motion censure. Même si elle n’avait aucune chance de passer, ils n’ont pas réussi à en faire parler et sont passés pour fouteurs de merde.

Un gâchis, évidemment, pour La France Insoumise qui n’a fait qu’éructer. Les Français ne sont jamais dupes de l’obstruction parlementaire et le résultat est bien, clair, net et précis, que l’allongement de la durée de cotisation et la réforme en générale n’ont pas encore été réellement étudiés par le Parlement. Les vainqueurs pourraient bien être les syndicats, dans ce contexte, vu qu’ils semblent les seuls à lutter efficacement au point qu’on est près à soutenir le blocage annoncé (merci néanmoins d’éviter les jours de mes voyages en Bretagne).

Un gâchis, enfin, pour les autres composants de la Nupes, entraînés par LFI dans une opposition absurde, n’arrivant pas à émerger malgré de brillantes interventions qui sont restées dans l’ombre.

Un gâchis par la République et pour la démocratie, donc notre système, incapable de faire passer des réformes, utiles ou pas, via un travail serein de nos parlementaires…

Un gâchis pour la France. Avec tout ça, on ne sait pas du tout où l’on va…


 

Nos ministres centristes ont donc fanfaronné sur un chômage au plus bas depuis 40 ans. Comme la « catégorie A » n’est pas la seule (on ne peut quand même pas dire que tout va bien) et qu’on ne va pas s’esbaudir à quelques dixièmes de points près, on va simplement rappeler que le chômage a été aussi bas lors de la récente crise sanitaire, tant il y avait d’aides, qu’il a été très bas, aussi, avant la crise des subprimes en 2008, qu’il est au même niveau que dix ans après les « chocs pétroliers »… On n'est donc pas sorti de la crise (la guerre à nos portes et l’inflation galopante ne poussent d’ailleurs pas à l’optimisme...).


Je ne suis pas en train de dire qu’il n’y a pas de mal à se faire du bien… D’ailleurs, je peux m’en faire aussi. Si vous observer bien la courbe du chômage, la baisse est constante – malgré de gros soubresauts liés à la crise sanitaire – depuis les mesures prises par François Hollande, si décriées par une partie de la gauche, François Hollande dont Emmanuel Macron était le ministre des Finances et qui a fini par avoir raison avec son histoire d’inversion de la courbe.


Voila deux courbes proches - plus le double amendée d'une d'entre elles - pour vous faire plaisir.

 

Not’ Macron parlait ainsi de bon sens. Le bon sens serait qu’il reporte sa réforme mal ficelée.

Je n’ai pas dit que je croyait à ce report.

Sarko aussi, parlait de bon sens, non ?

Moi aussi, tiens !

Au travail ! 

6 commentaires:

  1. Ils exagèrent quand même de manifester les français alors qu''il ne "faut que travailler un peu plus longtemps". Un peu, c'est pas beaucoup quand même!
    La visite à Rungis c'était pour macron un épisode de "Voyage en terre inconnue".
    Marco

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    1. Une terre Sarkozyenne est-elle inconnue pour lui ?
      Nj

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  2. Perso, j'aurais bien voulu voir notre brav' président se coltiner de la barbaque durant ,disons deux heures . Ca aurait , sans doute, servit à son éducation sur le boulot de "ceux qui se lèvent tôt " .

    A.b

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  3. D'accord avec toi. Si tu as du temps, c'est interessant. https://www.youtube.com/watch?v=Wxp__MZgwAI (on ne peut plus mettre de balises html dans les commentaires?)

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