14 septembre 2023

Outrances, sondages et descente de la gauche

 


Un « ami Facebook » a publié, hier, une photo d’un article au sujet de Jacques Julliard (mes condoléances et tout ça) et a mis en avant cette phrase : « Je me sens toujours de gauche mais je ne me sens plus représenté par ceux qui parlent en son nom. » Je m’y retrouve parfaitement. Certes, il s’agit d’une tribune du JDD écrite par Manuel Valls et je crois que « l’ami » était candidat sur une liste menée par un candidat LREM aux municipales dans mon coin.

Toujours est-il que cela va assez loin ! Hier, un sondage au sujet d’une présidentielle est sorti (il n’est pas l’objet de mon billet) avec comme un résultat (avec l’hypothèse de Darmanin candidat de la macroneries) : Marine Le Pen : 32%, Jean-Luc Mélenchon : 16%, Gérald Darmanin : 14%, Bernard Cazeneuve : 8%, Laurent Wauquiez : 7%, Fabien Roussel : 6%, Eric Zemmour : 6%, Yannick Jadot : 6%.

Un lascar à plus de soixante mille abonnés a tweeté (xé ?) : « Total gauche : 28%, Total droite : 72%. Ami(e)s de gauche, il reste 4 ans. Arrêtez les bêtises et les outrances, et redonnez aux électeurs l'envie, ou plutôt même le sentiment du besoin de voter pour vous. »

A vos calculatrices ! Cherchez comment ce type est arrivé à « 28% » pour la gauche. C’est simple, il n’a compté les points de Cazeneuve. Nous avons donc un gugusse qui lance une espèce d’appel à l’unité de la gauche et donne des conseils mais considère le « descendant » de la social-démocratie comme étant à droite, le tout dans un sondage qui ne présente aucun candidat se réclamant du Parti Socialiste.

Il fallait oser !

 


En aparté, je précise que Bernard Cazeneuve est très certainement celui dont je suis le plus proche mais je ne soutiens absolument personne (je ne crois pas, encore, à la capacité de l’ancien premier ministre à rassembler les électeurs). Par ailleurs, pour appuyer sa démonstration, notre hurluberlu prend l’hypothèse de la candidature de Darmanin mais pas celle d’Edouard Philippe pourtant largement défavorable à Nanard (le pdf complet). Tant que je suis dans mon aparté, vous noterez que le « 28% » se traduit en « 39% » si l’on prend bien l’ensemble de la gauche (donc si on compte les deux candidats dits d’extrême gauche et celui « extrême centre gauche »). Notons que c’est plus qu’au premier tour de 2007 (et bien plus qu’en 2017 et, pour « mon 39% » qu’en 2022, mais bien loin de 2002 et 2012).

Toujours en aparté : il ne s’agit évidemment que d’un sondage. Il faut rigoler des sondages. Prenez ceux faits longtemps avant 2007, par exemple. Ils montraient clairement que le meilleur candidat de la gauche était François Hollande… du moins pour le premier tour vu qu’il aurait été assuré de figurer au second (et d’être balayé au second).

 

Revenons à « Je me sens toujours de gauche mais je ne me sens plus représenté par ceux qui parlent en son nom. » Julliard n’a pas dit que ça. Par exemple, il a sorti : «  Nous vivons aujourd'hui un véritable chiasme intellectuel : la gauche a abandonné toutes ses valeurs – la laïcité, la nation, l'universel, l'école républicaine, la sécurité – à la droite. Ce qui a occasionné un décalage de plus en plus important entre le peuple de gauche et les intellectuels censés le représenter ». Je crois qu’on est en plein dedans. Julliard était d’ailleurs un spécialiste de ces clivages, à gauche, clivage reconnu par Rocard, il y a plus de 40 ans, par Valls plus récemment. Moi, je ne le suis pas, un spécialiste, et ne veux pas donner de leçons par rapport à tout ça… Ce qui m’intéresse est le volet électoral de la chose.

Seules deux personnes ont amené la gauche (même si c’est une fausse gauche nananère) à l’Elysée : Mitterrand et Hollande, sans oublier Jospin qui l’a mené à Matignon. Excellent exemple que ce Jospin, avec l’échec fameux de 2002 qui a fait que la gauche accuse TF1 et Papy Voise pour l’éviter de reconnaitre ses torts. Ceux du candidat socialiste, bien sûr, vu qu’il n’a pas réussi à fédérer. Ceux des autres, aussi, tels Taubira, Chevènement et Mamère qui ont décrété qu’ils étaient les seuls capables de représenter la gauche.

Il est clair, pour ma part, que je ne me sens pas représenté par la « nouvelle gauche », la nupsiale… Les militants font les sourds, ne pensant qu’à leur orientation « programmatique » mais en oubliant le reste, comme les outrances dont parle mon twittos.

 


L’ami Politeeks en parle dans son dernier billet. Tout d’abord, Jean-Luc Mélenchon « pour qui “Macron et Borne ont le même visage bestial” que celui de Pinochet, de ceux qui ont fomenté l’assassinat de Salvador Allende et l’arrivée des Chicago boys qui ont lancé un programme très libéral au chili dans les années 70 et 80 avec comme résultat l’explosion du chômage et de la misère, avec des milliers d’exécutions d’opposants. » Ces propos sont affligeants, insultants… L’auteur ne mérite que le mépris.

Politeeks demande aussi : « la France est-elle un pays libéral avec 58,3% de dépense publique dans le PIB (source Insee). Tout a-t-il été privatisé et vendu à la découpe ? Des opposants sont-ils jetés d’avions dans la mer ? »

 

Mon twittos qui voudrait dénoncer les bêtises et outrances. Il a parfaitement raison. Il omet tout de même 8% des électeurs soc dem et 3% de ceux de l’extrême gauche, soit le tiers des électeurs votant toujours à gauche et je ne parle même pas qui reviendraient volontiers mais ont choisi une voie plus centriste ou plus à droite, si vous voulez.

C’est une outrance.

Le candidat le plus fort à gauche, Mélenchon, est à 16%, à peu près au même niveau que les sondages quatre ans avant la dernière élection…

 

Personne n’apprend rien, dans cette histoire… Donnez-nous l'envie de cette gauche, dans sa diversité, avec ses divergences mais ses responsables qu'on aimerait voir nous représenter.


16 commentaires:

  1. Si on peut reprocher une dérive autoritaire - voire fascisante - à l'ultra-centre néolibéral qui va, de mon point de vue désormais, de LR jusqu'à Cazeneuve, c'est lors de la crise sanitaire. Or, je trouve que les dirigeants de LFI ont été au moment de cette crise bien silencieux. Et il y avait pourtant de quoi crier au loup !

    Mélenchon est en train de dérailler depuis 2018 sur la question de la laïcité. Il est parti dans une logique de bastion électoral, mortifère pour son propre parti. Et LFI subira tôt ou tard le même sort que le PCF.

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    1. Tiens ! Je viens de recevoir le mail pour ton commentaire. Blogger est vraiment plein de bug.

      Pourquoi tu me parles de dérive autoritaire ? C'est hors sujet. Comment peux-tu parler de dérive autoritaire de la part d'un truc que tu présentes comme libéral (alors que je ne dis justement que ce n'est pas libéral) ?

      Et oui, LFI va crever mais elle entraîne toute la gauche dans son sillage. De fait, c'est Renaissance (de mémoire) qui fait office de parti progressiste (par opposition aux réactionnaires de l'extrême droite).

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    2. Comment peut-on employer la formule absurde “ultra-centre” sans aussitôt éclater de rire ?

      Décidément, la politicaillerie conserva toujours pour moi bien des mystères…

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    3. Autant que la conjugaison au futur ou l’usage du passé simple ?

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    4. dérive autoritaire ? ah oui par ce que ça ne suit pas TON projet ? jusqu'a preuve du contraire la justice fonctionne , alors cessez de parler de dérive autoritaire, pourquoi pas de dictature pendant qu'on y est comme ces cretins de gilets jaunes.

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    5. Il fait référence à l’obligation vaccinale ou du moins au passe sanitaire qui rendait le vaccin obligatoire pour un tas de trucs. (Je ne prends pas partie car je ne veux pas ouvrir un débat sur le thème c’est autoritaire d’obliger les gens à prendre des mesures pour contaminer les autres - c’est hors sujet. Doublement hors sujet, mon billet parle de la gauche pas des mesures du gouvernement).

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    6. #Didier Goux L' "ultra centre" c'est l'extrême milieu. Comme lorsqu'on dit qu'une température est extrêmement moyenne. C'est simple commême !

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    7. C’est pas une raison pour créer le hashtag #didiergoux !

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    8. C'est @Didier Goux que je voulais écrire. Désolé. Mon ultra centrisme me rend très gauche et maladroit.

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    9. Du coup le vieux perd son hashtag. Je ne sais pas comment il va reagir.

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    10. Rendez-moi mon hache tague, bordel !

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    11. @T0pol (avec un zéro) Quel mépris de classe, digne de l'ultra-centre fascisant ! Une marque de fabrique, décidément.

      @Nicolas Sur la dérive autoritaire, c'était pour faire remarquer qu'il fallait accorder davantage de place aux silences de LFI.

      @François C'est bien de reconnaître que vous êtes extrêmement moyen, en effet. C'est aussi une marque de fabrique pour des gens qui se croient supérieurs aux autres. Encore l'effet Dunning-Kruger à l’œuvre ?

      @Didier Je suis heureux de vous avoir fait rigoler. Enfin "heureux", n'exagérons pas tout de même.

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    12. Anonyme de 6h35 : Didier, tu peux pas signer, bordel ?

      Denis : je ne suis pas persuadé de comprendre où tu veux en venir mais il est évident qu'un parti tel que LFI est forcément autoritaire et est plus ou moins obligé de la fermer à certains sujets...

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  2. Arié,
    Encore un commentaire avec deux erreurs. J'ai lu parce que tu y parles de KdB mais pour le fond, heu...
    Tout d'abord, depuis toujours je fais les invitations aux KdB dans Facebook (au début, je les relayais dans le blog). Je n'ai fait des invitations par mail que pour DSK parce que c'était confidentiel (et deux ou trois "célébrités"). J'ai parfois envoyé des mails aux types qui n'ont pas FB, comme Didier, mais c'est très rare.
    Ensuite, je conchie les outrances et tu fais partie de l'ensemble de ces cons qui passent leur temps à démontrer qu'ils sont les seuls à gauche et que tous les autres se trompent. C'est justement avec des ramassis de connards comme toi qu'on ne sent plus représentés.
    Je ne te dis pas ça pour t'insulter, hein ! Seulement pour te donner matière à réflexion car je suis sympathique.

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  3. On tient ici la preuve que vous êtes vraiment de la droite la plus radicale. On vous a dit, et vous avez retenu, que Pinochet avait un visage bestial. La dessus, vous mettez une illustration où il est tout sourire et fait un signe de la main à sa maman. Par vos messages subliminaux vous poussez vos lecteurs dans les bras de la pire tyrannie et vous voulez que vos anciens amis de gauche continuent à vous considérer comme progressiste ? Mettez-vous un peu à leur place, comment le pourraient-ils ?
    La Dive

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