19 mai 2025

A gauche, arrêtez de vous mentir !

 


Je suis toujours surpris sur les erreurs d’analyse faites par les cadres de la gauche radicale. Je reparlerai peut-être de la nouvelle tribune de Marine Tondelier (ça fait deux dans la semaine je qualifiais déjà la première de « Tribune de trop). Cette fois, c’est une vidéo TikTok de Clémence Guetté. C’est une députée que je ne connais pas trop mais qui parait bien moins frapadingue que les autres guignols et qui a, en plus, des caractéristiques physiques assez sympathiques qui changent beaucoup de notre paysage habituel.

Précisément, elle évoque les traumatismes liés au referendum de 2005 (et surtout au fait que le texte soit imposé par la suite) et ceux liés au quinquennat de François Hollande. Je veux bien débattre d’à peu près tout mais, à un moment, il faut revenir sur terre.

A propos de 2005, ce n’est pas ce texte qui imposait le libéralisme mais les précédents. Ne refaisons pas l’histoire. Mitterrand nous a collé Maastricht mais si on critique Mitterrand, maintenant, ça fait tache à gauche. Les socialistes ont largement voté pour le traité en interne : il était donc logique qu’ils le soutiennent. Ceux qui n’ont pas respecté le vote du parti et qui sont par ailleurs maintenant chef d’un autre parti ne devraient pas faire les malins. Ensuite, le « peuple de gauche » a majoritairement voté « non » au referendum mais ce ne sont pas les sociaux démocratiques qui l’ont fait repasser par la petite porte.

Ne refaisons pas l’histoire.

 

En 2012, ce n’est pas le « mon adversaire est le monde de la finance » qui a fait l’élection de François Hollande mais le rejet de Nicolas Sarkozy. Au moment où il a gagné la primaire, Hollande avec 20 points d’avance au second sur son adversaire mais il a fini avec trois ou quatre… On peut légitimement se demander si ce ne sont pas les conneries de l’aile gauche de sa majorité qui expliquent cette baisse. On va rappeler par exemple l’accord avec les écolos qui ont gagné une promesse de la sortie du nucléaire (mais qui ont tout de même présenter un candidat face à Hollande toute en bénéficiants de circonscriptions gagnables) ou le projet d’imposition à 75% des hauts revenus.

Par ailleurs, la bérézina de 2017 pour la social-démocratie a poussé les électeurs de gauche à voter moins à gauche. Il faut peut-être se poser les bonnes questions et arrêter de dire que les électeurs ont voté moins à gauche parce que la politique n’était pas assez à gauche. En outre, n’oublions pas, tout de même, que c’est surtout le bordel sous les gouvernements Hollande qui a montré aux électeurs que nous étions incapables de diriger et que c’est aussi pour cela que des personnalités de gauche sont partis vers « chez Macron ».

Je ne veux pas refaire les débats, je veux simplement qu’on arrête de dire des conneries. Par exemple, Mme Guetté dit que c’est parce que Hollande a fait la déchéance de la nationalité que les électeurs sont partis. Hollande n’a pas fait la déchéance de la nationalité. Ne refaisons pas l’histoire, disais-je, déjà deux fois. Il a proposé la déchéance de nationalité (pour les lascars qui avaient aussi une autre nationalité et qui faisaient des attentats en France, ne me dites pas qu’on doive impérativement les tolérer sur le sol…) à un moment (après des attentats) où il cherchait à faire un consensus national ce qui a fonctionné jusqu’au moment où la gauche a commencé à taper dessus.

Quant au reste, les mesures liées à la loi travail, au CICE, au pacte machin, il faudrait voir à ne pas oublier un détail : c’est depuis qu’elles ont été prises que le chômage a baissé presque continuellement et que si elles ont mauvaise presse, c’est surtout à cause de l’opposition de gauche et pas du tout parce qu’elles ont heurté « le peuple de gauche ».

 

Je ne veux pas refaire le match ou relancer un débat, je dis simplement qu’en omettant des faits pour faire une analyse, on court fatalement dans le mur… Au fond, la gauche n’a gagné, en France, dans l’histoire récente, que si le centre gauche état rassemblé et il ne l’est pas (ce qui n’est évidemment pas le problème de Mme Guetté).

 

Jean-Luc Mélenchon fait du grand en art quand il s’agit de se mentir à lui-même (ou, du moins, de mentir aux militants). J’ai encore vu une publication de lui récente, ou il rediffusait une publication d’un quidam à sa gloire et qui disait que, lors de la précédente présidentielle, il n’était pas présent au second tour car Fabien Roussel a recueilli une partie des voix qui auraient dû lui aller. Or c’est totalement faux ! Si Roussel n’avait pas été candidat, je n’aurais pas voté pour Mélenchon. Peut-être, d’ailleurs, aurais-je choisi Macron pour éviter un second tour Mélenchon Le Pen où cette dernière aurait pu gagner.

Que les hommes politiques mentent, c’est une chose, mais qu’ils le font à eux-mêmes, ou font semblant, est assez pénible. En l’occurrence, Méluche devrait se demander ce qui fait que je ne vote pas pour lui.

La deuxième étape, même si c’est trop demander, serait répondre à mes attentes…

 

Alors, j’en viens à la tribune de Marine Tondelier, plutôt pour rigoler parce que je n’arrive pas à compter ses tribunes. C’est dans La Tribune, ça tombe bien. Elle s’adresse aux électeurs en vue d’avoir encore et toujours une union. Dès la première phrase, elle ment. Elle sous-entend que, par mon bulletin de vote, j’ai choisi d’éliminer le RN aux dernières législatives. C’est totalement faux.

Ensuite, elle appelle à l’unité de la gauche. C’est une hérésie : jamais la gauche n’a gagné en pratiquant l’unité. Je vous passe le nombre de clichés qu’elle balance par la suite mais elle a construit une analyse qui la pousse une démonstration sur la base de choses erronées.

Elle n’a même pas vu que le Front Républicain qui a empêché la victoire du RN à l’été 2024 ne vient pas que des électeurs qui aspirent au même monde qu’elle. Et oublié que Mitterrand a gagné en 1981 avec un PC à 15% et après avoir rejeté l’union (sous la forme du « programme commun ») plusieurs années avant.

 

Ces braves gens ne pourraient-ils pas s’asseoir et réfléchir !

7 commentaires:

  1. Elle avait 14 ans en 2005 Clémence Guetté ! Qu'est-ce qu'elle sait de ce référendum à part ce que ses amis de LFI lui ont raconté ?

    A défaut d'accord sur le projet, pourtant soutenu par de nombreux pays, il n'y a pas eu de Constitution européenne. Donc on continue de fonctionner avec des traités, comme avant. Et on le savait parfaitement à l'époque. La division de la gauche en France a montré la stupidité de notre pays face à une telle situation, où ont été mélangés les polémiques purement nationales et l'avenir de l'Europe. On n'est pas près d'avoir de nouveaux référendums nationaux, c'est ça le vrai traumatisme. Merci aux populistes de l'époque !

    Tout comme toi je souhaite ardemment que tous ces gens s’assoient et réfléchissent.

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    1. En 2005, on a surtout vu que ceux qui avaient qui rédigé la Constitution étaient complètement à la ramasse : c'est ce qui a fait échouer le referendum car ils avaient inclus, au texte, les traités précédents et donc toutes les "directives" qui imposaient le libéralisme. Je trouve logique qu'une partie de la gauche ait refuser d'inscrire certaines choses dans le marbre.

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    2. Si le Non l'a emporté à cause du contenu de la Constitution européenne, ceux qui ont voté dans ce sens devraient être contents : il n'y a pas de Constitution... Rappelons quand même que la majorité des socialistes et des écolos étaient pour.

      Mais bon, je ne vais pas me prendre la tête sur ce sujet. Le plus important, comme tu le soulignes très bien à la fin de ton billet, c'est que les gens s'assoient et réfléchissent. Et s'ils peuvent se mettre d'accord c'est encore mieux. Au boulot ! ;-)

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  2. Guetté et Tondelier, on touche au sublime...

    Et ils ne comprennent pas pourquoi les gens votent. Et pourquoi en l'occurence, un nouveau barrage républicain se fait contre la bande Guetté Tondelier, qui est soluble avec le pire de LFI.

    Bon, y a du boulot.

    En 2005 on bloguait déjà mais on ne se connaissait pas encore Nicolas.

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    1. Je n'étais qu'un jeune blogueur. Par contre, j'écrivais beaucoup sur la toile mais je n'avais aucun lecteur...

      C'est délirant de voir à quel point les personnalités politiques se trompent dans les intentions des électeurs... Dans tous les partis. Tiens ! Philippe qui fait une campagne à droite alors qu'il devrait la faire au centre. Retailleau qui fait la course à l'extrême droite en oubliant de Gaulle (de Gaulle a "libéré" l'Algérie, Retailleau lui fait la guerre)... Et je ne te parle pas même pas de ma "famille politique", je ne sais même plus de quoi ils parlent...

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    2. Retailleau a souvent cité de Gaulle, notamment en réponse à la critique de Wauquiez (qui révait d'aller au gouvernement), sur la participation au gouvernement en temps de crise institutionnelle.

      Et puis la course à l'extrême droite, ne tombons pas dans ce piège. Chez LR de toutes manières ils n'ont bossé que l'immigration et un peu l'insécurité. Sur l'économie, c'était concours de création de taxes sous Barnier. Donc ils vont pas parler culture et éducation :)

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    3. Quand je parlais d'oubli de Gaulle, c'est surtout parce que je n'ai pas vu ces andouilles parler de la grandeur de la France...

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