22 novembre 2010

Dans vingt ans

Nous sommes le 22 novembre 2030 et comme souvent, au cours de ces 25 années de blogage politique, je ne suis pas très inspiré. Alors je réponds à la chaîne lancée par Lomig à l’occasion des 23 ans de son blog, invitant les blogueurs politiques à raconter des leurs.

C’est fin 2005 que tout a commencé, j’avais déjà mon blog familial où je racontais mes conneries de bistro, comme, par exemple, le 22 novembre 2010, un voyage en Bretagne. Auparavant, à l’occasion un sombre referendum, je m’étais très intéressé aux débats politiques de « simples citoyens » sur Internet alors, finalement, j’ai ouvert un nouveau blog pendant les vacances de Noël et je me suis lancé, avec un seul slogan : "Des liens, bordel ! Des liens !".

Ce 22 novembre 2010 est une date importante puisqu’il marque le début des révélations de Jacques Chirac dans l’affaire Karachi. Ceci est une fiction, nous ne sommes en 2030. Les blogs étaient en folie et la période fut fascinante. Tout d’abord les accusations poussèrent tout le peuple dans la rue, les députés et élus de la majorité en tête, entrainant la démission du Président de la République en exercice.

Conformément à la Constitution, une nouvelle élection fut lancée. Martine Aubry en tant que Première Secrétaire du PS était la seule à avoir la légitimité pour être candidate, faute d’avoir le temps de mettre en place un processus de désignation d’un candidat ce qui fut salvateur pour la gauche en lui évitant l’organisation de dramatiques primaires qui faisaient de lui la machine à perdre depuis plus de quinze ans.

Martine Aubry, d’ailleurs, constitua un Comité des Sages issus des pieds de tous les partis politiques pour faire une constitution qui privilégiait les projets politiques plutôt que le culte du chef.

Nous commencions alors à sortir d’une grosse crise financière et commencions à prendre les mesures de bonne gestion correspondantes avec notamment la suppression de toutes les aides sans condition aux groupes industriels quand un fâcheux concours de circonstances provoqua la plus grosse crise économique de tous les temps, début 2012.

Deux géants de l’informatique de l’époque, Apple et Google, avaient décidé de fusionner et de racheter Facebook pour un montant de l’ordre de 420 milliards de nos anciens Euros. Au même moment, tous les opérateurs téléphoniques d’Europe se liguèrent pour bloquer les accès aux applications Google et Facebook pour une sombre histoire de paiement de bande passante. S’en suivirent une chute brutale de la valorisation boursière d’à peu près tous les industriels concernés par Internet. Mon blog, hébergé par une filiale de Google, devint inaccessible pendant quelques mois. J’en avais donc créé un nouveau hébergé en France ou nous pouvions continuer à raconter des bêtises.

D’ailleurs, je me rappelle d’un billet rédigé après un Kremlin des Blogs aviné, un peu avant cet épisode. J’avais fait l’erreur de rédiger mon compte rendu en rentrant à la maison, en substance : « Bordel ! Ca fait 40 ans qu’on nous casse les couilles avec ces histoires de crise économique, alors une de plus, hein ! D’ailleurs, il n’y a que deux moyens de sortir d’une crise : la guerre ou un gros bordel économique créant de l’inflation. » Je n’y comprenais alors pas plus en économie que maintenant.

Yann Savidan, au réveil, avait encore des résidus de la veille quand il a lu mon billet et en a fait un pour rebondir sur le thème : « Organisons une crise économique pour éviter la guerre ».

Nous nous étions foutus de sa gueule jusqu’au moment de cette affaire des opérateurs téléphoniques.

Nous fûmes d’ailleurs près de la guerre puisque cet embargo fut évoqué au Conseil de Sécurité de l’ONU. Pour calmer le jeu, la Commission Européenne, jetant à la poubelle tous ses principes, racheta tous les opérateurs téléphoniques qui, de toute manière, ne valaient plus rien, qui rétablirent le service immédiatement. Le premier service public européen venait d’être créé.

Leurs ingénieries se rapprochèrent progressivement et ils purent prendre à bras le corps un problème, cheval de bataille d’un jeune blogueur du Kremlin-Bicêtre luttant contre les nocivités des antennes relais. Les opérateurs, enfin l’Opérateur Européen, qu’on appelle maintenant le BITE, le Bureau Interopérateurs Téléphoniques Européens, imaginèrent donc un réseau beaucoup moins nocifs sur la base de satellites (mais je ne suis pas, ici, dans mon blog technologique, faisons peut-être appel à un collègue). Le réseau, par nature mondial (les satellites tournent autour de la terre), fut, suite à une erreur d’un technicien en Réseaux Sociaux Breton qui avait abusé du chouchen, rapidement hacké par des pirates Chinois. La Commission Européenne, renommée la FESSE, la Fédération des Etats Socialistes Savidanesques Européens par la suite, quand l’ensemble des Européens découvrirent les services publics, laissa faire, créant, enfin, un service public mondial gratuit de télécommunication, couvrant la télévision, le téléphone et Internet.

C’est ainsi, d’ailleurs, que les autorités Chinoises furent empêchées de contrôler l’accès à Internet. Les communications devinrent donc totalement libres, impliquant le phénomène de démocratisation apparu vers 2022 et surtout la volonté des Chinois de gagner des libertés et un niveau de vie proche du nôtre. Le processus n’est pas achevé, à ce jour, mais rappelons nous le temps nécessaire à la stabilisation de la Russie après la chute du mur. Faisons leur confiance.

Revenons à cette période de crise économique, les socialistes au pouvoir en France durent aider les banques mais, pour se faire, entrèrent au capital avec des conditions drastiques. La France a résisté tant bien que mal à cette crise, en privilégiant les investissements dans les PME au grand détriment des multinationales et autres grosses entreprises cotées en bourse.

Pourtant, la crise suivante se dessinait : les réserves de pétrole fondaient comme neige au soleil et les marchés recommençaient à s’agiter. Tout ça fut sauvé par hasard. Je ne vais pas vous raconter à nouveau cette anecdote bien connue. Si ? Ah ! Bon…

C’est un jeune blogueur qui déprimait. Son iPhone 8GS (vous savez, ces machins qu’on utilisait pour faire des trucs à une époque) était tombé en panne de batterie et il ne pouvait plus twitter avec le sud de la France. Il s’était donc réfugié dans la bière et tripotait machinalement son téléphone qui finit par tomber dans son demi. Le téléphone était étanche donc n’eut pas de dommage mais le jeune se rendit compte que son téléphone fonctionnait à nouveau.

Il avoua sa découverte à un jeune ingénieur sorti d’école qui vérifia que plonger un iPhone dans un verre de bière arrivait à la production d’une infime quantité d’électricité.

Notre industrie nationale de l’électricité étudia le phénomène et constat que la fermentation d’orge provoquait réellement de l’électricité et il suffit de connecter les brasseries sur le réseau EDF pour assurer l’alimentation de tout le pays.

N.B. : J’aurais du inventer une histoire avec les algues vertes pour faire plaisir aux paysans bretons…

Les voitures, elles-mêmes, produisaient de l’électricité pour alimenter leurs moteurs avec de la bière. Quatre litres permettaient de faire une centaine de kilomètres.

C’est ainsi que dix ans après l’entrée de la gastronomie française au patrimoine de l’UNESCO, la 1664 fut déclarée d’utilité publique.

La politique m’intéressait alors beaucoup moins. J’avais alors 56 ans (64 aujourd’hui) et mes compétences techniques commençaient à être sérieusement dépassées et je n’étais plus intéressé par une réorientation de ma carrière professionnelle. Heureusement, les Mélenchonistes arrivés avec les socialos en 2011 (suivez un peu, bordel !) avaient hérité des Affaires Sociales et rétabli une retraite intelligente qui m’a permis de travailler progressivement moins jusqu’à 62 ans, n’intervenant que lorsque ma « vieille expertise » était nécessaire à l’intérêt de la société, pour la participation à des séminaires, des réunions, des formations, …

Il aura fallu 50 ans pour sortir de cette crise. Unis, nous y sommes arrivés et j’ai bien mérité d’aller m’en jeter un à la Comète, moi !

Sont tagués les gens cités ici (je crois bien que ça fait deux fois ce mois-ci, pour certains). Et Gularu qui est actuellement notre Premier Ministre, à 44 ans, l’âge que j’avais, en 2010.

32 commentaires:

  1. heureusement qu'en 2012 on a évité la fin du monde et que les révélation de chirac on sauvé le paysage politique français.

    (ce commentaire est aussi une fiction) merveilleux billet.

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  2. C'est un peu une histoire de cul tout ça...

    (et une belle utopie, que la gÔche sauve la France, voire le monde hin hin ! :D )

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  3. Putain , mais comment tu arrives à faire (imaginer ) des billets pareils, je suis espanté (cherche c'est du sud...)
    A la tienne.

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  4. Pas 62 mais 58 ans, on s'est aligné sur la Bolivie D'Evo Moralès...

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  5. S'aligner sur la Bolivie : exactement ce qui nous pend au nez, en effet. Et encore, la Bolivie c'est l'hypothèse "haute"...

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  6. Après 23 ans de l664, je conçois que tu arrives à fictionner avec autant de verve! Tu n'as pas parlé du fauteuil roulant de Martine, c'est un oubli ? Il va falloir que je relise très attentivement, surtout au début, pour saisir où l'on doit aller, puisque je suis un peu tagué…

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  7. C'est vraiment une fiction. Compte tenu qu'il n'y a aucune procédure d'empeachment en France, sauf à voir un parlement UMP virer casaque, il y a vraiment très peu de chances qu'il démissionne. Ce qui me paraît le plus probable, c'est qu'il ne se représente pas.

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  8. Génial !!!
    super bien écrit... mais à l'étranger il se passe quoi ?

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  9. mais mon bon monsieur dans 20 ans les blogs auront disparu un millier de fois ! on nous le certifie tous les 15 jours que c'est la fin :)

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  10. clic (au moins dans vingt ans on sera peutêtre plus obligé de dire clic"

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  11. Val,

    Si tu penses que la droite sauvera le monde...

    Fidel,

    Santé !

    DPP,

    Je parlais d'arrêter progressivement en fonction de "mon propre cas", une espèce de retraite à la carte d'un commun accord entre l'employeur, la loi et moi.

    Elc,

    Oui, ça va !

    Didier,

    Pessimiste !

    Le Coucou,

    Au boulot !

    Beerseek,

    Oui, c'est une fiction.

    Ju,

    Merci ! A l'étranger ? Je parle déjà de la Chine, des US, de l'Europe...

    Gaël,

    Ah oui ! J'oubliais la mort des blogs...

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  12. Mouahahahah c'est bon de rire (je t'envoie la note de pressing pour la chemise??? :D)

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  13. Ah non, hein ! Je ne fais pas le SAV.

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  14. Formidable, gigantesque, merveilleux.
    J'adore le jeune blogueur qui se réfugie dans la bière.
    Non, là, franchement, Bravo nicolas.
    Suis cloué au comptoir. Et pour longtemps.

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  15. Très belle fiction, bien écrit, vraiment sympa à lire.

    Mais Martine qui sauve la France, vous ne laissez aucune chance à la réalité de rejoindre la fiction...

    En tout cas, vraiment drôle, j'ai passé un très bon moment à vous lire.

    Merci.

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  16. Sébastien,

    Merci.

    Dans mon esprit, ce n'est pas Martine qui sauve la France mais la non finalisation du programme du PS.

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  17. Excellent. Je sais plus qui (le coucou, me semble-t-il) pensait voir dans les blogs une plateforme parfaite pour les romans feuilletons. Tu devrais te lancer !

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  18. Mais les blogueurs Egyptiens co,tinueront-ils de se faire arrêter et/ou tabasser ?
    Les chinois pourront-ils enfin se connecter sur le net comme ils veulent ?
    Les Syriens pourront-ils utiliser facebook sans manipulations interdite ?
    aura-t-on des leaders politiques mondiaux qui naitront de la blogosphère ?

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  19. Ju,

    Je dis dans le billet (dans ma "fable") que la liberté d'Internet créera la révolution en Chine...

    Les leaders ne naitront pas des blogs mais les blogs pourront rendre possible une plus large information.

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  20. salut,
    bravo pour ce billet savoureux et super bien écrit. C'est là où l'on voit la différence entre un blogueur amateur comme moi, qui ne sais écrire qu'imparfaitement, et le number one !

    Sérieusement chapeau bas. Et merci d'avoir prolongé la chaine, j'ai hâte de lire les autres réponses...!

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  21. Lomig,

    Merci ! J'adore faire ce genre de billet mais je n'y arrive que dans une espèce "d'état second" qui ne m'arrive malheureusement pas très souvent... En fait, c'est le hasard si ce billet est réussi : quand je me suis attablé pour le faire, en fait, j'en ai fait un autre, sur la constitution (ton blog y est en lien, d'ailleurs). Hors sujet total...

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  22. Si j'en avais les moyens et les compétences ...
    je vous nommerais derechef Chevalier d'honneur de la confrérie du Tastebière et Grand Houblonneur devant l' Eternel et puis, soyons fous, Brillantissime Billettiste!
    L'intention y est ...

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  23. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  24. Excellent avenir !
    Je ne sais pas si tu as pensé à profiter de la fortune réalisée grâce à tes blogs pour acquérir une brasserie digne de ce nom !
    :-))

    [On est quand même nombreux à pronostiquer une guerre imminente, c'est inquiétant ! :-) ].

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  25. Pas mal cette idée de blogue en 2030, j'aurai 70 ans!

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