23 mars 2011

Commuter le service public

Dans nos blogs gauchistes, les services publics sont toujours un sujet sensible tant il est difficile d’avoir une position raisonnée.

Par exemple, certains, à gauche, critiquent le gouvernement Jospin pour la privatisation partielle d’Air France comme si on en avait quelque chose à cirer d’un service public du transport aérien et comme s’ils n’étaient pas les premiers à se précipiter vers les compagnies « low coast » dès qu’ils ont un voyage à faire.

Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. D’une part, le bénéfice d’Air France serait mieux dans les caisses de l’état – donc les nôtres – que dans le CAC 40 et d’autre part, l’aménagement du territoire nécessiterait qu’on se préoccupe un plus des conditions tarifaires pour les voyages vers certaines villes (j’ai suffisamment fait d’allers-retours vers Brest…) alors que des destinations « en concurrence » sont beaucoup moins chères.

De même, quand on parle de La Poste, les réactions sont parfois démesurées : on voit des gugusses « exiger » le maintien de bureaux de poste dans des trous mais qui n’hésitent pas à faire 20 bornes en bagnole pour acheter la bouffe à l’hypermarché de la ZAC de la sous-préfecture. C’est ainsi qu’on a des gens qui gueulent pour un service public de proximité pour acheter des timbres mais qui, culturellement, n’arrivent pas à imaginer qu’un service public de la bouffe serait largement plus important.

N.B. : Sans doute les mêmes qui font de la promotion dans leurs blogs pour les opérations des Restos du Cœur orchestrées par des multinationales cotées en bourse (je suis dans ma période « appeau à trolls », laissez tomber…).

Par contre, dès qu’il y a nécessité d’un monopole géographique lourd, comme la distribution de l’eau et le ramassage des ordures, bénéficier d’un service public est très important pour différentes raisons notamment du fait que ce monopole géographique interdit une vraie concurrence (au sens Européen du terme, le machin élevé au rang de dogme qui devrait faire baisser les prix).

Ainsi, ce qu’a fait la ville de Paris, sous l’impulsion notamment de Bertrand Delanoë mérite d’être salué.

« Bertrand Delanoë, le maire (PS) de Paris, a tenu à l’annoncer lui-même hier à l’Hôtel de Ville : à partir de juillet, le mètre cube d’eau potable passera de 1,0464 € à 0,9627 € dans la capitale. Soit une baisse de 8%, alors que Paris est déjà une ville où l’eau est la moins chère en France. « Une baisse historique, n’a pas hésité à lancer Bertrand Delanoë. Depuis vingt-cinq ans, l’eau n’avait cessé d’augmenter à Paris : de 260% depuis 1985. C’est la première fois qu’une baisse intervient. » Pour le maire, c’est sa décision de remunicipaliser l’eau — en mettant fin aux contrats privés de distribution détenus par la Lyonnaise des eaux et Veolia — qui a permis faire baisser le prix. »

Il faudrait faire pareil avec la bière.

10 commentaires:

  1. Oui, ça mérite d'être salué, en effet...
    (et les contradictions plus hauts aussi)

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  2. Les mauvais esprits vont te dire que delanoé prépare sa réelection. N'a-t-il pas de la même façon fait baisser le prix de l'amende pour non ramassage de crottes de chien, de 180euros à 35 ? :)

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  3. d'un autre côté delanoé privatise la collecte des déchets... le PS n'est jamais très clair avec ces histoires de service public mais cette remunicipalisation de l'eau est à saluer !

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  4. "on voit des gugusses « exiger » le maintien de bureaux de poste dans des trous mais qui n’hésitent pas à faire 20 bornes en bagnole pour acheter la bouffe à l’hypermarché de la ZAC de la sous-préfecture. C’est ainsi qu’on a des gens qui gueulent pour un service public de proximité pour acheter des timbres mais qui, culturellement, n’arrivent pas à imaginer qu’un service public de la bouffe serait largement plus important."

    Clap clap clap.
    Le service public de la bouffe est plus ou moins mis en oeuvre par les mairies qui font des appels d'offres pour attirer un boulanger, ou un cafetier-épicier vendeur de Ouest France. La plupart du temps, le commerce s'étiole, comme s'il était trop tard. Je plaide coupable, tout en râlant contre les supermarchés.
    J'ai vu mes parents faire des efforts pour acheter leur viande et leur épicerie alternativement chez l'un ou l'autre des commerçants du quartier, pour faire travailler tout le monde et n'être mal avec personne.

    Je ne sais pas si on peut inverser le courant. Déjà, pour les villes, c'est dur pour les petits commerces. Alors, dans les trous paumés...

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  5. Suzanne,

    1. Ce ne sont pas des services publics (dans le sens où ils ne sont pas assurés par la collectivité). Mais c’est bien l’intérêt public !

    2. C’est une catastrophe d’un point de vue économique (moins de salariés et revenus plus bas).

    3. On ne pourra pas inverser le courant. Des patelins entiers meurent. Je suis passé pendant les vacances, il y a trois ans à Châteauroux ou Châtellerault (je confonds toujours les deux) : c’est mort. Loudéac vient de se munir d’une Zone Commerciale. Le centre ville meurt peu à peu. Des commerces improbables viennent et durent quelques temps. Tiens ! On a deux chocolateries, pour 10000 habitants, en Centre Bretagne… Ils ne pourront pas tenir plus d’un an (après, il faut payer les charges…). Même si la mairie payait les locaux…

    4. Par contre, les livraisons pourraient se développer et des services proposés par les supermarchés (c'est déjà le cas, mais le progrès technique laisse une marge de progrès importante). (mais ça ne résoudra pas le problème, je ne vais pas appeler Carrefour quand je veux boire une bière avec des gens ailleurs que chez moi).
    5. Heureusement qu’il y a des Kebab et des boucheries Hallal.

    6. Vous m’obligez à répondre du bureau, je suis donc obligé de m’envoyer la réponse par mail, de sortir, de copier le mail dans les commentaires du blog… (ce qui est plus pratique que de taper tout ça sur l’iPhone).

    Gaël,

    Oui, il faut saluer.

    Seule la moitié de la collecte à Paris est privatisée et c’est Chirac qui avait commencé à le faire suite à la grève des éboueurs à Paris au début des années 80. Delanoë a juste confier au privé la collecte dans deux arrondissements supplémentaires suite à un rapport accablant concernant ses services et les taux d’absentéisme, le coût, … S’ils veulent subsister, les agents des services publics doivent aussi jouer le jeu. Un nouveau rapport vient de tomber, de la cour régionale des comptes (je crois), mais est basé sur des informations fausses (la cour en question a accepté les réponses de la mairie). Du coup, Internet est bombardé de fausses informations avec des communiqués de presse bidon.

    C’est un sujet que je connais bien (enfin, moins que toi, évidemment), ayant été spectateur de la « remunicipalisation » à Bicêtre, à la fin du siècle dernier (le responsable de la boite privée qui a été virée, un con, était copain du patron de la Comète).

    Mais il y aurait d’autres scandales à dénoncer, comme la gestion des marchés hebdomadaires (trois à Bicêtre) par des boites privées : si je disais le quart de ce que je sais, je finirais en prison pour diffamation…

    Corto,

    Il ne se représente pas et les élections sont en 2014. En même temps que les territoriales (et Huchon aura fait trois mandats à la région…).

    FalconHill,

    Oui !

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  6. termine pas en prison ce serait con :)

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  7. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  8. Pour les petits patelins, en Savoie, on voit le mouvement inverse : après une très forte désertification dans les années 70, 80, on voit l'installation d'énormément de néo ruraux dans les communes à plus ou moins 30 km d'un centre où il y a du boulot. Je pense que cela tient au maillage économique plus performant en Rhône-Alpes que dans la région centre. Je crois que Rhône-Alpes est une des régions les plus riches de France.

    N'empêche que dans le bled de mes parents, ces dernières années, on a vu se réinstallé un resto, qui fait un peu tout, dépôt de pain, journaux, tabac...et d'une coiffeuse. Les premiers commerces depuis bien des années...

    Là où il y a du boulot, il y a de la vie...

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  9. Il y a une idée qui me trotte dans la tête depuis qq jours, j'en ferai peut-être un article mais sans doute que non. On est dans une logique ultra-libérale en ce moment.
    Les banques se crashent par manque de professionnalisme, les Etats sauvent les banques à coup de milliards d'euros et s'endettent.
    Les agences de notation, propriété des banques, déclassent les pays maintenant surendettés. Et pour s'en sortir, les pays privatisent les derniers services publics (la santé par ex.) au profit des banquiers.
    Ça s'appelle une arnaque où je ne m'y connais pas ! :-))

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  10. C'est une arnaque ! De même que ce blog où le taulier ne répond pas à tous les commentaires...

    CC,

    Tant que le coiffeur ne vend pas de poisson...

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