27 août 2012

Parti Socialiste : et maintenant ?

L'Université d'Eté du Parti Socialiste est terminée depuis hier midi. Martine Aubry a prononcé le discours de clôture au cours duquel elle a tourné la page, non pas celle de sa présence à la tête du machin mais de la vie politique.

Page précédente : on a travaillé pour gagner les élections. Toutes.
Page actuelle : on est au pouvoir, il faut bien en faire quelque chose.

Elle a d'ailleurs dessiné la page suivante : il faudra un deuxième mandat pour François Hollande.

Au cours de cette Université d'Eté, j'ai assisté à différents ateliers où j'ai vu différentes personnalités bosser ensemble. Voir Manuel Valls succéder à Benoit Hamon n'avait rien de choquant tout comme voir Gérard Filoche pendre la suite de Michèle Sabban... Comme promis, je reviendrai sur ses ateliers, mais tout ce que semble retenir les médias, aujourd'hui, semble tourner autour de Martine Aubry.

Tiens ! Le journal local que je lisais ce matin disait que les militants n'avaient parlé, dans les « off », uniquement de la bataille entre les deux principaux rivaux à sa succession. On se demande si les médias écoutent bien ce que disent les militants quand ils boivent une bière, sur le port... A la limite, ce qu'espèrent les militants est, contrairement à ce qui est écrit ici ou là, que MartineAubry rempile : personne ne voit Harlem Désir ou Jean-Christophe Cambadélis assurer une présence dans les médias pendant quatre ans en tant que chef du principal parti de la majorité...avec pour principale mission de casser les glandus de l'opposition.

Les commentateurs sont parfois à l'ouest.

Tiens ! Au cours de son discours, Martine Aubry a rendu un vibrant hommage à Ségolène Royal ce qui était assez incongru vu que la plupart des bénévoles travaillant pour l'Université d'Eté du PS avaient probablement soutenu Olivier Falorni !

A la veille du départ de Martin Aubry, cet hommage fera rire le cynique, quand on sait la rivalité entre les deux femmes, notamment au lendemain du congrès de Reims, quand elles ont failli se renvoyer devant les tribunaux avec ces histoires de – vraie ou fausse – tricherie.

Le cynique ferait mieux de ranger sa moquerie dans sa poche : tout le monde s'en fout. D'ailleurs, Martine Aubry a aussi été fort aimable envers deux anciens ennemis, François Hollande et Arnaud Montebourg, ce qu'a bien noté la presse qui voulait souligner l'humour de la future peut-être ex Première Secrétaire ; histoire de faire plaisir à ses lecteurs.

Pourtant, l'heure est bien venue de jouer au bisounours : on est une grande famille, tous unis. De toute manière, le candidat pour 2017 sera probablement François Hollande. Chaque cadre du Parti devra le soutenir jusque 2017 à moins de passer pour un traitre et un gros con, se grillant définitivement pour un avenir politique national. Si François Hollande est réélu, ça ne sert à rien de s'engueuler avant les primaires pour l'élection de 2022,...

Dans son discours, Martine Aubry a dit un tas de chose qui n'a pas été repris dans les médias. J'en relève deux.

La première est qu'elle a donné un rôle au Parti et surtout aux militants. Je ne vais pas m'étendre sur le sujet mais ça me paraît important. Les militants doivent servir d'intermédiaire entre les élus et les électeurs, pour transmettre l'information, dans les deux sens. Au boulot, braves gens...

A priori, vous êtes peinards jusqu'en 2021 sauf si on merde maintenant, tout s'arrêtera en 2017.

Martine Aubry a dit qu'elle voulait un second mandat pour François Hollande. Ce n'est pas gagné. La politique menée doit être en conséquence (sortir de l'insécurité sociale, physique, économique, …) et le PS doit réapprendre à parler aux classes populaires et tout ça (c'est moi qui précise, je ne sais plus exactement ce qu'a dit Mme Aubry).

La deuxième est qu'elle a parlé d'Europe. Ce qui me choque est que les médias disent qu'elle n'a que survolé le sujet.

Elle en a parlé à deux occasions. La première est vers la moitié du discours (environ 1/8ème de la durée de ce dernier), à propos de l'économie, des traités et tout ça. Elle conclut ainsi : « Chers camarades, l'Europe a changé de direction. Il reste beaucoup de combats à mener pour qu'elle redevienne une grande idée et pas seulement un grand marché. Nous mes mènerons. » Bref, lutter contre l'Europe à la Merkozy,...

La dernière est juste avant la conclusion, à propos de ce que doit faire le parti. Je vous recopie ci-dessous (à la main!) un extrait (à partir du script du discours, diffusé aux journalistes au format papier, à la fin du discours, seul le prononcé fait foi et tout ça), ce qui fait qu'au total 20% du discours furent consacrés à l'Europe. Le journaliste qui n'a pas remarqué ça est prié de le réécouter 5 fois.

« Enfin, nous devons européaniser le Parti Socialiste français, autrement dit inscrire notre action dans le cadre européen autant que celui de l'hexagone.

Je le dis comme je le pense car je l'ai constaté : nous pensons, nous proposons, trop souvent franco-français. Que l'on me comprenne bien : il ne s'agit nullement pour nous, socialistes français, de renoncer à ce que oous sommes et à nos valeurs […]. Certainement pas et moins que jamais dans la mondialisation où la tendance au moins disant fait rage. Mais qui peut penser que c'est en restant à Paris que nos analyses et nos réponses se diffuseront au sein de la gauche européenne ? »

Je vais reprendre une bière le tant que vous puissiez ingurgiter tout ça. Je résume néanmoins : tous ceux qui pensent qu'on pourra faire bouger l'Europe en vitupérant pendant des meetings sont des clowns.

« Là aussi, poursuivons le chemin engagé ces dernières années. C'est parce que nous les avons défendues au sein du Parti socialiste Européen que les idées de « juste échange », de croissance socialeécologique ou encore d'intervention directe de la BCE dans la crise des dettes souveraines au point de figurer, désomais, dans les textes de tous les socialistes et et sociaux-démocrates européens. » Je résume : grâce à notre actions, les autres partie de gauche sont sur la même longueur d'onde que nous. A ce stade, elle a rendu hommage à Catherine Trautmann qui a beaucoup bossé pour cela.

« Les élections Européennes auront lieu en 2014 et elles marqueront un rendez-vous majeur dans le combat idéologique et politique contre la droite libérale, conservatrice et autoritaire : donnons-nous l'objectif de bâtir de premier vrai programme commun des socialistes européens, les mêmes objectifs précis et concrets portés par tous nos candidats dans les vingt-sept pays membres de l'Union ! »

Excusez du peu : en fin de discours, Madame Aubry donne la grande orientation du PS au niveau national pour la première année de la future équipe : préparer les élections européennes (juin 2014) pour que les différents partis socialistes et apparentés bossent ensemble pour un programme commun pour le Parlement Européen pour les cinq prochaines années.

On se demande si elle pense à quelqu'un pour faire le boulot...

« Et donnons-nous les moyens d'élire un même candidat pour l'élection du président de la Commission Européenne ». Elle pense à quelqu'un ? « C'est à cela que doit œuvrer, inlassablement le Parti Socialiste pour réorienter l'Europe ».

« C'est avec la même ardeur que nous voulons rénover l'Internationale Socialiste ». Ah ! Voilà du boulot pour Ségolène Royal. Ceux qui la donnaient placardisée, voire ceux dont je parlais en début de billet (les cyniques) peuvent peut-être aller se coucher...

Petit 1 : un programme commun aux européennes.
Petit 2 : un candidat commun des partis de gauche pour la Présidence de la Commission./
Petit 3 : la poursuite du travail au niveau international dans un cadre plus large que l'Europe...

Au boulot !


19 commentaires:

  1. Thanks !
    On sort des gargouillis que j'ai lus-entendus jusques à présent.
    Bz

    RépondreSupprimer
  2. On en parlait ce matin au petit dej avec mon compagnon, on se disait que si elle était intelligente, elle viserait l'Europe: CQFD

    RépondreSupprimer
  3. Martine avait en son temps évincé Ségolène de main de maître, mais d'adversaire à adversaire malgré tout. Mais que Ségolène Royal, ce qu'elle est, ce qu'elle a fait au P.S. avec et sans Hollande, et ce qu'elle représente, ait été bassement renvoyé dans les cordes par quelqu'un qui, finalement, se révèle être une idiote, c'est déplorable et c'est exactement ce que reconnait Martine Aubry. J'espère Nicolas que tu ne te trompes pas en lui augurant un bien mérité meilleur avenir.
    Sinon, l'Europe, bon. mais "qui peut penser que c'est en restant à Paris que .." révèle ce trait commun à tous les politiques dès qu'ils sont élus : tout à coup ils s'envolent vers les hautes sphères, même Paris fait province .. les blogs nous prouvent pourtant que ceux qui votent ne sont même pas tous à Paris !


    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Une idiote, pourquoi ? C'est quand elle "était" à la tête du PS que ce dernier a tout gagné... Elle n'a pas renvoyé SR dans ses cordes, elle s'est arrangée pour lui refiler la Présidence de l'AN (mais c'est parti en couilles). MA et SR ont besoin de s'entendre pour leur avenir vu qu'elles ne peuvent plus monter plus haut en France...

      Et c'est pour ça qu'elles doivent s'entendre, ou s'unir, pour viser l'international.

      Supprimer
    2. Je me suis mal exprimée : l'idiote n'est pas Martine, je lui reconnais la victoire dans une bataille, l'idiote est Valérie T. J'aurais dû mettre un interligne après la 1re phrase.
      Je suis complètement d'accord avec toi.

      Supprimer
    3. Faudrait lui lâcher la grappe à mémère. Il l'y a qu'un microcosme qui pense que ses actions ont de l'influence.

      Supprimer
  4. il pleuvait sur Melle quand j'y suis passé vendredi soir

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Qu'est-ce que Hollande foutait là ?

      Supprimer
    2. il savait que j'allais à Royan donc il m'a demandé un bout de chemin vers la Rochelle ;)

      Supprimer
  5. Avant d'envisager un second septennat, il faudrait peut-être songer à commencer celui-ci.

    Tout cela, de toute façon, c'est du bruit pour tenter de camoufler qu'il ne s'est strictement rien passé à La Rochelle ce week-end.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Que voudriez vous qu'il se passe ? (à part de la communication, donc du bruit).

      Hollande a commencé le quinquennat. Il attend un peu pour le septennat.

      Supprimer
    2. Ah oui, merde ! Mon côté passéiste, je suppose…

      Supprimer
  6. T'es au courant quand même qu'au parlement européen, le PSE et le PPE votent ensemble dans 97% des cas ? (il y a beaucoup de trucs techniques mais quand même...)

    Je t'invite aussi à t'interroger sur le fait que ça fera bientôt 30 ans que le PS dit qu'il faut passer par l'europe pour la changer, et 30 ans que l'europe mène une politique plus néolibérale à chaque fois... (cherche donc dans les archives des discours PSocialistes concernant l'europe...)

    je sais bien que j'ai une bonne mémoire, mais que diable, je ne suis quand même pas un éléphant entouré d'un troupeau de Dory !

    La dernière fois, on avait un premier ministre sympathique, qui venait de remporter une sympathique election suite à une dissolution (heureusement) foireuse... Peu après, nous avions 12 (peut être même 13, j'ai la flemme de chercher) sur 15 gouvernements relevant du PSE ! Ce n'était même plus une vague, mais un ras de marée rose en europe! Qu'est ce qui en a été fait pour, je cite "qu'elle redevienne une grande idée et pas seulement un grand marché", et pour (toujours au niveau de l'europe) "sortir de l'insécurité sociale, physique, économique, …" ?

    Bref, quand bien même les PSocialistes européens gagneraient les européennes de 2014 (ce que je demande à voir), je vois mal ce qui en ressortirait concrètement de plus qu'à la dernière occasion... d'autant plus que la gauche n'a JAMAIS été majoritaire au parlement européen (il y a toujours eu une majorité de la droite et du centre) et que l'arrivée en 2004 puis en 2007 de pays où, dans un certain nombre d'entre eux, parler de "gauche", c'est vu comme être pour le retour à l'ère des républiques Socialistes, n'a pas arrangé les choses pour la gauche en europe et pour le PSE en particulier. Va voir le résultat des elections en Pologne, en Estonie, ou en Bulgarie (j'en oublie...) et pleure avec moi...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. À part ça on fait quoi ?

      Supprimer
    2. t'as pas une réponse un peu plus longue ?

      Supprimer
    3. Pourquoi veux tu ?

      Tu ne me proposes rien, pas de solution alternative. Tu vas me dire qu'il faut refuser le futur traité mais ça changera quoi ? Tu nous expliques que la gauche ne sera jamais majoritaire. Tu penses donc qu'il faut sortir de l'Europe ? Écris-le?

      Tu n'as pas confiance dans les socialistes français et as probablement raison. Mais d'autres forces de gauche n'ont strictement aucune chance d'arriver au pouvoir en France. Ne me dis pas le contraire alors que tu viens de me faire une théorie sur le fait que les socialos n'avaient aucune chance d'être majoritaire en Europe.


      Enfin, tu me parles d'une vieille époque. Deux crises majeures nous sont tombées sur la gueule (celle de la bulle informatique et celle que nous subissons depuis 2008, en gros). Interdis tu aux dirigeants politiques de changer en conséquence ?

      Enfin, si tu suis mon blog depuis longtemps, tu y verras que j'ai toujours pensé que la victoire de Hollande permettra d'insuffler quelque chose pour permettre le changement dans d'autre pays, y compris en Allemagne. Je ne vais pas changer d'avis maintenant. Je ne suis pas une girouette.

      Supprimer

La modération des commentaires est activée. Je publie ceux que je veux. On ne va pas reprocher à un journal de ne pas publier tous les courriers des lecteurs...