18 juin 2023

Le petit vélo des écolos !


 

Je ne crois pas être moins écolo que les écolos officiels. Par exemple, je ne prends pas l’avion pour aller à des meetings politiques et je ne voyage pas pour aller manifester pour ou contre tout et n’importe quoi. Je n’ai pas de voiture et je voyage surtout en transport en commun et à vélo. J’habite à mi-temps dans un appartement récent et, pour l’autre mi-temps, dans une maison bien isolée. Dans les deux, je pisse sous la douche. Ouuuuh ! Si je puis me permettre. Je veux bien admettre certains défauts : je regarde beaucoup de films en streaming ce qui est très mal, certainement, et si tous les habitants de la planète mangeaient autant de viande que moi, la fin du monde arriverait certainement avant la fin de la journée.

J’aime bien, quand même, me moquer des écolos. Je me rappelle par exemple un copain blogueur qui donnait beaucoup de leçons mais habitait un vieux pavillon de proche banlieue et prenait sa voiture pour aller travailler. Depuis un an, j’ai fait beaucoup de billets pour défendre le nucléaire, ce que je fais au nom de l’écologie. Je veux bien qu’on se foute de ma gueule. Je ne suis pas méchant. Tant que je peux me foutre de celle des Allemands, par exemple, qui ont dû remettre en services des centrales à charbon pour supprimer celles nucléaires.

 


Dans le blog, il y a bientôt dix ans, j’ai beaucoup défendu Notre-Dame-des-Landes, y compris au nom de la défense de l’environnement. Construire un aéroport à l’extérieur de la ville allait permettre de limiter l’étalement urbain de cette dernière, notamment en récupérant une partie de l’espace de l’ancien aérogare. Il allait permettre de limiter la pollution et les dangers de l’aviation « en centre-ville ». Il allait aussi permettre de protéger des zones qui auraient dû rester naturelles, comme l’étang de Beaulieu.

Le nouvel aéroport allait permettre de limiter « la pollution directe », par l’organisation des pistes qui allaient permettre de « diminuer le roulement » (éviter que les avions doivent « remonter » la moitié de la piste avant de prendre leur élan, au décollage, et rouler d’un bout de la piste jusqu’à l’aérogare à l’atterrissage.

Certains arguments des écologies méritaient qu’on s’y attache. Par exemple, on allait faire peur aux salamandres, pour vous dire. D’autres, par contre, étaient franchement mensongers… J’avais des collègues nantaises qui étaient persuadés que la construction allait provoquer la suppression du marais de Brière, certains n’hésitant pas à les assimiler à la Venise verte, à savoir les marais poitevins, si ma mémoire est bonne.

Les arguments financiers les dépassaient complètement, par contre. Le premier concernait le coût de l’aéroport alors que ce dernier serait à la charge de Vinci (et ne dépassaient pas vraiment celui de la nécessaire réhabilitation de Nantes Atlantique, seule solution de remplacement possible). Le suivant concernait les coûts à la charge de la collectivité alors qu’ils étaient composés essentiellement d’aménagements nécessaires, indépendamment de l’aéroport, comme une ligne grande vitesse entre les deux « capitales bretonnes ». Le troisième concernait l’architecture financière vu que les PPP (partenariats publics privés) alors que, cette fois, on s’en foutait beaucoup (un aéroport n’est pas un service public : il sert à des compagnies privées). Le dernier était relatif à la pérennité du transport aérien (un investissement inutile) comme si les compagnies privées allaient investir pour un machin sans avenir (sans compter que les écolos se basaient sur l’augmentation du trafic aérien pour justifier les travaux à Nantes Atlantique).

 


Ils ont réussi à « monter des ZAD » et à obtenir la sympathie du public vu que toutes les actions contre le pouvoir en place a un côté jouissif. Cela n’est pas sans rappeler les manifestations d’hier, interdites, par ailleurs, pour lutter contre le « Tunnel Lyon Turin » et qui ont provoqué une espèce d’extase dans mon Twitter. Il faut quand même rappeler que ce projet était défendu par les écolos français, il y a une vingtaine d’années pour des raisons qui semblent évidentes et qu’on fustigeait les écolos italiens qui ont retourné leur veste depuis.

Le combat écologique est bien souvent un combat à géométrie variable. Il aurait sans doute fallu que le gouvernement Macron enterre ce projet pour que nos braves militants crient au loup… Les combats des opposants ont bonne presse. Ils sont si sympathiques… Si leurs arguments n’étaient pas à moitié foireux, ils ont au moins le mérite de motiver tous ceux qui ne pensent qu’à lutter contre le pouvoir en place.

Et je dois dire que c’est bien pour Macron, il n’avait qu’à pas céder à NDDL. Je me fous de ce tunnel mais je me demande s’il est bien intelligent de lutter contre un projet qui va permettre de favoriser le fret ferroviaire par rapport au transport en camion.

 

Cela n’a rien à voir mais je me suis pris la tête, cette semaine, avec des copains – des vrais – au sujet du vélo contre la voiture. J’adore m’engueuler avec des copains quand on est d’accord et que le seul sujet qui pousse à discuter est leur manque de mesure. A la base nous parlions des automobilistes rennais qui ronchonnaient car la situation était devenue très difficile et qu’il n’était plus possible de trouver un stationnement gratuit.

Le fait est que j’étais parfaitement d’accord avec les copains : les automobilistes peuvent aussi prendre des stationnements payants, utiliser d’autres moyens de locomotion et, surtout, qu’on ne peut pas faire grand-chose contre l’impossibilité de circuler : s’il y a trop de voitures, il y a trop de voitures… Je pourrais même argumenter longuement pour défendre la politique d’Anne Hidalgo, à Paris.

Par contre, les copains refusaient le droit aux automobilistes d’être mécontents… Or, ils ont parfaitement le droit de l’être s’ils avaient l’habitude de venir à Rennes en voiture et ne peuvent plus le faire. Qu’ils ne puissent plus le faire à cause de la circulation est un fait mais qu’ils aient le droit de gueuler en est un autre. Et c’est bien ce que je reproche aux écolos. Non seulement, ils veulent nous obliger à changer de mode de vie mais en plus ils voudraient qu’on soit contents. Autant qu’on enlève notre selle pour circuler à bicyclette, aussi…

Les arguments des écolos entrés dans notre discussion frisaient la plus profonde bêtise. Ils citaient des articles de presse ne parlant pas de Rennes et d’autres qui disaient que les « banlieusards » préféraient de toute manière faire leurs courses « en périphérie » alors que ceux du centre voulaient faire leurs achats près de chez eux.

 Il n’empêche qu’on s’en fout : la circulation automobile est de plus en plus pénible. Mais pourquoi se braquer ?

 


Il faut aussi se mettre à la place des usagers, parfois. Par exemple, moi. Un très bon exemple. Je n’ai pas une santé parfaite et je n’ai pas la capacité à faire de la route à vélo dans une grande ville (trop peur des autres, de la distance…). D’autres ont besoin de leur voiture pour transporter des achats. D’autres pour véhiculer des proches en difficulté. Moi qui habite en ville (dans deux autres villes, en fait), je suis obligé d’aller à la boulangerie à pied ou à vélo ce qui est souvent, tout de même, une perte de temps (au lieu de consacrer cinq minutes à un trajet, vous voila bloqués une demi-heure). Récemment, je suis allé acheter des fringues à Loudéac. Je n’ai pas de voiture donc n’avais pas trop le choix : je suis allé à vélo. Je n’ai pas trouvé une place où garer ce dernier tout en pouvant mettre le cadenas pour éviter les vols… A la limite, si j’avais eu une voiture, j’aurais pu me garer dans un parking près du centre…

Retournons à Paris. En quelques années, les cyclistes sont devenus des vrais dangers pour les piétons. On les voit foncer sur le trottoir où il y a une vague piste cyclable indiquée et utiliser leur espèce de sonnette pour faire dégager de pauvres marcheurs apeurés. Ils méritent des baffes ! D’ailleurs, certaines collectivités s’en rendent compte : dans ma commune de banlieue, ils ont supprimé certaines pistes cyclables (vous pouvez relire mes archives dans Facebook, j’ai toujours milité contre celles près de chez moi).

Quand j’allais souvent à l’hôpital, je devais prendre le bus à côté de l’Ile de la Cité (rue du Petit-Pont, je crois) : il fallait traverser la piste cyclable pour monter dans le bus. C’était l’enfer tant certains cyclistes sont réellement des cons. Ils ont une piste, ils s’y croient prioritaires. Les automobilistes, sur les rues qui leurs sont réservés, laissent passer les piétons, au moins !

 


Je prends aussi souvent le taxi (de moins en moins, ma santé s’améliore mais être privé d’une partie des éponges ne militent pour l’utilisation des transports soit en commun soit alternatifs), j’ai remarqué qu’on était souvent emmerdés par les mêmes cyclistes. On le voyait aussi en bus, d’ailleurs. Les vélos ont le droit de circuler dans les voies de bus et se les accaparent. L’autre jour, une vidéo a fait le buzz avec Sandrine Rousseau s’attaquant à un chauffeur de taxi pour défendre un vélo. Je ne sais pas qui avait raison mais je comprends parfaitement l’exaspération du taxi. Les lascars d’arrêtent pour déposer un client, se font dépasser par un roi de la pédale qui, ensuite, va les empêcher d’avancer…

 

Pour conclure, j’ajouterai que l’écologie ne doit pas être « antiscience ». On ne parle plus trop des OGM et je n’ai jamais été pour. Cela ne empêche pas de penser que si modifier quelques gènes permet d’éviter l’utilisation de pesticides ou de diminuer la consommation d’eau, cela mérite tout de même une étude.

Sans compter que seule la science pourrait nous permettre de nourrir toute la planète, pas le fait d’interdire les entrecôtes.

Enfin, il n’est jamais bon de se mettre la population à dos. Imaginons la petite dame qui habite la vallée de la Maurienne et voit tous les jours des centaines ou des milliers de camions passer devant chez elle alors qu’elle n’est pas concernée par les marchandises transportées, elle peut légitimement penser que les biens en question pourraient être dans des remorques posées sur des rames de train circulant des dizaines de mètres au dessous…


Pour ma part, je préfèrerais prendre la voiture pour aller au bureau mais je sais que ce n'est pas possible de faire deux fois par jour le trajet entre le Kremlin-Bicêtre et Nanterre. 

Ce n'est pas une raison pour que je tolère les donneurs de leçon qui m'engueulent. Surtout par des andouilles qui habitent des pavillons mal isolés. 

C'est vrai qu'il est moins polluant et plus facile de faire un tweet qu'un billet de blog.


17 commentaires:

  1. En cherchant des illustrations pour ce billet, je suis tombé sur des andouilles qui manifestaient, couchés sur la chaussée, contre la suppression des pistes cyclables près de chez moi. Vraiment des cons : ils faisaient chier les piétons et sont maintenant bien emmerdés...

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  2. " Non seulement, ils veulent nous obliger à changer de mode de vie mais en plus ils voudraient qu’on soit contents "

    C'est le principe même de toutes les dictatures, ça ! Et il n'y a pas de raison que les ecolodéments, parfaitement totalitaires d'esprit, réagissent autrement que leurs glorieux aînés du XXe siècle...

    DG

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    1. Oui mais ils commencent à être nombreux…

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    2. Notre mode de vie est en train de changer de manière intangible par les prix et la déplétion des ressources, créant une société à deux vitesses.

      Le seul autoritarisme que je vois, c'est celui de ces gens qui sont au pouvoir. Alors, tapez sur les écolos qui n'y sont pas en dehors de quelques bêtes de foire, ça vous sert à quoi, en dehors de vous faire plaisir.

      40° en Sibérie : on ne pourra pas éternellement vivre de la même manière dans les années à venir.

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    3. Tu n’as pas lu mon billet.

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    4. Vous en connaissez beaucoup, dans l'histoire du monde, des sociétés "à une seule vitesse" ?

      C'est typiquement une de ces formules figées qui sont censées être "éclairantes" et n'expliquent en fait rien du tout.

      Quant aux écolos, en tout cas ceux qui ont table ouverte dans les journaux et sur les plateaux de télé, ils me semblent assez proches de l'effondrement intellectuel total. On pourrait leur appliquer ce que Montand, vers la fin de sa vie, disait de lui-même et des autres "compagnons de route" : « Nous avons été cons et dangereux. »

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    5. Cela dit, je revendique le fait de vivre dans un pavillon mal isolé.

      Et, en plus, je laisse couler le robinet à plein tuyau quand je me brosse les dents, juste pour le plaisir mauvais de niquer sa race à cette putain de planète !

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    6. Depuis quand vous vous lavez les dents ?
      NJ

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    7. Depuis que j'ai besoin d'une excuse pour laisser couler le robinet.

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    8. Il y a quand même plus simple. Moi, par exemple, je pisse sous la douche pour économiser l’eau des toilettes mais je laisse la douche couler en permanence pour éviter de rincer à chaque fois.

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    9. L'effondrement, c'est celui des gouvernants aujourd'hui au pouvoir : un taux d'industrie à peine supérieur à la Grèce ; des décisions prises par des cabinets conseil américains qui nous confinent à l'autodestruction, bradant nos intérêts et notre souveraineté. En quoi les écolos sont responsables de la bêtise des élites ? Les maires de Grenoble et de Bordeaux sont des guignols qui ont vu de la lumière électorale s'allumer au vert. Et ces élites n'ont même pas besoin de ces gugusses pour saborder nos intérêts.

      Les écolos, cher Didier Goux, sont devenus votre modèle obstacle. Il fallait un jour que je vous la ressorte, n'est-ce pas ? Vous sombrez dans l'irrationalité la plus totale.

      Nicolas, désolé, je répondais à DG.

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    10. Je pense qu’il se fout de ta réponse mais comme c’est toi qui parles d’irrationalité…
      NJ

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    11. C'est quoi, déjà, ce proverbe à base d'hôpital et de charité, l'un se foutant de l'autre ?

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    12. Denis, j'ai enfin trouvé un clavier (et le temps qui va avec pour te répondre). Didier commentant mon billet, je ne vois pas comment tu peux lui répondre sans même avoir lu mon billet. Et, justement, tu ne l'as pas lu. Je parle par exemple du tunnel qui était demandé par les écolos et qui maintenant chient dessus ce qui fait qu'ils perdent toute crédibilité, d'autant qu'on va faire prendre des décennies de retard pour un projet visant à limiter les transports par camion.
      Tu parles d'industrie en retard ? Mais les écolos refusent l'industrialisation.

      Irrationalité...

      Je te passe le fait que pour les législatives, les écolos ont accepté de s'asseoir sur les décisions européennes pour avoir des postes alors que l'environnement ne peut progresser que par le renforcement de contraintes internationales qui ne nous mettent pas à la ramasse par rapport aux autres alors que l'écologie politique française s'est depuis toujours désigné un seul ennemi : le pouvoir en place.

      Les maires dont tu parles sont salvateurs : ils nous rappellent que TOUS les écolos sont des guignols même si des actions locales peuvent parfois être louées...

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    13. Ah merde ! J'ai oublié de publier les commentaires avant d'en ajouter un...

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  3. Excellent billet, riche et argumenté. Les écolos sont aujourd'hui obscurantistes et motivés par une haine qui ne les rend plus trop sympathiques, mais inquiétants.
    Le climat et la nature ils s'en foutent. Mais l'ordre les dérange, le travail les dérange, l'humain les dérange.

    D'ailleurs, les zadistes du tristement renoncement de l'état NDDL n'étaient en rien sympathiques : c'étaient une bande de délinquants dangereux.

    Excellent billet.

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