24 janvier 2024

Les paysans dans la campagne

 


Leon Deffontaines, chef de file PCF pour les élections européennes, a déclaré dans Twitter (ou dans X, je ne sais plus) : « "N'importons pas ce que l'on interdit en France" Cet agriculteur a tout dit ! Il est urgent de sortir de ces traités libéraux européens mortifères pour notre agriculture en France. Permettons à nos agriculteurs et agricultrices de vivre dignement de leur travail ! »

Quand j’ai pris mon Txitter pour consulter les réactions des personnalités politiques à propos des manifestations dans le monde agricole, je m’attendais à lire des conneries comme les propos ci-dessus d’un guignol qui critique dans la même phrase les interdits et le libéralisme…

Les âneries les plus faciles à trouver étaient de la part de la cheffesse des écolos : « Je soutiens à 200% le mouvement des agriculteurs, tout comme une très large majorité d'écologistes, les sondages le montre. C’est logique. La réalité c'est que nous sommes alliés naturels, sur beaucoup de sujets et depuis longtemps. » Je rigole toujours quand je vois des écolos défendre les paysans, ces écolos à l’origine de la plupart des normes qui sont dénoncées et qui sont des acteurs majeurs (heu… Voila que je me laisse encore emporter) de la construction européenne.

On va dire que je suis tordu mais la protection de l’environnement passe aussi par la généralisation internationale de contraintes et donc des mesures européennes visant à les uniformiser pour tous les agriculteurs.

Le chef de LR a eu un moment d’égarement puisqu’entre deux publications pour taper sur les immigrés, il en a envoyé une de soutien au monde agricole suite à l’incident tragique d’hier. Et il a écrit à Emmanuel Macron, aussi. Il est mignon notre dernier patron de ce qui reste des vieux partis chiraquiens quand il essaie de récupérer les agriculteurs.

Jordan Bardella n’est pas en reste. Un de ces dernies Xwitter : « Je souhaite que l'avantage fiscal sur le GNR soit préservé, et je souhaite, dans une logique de transmission, que l'on puisse abroger quasiment totalement les droits de succession sur les exploitations agricoles, à la condition de garder l'exploitation. » Il a sans doute raison de critiquer la politique fiscale du gouvernement mais pourrait rappeler que les l’abrogation des droits de succession profitera essentiellement aux gros exploitants (ou du moins à leurs rejetons) et pas « aux petits qui souffrent ».

 

Ils sont bien charmants, nos politiciens (je suis allé voir trois ou quatre guignols au hasard, j’imagine qu’ils sortent tous les mêmes sottises comme Mathilde Panot qui, après avoir défendu un plafonnement des prix, gueule maintenant contre le gouvernement qui n’a pas mis en place des prix planchers pour garantir les rémunérations des paysans) à soutenir les agriculteurs ! Qu’en serait-il si on n’avait pas des élections européennes dans quelques mois ?

 


On pourrait dire que je suis assez d’accord avec la position des socialistes (dans le clavier d’un de leurs députés) : « Les agriculteurs souffrent plus du libéralisme que des normes ! Les démagogues veulent casser le #PacteVert #UE, les @socialistesAN luttent contre la concurrence déloyale, pour le partage de la valeur & celui de la terre. Economie et écologie même combat ! » mais cette opposition entre le libéralisme et les normes me fatigue. Il faut arrêter de lancer des slogans dans les réseaux sociaux.

Les agriculteurs, par exemple, souffrent du niveau des taxes sur le gazole ce qui semble être un des principaux motifs de la grogne d’aujourd’hui vu les augmentations de début d’année. Taxer n’est pas du libéralisme, bordel !

 

Le plus drôle, dans cette histoire, est que les paysans n’annonceront leurs revendications que cette après-midi. On ne sait même pas vraiment pourquoi ils manifestent.

Je propose : il faut que les normes soient partout les mêmes en Europe et que les importations, à son entrée, permettent de contrebalancer les différence. Ca va déplaire, je sais. Mais nous avons des élections européennes à gagner et il faut bien que l'on y défendre que chose.

Mais peut-être que les illustrations de ce billets sont plus significatives des difficultés actuelles des paysans que toutes ces âneries à propos de l'Europe, des normes et du libéralisme...


Et je ne vais pas me fâcher avec les travailleurs de la terre, je suis actuellement en télétravail en Centre Bretagne et je ne voudrais pas qu'on se foute sur la gueule au bistro.

11 commentaires:

  1. Eh bien, moi, si je votais, je donnerais sans hésitation ma voix à votre Léon. Parce que le nom de jeune fille de ma grand-mère paternelle était également Deffontaines. Ce qui est une raison aussi valable qu'une autre, il me semble.

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    1. Ma grand-mère est évidemment une pièce rapportée, qui est venue troubler le sang pur des Goux !

      Sinon, mon autre grand-mère s'appelait Lallemant, ce qui rappelle les heures les plus sombres de mon histoire…

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    2. Je comprends mieux votre défense des slogans pétainistes.

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  2. Taxer n’est pas du libéralisme, bordel !

    Votre socialiste voulait parler des accords de libre-échange...

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    1. Oui mais ce n'est pas ce qu'il dit.

      En plus, tu m'emmerdes.

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  3. Excellent billet qui met bien en avant les contradictions des uns et des autres !

    Et si on demandait à Sandrine Rousseau d'organiser un barbecue sur une zone de blocage des agriculteurs ?

    Que celui qui a la solution aux problèmes des agriculteurs associés à ceux du réchauffement planétaire lève la main !

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    1. Depuis quand je mets deux jours à répondre, moi ?

      Tu as raison, personne n'a la solution et c'est bien ce qui me gonfle. Par exemple, Mélenchon a fait un tweet, hier, pour dire que la réponse est le programme des insoumis ce qui est complètement crétin. Les paysans veulent l'arrêt de la planification écologique alors que la gauche radicale veut son renforcement.

      L'utilisation des insecticides (toujours par exemple) est indispensable pour les agriculteurs pour gagner de l'argent mais est à l'évidence une très mauvaise chose pour l'environnement voire pour les agriculteurs. Les abeilles meurent et plus rien ne permet la dispersion du pollen pour la reproduction des plantes. Mais on voit trop de politiciens imbéciles qui pensent avoir la solution...

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  4. Je dois être mal embouché ce matin, mais je ne vois pas les contradictions de Léon dans la phrase citée. Il ne veut pas de traités libéraux, c'est cohérent pour un coco. Il veut éviter certaines importations, ce n'est pas la première fois qu'un coco propose une préférence nationale. Il ne critique pas les produits français produits dans un cadre réglementaire contraignant, puisqu'il les défend. En gros, il veut réglementer la production pour faire le bonheur du peuple et interdire les importations. Quoi de neuf sous le soleil socialiste ? Où est l'erreur ?

    La Dive

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    1. Il dit qu'on interdit des trucs en France et sous-entend que c'est à cause du libéralisme.

      Par ailleurs, les traités ne sont pas spécialement libéraux, ils définissent ce qui peut être importé chez nous.

      C'est l'éternel amalgame qui me navre...

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  5. Je note que vous n'êtes pas encore convaincu de la force du "en même temps".
    Je crois que Léon évoque les accords de libre-échange signés ces dernières années par l'UE comme l' AECG (Accord avec le Canada) qui permet aux producteurs canadiens d'inonder le marché européen de sirop d'érable ce qui met nos producteurs locaux dans la mélasse ... Plus sérieusement, ces accords de libre-échange visent à favoriser le commerce à l'échelle mondiale en suppriment des droits de douane, ils sont donc de nature libérale.
    En ne sous-estimez pas la capacité de travail des fonctionnaires européens : Ils peuvent signer un accord de libre-échange libéral le matin, puis prendre deux bières et un cornet de frites lors de la pause déjeuner pour ensuite signer une directive contraignante sur la taille des tomates à produire sur le sol européen. Et Léon n'y peut rien, c'est ce qui doit le désoler !

    Mais sur le fond, vous avez raison. On entend et on voit beaucoup de bêtises, contradictions et tartufferies sur le mécontentement des paysans ces derniers jours.

    La Dive

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    1. Si j'ai raison sur le fond, c'est parfait...

      Si l'AECG permet aux Canadiens de nous bombarder de ce sirop d'érable de merde (il y a des gens qui bouffent n'importe quoi), elle nous permet d'exporter des fromages qui puent vers ces contrées lointaines...

      C'est effectivement de nature libéral mais ce mot est utilisé comme insulte.

      Au fond, les accords de libre échange sont ce qui nous permet d'avoir des smartphones pas chers pour lutter contre le libre échange dans les réseaux sociaux.

      Je suis effectivement pointilleux sur le libéralisme étant moi-même assez libéral dans le sens où je n'aime pas qu'on ajoute des contraintes aux entreprises. D'un autre côté, ce qu'on appelle les professions libérales, en France, n'ont pas grand chose de libérale. Au fond, les médecins, par exemple, sont payés par la sécu et les taxis bénéficient de droits particuliers. Quant aux notaires, ils ont un monopole de concession de ce qui devrait être un service public. Tu parles d'un libéralisme. Mais je m'égare... Prenons un exemple que je connais mieux : les bistros, même si c'est totalement hors sujet. Pourquoi des préfectures, donc des gens pas élus, imposent des horaires de fermeture globaux (alors que ce qui importe est la lutte contre les troubles à l'ordre public et le tapage nocturne) ? Il n'y a pas un seul des gauchistes qui brandissent le mot "libéralisme" à toutes les sauces capable de répondre à cette question.

      Pour ce qui concerne les paysans, c'est aussi le manque de libéralisme qui les fout dans la merde. S'ils pouvaient tuer eux-mêmes les cochons, on ne serait pas obligés de les envoyer à des milliers de kilomètres pour se faire égorger (pas les paysans, les cochons)...

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